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DE GRANDS RÉSEAUX SE TISSENT EN ALGÉRIE

 

Les véhicules Ansej, les BMW et les Golf VI

Par : Farid Belgacem

Au moins dix véhicules sont récupérés par jour sur les routes et les bandes frontalières.

Le trafic et le vol de véhicules dominent actuellement la donne criminelle en Algérie, avec en aval des voitures désossées et subtilisées de force, et en amont une lutte implacable pour démanteler ces nouveaux réseaux qui se tissent à travers toutes les wilayas du pays. Détournés à des fins inavouées, les véhicules acquis dans le cadre de l’emploi des jeunes, notamment via le dispositif de l’Ansej pour la création d’agences de location, sont utilisés dans les braquages, les vols, les agressions et les simulations de vol de voitures.
À défaut d’un plan de charge pour amortir l’investissement, des jeunes louent ces voitures à des gangs, généralement des connaissances pour commettre leurs forfaits. Les récentes arrestations et saisies opérées sur l’autoroute Est-Ouest renseignent où sont versées ces voitures chèrement acquises avec l’argent du contribuable.
D’ailleurs, des enquêtes réalisées par les services de la Gendarmerie nationale ont démontré que plusieurs voitures récupérées dans le cadre de la lutte contre la criminalité (agressions, prostitution), mais aussi contre le crime organisé (drogue, faux billets…etc.), appartiennent à des agences de location de véhicules récemment créées dans le cadre du dispositif de l’Ansej. Il est vrai que cette donne ne touche pas toutes ces microentreprises dont l’honnêteté est irréprochable, mais les chiffres avancés par les services de sécurité sont là pour démontrer que des jeunes indélicats planifient leurs entreprises en fonction des orientations des milieux qu’ils fréquentent. Depuis janvier à fin novembre dernier, au moins une centaine de véhicules, inscrits dans ce créneau d’emploi, ont été récupérés à Chlef, Blida, Oran et Alger.
D’autres véhicules, dont les sociétés venaient de voir le jour, sont carrément déclarés “volés” et détournés dans les casses automobiles. Ces voitures de basse gamme et dont la pièce de rechange est très demandée, font alors l’objet d’enquêtes et viennent gonfler le chiffre déjà effarant des voitures volées en Algérie et estimées actuellement à plus de 55 000 unités recherchées. Pis encore, des véhicules utilitaires (pick-up et camions frigorifiques) sont également versés dans ces réseaux de transport de marchandises sans factures et destinés à la contrebande.
Il faut dire que les fourrières communales accueillent quotidiennement ces petites camionnettes saisies pour avoir acheminer du cuivre ou des matières non inscrites dans le registre du commerce ou encore de ces véhicules utilitaires loués à des trafiquants. À ce créneau juteux se greffe un autre phénomène en vogue : celui du vol et du trafic des voitures haut de gamme, comme les BMW et les Golf VI. En une semaine seulement, les services de la GN ont réussi à démanteler trois réseaux basés à Oran, Zéralda (Alger) et dans l’Est algérien. Selon les donnes communiquées par les mêmes services, ces vols sont généralement opérés avec la complicité de jeunes femmes mises à contribution par des malfrats qui usent d’une rare violence pour arriver à leur fin. Des Golf série VI sont très convoitées par le réseau basé à Zéralda où des prostituées participent à flouer leurs clients.  
les gendarmes ont réussi à démanteler un autre réseau à Oran spécialisé dans la falsification des numéros de châssis des BMW. Des documents falsifiés, dont des cartes grises, des permis, des certificats de résidence et des sommes d’argent colossales ont été saisis. Ce réseau est tissé dans trois principales wilayas, à savoir Batna, Blida et Oran.
L’intrigue réside dans le fait que ces voitures ne sont même pas répertoriées à la maison mère. Autrement dit, elles sont déclarées avec des documents d’autres véhicules au niveau des administrations où des fonctionnaires indélicats jouent le jeu des malfrats. Versées dans le marché d’occasion, mais surtout dans l’acheminement de la drogue aux côtés des Mercedes et des Golf, ces voitures finissent, elles aussi, dans la casse ou la contrebande. C’est que les trafiquants trouvent à chaque fois des palliatifs pour tenter de tromper la vigilance des points de contrôle.
En guide de vigilance, il est conseillé de vérifier l’authenticité des documents et des numéros de châssis de tout véhicule acquis sur le marché d’occasion, mais aussi d’éviter de céder à des tierces un véhicule sous un quelconque prétexte… au rythme où va la grande criminalité.
FARID BELGACEM

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