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Y a-t-il un pilote dans l’avion Algérie ?

 

Par |
Abdelaziz Bouteflika

Y a-t-il un observateur aussi averti soit-il qui puisse expliquer ou lire l'avenir proche de notre pays ?

La dernière sortie du président à Laghouat laisse songeur. Que faut-il comprendre au lendemain de cette sortie présentée comme un événement qui a fini en flop avec en prime une séquence télé sur l’intervention du président digne des années de plomb ? La standing-ovation offerte au président par l’assistance résonnait comme un message d’adieu. Certains observateurs subodorent une fin de règne prochaine et le début de l’après-Bouteflika. Celui-ci distant est depuis des semaines comme en lévitation politique. Loin des tumultes et des polémiques qui agitent ses soutiens inconditionnels. 

Etrangement, ou logiquement si l’on entend ceux qui connaissent la rouerie du chef de l’Etat, celui-ci laisse faire, comme désormais indifférent aux appels de ses soutiens patentés mais aussi des critiques qui montent concernant notamment ses "réformes". 

Alliance et mésalliances 

Le centre de gravité du pouvoir connaît des remous. Feutrés cependant, car ses clients de l’alliance présidentielle notamment connaissent les limites à ne pas franchir. Ils ont le fil à la patte. Les autres, situés à la périphérie, comme le PT, servent de  contre-voix pour crédibiliser des débats politiques largement tchernobylisés par le manque de clarté, les valse-hésitations et les manœuvres dilatoires du président. 

Alors que la population demeure indifférente au remue-ménage politicien, les turbulences commencent à se faire entendre au sein même de l’alliance. Les loups sortent du bois pour braconner. Après avoir avalisé le statu-quo, la paralysie politique, les soutiens du chef de l’Etat semblent se réveiller pour animer une scène politique qui tient beaucoup plus d’un théâtre des ombres.

Les partis de l’alliance présidentielle se tirent dans les pattes depuis quelques semaines déjà. Mais ont-ils encore quelque crédit quand on sait que leurs dirigeant sont comme l’eau, ils épousent la forme du récipient. Autrement dit, si jusqu’à aujourd’hui ils ont soutenu Bouteflika, ils pourront demain supporter un autre sans avoir froid aux yeux. Ni d’ailleurs se dédire. 

Les députés du MSP boudent les « réformes » décidées par le président. Il les qualifie même d’administrative, leur enlevant toute portée politique. Pour Bouguerra Soltani, Bouteflika n’a pas retenu la leçon du printemps arabe.

Isolé dans le gouvernement, Ahmed Ouyahia tire sur le FLN. Belkhadem, déjà aux prises à une dissidence intérieure, revendique le premier ministère et appelle à réduire les prérogatives du président à la faveur de la prochaine réforme de la Constitution en 2012. On ne peut pas croire que le SG du FLN soit doté d’un courage politique pour se dresser sur le chemin du président. Digne enfant du FLN, il avait pris part à l’opération de viol collectif de la Constitution pour permettre à Bouteflika de briguer à souhait ses mandats. Conservateur à souhait et héraut de l’arabo-islamisme, il souligne la "sacralité des constantes nationales". Que sont l’islam religion de l’Etat, l’arabe langue nationale et l’unité territoriale. Il a rajouté comme pour être dans l’ère du temps, le régime républicain. Mais passe à la trappe l’amazighité. Rien d’étonnant cependant, quand on connaît l’aversion qu’il porte à la cause amazighe.

Pendant ce temps, alors que le camp démocratique est traversé par des fractures et des egos de chefs manifestement insurmontables, les islamistes se positionnent en vue des prochaines échéances. Ragaillardis par les résultats des élections dans les pays voisins et surtout couvés par un président dont le calendrier contient quelques mystères, les islamistes comptent profiter de la nouvelle situation pour s’imposer. Avec le soutien calculé d’Abdelaziz Bouteflika.

Sofiane Ayache

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