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Algérie : de la pensée unique à la pensée zéro !

 

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Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Ouyahia

 

"Il arrive que les décors s’écroulent". Albert Camus

 

Il semble que les oreilles des décideurs ne veuillent pas écouter les détresses du peuple. Du jamais vu ! Tous les indices indiquent que le pays chemine vers une impasse, mais la pensée sclérosée de nos gouverneurs reste enclos. L’avenir des générations est dans un puits sans fond !  

 

De quelles réformes parle-t-on ? Celles de renforcer des processus démocratiques ? Celles d’autoriser des associations de manifester librement sans l’autorisation des pouvoirs publics ? Celles de créer de l’emploi durable ? Celles des acquis sociaux ? Celles d’une présence de l’Etat dans l’espace publique ? Celles du droit au syndicat ? Celles de la stabilité de l’Etat et de la transparence de ses institutions ?... Nous avons perdu le peu d’acquis démocratiques hérités suite aux événements d’octobre 1988. Un constat amer, mais réel, nous avançons en arrière !

 

Dans les années soixante-dix, nous savions que nous étions en face d’un pouvoir dictatorial, dominé par la pensée unique. L’actuel régime politique fait tout pour revenir, par nostalgie peut-être, à cette période, mais la société n’est plus la même, les peurs ne sont plus les mêmes. En bref, toutes les données socio-économiques, anthropologiques, psychologiques, politico-stratégiques ne sont plus les mêmes ! Or, nous sommes devant une situation nihiliste et absurde. Rien n’est clair, les politiques économiques, qui changent selon l’humeur des décideurs ! Aucune vision éducative, ni juridique, ni politique. Un désastre. Rien n’est pensé durablement, tout est pensé en urgence. Rien n’indique que les décideurs pensent à l’avenir de ce peuple. Il se pourrait qu’ils pensent plus à leur intérêt, en assurant à leur progéniture un avenir meilleur ailleurs, que de penser à l’avenir des millions de gens perdus et désespérés. Il se pourrait, également, qu’ils réfléchissent selon les modèles épuisés, avec un déni total des évolutions de la société.

 

Les réformes actuelles ne font que renforcer le déclin des croyances collectives et le sentiment d’impuissance devant un système verrouillé sur lui-même. Le peuple a tiré une leçon de la décennie noire, cependant, le pouvoir actuel utilise ces peurs pour prolonger l’opacité de la gestion de l’argent public et les affaires de l’Etat, qui sont prisonnières d’une minorité opaque. Que faire devant un système qui pense par "thaghnath", entêtement, et pas par le raisonnement durable !  

 

Tous les rapports internationaux sont alarmants, l’Algérie vient d’obtenir la 130ème position en matière de démocratie par The Economiste Intelligence Unit (1). Ce classement se base sur le processus électoral et le pluralisme (le régime algérien obtient 2.7/10), fonctionnement du gouvernement (le régime algérien obtient 2.21/10), participation politique (le régime algérien obtient 2.78/10), culture politique (le régime algérien obtient 5.63/10) et libertés civiles (le régime algérien obtient 4.41/10). Selon ce même rapport, ce régime qui fait partie des 15 régimes autoritaires dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord et qui partage avec ces derniers des caractéristiques similaires : atteintes aux droits humains et absence des libertés fondamentales, corruption endémique et népotisme, une petite élite qui contrôle la majeure partie des richesses de la nation, gouvernance et prestations sociales pauvres. Autres caractéristiques : difficultés économiques et baisse du pouvoir d’achat, chômage élevé et grande inflation. Des régimes établis depuis de très longues années.

 

L'Algérie classée derrière le Soudan

 

Selon l’Insead, l’Ecole de commerce internationale (France), qui a publié pour l’année 2011, l’indice d’efficacité en matière d’innovation, calculé sur la base du rapport entre ces deux sous-indices, évalue comment les économies tirent partie de leurs environnements favorables pour produire des résultats dans le domaine de l’innovation (2). Un classement mondial est établi englobant 125 pays. Le plus mauvais score enregistré appartient à l’Algérie qui n’a obtenu que 19,79 points, et qui dégringole logiquement à la 125ème place, soit un recul de 4 places par rapport à 2010 et de 17 places par rapport au classement de 2009. En d’autres termes, l’Algérie représente le pays le moins performant au monde en matière d’innovation. Elle est classée derrière le Soudan (124ème), le Yémen (123ème) et le Niger (123ème). Sur le plan régional, c’est pire : l’Algérie se trouve dépassée et de loin par la Tunisie (66ème), l’Egypte (87ème), ou le Maroc (94ème). 

 

Selon le rapport de Transparency International relatif à l’indice de perception de la corruption (IPC), rendu public le 1er décembre 2011 (3), l’Algérie perd 7 places en passant au 112e rang sur les 183 pays concernés.

 

Au classement 2011 des meilleures universités au monde, réalisé annuellement par l’Université de Shanghaï, aucune université algérienne ne figure dans le tableau du top 500 des universités du monde (avec 66 000 hauts diplômés uniquement en France, sans prendre en compte les binationaux et qui sont installés depuis l’indépendance). Dans le monde arabe, l’Algérie arrive très loin derrière les universités saoudiennes, notamment la King Saud University (classée entre 201 et 300) et la King Fahd University of Petroleum & Minerals (301-400). L’université du Caire (Egypte) est classée cette année entre 401 et 500 des meilleures universités du monde. 

 

Le reflet de ces rapports révèle que le statu quo du pays est une impasse et que cette situation ne peut se résoudre que dans la douleur ou par la disparition naturelle de ces commanditaires. Nous assistons également à une capacité de ce régime à s’adapter à des nouvelles données internationales, non pas pour améliorer le quotidien du citoyen algérien, au contraire pour mieux préserver quelques privilèges et garder son emprise sur le pouvoir (4) . De plus, comment voulez-vous croire à la transparence des élections prochaines et l’impartialité de la justice quand on lit dans la presse algérienne les dysfonctionnements de cette institution ? Aucun indice ne permet de croire à une volonté effective de changement par ce régime ! Soyons patient ! 

 

Yazid Haddar

 

1) The Democracy Index 2011: Democracy under stress

 

2) The Global Innovation Index 2011

 

3) http://www.la-laddh.org/spip.php?article1039

4) cf. el-watan du 11/01/2012

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