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Les douze mensonges du gouvernement Ahmed Ouyahia

 

 

Par Le Matin DZ |

 

L’on assiste actuellement à une véritable cacophonie, de déclaration de responsables algériens qui ne mesurent pas la portée négative de leurs discours préjudiciables à l’image de l’Algérie. L’entropie atteint un niveau inacceptable. Jugez-en.

 

Abdelaziz Bouteflika et Ahmed Ouyahia

 

1- Un ministre des Finances qui annonce que l’affaire Djeezy évaluée par certains bureaux d’études à plus de 6,5 milliards de dollars est réglée alors que le patron d’Orascom vient d’annoncer l’arbitrage international.

 

2- Un ministre de l’Investissement qui annonce la conclusion imminente d’un accord avec le groupe Renault, démenti par le patron de Renault lui-même.

 

3- Un ministre de l’Energie qui annonce que le cas du gazoduc Galsi est réglé, démenti par les élus de la Sardaigne et des réserves de gaz de schiste sont l’équivalent des Etats-Unis d’Amérique, démenti par le rapport de l’AIE de décembre 2011 qui annonce moins de 6500 milliards de mètres cubes gazeux. Et un règlement à l’amiable non transparent, après avoir affirmé pendant des mois que Sonatrach était dans son droit du remboursement des plus-values à certaines compagnies internationales pour éviter l’arbitrage international.

 

4- Un système socio-éducatif naufragé, du primaire au supérieur en passant par le secondaire et la formation professionnelle, où la quantité l’emporte sur la qualité avec des déperditions scolaires croissantes ayant plus de chance d’être chômeurs en étant diplômés, en contradiction avec les discours triomphants.

 

5- Un ministre de la Santé qui annonce la fin de la pénurie de médicaments et des malades qui n’arrivent pas à se soigner.

 

6- Un ministre du Travail qui annoncent la création d’un million d’empois en une année, et un taux de chômage inférieur à 10%, comptabilisant tous les emplois de la rente. Le tout en contradiction totale avec la réalité sur le terrain.

 

7- Un ministre de l’Agriculture qui nous annonce que la pénurie de la pomme de terre sera terminée après les élections du 10 mai 2012, alors qu’il annonçait entre 2010/2011 une politique appropriée de stockage, que l’agriculture s’est redressée alors que l’Algérie importe la majorité des besoins des ménages et un ministère de la Pêche où la sardine dépasse les 400/500 dinars le kilo.

 

8- Un ministre du Commerce qui annonçait fin 2010 l’adhésion de l’Algérie à l’Organisation mondiale du commerce, que l’accord du report du démantèlement tarifaire de trois années en 2020 avec l’Europe était réglé pour fin 2011 (pas de nouvelles réconfortant ces dires ni de l’Europe ni de l’OMC) et que l’inflation est maîtrisée, oubliant que les Algériens ne mangent pas les chiffres.

 

9- Un ministère de l’Aménagement du territoire et de l’environnement où les indicateurs internationaux montrent une détérioration accélérée de l’environnent en Algérie. Alger étant l'une des villes les plus polluées du monde, une urbanisation anarchique, un déséquilibre régional. Avec un ministère du Tourisme sans vision sur l'avenir ni sur l'environnement et un ministère de la Culture qui n'a de culture que le nom.

 

10- Un ministre chargé de la communauté émigrée qui a sillonné le monde (combien ont coûté ces voyages dans les quatre coins du monde ?) qui veut faire revenir la diaspora attentive au sort de ses collègues au niveau local, alors qu’il fallait déjà retenir le peu de cadres qui restent au pays. Ici aussi, l’exode de cerveaux (ajouté aux harragas) s’amplifie, le poste services ayant atteint pour la première fois fin 2011 environ 12 milliards de dollars.

 

11- Un ministre de la Prospective, précédemment à la tête des réformes pendant plus de 8 années, n’ayant rien réformé, et qui semble remettre en cause l’ensemble des indicateurs du chômage, en fait du taux de croissance réel alors que pendant des années il annonçait le contraire.

 

12- Un gouvernement qui annonce la lutte contre la corruption et la sphère informelle alors que la corruption s’est socialisée, touchant tous les secteurs et que la sphère informelle, produit du système bureaucratique rentier, liée à la logique rentière, est dominante, pénalisant les producteurs de richesses et son fondement le savoir.

 

Où est le bilan de chaque département ministériel ? Où est le bilan de la dépense publique ? 7 milliards de dollars entre 2001/2002, de 200 milliards de dollars entre 2004/2009, des 286 milliards de dollars prévus entre 2010/2013, dont 130 de restes à réaliser du programme 2004/2009, le rendement des réserves de change tenant compte des taux d’intérêts et de l’inflation mondiale, des 188 milliards de dollars dont 90% sont placés en bons de trésor américain et en obligations européennes ?

 

La liste est longue, très longue avec des déclarations souvent contradictoires et hélas à des intervalles réguliers, discours retransmis par la télévision publique et qui fait que la majorité de la population parabolée, désarçonnée par tant de contradictions traverse une terrible crise de confiance envers ses dirigeants. Plus personne ne croit ces déclarations lénifiantes. Au lieu de ces discours, il aurait fallu que ces responsables qui semblent ne pas maîtriser leur dossier se taisent. Y a-t-il un pilote à bord ? Pourquoi le manque de stratégie en ce monde turbulent où tortue Nation qui n’avance pas recule où l’Algérie sans les hydrocarbures comme le rappelait justement le Premier ministre Ahmed Ouyahia, serait le pays le plus pauvre en Afrique avec un impact nul au niveau des relations internationales ?

 

Triste spectacle de ministres qui naviguent à vue, beaucoup plus préoccupés par leur destin personnel. Ces ministres oublient que l’Algérie indépendante depuis 50 ans est dépendante à 98% des exportations d’hydrocarbures. Ce grave constat ne semble pas émouvoir grand monde en haut lieu. L'Algérie approchera dans quelques années 50 millions d’habitants, elle sera sans pétrole dans 16 ans et sans gaz conventionnel dans 25 ans tenant compte de la concurrence internationale, de la structure des coûts et la forte consommation intérieure. Qu'adviendra-t-il du pays et des Algériens alors ? Pense-t-on à notre devenir ? Manifestement non.

 

Si l’on veut éviter l’implosion sociale à terme, la sécurité nationale étant posée, une mutation systémique reposant sur plus de moralité avec un discours de vérité, et l’Etat de droit, des réformes touchant tant le politique, l’économique, le social et le culturel, sont urgentes et impérieuses pour le redressement de l’Algérie. Autrement...

 

Abderrahmane Mebtoul, expert international

 

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