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La faute

 

Par : Mustapha Hammouche

Le FLN aurait tort de pavoiser après ce score de “Russie Unie”. Il vient révéler combien le pouvoir veut continuer à pousser le pays dans la voie exactement inverse à celle que recommande la perspective historique conçue par ses fondateurs.
À l’issue du vote, Ould-Abbès, en plastronnant naïvement du fait que “le FLN a cinquante-huit ans, ne l’oublions pas”, rappelle que l’histoire politique de l’Algérie indépendante est l’histoire d’un détournement clanique par la violence d’une révolution populaire et que l’appropriation autoritaire du sigle est la principale expression de ce coup de force permanent.
Belkhadem, qui semble plus conscient des menaces que charrie ce dangereux résultat, a tout de suite appelé à l’alliance la plus large, histoire de partager l’inquiétude que doit paradoxalement susciter chez lui la rafle outrancière de sièges parlementaires. Après avoir longtemps revendiqué la mise en adéquation de la fonction de Premier ministre avec le rapport de force parlementaire, le chef du FLN est aujourd’hui prêt à agréer la reconduite de Ouyahia à la tête du gouvernement. “La constitution du futur gouvernement est du ressort du seul président de la République et elle n’est pas tributaire d’une majorité ou d’une minorité parlementaire”, atteste-t-il. Cette victoire, c’est un peu la victoire qui tourne à la mise à nu et qui en fait la future cible du mécontentement populaire, parfois silencieux, mais jamais rentré, depuis bien longtemps.
Le pouvoir, ou peut-être le système, en choisissant de fonctionner avec le soutien de quelque 20% des Algériens en âge d’élire et d’être élus, creuse sa propre trappe. On ne peut concilier la crédibilité d’une victoire à 40% quand “des militants” chargés de surveiller le vote pour le compte du parti gagné avoue être là “parce qu’ils vont être payés”.
La corruption des voix et de l’encadrement du scrutin vient couronner la corruption économique consistant à fermer les yeux sur l’activité informelle, la prodigalité de crédits, la distribution de privilèges. La fracture systémique entre l’Algérie de l’économie rentière et ses ramifications informelles et l’Algérie de l’économie laborieuse repoussée à la périphérie de la vie politique est illustrée par ce paysage parlementaire.
Cette appropriation sectaire du pouvoir, de ses fonctions symboliques comme l’APN qui, comme chacun le sait, n’est pourtant pas une source de pouvoir, et ses points de distribution de rente n’est pas l’aboutissement de la fraude électorale d’un jour. En l’espèce, l’APN formée jeudi dernier est le résultat d’une décennie de normalisation par l’argent et par la répression, par la marginalisation administrative, l’exclusion des voix dissonantes et de monopole autoritaire de la parole. Même s’il n’y a pas d’illusion à se faire sur la sincérité des chiffres officiels. Malgré le témoignage des superviseurs et des observateurs européens. Au demeurant, si l’observation internationale avait quelque vertu moralisante, on l’aurait constaté en Syrie ; les observateurs n’y voient même pas les morts !
En croyant avoir rétabli l’ordre politique, le système vient peut-être de faire la faute de trop : il confirme de manière provocante son irrédentisme conservateur.
Dangereusement.


M. H.
musthammouche@yahoo.fr

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