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La FAO, l’Algérie et les guillemets

 

Posté dans Marché agricole et régulation, Ressources naturelles avec des tags , , le 2 juin 2012 par Paysans d'Algérie

Chacun à sa place et les vaches seront bien gardées. Cet adage est d’une pertinence éclatante chaque fois il est question de débattre du rôle des médias dans la société.
Lors d’un atelier organisé à Alger la semaine dernière sur le rôle des médias dans la lutte contre la désertification, la dégradation des terres et la sécheresse, le représentant de la FAO à Alger a tenté d’expliquer la nécessité de précision dans le traitement de la thématique en question.
Mais, dans sa démarche, ce diplomate s’est mal inspiré. Voulant étayer son propos par un exemple concret, il citera un article d’El Watan économie traitant de la question de la déforestation en Algérie.
Dans l’article est mentionné que l’Algérie est 2ème pays d’Afrique en termes de superficie. Or qu’elle en est la première depuis la partition du Soudan.
En réalité, le passage est repris d’un document élaboré en 2009 comme mentionné dans l’article, soit avant la division du Soudan.
Cette malencontreuse erreur n’est due qu’à une omission technique anodine ayant entraîné la suppression des guillemets.
Il fallait lire: « Il faut dire qu’avec une superficie de plus de 238 millions d’hectares, l’Algérie est le deuxième pays d’Afrique en étendue après le Soudan… » Une intelligence de premier degré aurait permis de s’en rendre compte. Mais pour ceux qui cherchent à faire feu de tout bois, comme « l’expert » en question, c’est un cas de désinformation.

Le défi de l’efficacité

Ce qui nous amène à nous demander si le rôle de la FAO à Alger ou dans d’autres Capitales étrangères se limite-t-il à la recherche de guillemets, de virgules ou points manquants dans les articles de presse ?
C’est une éventualité à ne pas écarter. C’est le cas des représentants de ces Organisations dont on n’entend parler que lors de rencontres ponctuelles avant qu’ils ne se retranchent dans leurs bureaux. Et c’est là qu’ils passent leur temps à juger les articles de presse dans la forme et non pas dans le fond.
Pourtant, une organisation qui se charge de l’agriculture et de l’alimentation peut mieux faire dans un pays comme l’Algérie où le secteur agricole est entré dans une nouvelle ère avec des réformes multiples.
Enfin, il y a des pays où la question de superficie est comme quelque chose de frustrant, certes, mais le plus grand défi n’est pas dans l’étendue des territoires en possession mais, plutôt, dans leur maîtrise, (leur gestion, leur aménagement, l’atténuation de la dégradation des terres, les écosystèmes, etc.)
C’est dans ce domaine d’ailleurs que les experts ès-qualité sont attendus pour répondre aux attentes des populations locales.
Ces spécialistes doivent faire preuve d’efficacité et doivent être soumis à une obligation de résultat lorsqu’ils sont mandatés par des Institutions internationales budgétivores et alimentées avec l’argent des contribuables de pays qui s’enfoncent davantage dans la pauvreté.
Y a-t-il un pays d’Afrique où la FAO a contribué à l’éradication de la pauvreté ? La FAO a-t-elle joué un rôle autre que celui de spéculer sur les produits agricoles de base en livrant constamment des pronostics en complicité avec les lobbies du commerce international ?

Une agriculture bio par défaut

Posté dans Financement et investissement dans l’agriculture, Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales avec des tags , , , , le 6 mai 2012 par Paysans d'Algérie

La levée de la taxe antidumping sur les engrais importés en dehors du marché communautaire décidée par la Commission européenne a réjoui la filière algérienne de production de fertilisants.
Avant sa levée en 2012, cette taxe de 13% a été imposée aussi aux engrais algériens exportés vers le marché européen en raison du prix du gaz appliqué en Algérie.
Depuis l’arrivée sur le marché national en 2005 du leader espagnol en la matière, Villar Mir, pour le lancement de Fertial en partenariat avec Asmidal, la production d’engrais connait un nouveau souffle en Algérie.
En quelques années seulement, la production frôlera le million de tonnes d’engrais azotés, phosphatés ou l’ammoniac.
Un deuxième groupe de production d’engrais est sur le point de démarrer. Il s’agit de Sorfert, une joint-venture entre Sonatrach et Orascom Industrie.
D’ores et déjà, le nouveau producteur table sur une production annuelle de 1,2 million de tonnes entre ammoniac et urée. Sorfert projette aussi une seconde unité de 800 000 tonnes en deuxième étape.

Des engrais inaccessibles et résistance au changement

Il est évident que la disponibilité du gaz constitue un atout capital pour l’essor de l’industrie nationale de fertilisants. Avec les capacités de production installées, l’Algérie est désormais le principal producteur d’engrais dans le pourtour méditerranéen.
Mais paradoxalement, l’agriculture algérienne est la dernière à l’échelle maghrébine en termes d’utilisation d’engrais : La consommation de fertilisants qui ne dépasse pas les 17kg/hectare en Algérie atteint 30kg/ha en Tunisie et 25kg/ha au Maroc.
Ces niveaux de consommation restent, évidemment, très en-deçà des 100kg/ha atteints dans les pays de la rive nord méditerranéenne, comme la France où le débat porte désormais sur la réduction du taux de fertilisation chimique et toute sorte de productivisme en faveur d’une agriculture biologique en vogue dans les sociétés industrialisées.
Mais, il ne faut surtout pas relier ce faible taux d’utilisation de fertilisants en Algérie avec la tendance pour le développement d’une agriculture bio.

Des rendements médiocres

L’agriculteur algérien utilise peu, voire pas, de fertilisants pour des raisons matériels, avant tout. Dans la majorité des cas, les petits exploitants n’ont pas les moyens financiers adéquats pour acquérir des engrais à des prix jugés élevés, oscillant entre 3 000 et 5 000 dinars/quintal.
La seconde contrainte est d’ordre comportemental. A l’exception des quelques exploitations de grande taille, l’agriculteur algérien reste attaché au caractère traditionnel dans l’exercice de sa fonction et continue à faire preuve de résistance au changement en refusant de s’adapter aux nouveaux précédés techniques.
Cependant, le facteur sécuritaire, lui aussi, empêche l’intensification de la fertilisation des terres sachant que la distribution des engrais sur le territoire national nécessite le redéploiement des services de sécurité pour en assurer l’escorte.
Cette situation indique ainsi clairement que l’Algérie est encore loin de l’ère de la promotion de l’agriculture biologique au moment où le défi majeur est la satisfaction des besoins locaux en produits de première nécessité.
C’est pourquoi d’ailleurs les rendements restent d’une médiocrité caractérisée, notamment pour les grandes cultures comme les céréales où sur une moyenne de 3 millions d’hectares emblavés annuellement, les récoltes ne dépassent pas les 40 millions de quintaux, soit moins de 15 quintaux/ha.
En conséquence, faute d’une demande nationale en mesure d’absorber la production locale, l’industrie de fertilisants en Algérie se tourne vers l’exportation.

Manipulation électorale ou alimentaire?

Posté dans Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales avec des tags , le 11 avril 2012 par Paysans d'Algérie

Après la pomme de terre c’est au tour de la tomate, la courgette, le pois chiche et autres légumes secs. La hausse des prix de produits alimentaires qui perdure depuis le mois de février dernier ne fait que s’accentuer.
La flambée prend désormais des dimensions qui démentent chaque jour les assurances des membres du gouvernement, à leur tête les ministres du commerce et de l’agriculture, qui ne cessent d’affirmer que les prix retrouveront leur niveau habituel dans les prochains jours.
Après avoir évoqué tous les scénarios possibles quant à l’origine de ces hausses spontanées et imprévues, désormais le débat porte sur le lien qu’il y a lieu d’établir entre la situation du marché des produits alimentaires et les élections législatives du 10 mai prochain.
Ce qui n’était que de simples rumeurs et des supputations il y a quelques semaines tend à se confirmer au fur et à mesure que la date buttoir de la campagne électorale s’approche.
Le président de l’association de protection des consommateurs, au début de la semaine en cours, évoquait des courants ayant le monopole du circuit de distribution qui seraient à l’origine de cette flambée et dont le dessein n’est autre que de perturber les prochaines élections législatives.

Statistiques agricoles

Depuis, d’autres voix s’élèvent pour soutenir la même thèse. Qu’il y ait manipulation et quel que soit l’objectif visé, ce n’est pas nouveau ni propre à l’Algérie à l’approche d’une échéance électorale.
Mais, dans le cas de la flambée actuelle qui affecte davantage de produits de large consommation, l’enseignement qu’il faut retenir de prime abord c’est la vulnérabilité des organes officiels censés veiller sur la régulation du marché et la prévention des crises.
Aucune institution n’a été en mesure de prévenir les tensions actuelles qui planent sur le marché des produits alimentaires.
Même les responsables en place, à travers leurs multiples déclarations, font preuve de manque de vision et d’arguments lorsqu’il s’agit d’analyser la situation ou la tendance future du marché.
Pour preuve : Le ministère de l’agriculture et les différents organes qui lui sont affiliés, continuent à brandir le fameux Syrpalac comme solution idoine. Or, depuis deux mois, c’est le statu quo, parce que, même les organismes en charge du système de régulation en question ont été en rupture de stocks (absence du tubercule dans les chambres froides) sans que les responsables en place ne soient au courant.
Cette situation reflète le manque de coordination entre les différents acteurs et structures en charge du dispositif de régulation. Et là, c’est la question de la communication et des statistiques agricoles qui se pose.

50 ans après…la pomme de terre à 100 DA

Posté dans Financement et investissement dans l’agriculture, Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales avec des tags , , le 19 mars 2012 par Paysans d'Algérie

Le prix de la pomme de terre qui a atteint, voire franchi, la barre des 100 DA/kg ces derniers jours suscite toute une série de questionnements.
Coïncidant avec le 50ème anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale (la signature des Accords d’Evian le 18 mars 1962), cette énième flambée spontanée d’un produit aussi largement consommé et suffisamment produit au niveau local (le seul produit agricole de large consommation dont l’Algérie assure une autosuffisance depuis 5 ans) nous amène inévitablement à jeter un regard rétrospectif sur un demi siècle de politiques agricoles et programmes de développement avec tout ce que cela entraîne en ruptures et réformes.
Durant cinq décennies, divers modèles de développement, d’essence socialiste ou libérale, ont été appliqués à l’agriculture algérienne, de la révolution agraire jusqu’au renouveau agricole et rural.
Nous avons vu aussi l’effacement des dettes des agriculteurs, le Syrpalac, le crédit Rfig et autres subventions.
Mais les efforts consentis ne sont jamais parvenus à nous mettre à l’abri des vulnérabilités et de l’insécurité alimentaire.
Les importations en produits alimentaires augmentent au même rythme que les dépenses publiques consacrées aux soutiens au secteur agricole.
Plusieurs fois, nous nous interrogeons sur le mal de l’agriculture algérienne et les raisons de son déclin.

Le problème est identifié, les solutions aussi

Un de nos lecteurs vient de poster un commentaire en cette journée commémorative qui ne manque pas de pertinence et dont voici des extraits :
« Les problèmes de l’agriculture algérienne sont connus et les solutions sont également connues mais les décideurs préfèrent les importations à coup de milliards de dollars au détriment de la production nationale.
Tout est fait pour bloquer le développement de l’agriculture y compris la mise au frigo (chambres froides financées dans le cadre du PNDA de Said Barkat) pour aider les spéculateurs à stabiliser les prix par le haut. (…) Croyez-vous sincèrement que l’Algérie n’est pas en mesure de produire annuellement les 60 millions de quintaux supplémentaires de céréales que nous importons chaque année malgré l’existence des potentialités énormes (potentialités humaines, hydriques, édaphiques et climatiques) ?
Savez-vous aussi que l’Algérie dispose de milliers d’experts agronomes de très haut niveau formés dans le cadre de la révolution agraire durant les années 60 à 80 dans les instituts et universités algériennes et qui sont soit mis à la retraite d’office soit abandonnés à leur triste sort?
Connaissez-vous le système de nomination aux fonctions supérieures et de mise à l’écart actuellement en vigueur au ministère de l’agriculture?
Savez-vous que les données du ministère de l’agriculture ne sont pas fiables et que nous ne connaissons même pas la SAU réelle ni le cheptel ovin, bovin ou camelin de n’importe quelle wilaya?
Savez-vous que nous ne connaissons ni la nature des sols (inexistences de cartes pédologiques) ni les ressources hydriques réellement existantes (absence de cartes hydrogéologiques) des terres agricoles ?
Savez-vous que le problème du foncier agricole n’a pas été réglé depuis l’indépendance ?
Savez-vous pourquoi on n’investit pas l’équivalent d’une année d’importation de produits alimentaires dans la mise en valeur des terres affectées à la production céréalière et fourragère pour assurer la sécurité alimentaire (un concept qui a été abandonné depuis quelques années et remplacé par le renouveau agricole)?
La réponse à ces questions revient aux cadres du ministère de l’agriculture. A bon entendeur salut! »

Changement climatique : Limiter les dégâts

Posté dans Ressources naturelles avec des tags , , , , le 10 mars 2012 par Paysans d'Algérie

Malgré le caractère récurrent du débat sur les questions environnementales, la communication et l’éducation en matière de changement climatique demeurent confrontées à des défis importants en ce début du 21ème siècle. Ce qui constitue un obstacle à la sensibilisation des citoyens pour adapter leur comportement en faveur d’atténuation des effets négatifs des mutations climatiques actuelles.
La problématique en question a fait l’objet de travaux de recherche (*) dont les points saillants qui en ressortent, suggèrent des pistes pour la mise en œuvre d’une stratégie de communication et une méthode éducative efficaces permettant une meilleure prise de conscience sur le changement climatique.
Le premier défi dans ce domaine est d’ordre cognitif. Les chercheurs qui se sont penchés sur la question relèvent ainsi une sous-estimation apparente des conséquences du changement climatique chez le citoyen dont le niveau d’inquiétude est faible.
En revanche, les préoccupations liées à la vie quotidienne, comme le pouvoir d’achat ou la santé, passent bien devant la question climatique.

Décalage saisonnier

Les recherches menées auprès des populations révèlent que les citoyens éprouvent des difficultés à comprendre ou contribuer aux solutions d’atténuation de la dégradation climatique, quoique, généralement, ils sont conscients des signes de ce changement, comme la hausse des températures, le dérèglement saisonnier, et sur ses causes, en faisant allusion à titre d’exemple à la prolifération du nucléaire ou l’émission des gaz à effet de serre.
L’ignorance des retombées du phénomène climatique est, toutefois, liée à la complexité des multiples notions appuyant ce thème, or, il est difficile au citoyen de saisir l’ampleur des changements qu’il n’observe pas dans son entourage, comme la fonte de l’arctique, la pollution des nappes et baisse de leur niveau.
La communication et l’éducation en termes de changement climatique sont aussi confrontées à des défis sociaux et psychologiques.
A cet égard, les auteurs citent l’éloignement du citoyen de son milieu naturel qui réduit sa prise de conscience, alors que, faute d’une interprétation efficace et simple de la problématique, les citoyens se détournent de l’information reçue sur le changement climatique.
Cependant, l’implication des citoyens dans l’atténuation des effets de ce changement est confrontée à des défis comportementaux, car les efforts attendus du citoyen requièrent des sacrifices au niveau de la consommation du plaisir ou du pouvoir personnel.

Une question d’éducation

Face à ces défis, il est nécessaire de développer une stratégie de communication sur les changements climatiques plus efficace avec des messages qui peuvent atteindre la sensibilité des citoyens, et ce, en focalisant notamment sur l’imminence de l’aggravation des effets de ces changements, la responsabilité directe de l’être humain et l’urgence de l’impliquer dans l’atténuation de ces effets négatifs.
Si la communication sur le changement climatique requiert une stratégie directe et un discours explicite pour atteindre le public ciblé, l’éducation en la matière, en revanche, doit être appuyée par une méthodologie plus élargie.
Les chercheurs qui ont étudié cette question ont évoqué une transmission de connaissances qui tient compte des « cinq objectifs formulés par l’UNESCO-PNUE (1977), soit la prise de conscience, les connaissances, l’état d’esprit, les compétences et la participation (l’action environnementale) pour permettre de construire un vouloir, un pouvoir et un savoir agir chez les apprenants ».
En conclusion, les auteurs de ces études mettent l’accent sur la nécessité de privilégier la communication et l’éducation en matière de changements climatiques.
Néanmoins, la concrétisation des objectifs escomptés dans ce domaine passe inévitablement par la présence permanente de la sphère scientifique sur le terrain pour accompagner les populations dans l’observation directe des effets du changement climatique et les orienter vers l’adaptation de leur comportement aux défis qu’imposent ces mutations environnementales.

(*) « Éduquer et communiquer en matière de changements climatiques : défis et possibilités », Diane Pruneau, Mélanie Demers et Abdellatif Khattabi, in Vertigo ; [http://vertigo.revues.org/4995#article-4995]

Débat sur l’agriculture algérienne : Critique mais sans rancune*

Posté dans Financement et investissement dans l’agriculture, Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales, Ressources naturelles le 9 février 2012 par Paysans d'Algérie

L’agriculture algérienne connaît certainement un essor inespéré et enthousiasme les plus jeunes producteurs! Attention, danger: l’agriculture productiviste dégrade profondément les terres et leur sous-sol…L’agriculture française, soutenue à bouts de bras par les subventions européennes, s’est ainsi fourvoyée dans l’effondrement des coûts de production et beaucoup d’exploitations connaissent de graves difficultés, les prix proposés par les grandes coopératives de transformation ne permettant pas aux exploitants de vivre dignement, mais seulement de survivre!!
Aujourd’hui, il existe une petite agriculture (exploitations de 35-40ha) de polyculture qui permet aux repreneurs de fonder de réels espoirs de bien vivre et de fonder une famille prospère, et même permet aux parents à la retraite, d’améliorer leur maigre pension (300-400€/mois) en participant à l’activité secondaire de l’exploitation.
La transformation des productions en produits prêts à la consommation et leur vente via des réseaux coopératifs locaux. Ainsi, le blé est moulu localement et transformé en pain ou ensaché par le producteur, voire une coopérative meunière commune à plusieurs producteurs, vendu ensuite par le producteur lui-même ou une structure commerciale commune.
Voilà le véritable avenir de l’agriculture algérienne, française, espagnole, et autre: produire, transformer et vendre soi-même. Pour [avoir une idée] sans faille sur la question, regardez un reportage intitulé « Voyage entre ciel et terre », qui présente les nouvelles techniques agricoles des exploitations de polyculture élaborées par un couple d’ingénieurs agronomes français, ayant résolument tourné le dos aux méthodes productivistes des années 60, en France, ayant mené de nombreuses exploitations à la faillite : Les prix proposés par les grandes coopératives étant minimales, si ce n’est inférieures aux coûts de revient.
Ces agronomes, en retraite depuis quelques années ont laissé la place à leur fils qui a continué les recherches en laboratoire et leur application en production. [Ce travail est accessible] sur le site :www.lams-21.com.
La principale destination de ce laboratoire est de remettre en l’état des terres polluées par des engrais chimiques et des pesticides pendant des années, et qui a conduit à l’effet contraire recherché.
En effet, les doses conseillées par l’industrie brûlent les sols et les rendent progressivement incultes. Auquel cas, pour tenter de contourner le problème, l’exploitant augmente considérablement les doses et stérilisent infailliblement ses terres, plombant les comptes de son exploitation par les achats d’engrais et de pesticides pour tenter de réaliser des rendements qui déclinent quoi qu’il en soit…
Randolet Michel

Intervenant en réponse à ce point de vue, le commentaire qui suit apporte des éclairages sur les capacités de l’agriculture algérienne à s’inscrire dans l’approche qui vient d’être développée.

Je partage globalement votre approche de l’agriculture mais je ne suis pas en accord avec toutes vos convictions ! L’agriculture algérienne n’est pas l’agriculture française et loin de là, tout y est différent : taille des exploitations, modèle de subvention, disponibilité des intrants, etc. et je ne parle pas de la compétence.
Le ministre de l’agriculture, même s’il est beaucoup critiqué, a développé une stratégie globale qui est pertinente et qui était censée apporter des réponses aux agriculteurs.
Néanmoins, il commet une erreur et pas des moindres qui est celle de vouloir copier les modèles agricoles des pays industrialisés qui ont conduit à une situation de non sens !
Engrais, pesticides, importations de races de bestiaux inadaptées aux climats, semences…. L’agriculture algérienne reste une agriculture pilotée d’en haut, comme dans un lointain passé socialiste; on a juste remplacé l’agriculteur fonctionnaire, par un agriculteur privé sous concession.
A cela il faut ajouter une administration bancale, beaucoup plus occupée à plaire au ministre qu’à se préoccuper des vrais problèmes d’agriculteurs et des agriculteurs assistés à qui tout est fourni.
Le céréalier reçoit les intrants et livre la production ; entre temps la CCLS (coopérative d’Etat), lui aura labouré son champ et aura moissonné ses récoltes.
Idem pour l’éleveur qui, incapable de supporter le coût des aliments pour son bétail, bénéficiera de rations fournies par le ministère ; c’est presque du gardiennage de bétail.
A cela, il faut également intégrer que l’agriculteur algérien est un opportuniste. Il ne cultive que ce qui peut rapporter, au moindre doute il passe à autre chose et surtout dans le moindre effort.
Bien sur je ne généralise pas, car au milieu de tout ça on trouve de vrais agriculteurs qui aiment ce métier et qui font avancer les choses.
Un dernier point sur la vidéo dont vous faites état, le titre ce n’est pas celui que vous indiquez, mais « voyage entre sol et terre » ; une très bonne vidéo, voici le lien : http://www.dailymotion.com/video/xiqvai_voyage-entre-sol-et-terre-1-3_news

Je vous recommande cette vidéo également qui permet de comprendre quels sont les risques pour l’Algérie à entrer dans une agriculture intensément chimique, en sachant que l’effet sera au moins dix fois pire, compte tenu du climat algérien (force du soleil, faible pluviométrie et érosion galopante) : http://www.dailymotion.com/video/xidwoq_small-is-beautiful-1-6_news#
erod39

(*) Nous avons décidé de mettre en avant les deux textes ci-dessus, commentant l’article «ce que le bilan officiel ne dit pas», pour mieux illustrer le type de ton que PAYSANS D’ALGERIE souhaite donner au débat mené dans cet espace sur l’agriculture algérienne et les défis de la sécurité alimentaire.
Si notre regard sur la question agricole dans notre pays paraît critique, c’est parce que nous sommes convaincus que critiquer n’est pas nuire, la complaisance est contreproductive.

Production agricole en 2011 : Ce que le bilan officiel ne dit pas

Posté dans Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales, Ressources naturelles avec des tags , le 17 janvier 2012 par Paysans d'Algérie

Amorcée en 2008, la politique de Renouveau agricole et rural, principale action qu’a connue le secteur de l’agriculture depuis 2000 (après le PNDA), vient de clôturer 4 ans de mise en œuvre.
Le ministère de tutelle, à cette occasion, a rendu publics ce 15 janvier 2012 une pléthore de bilans reflétant les résultats enregistrés dans différents volets et filières du secteur.
Outre les résultats de la production agricole durant la saison 2010/2011 qui demeurent difficile à authentifier, faute d’un système statistique efficient, plusieurs points de ces bilans nécessitent des éclairages.

Le nord perd sa vocation agricole

D’emblée c’est la tendance à l’amenuisement des productions agricoles le long du nord du pays qu’il y a lieu de relever. Ni la vallée de la Mitidja, ni les plaines d’Annaba ou le massif du Chélif ne figurent parmi les régions à fortes production agricole.
Pourtant, ces régions sont les mieux dotées en ressources (pluviométrie et foncier) et, du coup, renferment le plus haut potentiel agricole du pays.
Pour les céréales, c’est donc des régions comme Khenchela, Oum El Bouaghi ou Constantine qui s’y distinguent.
C’est le même schéma pour les productions maraichères, fruitières ou l’élevage. Sauf, pour les agrumes, les wilayas de Chélif et Blida parviennent à se positionner en haut du classement.
Dans l’ensemble, l’agriculture algérienne s’oriente de plus en plus vers le sud du pays et se concentre davantage dans les régions sahariennes.
Chose qui s’explique évidemment par la disparition de la SAU (surface agricole utile) du pays dans les régions telliennes et plaines du nord.
Il ne faut surtout pas s’enorgueillir du développement que connaît la production agricole dans le sud saharien, tenant compte des coûts excessifs que nécessitent les différentes cultures dans ces régions, (besoins en irrigation, produits phytosanitaires, cultures sous serres, etc.) sans ignorer l’effet contreproductif de l’exploitation excessive et incontrôlée des eaux souterraines sur les sols à long terme.

Zoom sur la production laitière

L’autre point qui mérite d’être souligné à travers le bilan du MADR concerne la production laitière.
Une production totale de 2,92 milliards de litres de lait cru est soulignée dans le document en question mais la collecte n’est qu’à 572 millions de litres, (moins de 20%).
Autrement dit, 1/5ème seulement de la production nationale est intégré dans l’industrie de transformation. Le reste est, soit écoulé dans les circuits informels ou destiné à l’autoconsommation des familles des éleveurs, selon la version officielle.
Donc, le marché parallèle absorbe plus de 2,3 milliards de litres par année.
Une situation qui reste toutefois paradoxale, car, avec le barème des subventions en vigueur, l’éleveur a intérêt à intégrer le système de collecte qui lui garantit un prix de vente minimum de 42 DA/litre (le prix de vente à la ferme entre 30 et 34 DA/litre plus une subvention de 12 DA/l) plutôt que d’aller vers l’informel où les prix sont à 40 DA/l en moyenne sans compter les risques et autres incertitudes qui en découlent.
Deux interprétations sont possibles : Soit le système des subventions ne fonctionne pas comme il est défini ou défaillant, soit les résultats annoncés ne reflètent pas le niveau réel de la production laitière.

Productions animales : Une filière déstructurée et des prix hors de portée

Posté dans Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales avec des tags , , , le 9 janvier 2012 par Paysans d'Algérie

Bien que l’économie d’élevage occupe une place prépondérante dans la pratique agricole et absorbe d’importants financements sous forme de subventions, les viandes constituent une part insignifiante dans le système alimentaire de l’Algérien.
Avec un cheptel ovin dépassant les 22 millions de têtes, selon les statistiques officielles, soit une tête par 1,6 habitant, la viande de mouton atteint, (ou dépasse même), les 1000 dinars/kg, sans surprise.
Le poulet, lui aussi, prend son envol, dépassant les 400 DA/kg par endroit. C’est le même constat qui se dégage pour les autres types de produits carnés. Autant de paradoxes qui caractérisent le marché des viandes.
Le président du directoire de la SGP Proda (productions animales) semble trouver des éléments de réponse à ces contrastes estimant que la hausse des prix des viandes est due à des insuffisances en termes de capacités de stockage sous froid qui sont actuellement de 140 000 m3 seulement, alors que les besoins en la matière dépasseraient les 10 millions de m3, selon le responsable en question.

Des filières déstructurées

Le président de l’association de la filière avicole, de son côté, explique la flambée des prix de poulet par ce qu’il qualifie de « désorganisation totale du marché de la volaille ».
L’instabilité du marché des viandes peut être imputée en partie à cette hypothèse mais assurément pas dans le sens soutenu par le président de l’ANAF. Sinon, comment parler de « désorganisation » d’un marché qui n’existe pas réellement.
Autrement dit, l’élevage avicole, avec son fonctionnement actuel, est loin de constituer une filière agricole structurée.
Dominée par l’informel à tous les niveaux, l’activité d’élevage de poulet évolue dans une anarchie à tel point que même les pouvoirs publics ne sont pas en mesure de cerner l’état réel de cette filière, (le nombre d’éleveurs de volaille, la production réelle, les besoins en intrants, en alimentation, en produits vétérinaires, etc.).

Traiter le mal en amont

En tout cas, les deux acteurs de la filière ne font que donner des explications à un problème conjoncturel.
Or, la problématique nécessite un traitement à la base avec des réponses à des contraintes qui se posent plutôt en amont, avant de se pencher sur la défaillance des circuits de commercialisation.
En effet, tant que la filière demeure étroitement dépendante du marché international pour l’approvisionnement en matières premières pour la fabrication d’aliments et en produits vétérinaires, les prix de viandes demeureront hors de portée des bourses moyennes.
Le problème se pose avec plus d’acuité pour l’élevage bovin et ovin, dès lors, que les cultures fourragères continuent à être marginalisées, voire exclues, des objectifs tracés au terme des politiques agricoles mises en œuvre.

La question céréalière à l’ère des contrats de (contre)performance

Posté dans Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales avec des tags , , le 24 décembre 2011 par Paysans d'Algérie

Encore un nouveau bilan du commerce extérieur, rendu public par les services de douane, qui révèle une hausse spectaculaire de la facture alimentaire.
Jusqu’à la fin du mois de novembre dernier, l’Algérie aura importé durant l’année 2011, plus de 69 millions de quintaux de blé (tendre et dur).
A la fin de l’année d’avant (2010), le blé importé a dépassé en volume les 50 millions de quintaux.
Qu’il ne faut surtout pas concentrer la réflexion sur l’évolution chiffrée des importations d’année en année, parce que les statistiques ne peuvent avoir de sens si elles ne sont pas appuyées par des lectures croisées et des éclairages adéquats.
Dans tous les cas de figure, à la fin de l’année 2011, les quantités de blé importées dépasseront largement le volume des 70 millions de quintaux.
En conséquence, l’Algérie aura importé au moins 120 millions de quintaux de blé en l’espace de deux années (2010 et 2011).

Plus de 270 millions de quintaux en deux ans

A côté des importations, la production locale a cumulé quelque 87 millions de quintaux durant cette période (42 millions de quintaux en 2011 et 45 millions de quintaux en 2010).
Une simple addition des importations et la récolte déclarée officiellement au niveau local révélera que les disponibilités durant ces deux années dépassent les 200 millions de quintaux.
Si on y ajoute les 62 millions de quintaux produits en 2009 – parce qu’ils n’auront jamais été consommés avant 2010 – nous aurons au final des disponibilités céréalières de quelque 270 millions de quintaux en deux années, soit une moyenne de 135 millions de quintaux par année.
Mais, la demande locale n’est pas en mesure d’absorber autant de quantités sachant que les besoins exprimés sont en moyenne de 80 millions de quintaux/an selon les estimations officielles faites sur la base d’une population de 36 millions d’habitants.
Donc, peut-on supposer que l’Algérie dispose actuellement de stocks supplémentaires de blé qui auront à couvrir les besoins pour une longue période ?

Fausses déclarations

Cette hypothèse est moins sûre lorsqu’on sait que les commandes à l’importation ont été passées, dans la majorité des cas, durant des périodes de flambées aigues sur le marché international, ce qui renseigne sur le caractère d’urgence de ces approvisionnements.
Au final, cette situation paradoxale dévoile une réalité : Dès l’authentification des statistiques établies par les services de douane sur les importations, c’est les bilans de la production locale qui sont simplement remis en doute.
Ce qui n’est pas moins vrai tenant compte de la manière avec laquelle les bilans sont arrêtés à la fin de chaque campagne.
Faute d’un système statistique efficient, les autorités sectorielles se contentent des additions faites à partir des bilans communiqués systématiquement par les services chargés du secteur au niveau des wilayas.
Or, depuis la mise en œuvre des contrats de performance en 2008, les DSA (directions des services agricoles) s’empressent à annoncer des bilans positifs mais fantaisistes.
Cette attitude est motivée par le souci des cadres du secteur – notamment au niveau des DSA – à se prémunir de la disgrâce de la hiérarchie.
D’où, la raison pour laquelle les DSA annoncent d’une façon récurrente à la fin de chaque campagne que « les objectifs tracés dans le cadre des contrats de performance sont atteints ».
Voilà donc comment les contrats de performance ont engendré des contreperformances.

Dépendance alimentaire : Les artisans de “l’échec programmé”

Posté dans Financement et investissement dans l’agriculture, Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales, Ressources naturelles avec des tags , , le 5 décembre 2011 par Paysans d'Algérie

Parmi les questions que plusieurs de nos lecteurs se posent il y a celle de savoir pourquoi certaines cultures n’existent pas en Algérie alors que les besoins en la matière sont exclusivement couverts par le recours systématique à l’importation ?
La betterave sucrière, le maïs et le soja sont entre autres produits de base dont l’Algérie est en dépendance chronique et qui contribuent chaque année à l’aggravation de la facture alimentaire.
Certes, la sécurité alimentaire n’est pas autosuffisance alimentaire, comme cela est fredonné avec récurrence par les pouvoirs publics pour justifier ce recours à l’importation.
Bien de pays dont les exportations agricoles constituent le pilier central des sources de revenu, mais demeurent toujours de grands importateurs de certains produits non disponibles au niveau local.
Mais l’Algérie est loin de faire partie de cette catégorie de pays parce qu’elle est devenue un importateur exclusif de matières de base qui, dans un passé récent, sont produites au niveau local.

La betterave sucrière en Algérie

Une étude sur l’Algérie (1) menée en 1986 par deux chercheurs universitaires français souligne : « Les cultures industrielles sont peu importantes. La production de betteraves à sucre varie de 300 000 à 700 000 quintaux par an, principalement dans la région d’El Asnam. Par contre, la production de tomate industrielle augmente plus ou moins, régulièrement, 1,2 million de quintaux en 1983, surtout dans la plaine d’Annaba ».
Déjà, avec ces niveaux, la production n’est pas jugée satisfaisante selon les auteurs de l’étude en question, pourtant, les besoins exprimés à l’époque sont moins importants avec une population dépassant de peu les 20 millions d’habitants.
Que dire aujourd’hui où l’Algérie doit au marché international la couverture de la totalité des besoins exprimés en sucre ?
Même constat pour les autres cultures de matières de base à haute utilisation industrielle, comme les produits oléagineux et les intrants destinés à la production d’aliments de bétail.
En tout cas, c’est lorsqu’il y a des repères indiquant que, dans un passé récent, ces cultures stratégiques représentaient un potentiel appréciable au niveau local avant qu’elles ne disparaissent complètement de la carte agricole de l’Algérie que la question mérite d’être examinée de près.
La réponse à des interrogations de ce type n’est surtout pas dans le prétexte de l’incompatibilité de ces cultures aux conditions climatiques ou autres critères pédologiques des terres, invoqué dans le discours officiel justifiant le recours massif aux importations.
Pour la betterave sucrière, à titre indicatif, le professeur Cherfaoui (2) dément ces arguments en mettant en étalant les potentialités dont jouit cette culture.
Le même constat pour ce qui est des cultures oléagineuses dont le démantèlement au niveau local est motivé par la volonté de livrer le pays aux sphères spéculatives et lobbies de l’import import.

Le bras long des fanatiques de l’import-import

Une vue d’ensemble sur l’agriculture algérienne, avec ses prouesses et ses échecs, rend ce constat difficile à démentir :
Toutes les spéculations (productions) où les opportunités d’affaires sont importantes deviennent paradoxalement difficiles à développer en Algérie.
Outre le maïs, le soja et la betterave sucrière que nous venons d’évoquer, même la production laitière est confrontée à des handicaps « invisibles ».
Sinon, comment admettre une facture d’importation de près de 1,3 milliard de dollars (importations de lait et produits laitiers en 2008) alors que la production locale dépasse les 2,4 milliards de litres par an (statistiques officielles), soit plus de 65% des besoins exprimés ?
Mais la parade est toujours trouvée : la défaillance au niveau de la collecte qui fait que le lait cru produit localement n’est intégré dans le cycle de la transformation qu’à hauteur de 10 à 15% seulement.
Si le problème de la collecte demeure ainsi insoluble malgré tous les fonds injectés sous forme de subventions diverses, serait-il donc plus judicieux de démanteler la filière élevage pour se contenter uniquement des importations ?
Décidément, le mal qui ronge l’agriculture algérienne dans son ensemble est de nature exogène, il faut le chercher ailleurs.
Mais, qui peut oser ?…

(1) « L’Algérie, volontarisme étatique et aménagement du territoire », 1986, Jean-Claude Brulé (université de Franche Comté, Besançon) et Jacques Fontaine (URBAMA, université de Tours).
(2) Enseignant à la faculté d’agronomie, université de Tizi Ouzou.

La régulation du commerce agricole et ses ratés

Posté dans Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales, Ressources naturelles avec des tags , , , le 20 novembre 2011 par Paysans d'Algérie

Au-delà de l’amélioration des niveaux de production, le succès d’une politique agricole requiert la maîtrise du processus en aval, (les différents maillons de la chaîne de commercialisation).
Sur ce point, il devient illusoire de prétendre que l’agriculture algérienne est en voie de modernisation.
Le constat se vérifie à partir d’une simple comparaison entre le dispositif de régulation du marché des produits de large consommation actuellement en vigueur en Algérie et les concepts qui se développent dans les pays voisins.
Le seul exemple du marché français des produits agricoles laisse déduire que l’Algérie semble entamer sa marche vers le développement agricole dans le sens inverse.

La paysannerie et les circuits courts

Après l’échec avéré du concept de la globalisation et les libéralisations démesurées, le développement agricole en France est entré dans une nouvelle phase qui prône essentiellement la promotion des spécificités locales de chaque territoire au niveau de la production et le développement des circuits courts et la réhabilitation de l’agriculture paysanne au niveau de la commercialisation.
Cette nouvelle politique se traduit par deux objectifs-clé : Le premier est au niveau de la production et consiste à valoriser les atouts de chaque territoire. Cette option reflète le retour aux terroirs.
Le second objectif de cette politique est au niveau de la commercialisation et vise à rapprocher l’agriculteur du consommateur en réduisant le nombre d’intervenants dans la chaîne de la distribution à un seul intermédiaire au plus à travers les circuits courts.
Il ne faut surtout pas minimiser la place de ce concept dans les mutations que subit actuellement l’agriculture française.
Pour mieux saisir son ampleur prépondérante, reprenons la définition que lui confèrent les spécialistes en la matière :
« On entend par circuit court des systèmes de distribution mobilisant un intermédiaire au plus entre la production de la matière première agricole et la consommation du produit qui en est issu. Plus largement, il s’agit d’étudier dans quelles mesures ils offrent de nouvelles perspectives à l’activité agricole pour répondre aux enjeux de compétitivité économique des entreprises et des territoires, au service d’un développement régional durable, en complémentarité avec les circuits longs ».

Retour à la décision centralisée

Dans l’ensemble, cette nouvelle démarche suggère plus de décentralisation et le transfert des prérogatives aux pouvoirs locaux (collectivités pour la conception des politiques de développement des territoires et associations d’agriculteurs, de consommateurs et coopératives diverses impliquées dans la gestion et l’organisation des circuits de distribution).
En revanche, ce nouveau modèle fait son apparition au moment où en Algérie les politiques de développement agricole et territorial sont de plus en plus centralisées, conçues au niveau gouvernemental avant de les parachuter sur la base loin de tenir compte de la réalité du terrain.
Même le débat sur les préoccupations des acteurs du secteur est centralisé à travers les conseils interprofessionnels pour les céréales, les fruits et légumes, le lait ou les viandes.
Le Syrpalac (système de régulation des produits de large consommation) et la manière dont il est géré ou les subventions allouées aux producteurs reflètent aussi la volonté des pouvoirs publics à maintenir la décision au haut sommet de l’Etat.

L’orientation foncière, une préoccupation méditerranéenne

Posté dans Ressources naturelles avec des tags , , , le 12 novembre 2011 par Paysans d'Algérie

Eclipsé complètement par les révoltes arabes, le projet d’Union pour la Méditerranée (UPM) tente de renaitre de ses cendres avec un visage beaucoup plus tourné vers la coopération dans des domaines qui reflètent les préoccupations réelles des populations des deux rives du bassin.
C’est la lecture qui se dégage, à première vue, de la réunion qui s’est tenue pendant deux jours (mercredi 9 et jeudi 10 novembre 2011) à Strasbourg, Est de la France, et qui a regroupé des ministres de différents secteurs des pays du pourtour méditerranéen avec la participation du Conseil européen.
A l’issue de ladite réunion, première du genre après une traversée du désert qui a duré plusieurs mois, les représentants des différents Etats de la région ont lancé un appel pour « définir une approche commune de stratégies globales nationales de développement des villes de la région ».
Un enjeu d’une importance capitale sachant que ¾ des populations méditerranéennes habiteront les villes à l’horizon 2021/2022 alors que, sur le plan démographique, la région enregistrera 100 millions d’habitants supplémentaires à la même échéance.
Si le dossier a été choisi pour relancer le projet d’UPM, il est facile de saisir l’ampleur de la sensibilité de la question de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire dans la région.

Le foncier pour relancer la coopération

Laminée par des tiraillements récurrents, à commencer par l’agression menée par l’armée israélienne contre la bande de Ghaza entre décembre 2008 et janvier 2009, jusqu’aux révoltes arabes du début de l’année en cours qui ont vu la chute même du co-président de cette union « laborieuse », en l’occurrence l’ex-président égyptien, Hosni Moubarak, l’initiative d’Union pour la Méditerranée, défendue énergiquement par l’actuel locataire de l’Elysée, Nicolas Sarkozy, a besoin d’un nouveau souffle pour sa réactivation.
Les concepteurs du projet ont donc opté pour une nouvelle tactique diplomatique préconisant la prise en charge directe des préoccupations concrètes des populations des deux rives du bassin méditerranéen plutôt que de se confiner dans le volet diplomatique du projet, éternellement conflictuel.
La relance de l’UPM mise désormais sur l’aménagement du territoire et l’urbanisme à l’échelle régionale avec l’implication d’acteurs-clé qui peuvent intervenir dans le financement des projets envisagés, comme l’AFD (agence française de développement).

L’urbanisation en Algérie à l’heure des standards méditerranéens

Cependant, en s’inscrivant dans une démarche régionale de développement, les politiques nationales d’aménagement du territoire doivent répondre à des critères pré-requis.
Dans le cas de cette nouvelle initiative de l’UPM, les Etats de la région sont appelés à contribuer à l’atténuation de la pression démographique dans les zones littorales de la Méditerranée.
L’Algérie, qui a été représentée à la réunion de Strasbourg par le ministre de l’environnement et de l’aménagement du territoire, Cherif Rahmani, est-elle prête à relever le défi en la matière ?
Rien n’est vraiment acquis, compte tenu des décisions prises récemment, comme les nouvelles facilitations dans le transfert de terres au profit du secteur de l’urbanisme et de l’habitat et de la manière avec laquelle le gouvernement continue de concevoir l’extension urbaine.
Aucune stratégie à long terme n’est, en effet, à noter en Algérie dans les domaines de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire.
A présent, ni les normes environnementales, ni les terres agricoles ne sont épargnées par l’expansion anarchique et incontrôlée des agglomérations le long du littoral algérien.
Pour preuve : plus de 70% de la population se concentrent sur 17% du territoire seulement.

Cadres de l’agriculture ou fonctionnaires de seconde zone?

Posté dans Financement et investissement dans l’agriculture, Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales, Ressources naturelles avec des tags , le 1 novembre 2011 par Paysans d'Algérie

La relance de l’agriculture qui anime les volontés au sein de l’Etat depuis notamment l’avènement de la politique de Renouveau agricole et rural risque de passer à côté des objectifs assignés au secteur.
Outre les quelques opérations ponctuelles qui ont ciblé beaucoup plus le développement des productions animales et végétales, la régulation ou le renforcement de l’approvisionnement du marché en produits de large consommation, qui d’ailleurs s’effectue souvent à travers la multiplication des contrats d’importation, les plans d’action conçus pour la canalisation des financements faramineux alloués à l’agriculture occultent vraisemblablement un volet stratégique du processus de développement imprimé au secteur.
Il s’agit de la ressource humaine que les économies développées considèrent parmi les facteurs-clés de développement.
Dans le cas de l’agriculture algérienne, les préoccupations socioprofessionnelles des travailleurs et cadres du secteur sont reléguées tout simplement à un rang inférieur.
A l’exception des exploitants et autres propriétaires de terres dont le cas a été régulièrement évoqué à travers le débat sur la préservation des revenus des agriculteurs, les difficultés liées au niveau des salaires, le régime indemnitaire ou les conditions de travail des fonctionnaires du secteur sont rarement évoquées.
Il a fallu attendre le mouvement de protestation auquel a appelé le syndicat du secteur affilié au SNAPAP au mois d’octobre dernier pour que l’opinion publique se rende compte du marasme socioprofessionnel dans lequel se débattent les cadres et travailleurs de l’administration du secteur agricole.
Pire encore, la grève en question a révélé une sorte de ségrégation pratiquée à l’encontre des cadres de l’agriculture sur l’échiquier de la fonction publique.

Ingénieur à 23 000 DA

Comment expliquer, sinon, le maintien des barèmes de rémunération des fonctionnaires de l’agriculture à des niveaux inchangés depuis des années sans actualisation, (selon les syndicalistes), alors que leurs collègues des autres administrations et secteurs, ont bénéficié d’augmentations successives ces derniers mois qui ont dépassé les 70% pour certains corps.
Cette politique de « deux poids, deux mesures » reflète clairement la vision étroite que les responsables au sein de l’Etat ont du développement de l’agriculture.
Interrogé sur ce point, un jeune ingénieur agronome a été gêné d’avouer qu’avec son niveau, sa rémunération ne dépasse pas les 23000 DA/mois.
Il vient d’ailleurs de claquer la porte d’un « prestigieux » institut spécialisé dans les productions végétales pour exprimer sa déception et aller tenter sa chance sous d’autres cieux, moins cléments -peut être- mais plus reconnaissants.
Pourtant, nul ne peut ignorer le rôle primordial que jouent les cadres au sein des organismes affiliés au secteur dans l’aboutissement de la politique agricole.
Dans ces conditions, les chances de réussite du programme conçu pour la relance du secteur s’amenuisent même avec le fameux budget quinquennal de…1 000 milliards de dinars.
Or, la meilleure issue pour la réhabilitation des cadres de l’agriculture passe inévitablement par l’amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles suivie d’une sorte de plan de charges prônant l’obligation de résultats.

Le lait, les engrais et les parrains de la pénurie

Posté dans Financement et investissement dans l’agriculture, Marché agricole et régulation avec des tags , le 19 octobre 2011 par Paysans d'Algérie

Le secteur agricole a été marqué cette semaine, au moins, par deux événements qui méritent d’être soulignés.
Le premier intervient à l’amont du secteur : C’est l’entreprise algéro-espagnole, Fertial, leader dans le domaine des fertilisants, qui vient de lancer une campagne médiatique à grande échelle juste pour communiquer aux agriculteurs les prix réels des engrais produits au niveau des unités de ladite entreprise (Annaba et Arzew).
On saura alors que le prix du TSP, par exemple, est à 4 600 dinars/quintal. Le quintal du PK est de 6 600 DA, l’UAN à 2 000 DA.
Enfin, Fertial rend public tout le barème des prix de toute sa gamme de produits.
Dans sa démarche, l’entreprise estime qu’ « avec ces prix, Fertial témoigne de son engagement avec les agriculteurs algériens ».
L’annonce des prix des produits de Fertial n’aura rien de particulier s’il n’y a pas eu la sortie médiatique du ministre de l’agriculture et du développement rural, il y a quelques semaines, faisant état de l’ouverture d’une enquête sur la hausse subite des prix des engrais, notamment ceux utilisés dans la préparation des sols pour les labour-semailles.
Nous avons estimé alors que cette flambée des prix des engrais en cette période de la saison est synonyme d’un « échec programmé » de la prochaine saison céréalière et confirme aussi que le secteur agricole est toujours otage des lobbies de l’import-import.

Le lait, l’UGTA et Louiza Hanoune

L'UGTA et Louiza Hanoune face au conflit qui secoue la laiterie de Draâ Ben Khedda. Photo: Auto-composition

Le second événement est lié à la transformation de lait, avec le mouvement de grève enclenché depuis plusieurs jours par les travailleurs de la laiterie de Draâ Ben Khedda, (Tizi Ouzou).
Les travailleurs grévistes revendiquent la « renationalisation » de cette ex-unité du groupe Giplait.
En réponse à ces travailleurs, le conseil d’administration de ladite entreprise vient de rendre publique la situation détaillée des actions menées depuis la concrétisation de cette opération de privatisation.
A la lecture de ce rapport, l’on constatera que les termes du cahier des charges tracé par le CPE (conseil des participations de l’Etat) sont respectés par le repreneur.
Pendant que les travailleurs de cette laiterie radicalisent leur mouvement, Louiza Hanoune, SG du parti des travailleurs, anime un meeting populaire à Draâ Ben Khedda.
Connaissant les positions de cette ex-trotskiste à propos du dossier des privatisations et de l’investissement privé en général, rien n’est dû au hasard.
Dans cette affaire, il est utile de relever le silence inexpliqué du patron de l’UGTA concernant ce conflit, puisque c’est la section syndicale affiliée à la Centrale qui est à l’origine de cette grève.
De surcroît, depuis quelques temps, le soutien de Louiza Hanoune à Sidi Saïd n’est plus un secret.
Avec les échéances électorales qui s’approchent, l’épisode de la laiterie de Draâ Ben Khedda risque de révéler des desseins qui vont au-delà de la transformation du lait au détriment, bien évidement, des consommateurs à faible revenu qui sont des milliers à être privés du sachet de lait de…25 DA.

Ressources naturelles : La Kabylie et le gain facile

Posté dans Financement et investissement dans l’agriculture, Ressources naturelles avec des tags , , , le 7 octobre 2011 par Paysans d'Algérie

La semaine dernière, en évoquant dans cet espace l’agriculture urbaine, qui se révèle comme une alternative efficace en matière de sécurité alimentaire dans les villes, nous disions que le sujet est un mythe dans une société comme la nôtre.
Aujourd’hui, si nous parlons d’agriculture de montagne et la mise en valeur des produits forestiers, il y a un risque d’aboutir à un constat identique : Un sujet sans aucun rapport avec la réalité algérienne.
Pourtant, les potentialités en la matière ne manquent pas.
Pour mieux cerner le rôle de ce type de produits, il est utile d’explorer le territoire de Kabylie dont la diversité du paysage et du climat offre d’importantes opportunités d’investissement dans ce créneau.
Plus d’un tiers de la superficie totale de la wilaya de Tizi Ouzou est constitué de forêts (112 000 hectares, selon la conservation des forêts).

Des potentialités appréciables

Outre le liège et le bois, la surface forestière offre une gamme diversifiée de produits de très haute valeur (d’usage et d’échange).
Un jeune spécialiste des produits du terroir nous en donne un exemple édifiant : Après avoir développé tous les sous-produits d’apiculture, de la production de diverses variétés du miel jusqu’au pollen, la cire, la gelée royale et les essaims, M. Guechida Hacène, ingénieur agronome et apiculteur de profession, a désormais l’ambition d’aller vers l’exploration des produits forestiers.
Mais un seul exploitant ou une seule volonté reste très en-deçà des moyens nécessaires pour faire des produits de la forêt une réelle activité économique en mesure de contribuer au développement local.
La question demeure ainsi posée : Qu’en est-il de l’exploitation de l’espace forestier et quelle est la place de la forêt dans l’économie locale ?
En tenant compte de l’état des lieux de ce secteur, la tendance est au pessimisme: Non seulement le secteur n’est pas exploité mais il est dilapidé.

La maffia du sable

Le massacre du Sébaou continue. Photo El Watan Economie

Des réseaux de prédateurs s’adonnent au massacre pur et simple de l’espace naturel dans son ensemble.
Il suffit de voir ce que la maffia du sable a fait des lits des oueds comme le Sébaou, pour se rendre compte des dégâts causés aux richesses naturelles dans la région.
La situation devient plus inquiétante lorsque ces forces du mal agissent dans une impunité avérée à la faveur d’un pouvoir local dont certains cercles osent même partager des intérêts occultes avec ces réseaux.
Lorsque nous nous retrouvons face à des groupes d’individus encouragés implicitement par l’Etat à verser dans le gain facile, comment inciter des jeunes à développer des activités économiquement viables et requérant une exploitation rationnelle et contrôlée des richesses naturelles ?

Agriculture urbaine : Un mythe pour l’Algérie

Posté dans Marché agricole et régulation, Ressources naturelles avec des tags , le 26 septembre 2011 par Paysans d'Algérie

A l’ombre des changements multiples que connaît le paysage socioéconomique national, une question se pose : Le concept des villes vertes peut-il avoir une place en Algérie ?
Toute tentative de réponse à cette interrogation, (même sous forme d’une vision globale), débouche automatiquement sur le rôle de l’agriculture urbaine et périurbaine (AUP) et son état des lieux dans le monde et au niveau national.
Ce sujet relance ainsi le débat sur les défis qui se posent à l’agriculture algérienne et ses capacités d’intégration de l’espace méditerranéen avec les mutations qu’il traverse.
L’épisode des habitants de Hydra qui ont défrayé la chronique en juillet dernier avec leur soulèvement contre la destruction du Bois des Pins illustre parfaitement l’inquiétude grandissante que suscite l’insouciance des pouvoirs publics quant à la dimension écologique de l’espace urbain.
Lorsqu’il s’agit d’asseoir des modèles de développement permettant de couvrir une partie des besoins alimentaires des populations urbaines par une production émanant de l’intérieur des villes elles-mêmes, il est plus que sûr qu’aucun responsable n’y pense.
Or, dans la conjoncture actuelle, la tendance est au développement de villes productives, à travers l’agriculture urbaine et périurbaine.
Le Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (Ciheam) vient de se pencher sur le rôle et l’avenir de ce type d’agriculture à travers sa lettre de veille N°18, dédiée aux « agricultures urbaines en Méditerranée ».
Cette publication met en évidence un élément qu’il n’y a pas lieu de négliger : Tous les pays de la rive sud ont une tradition de pratiques agricoles dans les villes, sous diverses formes et malgré les difficultés qui y persistent, sauf l’Algérie.

Des choix contradictoires

L’attitude des pouvoirs publics algériens excluant ouvertement cet aspect des politiques de développement mises en œuvre se confirme à travers leur choix pour ce qu’ils appellent la densification urbaine.
En réalité, cette option a donné lieu à l’accaparement des espaces verts et une bidonvilisation pure et simple des centres urbains.
Or, la FAO a recommandé vivement l’AUP qui joue un rôle actif dans la sécurité alimentaire des villes, notamment dans les pays en développement où l’espace urbain représentera 60% de la population à l’horizon 2030.
En Algérie, les perspectives en la matière sont diamétralement opposées aux recommandations de l’organisation onusienne : Ni l’agriculture, ni le secteur de l’habitat et de l’urbanisation ne sont dotés de stratégies fixant des objectifs à long terme.
Au lieu d’asseoir une complémentarité entre ces deux secteurs, leurs responsables respectifs continuent d’agir séparément et, parfois, en prônant des choix contradictoires à travers des opérations conjoncturelles considérées comme des politiques de développement, à l’instar du fameux programme d’un million de logements du ministère de l’habitat ou le Syrpalac du département de l’agriculture.
Décidemment, en Algérie, le développement durable, la sécurité alimentaire ou la préservation des richesses ne sont que des termes utilisés pour meubler le discours officiel.

Financement agricole : Quand le terrorisme s’en mêle

Posté dans Financement et investissement dans l’agriculture, Marché agricole et régulation avec des tags , le 22 août 2011 par Paysans d'Algérie

Depuis le lancement du fameux plan national de développement agricole (PNDA), le financement de l’agriculture ne cesse pas de faire l’objet de débat mais sans que le sujet ne soit exploré dans toutes ses dimensions.
Après les dizaines de milliards de dinars absorbés entre 2001 et 2006 dans le cadre du PNDRA (développement rural et agricole), il y a eu la politique de renouveau rural et agricole mise en branle depuis 2008 avec des financements, tellement faramineux, qu’ils ont aiguisé les appétits et la gourmandise de courants habitués à la convoitise des deniers publics.
L’année dernière, un nouveau plan quinquennal pour l’agriculture (2010-2014) a été mis en œuvre dans le cadre du programme présidentiel avec un budget de 1 000 milliards de dinars, soit 200 milliards DA par année.
Ce qu’il y a lieu de relever dans toutes ces tentatives de relancer le secteur agricole, c’est qu’à aucun moment le bilan du programme précédent n’a été fait.
Mieux encore, les subventions agricoles n’ont jamais été soumises à un contrôle adéquat qui aurait permis de prévenir toute forme de détournement ou à des études efficientes qui auraient permis de faire le diagnostic juste et effectif des faiblesses et atouts de chaque filière.

L’indifférence du Parlement

Même les instances habilitées n’ont jamais évoqué la question des subventions agricoles. C’est le cas de l’institution parlementaire avec ses deux chambres (APN et Sénat), qui, pourtant, est investie de prérogatives pour mettre en place des commissions d’enquête ou, au moins, interpeller le gouvernement sur ces subventions agricoles, dont le citoyen a le droit de regard, car elles relèvent de l’argent du contribuable.
En revanche, les subventions allouées par l’Etat aux producteurs et transformateurs, à coup de milliards, ont souvent fait l’objet de détournements et autres manigances fallacieuses, à l’instar du scandale de la Générale des concessions agricoles (GCA) ou l’affaire de la poudre de lait détournée qui a secoué l’année dernière l’ONIL (office interprofessionnel du lait), entre autres.
Les inégalités qui ont entaché l’opération d’effacement des dettes des agriculteurs, à laquelle le président Bouteflika a débloqué 41 milliards de dinars à la veille de la campagne électorale pour les présidentielles de 2009, illustrent aussi ce manque de clarté dans la gestion des subventions agricoles.

Blanchiment d’argent et financement du terrorisme

Ce laxisme a poussé des courants aux desseins pernicieux jusqu’à verser dans l’utilisation des fonds engagés pour le développement agricole dans la grande criminalité.
L’affaire de l’utilisation de l’argent du soutien agricole dans la culture de cannabis et d’opium révélée en 2009 dans la région d’Adrar en est la parfaite illustration.
Les dérapages risquent de s’avérer encore plus graves si les pouvoirs publics ne revoient pas leur démarche en matière de contrôle de l’argent des subventions.
Hier, sur les colonnes d’El Watan, notre collègue de Boumerdès a mis le doigt sur un fléau dont les conséquences sont à prendre au sérieux: Il s’agit des groupes terroristes qui s’impliquent dans le financement de l’agriculture ou rackettent les exploitants agricoles dans cette région du pays.
Avec le caractère informel qui prédomine le financement du secteur, l’investissement agricole risque de devenir le terrain idéal pour le blanchiment d’argent ou le financement de la criminalité sous toutes ses formes.

L’Algérie dans la pensée d’Ibn Khaldoun

Posté dans Ressources naturelles avec des tags , , le 10 août 2011 par Paysans d'Algérie

En Algérie, la gestion des ressources du pays ne répond à aucune logique économique. C’est ainsi que plusieurs économistes qualifiaient la démesure dans les dépenses publiques prônée par le gouvernement dans une conjoncture marquée par une crise financière asphyxiant l’économie mondiale.
Mais, lorsqu’il s’agit de consommer d’une façon incontrôlée des ressources non renouvelables, il faut dire que l’économie nationale est entrée dans une logique suicidaire.
Plus de 5 000 hectares de terres agricoles viennent de changer de vocation avec un simple décret exécutif paraphé par le premier ministre.
Déjà jugée très faible, avec une proportion de 0,24 ha/habitant seulement, la SAU (surface agricole utile) du pays est désormais amputée de quelque 5 400 ha qui serviront à la réalisation de logements et autres infrastructures, selon le décret exécutif 11-237 du 9 juillet 2011 portant « déclassement de parcelles de terres agricoles affectées pour la réalisation de logements publics et équipements d’accompagnement dans certaines wilayas » (*).

plus de 5 400 hectares de terres agricoles serviront à la réalisation de logements. Photo M. Naïli

Dans son argumentaire, le gouvernement justifie sa décision par le souci de répondre à une demande croissante en logement.
Mais, les sphères dirigeantes du pays sont-elles, à ce point, incapables d’avoir une vision à long terme et adopter une réelle stratégie de développement intégré ? Ce qui aurait permis facilement de satisfaire largement les besoins exprimés en logement sans toucher au moindre hectare à vocation agricole.
En effet, dans un pays de plus de 230 millions d’hectares et qui n’est occupé qu’à hauteur de 30% seulement, on trouve toujours des prétextes pour détourner vers d’autres vocations le peu de terres arables disponibles.
Or, s’il y a une gestion efficace du volet relatif à l’aménagement du territoire, la priorité aurait été donnée à l’orientation des flux démographiques vers des régions non agricoles pour atténuer la pression sur le peu de terres arables qui servent à nourrir les populations locales.
Laquelle démarche qui requiert le développement de villes nouvelles, dans le vaste territoire inoccupé de l’Algérie.
Ces villes seront, à coup sûr, attractives dès qu’elles seront dotées de toutes les commodités nécessaires (emploi, moyens de communication, etc.).
Mais, l’Algérie semble entrée dans la catégorie des sociétés dont Ibn Khaldoun disait qu’elles sont capables de détruire un temple rien que pour prendre une pierre pour en faire un trépied qui servira à assouvir le plaisir de préparer un thé…

(*) Voir le journal officiel N° 39 du 13 juillet 2011 (www.joradp.dz)

Production et importation de blé : Le désaveu par les chiffres

Posté dans Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales avec des tags , , le 2 août 2011 par Paysans d'Algérie

Le centre de l’informatique et des statistiques des douanes (Cnis) vient de nous informer que l’Algérie a importé pour plus de 1,5 milliard de dollars de blé durant le premier semestre de l’année en cous seulement (entre janvier et juin 2011). En 2010, ces importations ont été de près de 665 millions de dollars.

Cette hausse n’est pas imputable uniquement à la hausse des prix des produits de base sur le marché international puisque les importations de blé ont connu une croissance sensible en volume.

Durant cette période de 6 mois, l’Algérie a importé 39,7 millions de quintaux de blé et, à la fin juin 2010, le volume des importations a été de 29,3 millions de quintaux.

Le directeur de la régulation au ministère du Commerce a expliqué ce recours massif aux importations par les stocks céréaliers de l’Algérie qui « étaient relativement faibles ».

Au-delà de la langue des chiffres, qui est le discours favori des pouvoirs publics à tous les niveaux, les statistiques sur la filière céréalière font ressortir tout de même des contradictions qui alimentent le doute :

En 2010, l’Algérie a importé 52,3 millions de quintaux de blé alors que la production locale durant la même année, selon le ministère de l’agriculture, a atteint les 47 millions de quintaux, toutes céréales confondues, mais une grande partie est constituée de blés tendre et dur. A la fin de l’année en cours, les importations de blé atteindront, voire dépasseront, facilement les 60 millions de quintaux, puisque près de 40 millions de quintaux ont été déjà enregistrés à la fin juin dernier.

Faux espoir

En 2009, le gouvernement faisait miroiter une réjouissance démesurée sur le pays en affirmant que l’Algérie est sur le point d’assurer son autosuffisance en céréales parce que la production céréalière durant la saison 2008/2009 a atteint les 62 millions de quintaux.

Pour l’année en cours, les services du ministère de l’agriculture affirment que le cap des 45 millions de quintaux sera atteint à la fin de la campagne moissonnage-battage.

Si la production locale atteint de tels niveaux, pourquoi importer autant de céréales chaque année, sachant que les besoins exprimés ne dépassent pas les 80 millions de quintaux (à raison de 200 kg/habitant/an) ?

Certes, le prétexte de la contrebande aux frontières a été avancé pour justifier la hausse de la demande en céréales, mais ce phénomène, à lui seul, ne peut pas canaliser des millions de quintaux de blé.

Cette ampleur des importations de blé est due, simplement, à la médiocrité du produit local, sur le plan quantitatif autant que qualitatif. C’est la seule explication qui parait convaincante.

La qualité des blés produits localement a été déjà remise en cause par les transformateurs. Cependant, il est très difficile de connaître le volume réel de la production locale dès lors il n’existe aucun organisme spécialisé en statistiques qui mène des enquêtes sur le terrain pour être en mesure de vérifier l’authenticité des données.

De nombreux experts et chercheurs universitaires ont déjà posée la problématique des statistiques en Algérie, estimant que celles qui existent ne sont que des chiffres recueillis au niveau de l’administration.

La régulation des quotas en guise de politique agricole

Posté dans Marché agricole et régulation, Productions animales et végétales avec des tags , , , le 17 juillet 2011 par Paysans d'Algérie

Au fur et à mesure que le mois de ramadhan s’approche, le récurrent débat sur l’approvisionnement du marché en produits alimentaires refait surface. Comme chaque année à la même période, des décisions sont prises, impliquant la mobilisation de fonds supplémentaires sur le budget de l’Etat.

Dans la foulée des « préparatifs » pour ce mois, le ministre de l’agriculture et du développement rural a annoncé « une batterie de mesures » arrêtée pour se prémunir de toute éventuelle pénurie durant cette période.

Parmi ces mesures, le relèvement des quotas de blé et de poudre de lait vendus à des prix administrés respectivement par l’OAIC (office interprofessionnel des céréales) aux minoteries et l’ONIL (office interprofessionnel du lait) aux laiteries.

Pour les minoteries, les quotas de blé acquis auprès de l’OAIC sont désormais à hauteur de 70% des capacités de production déclarées par le transformateur. Une décision similaire a été prise pour ce qui est de la production de lait pasteurisé en sachet vendu à 25dinars/litre.

Au-delà du débat sur l’opportunité de ces mesures, il y a lieu de remarquer qu’en agissant de la sorte, les pouvoirs publics ont réduit la sensible question de la régulation du marché des produits de large consommation à la simple révision, à la baisse ou à la hausse, des quotas des matières premières tout en occultant la provenance de ces quotas.

Or, lorsqu’on sait que le blé distribué aux minoteries et la poudre de lait fournie aux laiteries en quotas proviennent des importations, la question du développement agricole dont les pouvoirs publics font un cheval de bataille se pose d’elle-même.

Des décisions sans tenir compte des dépenses

En 2010, le chef de l’Etat a décidé d’affecter au secteur de l’agriculture une enveloppe financière de 1 000 milliards de dinars sur une échéance de cinq ans (2010-2014), alors qu’auparavant des dizaines de milliards ont été consommés à travers le fameux PNDA sans qu’aucun bilan ne soit arrêté. Ceci, sans compter les 41 milliards de dinars qu’il a annoncé en février 2009 pour le rachat des dettes des agriculteurs à quelques semaines seulement de l’élection présidentielle qui lui a donné le visa pour un 3ème mandat à la tête de l’Etat.

Avec du recul, il est aisé de remarquer que le secteur agricole a absorbé des centaines de milliards en l’espace d’une décennie, mais, en 2011, la régulation du marché des produits agricoles ne dépasse pas le stade du réajustement des quotas distribués aux transformateurs.

Il est temps de faire le point de la situation pour mieux cerner la question du développement agricole et identifier les maillons faibles de la chaîne. Parce que la rente pétrolière qui sert toujours à amortir les chocs n’est pas inépuisable.

Hydraulique agricole : La bataille du sud

Posté dans Productions animales et végétales, Ressources naturelles avec des tags , , le 5 juillet 2011 par Paysans d'Algérie

A partir de Khenchela, une wilaya du bassin semi-aride, voire aride, du sud-est du pays, le ministre des ressources en eau, Abdelmalek Sellal, a affiché ce lundi 4 juillet un optimisme singulier sur les disponibilités hydriques en Algérie.

Deux semaines auparavant, 60 hectares de cultures maraichères ont été détruits par les autorités locales dans la wilaya de Tiaret pour éviter la surexploitation de la nappe souterraine d’où est alimentée cette région en eau potable. Les services de l’hydraulique de cette wilaya ont expliqué alors que le débit de cette nappe chute de plus de 50% dès qu’il y a exploitation pour irrigation. Dans cette région des hauts plateaux, l’agriculture irriguée est donc interdite.

Pourtant, il y a une année, le ministre de l’agriculture et du développement rural s’enorgueillissait en évoquant les perspectives de l’agriculture irriguée dans les régions du sud : « L’agriculture saharienne connaîtra dans les années à venir un bond qualitatif au regard des efforts consentis par l’Etat dans ce cadre », expliquait le ministre qui mise sur 300 000 hectares dans le Sahara à consacrer aux cultures céréalières seulement.

Des réserves de 5 milliards m3

D’un côté, il faut retenir que l’agriculture dans le sud est exclusivement irriguée à partir des nappes souterraines, dont le potentiel est estimé à 5 milliards de m3 mais non renouvelables (fossiles).

Irrigation dans une oasis à Biskra/ Photo M. Naïli

De l’autre côté, il faut savoir que ces eaux souterraines se caractérisent par un taux de salinité assez élevé, notamment les eaux les moins profondes. A ce moment là, l’agriculture saharienne est confrontée à un double défi à moyen et long termes : Il s’agit de la disponibilité des ressources hydriques qui demeure incertaine dès lors que ces réserves souterraines sont fossiles, ce qui risque d’anticiper leur épuisement étant donné que la nappe est surexploitée dans les régions où l’activité agricole connaît un développement intensif ces dernières années à la faveur des politiques de soutien mises en œuvre par les pouvoirs publics, à l’instar de Biskra, El Oued, Ghardaïa ou Adrar.

Remontée des sels

Cependant, le taux de salinité élevé de ces eaux souterraines est l’autre problème qui se pose à l’agriculture dans les régions sahariennes. Dans la période actuelle, il a été constaté qu’à l’exception des forages réalisés dans le cadre des programmes publics de soutien à l’agriculture, des centaines de petits exploitants agricoles dans les régions du sud ont réalisé des forages avec leurs propres moyens, donc ils se contentent des eaux de la nappe phréatique qui est moins profonde, donc les forages sont moins coûteux. Ce qui a engendré un impact désastreux sur les sols de plus en plus affectés par les sels.

De nombreuses exploitations sont déjà abandonnées après la baisse de leurs rendements due à la remontée des sels.

Certes, dans la conjoncture actuelle, l’agriculture saharienne couvre une partie majeure des besoins locaux en produits agricoles, mais, elle est loin de garantir la sécurité alimentaire du pays.

Agroalimentaire : Les échecs des années 1970 se reproduisent en 2011

Posté dans Marché agricole et régulation avec des tags , le 30 juin 2011 par Paysans d'Algérie

Un regard rétrospectif est toujours nécessaire pour faire l’évaluation du chemin parcouru et le degré du rapprochement des objectifs tracés. A partir de cette évidence, il est lamentable de se rendre compte que le secteur agricole et agroalimentaire en Algérie est figé dans une position statique et peine à amorcer une avancée vers la croissance.

Ce constat est relevé en se penchant sur le diagnostic qu’on fait de ce secteur à des époques différentes. Des travaux de recherche effectués respectivement au milieu de la décennie 1980, en 1995 et dernièrement en 2011, font ressortir un constat quasi-identique de l’agriculture et la transformation agroalimentaire en Algérie : Une sorte d’état stationnaire qui désigne une économie dans une situation qui ne favorise pas la croissance.

Dans un livre intitulé « industrie agroalimentaire et dépendance envers les approvisionnements extérieurs : Le cas algérien » publié durant la décennie 1980, deux docteurs en sciences économiques, Zga Kamel et Arif Salah Eddine, ont procédé à une analyse détaillée de ce secteur. Le constat établi fait ressortir une forte dépendance vis-à-vis des importations dans le domaine agroalimentaire durant les années 1970 et 1980 et le rôle capital que joue la rente pétrolière pour financer ces importations.

Une facture alimentaire couverte exclusivement par la rente pétrolière

On y lit : « Restituées dans l’esprit du modèle de développement algérien, les industries agroalimentaires devraient évoluer en interaction avec l’agriculture nationale. La situation en a été toute autre, dans la mesure où une logique extérieure est apparue, par le biais du marché capitaliste, d’où provient la majorité des approvisionnements en produits agricoles. Cette dépendance extérieure a de plus été largement accentuée par la modification du modèle de consommation algérien, due à des facteurs d’urbanisme accéléré et à l’influence du mode de consommation occidental. Ces importations alimentaires ont été financées grâce à l’existence d’une rente liée aux hydrocarbures qui, initialement, devaient favoriser la mise en place du système productif, or la constatation actuelle est que cette dépendance prend une part de plus en plus importante, ce qui à terme risque de remettre en cause le schéma de développement ».

En 1995, Mohamed Tounsi, professeur à l’IAMM, dans une étude sur l’« industrialisation et sécurité alimentaire en Algérie », relèvera « le recours massif aux importations de biens d’équipements en l’absence d’une capacité nationale de production pour assurer le renouvellement de l’outil industriel [qui] accroît la dépendance des IAA (industrie agroalimentaires, ndlr) et contredit profondément les objectifs de sécurité alimentaire ».

En 2011, le secteur reflète une situation qui ne diffère presque pas des époques précédentes. Un rapport sur les échanges algéro-canadiens, élaboré en mai dernier par des services du gouvernement canadien, souligne : « L’Algérie ne produit pas de cultures permanentes, ce qui représente une occasion pour les exportateurs canadiens de produits agroalimentaires (…) L’agriculture ne représente que 8 % de son PIB. L’économie de l’Algérie est largement tributaire de son secteur du gaz naturel et des hydrocarbures, qui représente environ 60 % des revenus budgétaires, 30 % du PIB et plus de 97 % des recettes d’exportation. (…) L’Algérie est le principal partenaire commercial du Canada en Afrique et le plus grand importateur de produits agricoles du continent, ce qui en fait un marché attrayant par son potentiel ».

A ce rythme, tout est à construire pour relever le défi de la sécurité alimentaire et réduire la facture des importations.

Extension urbaine : menace sur les terres agricoles

Posté dans Ressources naturelles avec des tags le 27 juin 2011 par Paysans d'Algérie

Selon la directrice de l’urbanisme au ministère de l’Habitat, Mme Houria Meddahi, un nouveau PDAU (plan directeur d’aménagement urbain) pour la capitale sera approuvé prochainement. La mobilisation de nouvelles assiettes foncières pour permettre l’intensification des réalisations dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics dans la périphérie d’Alger est l’objectif premier recherché de ce nouveau PDAU.

La directrice de l’urbanisme au ministère de l’Habitat n’est pas moins explicite sur ce point en affirmant à El Watan économie que le nouveau plan permettra de trouver de nouvelles potentialités foncières pour permettre la poursuite du développement de la capitale.

Toutefois, ces projections ne seront pas sans conséquences sur le secteur de l’agriculture étant donné que toutes les assiettes foncières potentiellement mobilisables pour l’urbanisme dans le grand Alger sont à vocation agricole, sachant que cette zone s’inscrit dans le prolongement des plaines de la Mitidja dont la fertilité n’est pas à prouver.

Ainsi, la mise en œuvre du nouveau PDAU de la wilaya d’Alger impliquera inévitablement la disparition de terres agricoles. Au-delà de la capitale, ces dix dernières années, toutes les villes du pays et les grands centres urbains sont entrés dans un cycle d’expansion impressionnant en se dotant d’importants équipements publics et infrastructures de base diverses à la faveur de l’embellie financière dont jouit le pays avec le raffermissement des cours du pétrole.

Cette extension urbaine se fait souvent sur des terres agricoles provoquant une baisse sensible de la SAU (surface agricole utile), notamment dans les régions du nord où se concentrent plus de 70% de la population du pays.

Plus de 5 000ha perdus dans la région d’Alger

Le détournement des terres agricoles de leur vocation initiale n’est pas un phénomène nouveau en Algérie. Pour illustrer l’ampleur de l’extension urbaine accélérée au détriment du foncier agricole, l’ancien ministre de l’Agriculture, Mohamed Elyas Mesli, dans son livre « l’agronome et la terre » a parlé de la dilapidation sans fin des terres agricoles. En se référant à des statistiques officielles, l’ancien membre du gouvernement citait les exemples de la ville d’Alger qui passe de 7 500hectares durant les années 1970 à 17 000ha actuellement et Annaba, à l’est du pays, qui s’étale sur 3 900ha alors que sa superficie ne dépassait pas 1 200ha.

Pour le grand Alger, une étude qui a été réalisée à l’université de Blida souligne que « la wilaya d’Alger a enregistré une diminution de ses superficies agricoles de 5 074 hectares (15%) en l’espace de 16 ans. Soit une moyenne de 317 ha par an. Alors qu’une croissance urbaine constante a été observée entre 1987 et 2003, empiétant ainsi sur plus de 5 074 ha de terres cultivables pendant cette même période. Soit une augmentation de 53 % du territoire urbain ».

Décidément, les terres agricoles sont loin d’être protégées malgré les différents textes réglementaires promulgués ces dernières années, à l’instar de la loi 10-03 relative à l’exploitation des terres relevant du domaine privé de l’Etat.

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