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le kif et la diplomatie en algerie

Chronique d'une diplomatie du kif

 

Par Le Matin DZ |

 

"La clarté blafarde des tubes de néon achève de leur donner des airs de malades ou de drogués : blancs et nègres y sont presque devenus de la même teinte métallique." Alain Robbe-Grillet

 

Bouteflika - Mohammed VI.

 

Le déplacement du général major Ahmed Bousteila – gare aux geôles que de vouloir jouer sur quelque symbolique sur le patronyme ! – vers la zone frontalière nord avec le Maroc est louable à plus d’un titre pour inspecter les installations et les états d’esprits de ses subordonnés dans la lutte contre le trafic des stups, le passage de la résine de cannabis des lieux de sa production et de son traitement dans les territoires chérifiens vers notre pays.

 

Les chiffres sont on ne peut plus clairs, d’années en années, les quantités faramineuses transitant par l’Algérie et y « résidant » pour consommation locale, augmentent à un rythme frénétique, frontières ouvertes ou fermées. Depuis un quart de siècle, il se passe comme si le Rif, où la quasi-totalité de la culture du kif est réalisée, possède une espèce de garantie algérienne dans le rapport de l’offre et de la demande qui lui fait – cette contrée faussement montagneuse, considérée depuis toujours, bien longtemps avant Abdelkrim el Khatibi - augmenter en toute impunité ses marges de production. Il fut un temps où les Rifains plantaient le chanvre indien pour survivre, aujourd’hui ils sophistiquent leurs cultures par des moyens matériels et humains qui frisent la technique de la chaîne industrielle pour les standings de la luxure et de l’excentrique. Parce qu’ils ont fini par comprendre que les partenaires algériens entendent cette spéculation de la même oreille, dans l’équivalent diapason.

 

C’est formidable de surveiller les frontières, d’y mettre le paquet dans les techniques nouvelles et par la formation des troupes, des meutes aussi. Extraordinaire de saisir un coup ici, un coup là-bas, des tonnes à faire cumuler dans la statistique qui fait se féliciter les chefs honnêtes et responsables. Qu’ensuite les algébristes extrapolent pour deviner les quantités réelles produites dans les flancs rifains et celles réceptionnées en Algérie, fumées localement ou fourguées à l’étranger. Tout ça c’est bien mais le mal est ailleurs. Personne n’ignore qu’il y a peine deux décennies, le joint avait son dévolu à l’Université, pour l’exemple, parfois au lycée, aujourd’hui il siège à l’école au même niveau d’addiction que la cigarette, le Patex ou le diluant. Dans les quartiers, en ville ou dans la campagne, un dealer arrêté un jour fatidique pour lui, le lendemain il est remplacé par deux autres surgis dans la masse juvénile comme d’avance préparés pour.

 

Un échange génocidaire

 

Ahmed Bousteila, flanqué de Abdelmalek Sayeh, le patron de la lutte contre la drogue, assistés des plus fins limiers renifleurs techniques, peuvent bivouaquer le long des frontières pendant le temps qu’ils estiment nécessaire, le nombre de dealers en Algérie alimenté par les filières marocaines ne diminuera pas d’un iota. Car il faut comprendre une évidence depuis le coup de grâce donné par les services franco-espagnoles vers la fin des années 70, début de la décennie 80, au trafic transitant par leurs limites à partir du Maroc, suspecté alors financer les rebelles armés basques, qu’il existe un bail tacite, qui ne dit pas son nom seulement, entre le producteur et l’acheteur, entres des acteurs marocains et leurs correspondants algériens. A propos desquels il ne faut pas sortir du salon mystique d’un marabout d’envergure régionale, pour savoir que dans l’une ou dans l’autre faction des pontes de l’Administrations y sont parties prenantes et impliqués jusqu’à l’os.

 

Si l’on regarde le problème avec le regard du patriote algérien plutôt neutre de tout emmêlement psychologique, il y a une vérité qui ne peut pas s’occulter comme ça que de croire que l’"affaire" n’est pas aussi importante que la question du Sahara Occidentale, du moment que l’existence d’une partie de la population algérienne est menacée.

 

Autrement dit si la Rasd mérite bien le déploiement politique, voire stratégique, afin que de toutes les parties susceptibles d’intéressement il soit résolu le conflit, l’empoisonnement à feu doux du devenir national au travers de son patrimoine le plus important, en l’occurrence la jeunesse de l’Algérie, a lui aussi le droit au débat politique entre Rabat et Alger, les yeux dans les yeux. La nation algérienne veut tout le bonheur des populations du grand Rif dont personne n’ignore l’ancrage de l’amazighité qui fait de cette région de la Méditerranée africaine une immense nation de respect et de liberté. Mais il faut que surtout les discours puissent sortir de la démagogie des autorités respectives pour revenir aux concernés, les individus, les familles, les groupes, qui doivent avoir le dernier mot sur cette forme de génocide euphorique.

 

Nadir Bacha

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