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Politique et sous-développement socio-économique

Par : Mustapha Hammouche

La crise de l’électricité qui sévit en ce caniculaire mois d’août rappelle le caractère dilettant de la gestion nationale. C’est un cas flagrant d’imprévoyance politique. Rassuré par l’augmentation soutenue des recettes pétrolières depuis plus de dix ans, le pouvoir se sait protégé par une caisse qu’il a transformée en trésor de guerre politique. Le souci de la paix civile s’exprime, ces dernières années, sous forme d’indemnités sans cesse revalorisées des cadres et hauts cadres de l’administration, d’augmentations de salaires des catégories de fonctionnaires les plus bruyantes, d’importation massive des produits alimentaires et de soutien d’une gamme élargie de produits de première nécessité. Ce fut d’abord les terroristes “repentis” qui eurent droit à ces gâteries financières, à effet supposé calmant. Un peu d’électricité dans l’air à cause de délestages que la panne d’investissements productifs a rendu nécessaires et de projets de centrales qui sortent du chapeau. L’un d’eux, celui de l’extension de Cap Djinet, s’avère même déjà confié au principal intervenant chargé de sa réalisation. Et à un prix qui veut dire que la technologie, même si elle est ancienne, a renchéri. Les effets du discours sur l’après-pétrole et sur les énergies nouvelles ne sont, apparemment, pas venus atténuer les conséquences de l’essoufflement du développement des capacités énergétiques traditionnelles. Pourtant le ministère dispose d’un plan pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique à l’horizon 2020. Mais il semble que dans ce domaine, comme dans d’autres (voir les réformes de l’État, de l’École, de la justice, etc. Et dont les “manuels” ont été confectionnés par des commissions qui ont siégé entre fin 1999 et début 2000 ! Voir la réforme constitutionnelle annoncée le 15 avril 2011), le passage à la mise en œuvre n’est pas obligé. On se souvient que le gouvernement a réagi au projet Desertec conformément à la doctrine du patriotisme économique verbal : on ne peut laisser des étrangers exploiter le soleil national. Ce qui est bon pour le pétrole, le gaz, l’or et l’uranium de notre sous-sol ne l’est pas pour la ressource solaire. On ne peut en être réduit à gérer sa survie immédiate à coups d’indemnisations, de subventions et en abandonnant l’espace public au commerce informel, d’un côté, et se permettre en même temps une gestion prévisionnelle du développement et des besoins nationaux, de l’autre. L’État a établi un dialogue mercantile avec les différentes composantes de la société. Les grèves et les manifestations sont toujours à finalité matérielle et les réponses consistent toujours en une succession de concessions en avantages. Même le gel de l’augmentation des tarifs des carburants et de l’électricité procède de considérations politiques. Ce qui concourt à l’emballement consommateur de ces ressources. À quoi servirait un plan intégrant la notion d’efficacité énergétique, si la notion de coût, premier déterminant de cette efficacité, est méprisée ? Entre désinvolture prospective et concessions politiciennes, le développement technologique, économique et social est piégé : l’État finance un modèle de consommation au-dessus de ses capacités productives. Si ses capacités financières baissent, c’est l’équilibre social qui rompra. Et l’État qui s’affaissera avec. À trop vouloir se maintenir à court terme, il se condamne à plus long terme.

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