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ALGERIE:Les troubles de l’inconscient

 

 

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De retour de vacances, le Président a garé son jet privé et s’est installé à son bureau. N’ayant confiance en personne, il a sorti son thermomètre personnel de sa poche et évalué la température. Malgré les conseils éclairés de son clairvoyant conseiller, il a refusé d’allumer la climatisation. De son propre chef, il a préféré rebrancher le gros réanimateur destiné à sortir l’Etat de son profond coma. Après quelques hoquets, la machine s’est mise en marche. Le Président a ensuite renvoyé tous ses conseillers, a jeté un œil à ses fiches et dossiers, ses auditions ministérielles du Ramadhan 2011 et les prospectives de son ami du ministère de la Prospective, pour finir par tout jeter à la poubelle. Puis a dressé une liste des tâches à faire.

D’abord, remettre tout le monde au travail. Assainir l’économie, rajeunir l’encadrement, changer les ministres et les walis, s’attaquer à la corruption, acheter des qalbelouz pour la maison, nettoyer la justice, organiser les contre-pouvoirs, aller chez le coiffeur, ouvrir les médias, planter du blé, construire des centrales électriques, décentraliser le pays, écouter la société civile, faire réparer le lavabo, créer des dynamiques, arrêter de jeter l’argent par les fenêtres, ouvrir des portes, libérer le dinar et installer de la confiance. Puis il a posé son stylo et regardé son beau bureau empli d’inutilités entassées. En brûlant la pile de journaux qu’on lui a remis comme chaque matin, un titre noircissant a attiré son attention. L’Egyptien Morsi a licencié son ministre de la Défense et son tout-puissant patron des moukhabarate, sous les applaudissements de son peuple. Le président s’est réveillé en sueur. Même un Président, aussi lucide soit-il, peut faire des cauchemars. Juste après son réveil, le Président a signé quelques ordonnances présidentielles, a mangé un peu et allumé le climatiseur. La journée a été très chaude.

 

Chawki Amari

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