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Sans ministre de la Justice depuis cinq mois, l’Algérie veut lutter contre l’insécurité et l’informel



Depuis quelques jours, à grands renforts de policiers déployés sur le terrain, d’images diffusées à la télévision et d’informations distillées dans la presse, l’État affiche sa volonté de se déployer sur le terrain. But : lutter contre le commerce informel et l’insécurité dans les villes du pays. Les responsables locaux auraient été instruits par le ministre de l’Intérieur pour accompagner les policiers sur le terrain. Selon Ennahar de ce jeudi 30 août, les policiers seront désormais équipés de matraques et de pistolets à impulsion électrique Taser. Le même journal rapporte que la lutte contre l’informel et l’insécurité va s’étendre aux parkings sauvages, souvent exploités illégalement par de jeunes délinquants. 

Sur le terrain, la police a déjà démantelé des marchés informels, y compris dans des quartiers sensibles de la capitale, comme Bab El Oued et Belcourt. Mais rapidement, tout ce déploiement risque de se transformer en simple opération coup de poing, voire en opération médiatique. Il pourrait même se retourner contre la police. Cette dernière sera de nouveau accusée de laxisme quand les commerces informels se réinstalleront et que les bandes de voyous reprendront leurs activités dans les villes. Car même s’ils sont très nombreux – près de 200 000 –, les policiers ne peuvent pas être indéfiniment déployés sur le terrain.
La volonté de Dahou Ould Kablia et du DGSN Hamel de lutter contre l’informel et l’insécurité va se heurter rapidement à un problème crucial : l’absence de textes juridiques adaptés. Les délinquants arrêtés seront relâchés très rapidement, après avoir été condamnés à de légères peines qui ont souvent pour effet de renforcer leur aura auprès des autres délinquants. En l’absence de textes qui répriment sérieusement leurs activités, les commerçants informels et les gardiens de parkings sauvages vont rapidement reprendre leurs activités. Ils savent que dans le pire des cas, ils ne risquent que d’être chassés par la police. Une sanction peu dissuasive pour eux
Mais depuis le 29 mars, l’Algérie n’a pas de ministre de la Justice de plein exercice. Le poste est actuellement assuré par un intérimaire qui n’a pas fait une seule déclaration ou sortie publique depuis sa désignation. Or, c’est au ministre de la Justice que doit revenir la charge d’adapter les textes à la nouvelle stratégie de lutte contre la criminalité et le commerce informel. Un arsenal de lois qui devra ensuite être validé par le Parlement puis appliqué par les juges. Sans cet arsenal, toute l’agitation actuelle sur le terrain restera inefficace.

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