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Le choix de ne pas avoir le choix

 

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L’Algérie ne deviendra jamais un pays libéral.» Par cette déclaration sans nuance qui contredit les ambitions de son prédécesseur, le Premier ministre a développé son plan d’action devant des députés, tout autant acquis à sa cause qu’ils ne l’étaient à celle d’avant et à toutes celles d’avant-avant. Ils le savent, le débat sur l’économie ne les concerne pas.

Mais faut-il libéraliser quitte à appauvrir des catégories, revenir à la décision économique centralisée quitte à frustrer les énergies ou rester dans l’entre-deux ? Le débat a été tranché depuis un certain temps ; l’Algérie est et restera un modèle hybride, ni cosmonaute ni spéléologue, entre lièvre et tortue, avec un libéralisme qui ne profite qu’aux plus puissants mais une générosité qui sauve les plus démunis. Le Premier ministre a pris soin de le confirmer, en rappelant tout ce que l’Etat va continuer à subventionner : écoles et soins, sucre, pain et huile, maïs, aliments de bétail et électricité. A part quelques individualités, il n’y aura pas d’experts économiques algériens pour contester ce choix, tiré de l’histoire et des valeurs du pays.

Mais est-ce vraiment un choix ? Si l’Algérie n’avait pas autant de pétrole et ne couvait pas autant de colères, aurait-elle pu adopter ce modèle ? Car l’avantage est de pouvoir subventionner aussi d’autres produits et services. Indirectement ou directement, l’Etat subventionne le FLN, l’ENTV, l’UGTA et de nombreux appareils satellites, les villas des dirigeants, l’évasion fiscale, l’impunité, les féodalités locales et les pouvoirs parallèles, la corruption institutionnelle, l’autocratie à tous les étages, le droit des juges à punir qui ils veulent et la police à ramasser qui leur déplaît.

Non, l’Algérie ne sera pas libérale, ce qui est une bonne chose. Mais sera-t-elle libre et libérée ? Le Premier ministre ne l’a pas dit et les députés ne le lui ont pas demandé. Tout va bien donc.

 

Chawki Amari

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