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Matraques et t’bezniss, le beau programme que voilà !

 

Par Hakim Laâlam  
Email : hlaalam@gmail.com
Le RCD explique sa participation aux prochaines élections :

C’est technico-tactique !

Le ministère de la Défense «a lancé un appel d’offres pour acheter du matériel antiémeute». Le ministère de l’Intérieur s’est saisi du lourd dossier des «commerces du président de la République». Les brigades de nettoyage ont été instruites d’«opérer plusieurs vacations, plusieurs passages pour le ramassage des ordures dans les quartiers». J’ai beau chercher dans les messages officiels qui nous sont envoyés en ce moment une once d’humanité, de réflexion autour d’un futur moins musclé, moins commercial, moins «panse-poubelle» rien ! J’aurais tellement aimé par exemple lire un avis d’appel d’offres émanant du régime et portant sur l’implantation d’une multitude de bibliothèques à travers tout le pays. Niet ! La préoccupation est au matos antiémeute, aux matraques, aux lances-à-eau à haute pression, aux menottes, aux casques, aux bottes avec jambières et genouillères de protection. Et si ce n’est pas l’arsenal anti-manif’ qui nous est servi, ce sont les locaux commerciaux, les promos sur les petits camions frigorifiques ou les démarches nouvelles pour quitter l’étal au noir, la tabla et intégrer le marché légal. J’ai la nausée. Parce que se fabrique depuis des années sous nos yeux une contrée d’où ont été gommées toutes traces culturelles ou de cogitation, juste de cogitation sur la vie, sur ce que nous allons devenir. Rien de tout cela ! T’es obligé de te coltiner le seul espace «pensé» pour toi, celui délimité par le matériel militaire anti-protestation d’une part, et le commerce, le t’bezniss d’autre part. Dans cette logique, il est «normal» qu’un syndicaliste comme Yacine Zaïd soit embarqué, réembarqué, mis en taule, remis en taule au moindre de ses déplacements, au détour de chacun de ses trajets en bus. Il ne cadre pas ! Il ne revendique pas une «tabla» au marché. Il n’escompte pas créer un parti et en demander agrément à l’agrémenteur en chef, Daho Ould Kablia. Non ! Yacine n’est pas calibré façon clientèle du système. Et surtout, il ouvre une p… de brèche inattendue. La faille dans le mur de la peur. Voilà le danger pour le Palais. Ce gars-là est en train de produire du sens face au matériel antiémeute. C’est mortel comme face-à-face. Mortel pour eux. Ils le savent, les bougres. D’où cet acharnement. Un acharnement contre une Algérie rêvée, fantasmée et pour l’instant muselée. Ça fait un peu cliché de le dire, mais je l’écris tout de même : que peut une matraque qui s’abat sur un livre ? Rien. Juste le dépoussiérer. Peut-on mettre des menottes à un album de musique ? Non ! Alors, c’est gagné ! Oui, Yacine, c’est gagné ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.

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