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Nord-Mali : l’imbroglio politico-diplomatico-militaire

Par : Mustapha Hammouche

Quelle cacophonie ! On ne sait plus s’il y a un problème du Mali ou un problème du Sahel. On ne sait plus si la question est de réhabiliter l’État malien dans sa souveraineté sur son territoire internationalement reconnu ou celle de chasser les groupes de terroristes de cette région.
Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a pas, en tout cas, d’État malien. Le capitaine Amadou Sanogo a commencé par conduire un coup d’État contre le président Amadou Toumanou Touré, au moment même ou l’Azawad entreprenait la conquête des territoires nord du pays, puis rappelé à l’ordre par la Cédéao, parrain régional, il “cède le pouvoir aux civils” en la personne de Dioncounda Traoré, aujourd’hui président par intérim. Le même président vient de confier à Sanogo la mission de présider la commission de réorganisation de l’armée.
Ainsi, la Cédéao va devoir intervenir au Nord-Mali avec l’aval de l’ONU, le soutien, dont la nature reste à définir, des États Unis et l’assistance, bien concrète celle-là, de l’Europe, et de la France en particulier.
Entre-temps, on ne sait plus ce que veulent les indépendantistes touaregs que les groupes islamistes ont réduit à une fonction de figuration et qui ont renoncé à l’indépendance, comme si la cause qu’on leur prêtait ne relevait plus que du simple malentendu. On ne sait pas, non plus, le rôle dévolu aux États voisins non Cédéao, par la communauté internationale dans ce projet de libération ou de “pacification” anti-islamiste du Nord-Mali. On sait seulement que le refus du “grand voisin” algérien de participer à l’expédition irrite un peu la coalition de reconquête en formation. Mais si la position de l’Algérie est claire en ce qu’elle rejette une intervention militaire au Mali pour mieux décliner l’invitation à y prendre part, on ne comprend tout  de même pas pourquoi elle insiste pour le “dialogue” et encore moins pourquoi avec certains groupes et pas avec d’autres. Les Touaregs ont peut-être plus de légitimité à prendre les armes contre le pouvoir central malien, mais leur islamisme en serait-il pour autant plus fréquentable ?
Peut-être que le souci de mettre le maximum de chances du côté des otages a compté dans la formulation de cette attitude, ambivalente tout de même, qui consiste à vouloir jouer les VRP entre protagonistes. L’histoire de notre diplomatie nous enseigne qu’elle affectionne ce rôle de médiateur, avec quelque efficacité d’ailleurs, mais ce n’est pas une raison de se faire l’apôtre du dialogue à tout propos. Notre histoire politique nationale nous apprend que la démarche ne vaut pas avec les forces islamistes armées. L’Algérie peut refuser l’engagement militaire hors de ses frontières, mais sans ignorer que le Sahel sans autorité responsable constitue une profondeur stratégique pour Aqmi, toujours opérationnel dans notre pays.
En tout état de cause, il faudrait que le Mali dispose d’un État et d’une armée pour imposer le dialogue à des groupes apparemment en position de force militaire, financière et psychologique. Une bien complexe équation politico-militaire !


M. H.

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