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Petite vie politique à huis clos

 

Par : Mustapha Hammouche

“L’APC est la cellule de base de l’État. En son sein, se prennent les décisions qui concernent la vie du citoyen sous tous ses aspects. L’enjeu est important. Je crois que les électeurs l’ont compris.” Cette démonstration faite, Ould Kablia prédit un niveau de participation de 40 à 45% aux prochaines élections locales.
Il incombait alors au ministre d’expliquer pourquoi des électeurs qui “ont compris” l’importance des Assemblées communales ne se présenteront qu’à 40-45% aux bureaux de vote ?
Et surtout de nous dire si les 55 à 60% des abstentionnistes annoncés “ont compris” ou “pas”.
Il ne fait pas de doute que les électeurs comprennent l’importance de l’APC, de la commune, institution de base de la République. Mais il se trouve que ce n’est pas pour ou contre la commune que les Algériens devront se prononcer le 29 novembre prochain. Ni pour ou contre la wilaya quand, le même jour, ils auront à désigner les membres de l’APW. C’est peut-être justement l’importance bien comprise des institutions, locales et nationales, qui est à l’origine de l’abstention populaire : malgré le rôle déterminant des Assemblées nationales et locales, le pouvoir s’est méthodiquement employé à recomposer la “classe politique” sur la base des critères prioritaires de l’insuffisance politique et de l’incompétence de gestion.
Inutile de nommer des exemples de promotions aberrantes, puisqu’il ne s’agit plus d’intrusions occasionnelles mais d’une véritable entreprise de décapitation intellectuelle de certaines institutions. Concomitamment, le potentiel de compétence est discrédité et les ambitions porteuses d’idées et de projets sont poussées hors de la scène publique. Les individus et les forces aptes à concevoir des propositions sont perçus comme subversifs et refoulés, parfois, par divers procédés, en dehors des institutions et des espaces d’expression publique.
La médiocrité a ceci de rassurant pour un pouvoir : elle peut soutenir l’ambition du médiocre mais elle craint l’épreuve de la compétition ; elle est, par nature et par intérêt, contre la démocratie et pour le statu quo. Ce qui explique le faux paradoxe de cette pléthore de partis qui prolifèrent dans l’opposition et soutiennent le régime ! Des partis de professionnels pour petites castes sans autre ambition que celle d’une carrière à la périphérie du pouvoir et de la rente.
Certains candidats aux élections locales en sont à leur troisième ou quatrième mandat, mais aussi à leur troisième ou quatrième étiquette. Dans certaines communes, c’est à un véritable mercato électoral qu’on assiste à chaque échéance. Les positions dans la liste électorale sont négociées, non en fonction du programme de gestion de la commune, mais en fonction de la cote locale du candidat. Pour le discours de campagne, ils pourront toujours improviser sur… la crise au Nord-Mali ou le danger que représente encore les harkis !
Après cela, le ministre de l’Intérieur ne sait toujours pas pourquoi peu de monde vient les écouter. Ni pourquoi, au mieux de ses prédictions, il ne peut aller au-delà de 40% de votants. Cette vie politique parallèle, hors société, presque intime, du régime et de sa  “classe politique”, c’est le prix de la promotion de la médiocrité. En retour, celle-ci a l’avantage, politique, d’être, par nature, conservatrice.

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