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ALGERIE:Deux siècles dialoguent

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Dans un pays autoritaire, en dehors des mécanismes visant à n'assurer d'autonomie à aucune institution – justice, Cour des comptes ou Assemblée – il y a cette obsession d'éliminer les possibilités d'émergence. Sans moubayaâ, auto-allégeance à la Matrice, il est impossible de sortir du rang, de devenir une force de proposition ou de mener un mouvement alternatif. La méthode de désertification est la même en Corée du Nord, en Arabie Saoudite, au Maroc ou en Algérie ; couper chaque tête qui dépasse pour recréer le carré et l'obéissance, stériliser la société afin qu'elle soit réduite à ne demander que du pain, voire des croissants le week-end. Dès qu'un leader hors système sort la tête, il s'agit d'utiliser tous les instruments de la Matrice pour le diaboliser, le harceler et l'user.

Entre DOK, le jeune ministre de l'Intérieur de 80 ans, et les nouveaux acteurs de la scène sociale comme Yacine Zaïd ou Tahar Bel Abbès qui ont entre 30 et 40 ans, il faut bien réaliser qu'il y a près de 50 ans d'écart, soit deux générations. Quand Zaïd et Bel Abbès sont nés, DOK était déjà vieux. Il a connu le typhus, l'invention du transistor et des antibiotiques et, jusqu'à 30 ans, il ne savait pas qu'on pouvait faire passer des couleurs dans une télévision ou envoyer quelque chose dans l'espace. D'ailleurs, en décalage permanent, le ministre de l'Intérieur ne comprend toujours pas que l'on puisse contester quoi que ce soit dans le Sud, «l'Etat fait le maximum pour eux», a-t-il récemment affirmé. Il n'y a pas à dialoguer avec ces «eux» mais avec les autres, ceux qui sont déjà d'accord, autorités locales et notables, oligarchies féodales, à l'opposé de la représentativité démocratique. Au fond, pourquoi un dialogue ? Que pourrait dire un homme de 80 ans, dont les enfants de 50 ans vivent à l'abri et probablement en France, à un jeune de 30 ans dont les parents sont enserrés dans les sables du désert ?

 

Chawki Amar

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