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Malade, moi ? Jamais !

 

Par Hakim Laâlam  
Email : hlaalam@gmail.com
Ouverture à Alger du Salon international des énergies renouvelables. Un salon bien évidemment placé sous le haut patronage du régime.

Le régime, la meilleure et la plus fiable de nos énergies renouvelables !

En Algérie, tout le monde va bien ! Y a pas un malade ! Oui, M’sieur ! Toutes les Algériennes et tous les Algériens vont bien, sont en excellente santé et suivent intensément les dossiers de leur quotidien. D’ailleurs, je me demande pourquoi il y a des paramédicaux et des médecins qui font grève, puisqu’en Algérie, il n’y a finalement pas besoin de corps médical, les 38 millions de corps qui constituent la population se portant tous comme un charme. A ce propos, j’ai même dû engueuler un peu mon fils qui révisait ses cours d’histoire l’autre jour en prévision de son examen du BEM. Il ânonnait ceci : «Baba Arroudj mort en…»En bon père que je suis, j’ai aussitôt mis le holà à cette «fausse information prématurée » et j’ai rétabli la vérité, la seule qui compte : «Mon fils, Baba Arroudj va bien. Il va très bien. C’est juste qu’il doit se reposer un peu. Mais il suit l’actualité de sa flotte et de ses marins quotidiennement. Et il sera bientôt parmi nous, du côté du Môle Nord, quai 62.» Mon fils m’a tout de même regardé éberlué, avec des yeux de merlan frit. Tant pis pour lui et son scepticisme ! D’ailleurs, je ne me suis pas arrêté là, et j’ai aussi fait une autre mise au point en rapport à la forme de ses yeux : «Sache mon fils, lui ai-je dit, que même le merlan en question n’a jamais été mis en friture. Il se porte comme un charme lui aussi et nage entre deux navires fringants de Baba Arroudj !» Bon, je ne dis pas que ça a diminué l’impression d’yeux de merlan frit, mais tout de même ! On ne peut se taire devant certaines vérités. Et la vérité principale qui vient de nous être rappelée, un peu plus brutalement pour quelques-uns par rapport à d’autres, c’est que tout le monde va bien, et qu’aucun malade n’est recensé chez nous. Ce qui en soit n’est pas seulement une bonne nouvelle pour les gens eux-mêmes, mais aussi pour le développement du pays. Eh oui ! Plus de malades, plus de prises en charge à l’étranger, plus d’évacuation pour soins, et, mieux encore, plus besoin d’hôpitaux et de cliniques. Voilà le nouveau chantier qu’il nous faut à présent lancer urgemment. Transformer les CHU, dispensaires et PMI du bled en Centres de bien-être et de vie douce. Pourquoi est-ce un chantier urgent ? Parce que vu le développement démographique en courbe ascendante continue, nous allons bientôt devoir faire face à une situation plutôt délicate. Très vite nous allons être de plus en plus nombreux, natalité oblige, et tous en excellente santé. Il va y avoir fatalement un excédent d’Algériens pétant la forme, jamais malades. C’est bien, en théorie, mais en pratique, il va falloir gérer. J’ai peur juste d’un truc. C’est que l’on en soit réduit à une solution extrême, voire finale. Faire tomber malades un quota maîtrisé de nos concitoyens. Pour rééquilibrer les chiffres affolants de cette foutue santé prospère qui métastase tout le pays. Rien que d’y penser, je me sens défaillir, des gouttes perlent sur mon front, et j’ai les membres qui flageolent. Serais-je malade ? Impossible ! Chez nous, et jusqu’à preuve du contraire, personne n’est malade. Et tout le monde fume du thé pour rester éveillé à ce cauchemar qui continue.
H. L.

 

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