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Rôle des chrétiens pendant la guerre d’Algérie

Rencontre au Centre Les Glycines d’Alger

 

 

Par : Hafida Ameyar

Le journaliste Robert Bara, le cardinal Duval, Pr Pierre Chaulet et André Mandouze sont les grandes figures de l’engagement chrétien en faveur de la Révolution.

Le centre d’études les Glycines d’Alger a initié, hier, une rencontre pour débattre du rôle des chrétiens pendant la guerre de Libération nationale. “Cette guerre a provoqué chez les chrétiens d’Algérie une crise de conscience”, a confessé l’archevêque d’Alger, Ghaleb Bader. Plus encore, la guerre de Libération a suscité “une prise de position radicale”, “des fractures et des clivages”, précisera-t-il.
De son côté, Réda Malek, ancien Chef du gouvernement, a expliqué que les chrétiens d’Algérie ne formaient pas un bloc monolithique, qu’ils réagissaient diversement par rapport à la Révolution algérienne. Seulement, dira-t-il, les chrétiens ouverts à la nouvelle dynamique libératrice étaient parmi les premiers à dénoncer le système colonial ou à soutenir la Révolution. Il citera le cas du journaliste Robert Bara qui, dès septembre 1955, a pris une position contraire à celle des autorités coloniales.
La même année, au mois de juin, Étienne Duval (devenu plus tard cardinal d’Alger) a dénoncé “de façon ferme et claire” la torture pratiquée sur les militants nationalistes, provoquant “des réactions diverses dans le milieu européen”. Pour Réda Malek, l’Église d’Algérie et la conquête de l’Algérie étaient à l’origine embarquées dans le même vaisseau pour une “Afrique chrétienne”. Mais, “cette guerre de Libération nationale a provoqué l’événement et cet événement a suscité des incertitudes”, a-t-il ajouté, en applaudissant ces “hommes d’une stature exceptionnelle” qui, à l’exemple de Mgr Duval, d’André Mandouze, du Pr Pierre Chaulet, possédaient “cet esprit de renouveau de l’église”. L’ancien Chef du gouvernement parlera aussi du père Alfred Berenguer qui, au sein même de l’église, avait pris fait et cause pour l'Indépendance de l'Algérie, dès le départ, sans oublier ces autres chrétiens qui, à l’extérieur, ont aidé à “la compréhension de notre cause”.
Réda Malek est aussi revenu sur les prises de position du père Scotto, un enfant d’Alger, qui a montré aussi “un courage fantastique” pendant la période du terrorisme. Plus loin, l’intervenant a apporté un éclairage sur le regard porté sur la chrétienté par les autochtones, en observant que la chrétienté était assimilée à des individus. Lesquels “dénonçaient ouvertement la torture et les bombardements au napalm et qui réaffirmaient que la chrétienté était au service de l’homme”.
Dans ce cadre, l’ex-négociateur des accords d’Évian a rappelé que lors des pourparlers avec les émissaires français, la délégation algérienne avait informé que la question relative à l’église d’Algérie et à son patrimoine était “déjà traitée” avec ses représentants, “par le biais de Mgr Duval”. D’ailleurs, énoncera-t-il, “cela a permis de créer une confiance entre le gouvernement provisoire (GPRA, ndlr) et l’église d’Algérie”, et de créer “une dynamique favorable à une coexistence entre l’islam et la chrétienté, dans l’Algérie indépendante”. “Nous n’avons absolument aucun problème avec les chrétiens, notre problème était avec le colonialisme”, a déclaré Réda Malek, signalant “le rôle important” joué par les chrétiens d’Algérie, dans la période post-indépendance.
Il rendra hommage notamment à l’ancien archevêque d’Alger, Mgr Henri Teissier, qui a fait montre d’un “courage inébranlable” dans l’affaire des moines de Tibhirine (Médéa), enlevés en mars 1996 par des terroristes islamistes et assassinés le 21 mai de la même année. “L’église a eu une ligne précise pendant le terrorisme, qui était celle du peuple algérien”, a-t-il soutenu, rappelant dans le même temps le refus de Mgr Teissier à assister à la réunion de Sant’ Egidio. Avant de demander une minute de silence à la mémoire “des martyrs de Tibhirine et tous ceux, victimes innocentes, du terrorisme en Algérie”.


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