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Les turbulents enfants du blé

 

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Au pays du commerce, le ministre du Commerce vient de l’annoncer : «Il y aura une révision de la subvention massive des produits de base.» Ce qui est un peu normal, on ne peut continuer à subventionner un peuple qui refuse de travailler et à imaginer construire une nation à base de pain et de lait. Sauf que la question de la subvention n’est pas uniquement financière, elle pose un problème de fond, la dialectique particulière entre le système-matrice et ses administrés.

D’un côté, le régime étant illégitime, truqueur et menteur, il se doit de se racheter en achetant des cadeaux, tout le temps, à tous ses enfants, sinon ceux-ci cassent tout et le père paye les réparations. De l’autre, du point de vue de la base, il faut continuer à critiquer le régime pour la même raison, même s’il ne le mérite pas à chaque fois ; se sentant coupable, il va devoir payer ou ouvrir. Pour l’instant, il a choisi la première solution, car il est plus facile d’acheter une bague à sa femme pour se faire pardonner de l’avoir trompée que de ne plus jamais la tromper. Qu’est-ce qui a donc poussé le régime à prendre le risque d’arrêter les subventions avec toutes ses conséquences ? L’assurance retrouvée après le Printemps arabe et la confirmation d’un désir national  de stabilité.

Ou peut-être, dans l’hypothèse d’une ouverture, arrêter de payer et montrer que le pays est ouvert, à chacun de prendre ses dispositions et de porter ses ambitions. Reste le pain, gros problème. L’Algérien étant le premier consommateur de pain au monde, il peut se passer de libertés et de progrès, d’eau ou d’électricité, mais pas de pain. C’est symbolique, même s’il a devant lui une entrecôte de 400 grammes, il faut qu’il la mange avec du pain. L’émeute est donc pour demain, il n’y a rien à faire. A part donner l’exemple ; que le ministre du Commerce se montre à l’ENTV en train de manger un frites-omelette sans pain.

 

Chawki Amari

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