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Le Conseil des points sensibles

 

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Une société, même enfermée à l’intérieur d’un camp barbelé, communique. C’est là une de ses fonctions majeures et l’on peut même dire que le sexe est la forme ultime de communication. C’est d’ailleurs la seule, contrairement aux autres formes, qui n’est pas piratable, même si elle est étroitement surveillée. Justement, peu le savent mais il y a un conseil intersectoriel qui siège au ministère des Télécommunications et qui s’appelle le Conseil des points sensibles. Sous ce nom futuriste, qui semble lié à une fine surveillance des points G et autres points de rupture sensoriels, se cache un organisme chargé d’autoriser l’importation et la mise en place des équipements d’écoute.

Chacun le sait, c’est le grand âge des oreilles aux USA, à travers les géants Google, facebook et skype, les opérateurs de téléphonie et fournisseurs d’internet, des métadonnées sont transmises à la NSA et, en Italie ou en France, divers services écoutent, y compris en dehors de leur territoire. En Algérie, pas la peine de se demander si l’on est écoutés puisque même votre voisin écoute à votre porte ; les écoutes sont constitutives du régime et sous couvert de sécurité, régulièrement autorisées par le Conseil des points sensibles même si elles sont régies par la loi à travers le comique article 39 de la Constitution qui stipule que «la vie privée et l’honneur du citoyen sont inviolables et protégés par la loi».

Mais qui écouter ? C’est là où l’Algérie ne fait pas dans le détail, écoute et espionne tout le monde, y compris ceux qui écoutent et espionnent. Car en Algérie, tout est sensible, le sexe bien sûr, mais aussi l’économie, la politique, l’information ou la religion, ce qui justifie un immense travail d’écoute et des budgets colossaux. D’où l’idée pour l’été, à défaut d’ouvrir le Club des Pins, d’ouvrir le Conseil des points sensibles à tous les Algérien(ne)s. Qu’est-ce qu’on rigolerait.

 

Chawki Amari

 

 

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