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Les plans manquants

 

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Les inconvénients du direct. Chaque citoyen-téléspectateur s’en rappelle, Mohamed Boudiaf a été assassiné un 29 juin à Annaba, dans une salle de culture d’Etat, filmé en direct par l’ENTV, tué entre deux séquences pub. 21 ans plus tard, tout le monde a vu le film et il est d’ailleurs disponible sur internet, mais il manque encore un plan, celui où le tireur tire, plan que personne, à part les initiés, n’a pu voir. Mais où est ce plan ? A l’ENTV ? Peu probable. Ces plans manquants de la raison d’Etat ne seraient pas un problème s’ils n’étaient pas aussi nombreux. Par exemple, il manque aussi le plan où Boussouf tue Abane, alors que la télévision existait déjà à l’époque. Il nous manque aussi la séquence où Bouteflika fait tomber son café par hémiplégie devant Sellal et Gaïd Salah, ou cet autre plan célèbre quand le général Toufik s’interviewe lui-même en tant que ministre suprême de la Communication. Mis bout à bout, ces séquences feraient un grand film qui pourrait régler un gros problème de confiance, celui-là même que M. Sellal s’étonne ne pas trouver. Le pacte de confiance qu’il veut instaurer, en oubliant qu’il ne s’agit pas de mots mais d’actions, donc de plans séquences.

Entre l’Etat et le citoyen, il y a un problème parce qu’au plan cinématographique, le régime est producteur-réalisateur pendant que le citoyen fait de la figuration. On s’en rappelle, M. Sellal avait déjà reproché aux Algériens leur manque de confiance en leurs dirigeants et institutions, estimant que l’Algérien, paranoïaque militant et méfiant organique, souffre «d’une grave crise de confiance». On peut s’en rappeler aussi sa déclaration un peu irritée : «Je vous ai dit qu’aujourd’hui, il va bien, il s’est rétabli», en parlant du Président. C’était le 20 mai dernier, soit il y a plus d’un mois. Du cinéma ? Evidemment. Sauf qu’on ne fait pas un pays avec des images. Il faut un scénario.

 

Chawki Amari

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