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France-Algérie : le signe indien

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Par : Mustapha Hammouche

Les relations entre la France et l’Algérie seraient-elles frappées du signe indien ?
Le scénario est immuable : à peine commence-t-on à louer, des deux côtés, l’avènement de la relation refondée qu’une initiative intempestive vient vite refroidir l’élan suscité par la chaleur des toasts de la dernière occasion protocolaire. En termes de coopération, ces démarches diplomatiques sont invariablement vaines. Mais en agglomérant les effets des initiatives individuelles de collectivités, d’entreprises, de négociants, d’organisations civiles et d’institutions culturelles, l’on arrive toujours à présenter un bilan qui témoigne de l’entretien d’un seuil d’échanges minimum grâce aux micro-décisions. Les politiques peuvent alors s’en emparer pour en faire “la base” d’une volonté de coopération qu’ils n’arrivent pas à traduire dans les faits.
Par ses couacs, le volontarisme politique de circonstance finit par gêner ces échanges de modeste niveau, mais qui profitent de la sérénité de “micro-contacts”.
Au lendemain de la visite de Chirac dans un Bab El-Oued inondé, surgissait l’illusoire serment de traité d’amitié… sur le modèle franco-allemand. La loi du 23 février 2005, même ultérieurement délestée de son article sur l’enseignement des “effets positifs de la colonisation”, vint rapidement compromettre les prétentions diplomatiques de l’époque. Contribuant à l’émergence du slogan de l’exigence de repentance qui, sans une demande d’État, allait servir l’électoralisme local.
La hâtive lune de miel vécue avec Chirac fut rééditée avec Sarkozy dès son élection. L’arrestation à Marseille, en août 2008, du diplomate Hasseni vint remettre en cause l’idylle naissante. Il fut, plus tard, et même après l’institution de la règle des 51/49 pour les investisseurs étrangers, reproché à la France de Sarkozy de ne pas vouloir investir dans notre pays. Et tout au long de ces péripéties, l’affaire de l’assassinat des moines de Tibhirine planait comme une menace à tout moment opposable aux velléités d’amélioration des relations bilatérales.
Puis, du côté algérien, le slogan fut : “C’est dans ce contexte de ‘re-gel’ que survient le ‘réalisme’ de Hollande : les mémoires doivent se reposer ; c’est le temps des affaires.” Mais les conditions ne sont pas réunies pour les affaires : Ayrault a pris acte des obstacles bureaucratiques qui s’opposent aux ambitions économiques françaises en Algérie. Mais, on pouvait célébrer le nouveau départ. Un autre encore.
Il fallait donc un motif pour couper court à une euphorie que rien de fondamentalement nouveau ne justifiait. Ces semblants d’efforts butent cette fois-ci sur le plus stupide des contretemps : une boutade de mauvais goût d’un président Hollande badin mais pas toujours inspiré. “Les regrets” qu’il exprimait hier  ne suffiront sûrement pas à dissiper toute la “moins-value” qu’il vient d’infliger à une relation aussi irrégulière que la qualité de son humour.
On l’écrivait ici, le jour de la visite d’Ayrault : les deux pays attendent “une relation prospective et apaisée. Mais pour cela, il faudra l’avènement simultané de deux pouvoirs dotés du courage et de la vision nécessaires à ce genre de rendez-vous de l’Histoire”.

M. H.
musthammouche@yahoo.fr

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