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Grève ce matin des travailleurs de l’éducation de l’Unpef et du Snapest

 

Le SNTE se démarque, accuse et révèle

Par : Malika Ben

Le Syndicat national des travailleurs de l’éducation (SNTE) se démarque de la grève de l’Unpef et du Snapest. C’est ce qu’a annoncé, hier, le SG du Snapest lors d’un point de presse tenu à l’issue d’une rencontre regroupant les délégués régionaux des régions centre du pays. “Nous ne sommes pas concernés par cette grève. De toutes les façons, le taux de suivi ne sera pas très important car les travailleurs qui ont fait confiance à ces syndicats se sont rendu compte, finalement, qu’ils n’ont servi que leurs propres intérêts. Nous n’allons, donc, pas prendre part à ce débrayage”, a indiqué Abdelkrim Boudjenah. Les raisons ? “Le SNTE qui se dit fort par sa représentativité sur le terrain refuse de pêcher en eau trouble. Nous n’avons jamais mené une action de protestation avec d’autres syndicats. Ces syndicats qui appellent à une grève sont ceux-là mêmes qui ont signé les PV lors des négociations autour du statut particulier des travailleurs. Le SNTE n’a rien signé et a toujours dénoncé les accords secrets entre certains syndicats et la tutelle.” Et c’est cette position “claire et intransigeante” qui lui a valu les foudres de la tutelle. Selon le SG du SNTE, le département de l’Éducation ne reconnaît plus le SNTE en tant que partenaire social et a gelé son partenariat avec lui sous prétexte que “le syndicat n’est pas légal”. “Une décision prise de façon unilatérale et qui ne repose sur aucun fondement juridique, puisque la justice a tranché en 2003 en faveur de l’aile de Boudjenah. D’ailleurs, le syndicat n’a été destinataire d’aucun document officiel du MEN.” Le ministère du Travail, qui est le seul habilité à délivrer les agréments aux syndicats, n’a rien notifié dans ce sens au département de Baba Ahmed. Ce dernier a été saisi par les responsables syndicaux pour de plus amples détails sur ce gel, mais en vain. Profitant du conflit syndico-syndical et des dissidences qui ont donné lieu à l’émergence d’une aile SNTE présidée par Bennoui Dahmane, des responsables de tutelle “tentent de casser le syndicat qui les dérange par ses positions intransigeantes. Nous avons toujours dénoncé les positions contradictoires et les accords que certains syndicats ont négociés avec des responsables de tutelle pour parvenir à des fins personnelles au détriment des intérêts des travailleurs”. Boudjenah fera des révélations fracassantes dans ce sens : “Des dispositions contenues dans le statut particulier amendé ont été revues et rédigées de façon à en faire bénéficier des syndicalistes et leurs proches. C’est le cas pour les 18 ans de service exigés pour accéder au grade d’enseignant formateur, alors qu’au départ, la disposition exigeait
20 ans.” Le SNTE accuse aussi des syndicats d’être de mèche avec la tutelle, voire de faire pression sur elle pour pouvoir bénéficier de postes au ministère. “C’est l’instabilité totale. Tous les anciens responsables ont été dégommés et des intérimaires ont été désignés à leur place. Une situation qui arrange la tutelle qui peut faire pression sur eux pour approuver toutes ses décisions.” 

Des syndicalistes “détachés” s’improvisent... commerçants !
Le détachement syndical reconnu par la réglementation permet aux syndicalistes d’exercer leurs droits et de s’y consacrer pleinement sans être contraints d’assumer leurs activités professionnelles. À en croire les propos du conférencier, nombreux sont ceux qui usent et abusent de cette position de “détachement” pour se livrer à d’autres activités. Boudjenah citera notamment le commerce, l’enseignement dans le privé, l’ouverture de maternelles... “Le SNTE dispose de 122 détachements supprimés pour réprimer nos activités. Il existe plus de 1 000 détachements dans le secteur, de 200 à 500 détachements par syndicat, et la grande majorité active ailleurs. Et nous avons des preuves”, a soutenu Boudjenah en rappelant que son syndicat a plaidé, en vain, la suppression des détachements.  

Réinvestir le terrain de la protestation
Ne comptant pas rester les bras croisés face au rejet de leur organisation, le SNTE envisage de réinvestir le terrain de la protestation par tous les moyens légaux.“Les dates et les formules de protestation seront annoncées à l’issue des rencontres régionales débutées hier par celles des régions centre.” Le syndicat compte interpeller le président de la République et les autorités nationales avant de se tourner vers des organismes internationaux, notamment le BIT. À signaler, enfin, que l’aile Bennoui a pris une autre position, à savoir le soutien de la grève, “à condition que l’Unpef défende les intérêts des différents corps de la même manière”. Reste à savoir qui défendra les intérêts des pauvres élèves.

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