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Ni guerre ni paix

 

 
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L’Exécutif – avec à sa tête le Premier ministre, Abdelmalek Sellal – et le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, se relaient inlassablement pour vanter la stabilité et la paix dans lesquelles baignerait l’Algérie. Le premier pour les besoins de politique intérieure et régionale et le second pour la promotion de l’image de l’Algérie à l’extérieur. M. Lamamra est allé jusqu’à inventer un concept dont on ne trouvera nulle part trace dans les manuels d’économie. L’Algérie est un «pays exportateur net de stabilité», a-t-il lancé à la cantonade il y a quelques jours. Il récidive à Tunis, ce week-end, en exprimant la volonté de l’Algérie «d’exporter la stabilité et la paix». Cet activisme des autorités algériennes pour tenter de vendre un produit de luxe sous un faux label algérien nous renvoie à l’année 1994.

Face au péril intégriste qui menaçait les fondements de l’Etat républicain, l’Algérien était presque sommé de voter «pour la paix» incarnée par la candidature de Zeroual sous peine de voir le pays basculer dans un chaos généralisé. Sauf que le contexte politique d’alors, qui avait incité les électeurs à plébisciter le président Zeroual pour la reconstruction de la paix civile dans le pays, n’est plus le même aujourd’hui. S’il est vrai que la sécurité est un fait indéniable à travers tout le pays en dépit de la persistance d’actes terroristes sporadiques, est-ce à dire pour autant que le spectre de l’insécurité est définitivement éloigné ? De quelle stabilité peut-on raisonnablement se prévaloir lorsqu’à la menace intérieure, entretenue par un «terrorisme résiduel» qui fait tragiquement parler de lui aujourd’hui encore, vient se greffer un défi majeur sur nos différentes frontières à la suite des vives tensions nées des bouleversements géopolitiques que connaissent les pays de la région ?

La paix intérieure et civile n’a jamais été autant menacée qu’aujourd’hui, avec la multiplication des fronts auxquels le pays est exposé. Le tout servi par un discours politique d’une violence inouïe. Si durant la décennie noire, l’ennemi intérieur – l’intégrisme religieux – était identifié et combattu grâce à la mobilisation populaire et de l’Etat, la menace pour la stabilité du pays prend aujourd’hui d’autres formes, plus pernicieuses ; elle touche à la fois au vécu des Algériens avec un front social en perpétuelle ébullition caractérisée par des grèves récurrentes, touchant y compris des secteurs stratégiques tels que la santé et l’éducation et à la cohésion nationale, comme viennent de nous le rappeler les graves événements de Ghardaïa.

Ajouter à cela les horizons politiques incertains et bouchés sous le signe desquels se présente le prochain rendez-vous électoral. Lorsque les luttes pour le pouvoir dérivent et impliquent une institution constitutionnellement garante de la stabilité et de l’unité nationales – l’armée – où un de ses services les plus stratégiques, le Renseignement, est mis à l’index  avec une telle légèreté en dehors du cadre des institutions, cela ne fait qu’accroître encore davantage le sentiment d’inquiétude des Algériens pour leur pays. Une division dans les rangs de l’armée n’est jamais souhaitable. Ce climat de ni guerre ni paix dans lequel se trouve le pays n’est pas forcément synonyme de stabilité et la marque d’un pays définitivement apaisé et débarrassé des démons de la guerre civile.

 

Omar Berbiche

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