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  • Le grand malade

     

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    Il l'a donc fait et on en avait douté jusqu'au bout, pensant qu'il ne pouvait commettre un tel acte qui méprise autant l'avenir que l'histoire en même temps. Pour autant, est-ce bien vrai, se demandent les derniers demandeurs du pays  ? Car il n'y a rien de plus incertain qu'un Président invisible qui fait annoncer sa candidature par son Premier ministre et fait retirer les formulaires par un frère fantomatique. D'ici là, comme le prédit le général Yala, tout peut arriver ; c'est un général qui le dit, les dernières semaines ayant été agitées, le crash d'un avion, une plainte contre Saadani déposée par le général Toufik, l'arrestation d'un général du DRS et la mort d'un chaton noir dans une trémie.

    On retiendra cette image : un Premier ministre tout gris qui célèbre avec le sourire la victoire de la rente et de l'immobilisme, accessoirement président de la commission non indépendante de préparation des élections et directeur de campagne de Bouteflika, ce qui en dit long sur le résultat. On retiendra aussi cette phrase : on peut dire «tab jnani» et s'accrocher encore au pouvoir par la force d'un seul bras.
    Mais la guerre des clans étant terminée dans sa première phase, du coup, personne n'a envie d'écouter les Algériens désespérés d'être constamment tirés vers l'arrière et surtout pas le banquier Laksaci expliquant qu'il n'y a plus d'argent et que la situation financière va se compliquer.

    En théorie donc, Bouteflika, après 15 ans de règne improductif et un an de silence total, sera encore président à l'âge de 82 ans. Grosse déception pour les bébés, les arbres du printemps et l'ensemble du corps médical. Un pays de malades, dirigé par un malade, lui-même assisté par un malade dont l'objectif est de rendre malades tous ceux qui ne le sont pas encore. Espérons au moins que durant ce quatrième mandat, le Président, son frère ou sa cousine vont enfin penser à construire des hôpitaux.

     

    Chawki Amari
  • Ni guerre ni paix

     

     
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    L’Exécutif – avec à sa tête le Premier ministre, Abdelmalek Sellal – et le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, se relaient inlassablement pour vanter la stabilité et la paix dans lesquelles baignerait l’Algérie. Le premier pour les besoins de politique intérieure et régionale et le second pour la promotion de l’image de l’Algérie à l’extérieur. M. Lamamra est allé jusqu’à inventer un concept dont on ne trouvera nulle part trace dans les manuels d’économie. L’Algérie est un «pays exportateur net de stabilité», a-t-il lancé à la cantonade il y a quelques jours. Il récidive à Tunis, ce week-end, en exprimant la volonté de l’Algérie «d’exporter la stabilité et la paix». Cet activisme des autorités algériennes pour tenter de vendre un produit de luxe sous un faux label algérien nous renvoie à l’année 1994.

    Face au péril intégriste qui menaçait les fondements de l’Etat républicain, l’Algérien était presque sommé de voter «pour la paix» incarnée par la candidature de Zeroual sous peine de voir le pays basculer dans un chaos généralisé. Sauf que le contexte politique d’alors, qui avait incité les électeurs à plébisciter le président Zeroual pour la reconstruction de la paix civile dans le pays, n’est plus le même aujourd’hui. S’il est vrai que la sécurité est un fait indéniable à travers tout le pays en dépit de la persistance d’actes terroristes sporadiques, est-ce à dire pour autant que le spectre de l’insécurité est définitivement éloigné ? De quelle stabilité peut-on raisonnablement se prévaloir lorsqu’à la menace intérieure, entretenue par un «terrorisme résiduel» qui fait tragiquement parler de lui aujourd’hui encore, vient se greffer un défi majeur sur nos différentes frontières à la suite des vives tensions nées des bouleversements géopolitiques que connaissent les pays de la région ?

    La paix intérieure et civile n’a jamais été autant menacée qu’aujourd’hui, avec la multiplication des fronts auxquels le pays est exposé. Le tout servi par un discours politique d’une violence inouïe. Si durant la décennie noire, l’ennemi intérieur – l’intégrisme religieux – était identifié et combattu grâce à la mobilisation populaire et de l’Etat, la menace pour la stabilité du pays prend aujourd’hui d’autres formes, plus pernicieuses ; elle touche à la fois au vécu des Algériens avec un front social en perpétuelle ébullition caractérisée par des grèves récurrentes, touchant y compris des secteurs stratégiques tels que la santé et l’éducation et à la cohésion nationale, comme viennent de nous le rappeler les graves événements de Ghardaïa.

    Ajouter à cela les horizons politiques incertains et bouchés sous le signe desquels se présente le prochain rendez-vous électoral. Lorsque les luttes pour le pouvoir dérivent et impliquent une institution constitutionnellement garante de la stabilité et de l’unité nationales – l’armée – où un de ses services les plus stratégiques, le Renseignement, est mis à l’index  avec une telle légèreté en dehors du cadre des institutions, cela ne fait qu’accroître encore davantage le sentiment d’inquiétude des Algériens pour leur pays. Une division dans les rangs de l’armée n’est jamais souhaitable. Ce climat de ni guerre ni paix dans lequel se trouve le pays n’est pas forcément synonyme de stabilité et la marque d’un pays définitivement apaisé et débarrassé des démons de la guerre civile.

     

    Omar Berbiche
  • Si Ali , Si El Mali CONTRE LE PEUPLE ALGERIEN

     

    On vient de l'apprendre : le général Toufik s'appelle Si Ali, c'est Si Amar Saadani qui le révèle dans un entretien à TSA où il dénonce l'interventionnisme illégal du DRS. Si plus personne ne croit Saadani depuis qu'il est trop rapidement passé des salles des fêtes à l'APN, puis de milliardaire au FLN, on se dit que là, il sait peut-être de quoi il parle. Problème d'identification, on savait que le général Toufik ne s'appelait pas le général Toufik mais Mohamed Mediène. Maintenant qu'il s'appelle Si Ali, qu'est-ce qui va changer ? Pas grand-chose, Si Ali reste encore puissant et dans l'obscurité de la scène politique, la guerre du pouvoir vient de se doubler d'une guerre des noms. Si Ali, alias Toufik le général, du nom de Mohamed Mediène, est en conflit avec El Mali, alias Si Abdelkader le commandant, plus connu sous le nom de Abdelaziz Bouteflika, connu aussi depuis peu comme le frère de Saïd.

    Si Ali et Si El Mali sont d'ailleurs tous deux invisibles, ce qui donne à cette guerre, réelle ou fictive, l'allure d'une guerre qui se joue en dehors de l'Etat civil. Car dans le rôle du DJ qui compte les points, Saadani ne s'appellerait pas Saadani mais Sadani et il ne serait pas né à El Oued mais à Gafsa, en Tunisie, selon le site Algérie Patriotique. Quand à Si Ali, son lieu de naissance est flou, les uns le placent à Guenzet, sur Mars ou quelque part en Kabylie, pendant que le lieu de naissance de Si El Mali, le Président, a été carrément effacé de sa biographie officielle, à croire qu'il serait né au Mali. En résumé, l'un est né au Maroc, l'autre en Tunisie. Seul Si Ali est né en Algérie. Et alors  ? La guerre se déroulant en Algérie, Si Ali aurait l'avantage de jouer à domicile. Restent les supporters, tous ces Algérien(ne)s spectateurs. Qu'en pensent-ils ? Rien, puisque c'est une guerre qui n'a pas de nom et qu'eux-mêmes n'en n'ont pas. Ouf, heureusement que le pays en a un.

    Chawki Amari
  • Pourquoi le clan présidentiel cible Toufik

     

    Le scrutin du 17 avril divise

     

     

     

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    zoom | © Dessin : Saâd
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    Le secrétaire général du FLN a mené hier une attaque en règle contre le chef du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le général-major Mohamed Médiène dit Toufik. Visiblement sonnés de voir s’éloigner l’option d’un 4e mandat pour Bouteflika, Amar Saadani et ceux, comme lui, qui y travaillent depuis des mois semblent ainsi perdre leur sang-froid.

     

    L’attaque virulente de Amar Saadani contre le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) et plus particulièrement contre son chef, en la personne du général-major Mohamed Médiène dit Toufik, cache mal l’état de panique chez les partisans du 4e mandat pour le président sortant, Abdelaziz Bouteflika, toujours convalescent. Ce déchaînement violent (voir l’extrait de l’entretien diffusé sur un site électronique) semble plutôt une réaction de bête blessée. Cette attaque intervient étrangement au lendemain du démenti formel apporté par le ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz, à l’information (donnée d’ailleurs par le même média) selon laquelle le président Bouteflika aurait retiré le formulaire de candidature. 

    Les propos de M. Belaïz résonnent comme une déclaration de «la non-candidature» du président Bouteflika pour des raisons qui seraient strictement liées à son état de santé. Cela bien que le concerné ne se soit jusque-là jamais exprimé sur la question. Du moins de manière officielle.

    Visiblement sonnés par le fait de voir s’éloigner l’option tant défendue d’un 4e mandat, Amar Saadani et ceux, comme lui, qui travaillent depuis des mois dans ce sens semblent ainsi perdre leur sang-froid. Si le président Bouteflika capitule, cela acterait la fin politique de tous ceux qui font la promotion, avec zèle et insistance, de son maintien au pouvoir. C’est ce qui expliquerait cette sortie grave du patron contesté du FLN, qui s’attaque frontalement et sans retenue au chef du DRS, qu’il accuse de tous les maux de l’Algérie.  Amar Saadani, de l’avis de beaucoup d’observateurs, n’aurait pas agi seul.

    Il aurait été donc ligué contre le DRS par ceux qui veulent imposer un 4e mandat non pas parce qu’ils veulent, comme il le dit, instaurer un «Etat civil», mais plutôt pour protéger des intérêts énormes et surtout se garantir une impunité. Cette analyse est d’ailleurs corroborée par les propos de l’auteur lui-même, Saadani en l’occurrence, qui affirme qu’il n’y a pas de corruption en Algérie et que les affaires de Sonatrach et autres ont été préfabriquées par les agents du DRS sur ordre du général-major Toufik contre des hommes dits «intègres», à l’instar de Chakib Khelil dont il défend la probité.

     

    Réactions :

     

    Soufiane Djilali. président de Jil Jadid : «Les institutions du pays attaquées»

     

    «Saadani doit assumer ce qu’il dit. En tout cas, nous sommes dans un processus de coup d’Etat depuis au moins le 29 août 2013, organisé par le clan présidentiel pour imposer au pays, en dehors de toute règle politique, un homme incapable de le conduire pour défendre ses propres intérêts. La meilleure défense, c’est l’attaque. Je pense que M. Saadani a envie de défendre beaucoup de choses s’il se met à attaquer frontalement les institutions du pays.»  

     

     

     

    Abdelaziz Rahabi. Ancien ministre : «Bouteflika est responsable»

     

    «Je pense qu’il est inconcevable, dans cette conjoncture préélectorale, que le chef de la première force politique au Parlement tienne un langage qui ne participe pas à apaiser l’atmosphère. Sur le fond de la déclaration de Saadani, je pense que les proches du Président ne se sont pas réjouis à l’idée que le 4e mandat ne se fera pas. Cette sortie est l’expression la plus violente de la conviction des partisans du Président qu’il n’y aura pas de 4e mandat. Pour ce qui est des attaques contre un département du ministère de la Défense nationale, je pense que ce ne sont qu’un alibi dont s’est servi Saadani. Je regrette aussi que l’Algérie offre cette image d’un pays dans lequel la direction politique ne donne pas le sentiment qu’il y a une homogénéité. On donne l’impression qu’il y a les centres de pouvoir qui s’affrontent dans la perspective de l’élection. C’est vraiment regrettable. Mais cela n’est pas fortuit. Je m’attendais à cela quand j’ai vu des ministres développer un discours alarmiste, à la limite du chantage, sur la stabilité du pays. Ils disent : c’est nous ou bien le chaos. Soit le statu quo, soit le chaos. En réalité, la déclaration de Saadani vient dans la continuité logique d’un discours de chantage à la stabilité du pays développé depuis 5 à 6 mois. Comme s’ils avaient le monopole de la stabilité du pays et comme si l’opposition était un facteur d’instabilité. Or, ce discours d’instabilité qu’on lie à Bouteflika, plus la déclaration de Saadani, traduisent une situation de malaise politique que connaît le pays aujourd’hui. Bouteflika a une responsabilité directe dans cette affaire. Parce qu’un chef d’Etat qui n’agit pas doit assumer les agissement de son entourage.»

     

     

    Mohcine Belabbes. Président du RCD : «La justice doit se saisir du dossier»

     

    «Pour le RCD, c’est tant mieux que le débat public sorte de l’opacité qui l’a caractérisé jusque-là. Cela fait bien longtemps que le RCD s’est prononcé pour la dissolution effective de la police politique et que les services de renseignement algériens se concentrent sur leur mission de contre-espionnage et de lutte contre le crime économique. Saadani devrait aller plus loin et mettre le FLN au musée, parti illégal puisque la loi interdit la reprise des sigles FLN, PPA… Il reste que dans les déclarations de Saadani, il y a des accusations très graves, pour ne pas dire des révélations, puisque cela vient d’un homme du système (ancien président de l’Assemblée nationale). La justice doit se saisir de ce dossier dans les plus brefs délais. Les luttes de clans ont toujours existé au sein du pouvoir, mais sur l’essentiel ils sont toujours parvenus à construire le consensus qui leur permet de relancer le système et de se maintenir au pouvoir. Mais comme toujours, au détriment des libertés politiques, syndicales, de la presse mais surtout par la répression, les fraudes électorales et la corruption. C’est pour cela que pour le RCD, le changement de système dans son ensemble est une urgence qui doit mobiliser le peuple en entier.»

     

     

    Abderrazak Makri. président du MSP : «Saadani est en service commandé»

     

    «M. Saadani est un indicateur de ce qui se passe au sein du pouvoir depuis toujours. Il n’aurait pas fait ces déclarations si on lui avait demandé de les faire. Il indique en quelque sorte ce qui se passe au sein du pouvoir. Saadani importe peu, il est en service commandé.»

     

    Madjid Makedhi

  • Arrêtez le braconnage des émirs dans le sud algérien

     

    Chaque année, les émirs du Golfe, font de notre Sahara un terrain de sport. Le malheur est que leur sport favori est la chasse. Pas n'importe laquelle: l'outarde semble-t-il pour les vertus aphrodisiaques de sa chair ou je ne sais quelle partie de son corps, et la gazelle pour ses cornes.

     
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    algerie

    Ces deux espèces sont en voie de disparition ,mais qui peut tirer la sonnette d’alarme.

    Ils débarquent avec leurs armes sophistiquées qui ne laissent aucune chance à ces belles créatures:fusils à lunettes,véhicules tout terrain et sous bonne escorte généreusement offerte par la République.

    Pourtant le braconnage est interdit et il existe des lois de la République protégeant les espèces en voie de disparition ,et l’outarde en fait partie ainsi que la gazelle.

    Les émirs viennent faire les guerres qu’ils n’ont pas faites, chez nous et contre des ceux que nous aimons le plus, nos compagnons de tout temps. Comment peut-on avoir le courage de tirer sur un aussi bel animal que la gazelle, inoffensif.

    Comment peut-on rester insensibles à ces massacres à grande échelle.

    Arezki Maouche

    Signez la pétition ; arrêtez le braconnage des émirs dans le sud algérien

     

  • arnaque au blé ----devise ,pour dilapider l'argent du contribuable

    La facture a augmenté de 14,5% durant le premier semestre 2013

    1,18 milliard de dollars pour l’importation de blé !

    Par : Mohamed-Chérif LACHICHI

    Les statistiques des Douanes algériennes sont claires : la facture alimentaire ne fait que grimper alors que la production nationale semble incapable de satisfaire la demande.

    Les Douanes algériennes viennent d’enregistrer un pic de 14,5% dans la facture des importations de blés durant le premier semestre 2013, par rapport à la même période de l’année dernière. Si l’on en croit les chiffres rendu publics hier par le Cnis, cette facture a augmenté seulement en valeur, passant de 1,03 milliard à 1,18 milliard de dollars US car en volume, les importations ont plutôt stagné à 3,171 millions de tonnes sur la période considérée. D’après les statistiques des douanes, ce sont essentiellement les importations de blé tendre qui alourdissent la facture. Elles ont atteint 868,2 millions de dollars, contre 682,98 millions, à la même période de l’année dernière, en hausse de 27,12%.
    Les quantités ont totalisé 2,411 millions de tonnes, contre 2,358 millions de tonnes, en hausse également de 2,24%. Quant à la facture du blé dur, celle-ci a connu  durant le premier semestre 2013 une baisse tant en valeur (-11%) qu’en quantité (- 7,4%), soit 306,86 millions de dollars (pour 752 720 tonnes), contre 346,270 millions de dollars (pour 813 107 tonnes) à la même période de 2012. On en conclut donc à une hausse importante des cours de blé tendre qu’il va falloir vérifier. Le ministre de l’Agriculture, qui avait longuement insisté sur la fonction “régulation” réhabilitée, selon lui, depuis 2009, devrait demander à cette occasion des explications aux responsables de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC), principal importateur de céréales et qui aurait dû, si l’on suit son raisonnement, “anticiper” ladite hausse en faisant, par exemple, des achats en basse saison.
    Benaïssa avait notamment précisé que l’État pouvait intervenir sur le marché et pas seulement par des actions physiques telles que le stockage. Quoi qu'il en soit, il pourrait aussi interpeller aujourd'hui le Conseil interprofessionnel des céréales pour déterminer les mesures arrêtées afin de concrétiser, a minima, les objectifs de sécurité alimentaire et pour intéresser davantage l’amont agricole.
    S’agissant enfin de l’origine des importations de blé tendre, elles ne font aucun doute qu’elles proviennent, bien évidemment, de l’ancienne puissance coloniale, en l’occurrence la France. Et pour cause ! Pour mettre fin à une polémique naissante, le ministre algérien de l’Agriculture a fait valoir que les habitudes alimentaires des Algériens imposent un certain type de blé et que même les équipements, notamment les fours des boulangers algériens, sont conçus exclusivement pour “la baguette française”.
    À cet effet, les cahiers des charges rédigés en 1980 (le dernier amendement date de 1999) favorisent, en Algérie, la fabrication d’un pain à partir d’une farine de blé avec un indice de panification que l’on retrouve, pour ainsi dire, uniquement en France... métropolitaine.
    C’est pourquoi l’Algérie est devenue très vite l’un des principaux marchés captifs des céréaliers français et un débouché presque “naturel” pour des excédents agricoles qu’elle paye, aujourd’hui, au prix fort.

  • UN CADRE ALGÉRIEN D’UNE SOCIÉTÉ INTERNATIONALE DÉNONCE :


    «Le phosphate algérien est bradé»

    Entretien réalisé par Tarek Hafid
    Avec une réserve estimée à 2 milliards de tonnes, l’Algérie a les capacités d’être un des principaux producteurs de phosphates et d’engrais. Officiellement, les autorités ont pour objectif de développer cette filière. «L’Etat accorde une attention particulière à un certain nombre d’actions comme la valorisation des phosphates qui occupent une place de choix dans les richesses minières nationales et l’industrie des engrais, qui visent à développer des produits intermédiaires et des engrais composés», a indiqué, à ce titre, le ministre de l’Energie et des Mines dans un entretien accordé lundi dernier au quotidien El Moudjahid . Sauf qu’actuellement, le secteur du phosphate traverse une crise dont la cause essentielle est la mauvaise gestion. Lamine Chouiter, un des dirigeants de la société internationale Agrofertrans, a accepté de dénoncer les pratiques en cours depuis des années au sein du groupe Ferphos et de sa filiale Somiphos.

    Le Soir d’Algérie : Monsieur Chouiter, vous êtes vice-président d’Agrofertrans. Pourquoi, dans le cadre de vos activités en Algérie, estimez-vous être confrontés à des difficultés ?
    Lamine Chouiter :
    Agrofertrans est une société basée à Londres spécialisée dans l’industrie et le négoce international d’engrais. Je suis effectivement vice-président chargé de l’Afrique et du Moyen-Orient et, étant moi-même algérien, il est tout à fait naturel qu’Agrofertrans s’intéresse à l’Algérie. Il s’avère que notre pays détient une importante réserve de phosphates, estimée actuellement à 2 milliards de tonnes, mais Somiphos, entreprise chargée de développer cette ressource, peine à exporter 1 million de tonnes annuellement. Notre objectif premier était donc d’investir dans les moyens d’extraction puis de transformation du phosphate. En 2009, Agrofertrans a présenté deux propositions à Ferphos et à sa filiale Somiphos : un partenariat dans le domaine industriel et une relation commerciale durable sur le plan commercial pour l’exportation du phosphate algérien vers les marchés européen, américain et asiatique. Malheureusement, à cette période, nous avons fait face à un refus catégorique de la partie algérienne. La décision avait été prise de se retirer.
    Concrètement, quels étaient vos projets ?
    Agrofertrans avait proposé d’engager une série d’investissements pour augmenter les capacités d’extraction de phosphate brut, l’enrichissement du phosphate, la production d’acide sulfurique, d’acide phosphorique et de DAP (diammonium phosphate), de nitrite (solution de base pour le NPK) et d’amonitrate. Nous envisagions d’investir entre 1,5 et 2 milliards de dollars.
    Comment expliquez-vous cette situation?
    Sincèrement, à l’époque nous ne comprenions pas du tout le mode de fonctionnement du groupe public et de sa filiale. Il était très difficile de communiquer avec les managers. Tout était géré dans la plus totale opacité. Nous avions l’impression qu’ils voulaient protéger certains intérêts. Les intérêts de quelques traders.
    Les traders qui sont chargés de commercialiser le phosphate algérien...
    Effectivement, la vente du phosphate algérien est le monopole de quelques traders. L’Algérie est le seul pays au monde qui ne transforme pas son phosphate et qui le vend à l’état brut. C’est une aberration. Mais cela arrange ce groupe de traders. Mais je dois dire que les choses ont totalement changé en 2011 avec l’arrivée d’une nouvelle équipe à la tête de Somiphos qui a décidé de mettre un terme aux contrats d’exclusivité dont bénéficient ces sociétés de négoce. Agrofertrans est revenue début 2012 et a pu exécuter des contrats d’achat de phosphate brut pour un quota de 100 000 tonnes. Il est important de relever que nous avions présenté des prix réalistes. Car il faut savoir que les prix de vente appliqués auparavant par les autres traders étaient étrangement bas : une moyenne de 85 dollars la tonne pour nos concurrents alors que nos offres avaient atteint les 150 dollars la tonne. Visiblement, Agrofertrans gênait les intérêts de certains traders à cause de la politique des prix mais aussi pour son programme d’investissements. Depuis des décennies, ces sociétés de négoce se contentent de prendre la production algérienne au tarif le plus bas sans jamais investir un seul dollar. Il me semble que la politique d’ouverture ait été fatale pour les managers. Ils ont été remplacés à la fin du second semestre de l’année 2012.
    Quelles étaient les conséquences pour Agrofertrans ?
    Les difficultés ont commencé. Au mois de juillet, le comité commercial en charge de la vente des quotas de phosphate, décide de revenir sur sa décision de nous permettre de charger un navire à destination du port polonais de Police. La directrice commerciale nous a contactés pour nous annoncer qu’il n’y avait pas de phosphate disponible. Nous sommes restés sans nouvelles durant un mois et demi. La situation était critique car nous avions signé un contrat avec le client final et avions même débloqué une lettre de crédit au profit de Somiphos. Finalement, à la mi-septembre, la direction commerciale nous donna le feu vert pour charger le navire, mais au lieu de 20 000 tonnes nous n’avions eu droit qu’à 15 000 tonnes. Nous ne pouvions rien faire car la signature du contrat ne se fait pas à l’ouverture de la ligne de crédit mais lors du chargement. C’est une pratique imposée par Somiphos. Cependant, les autres traders semblaient avoir plus de facilités bien qu’ils aient engagé les procédures d’achat après nous. Eux avaient eu la totalité de leurs quotas dans les délais impartis. Depuis cette opération, nous n’avons pas reçu un seul kilogramme de phosphate.
    Quel était l’argument avancé par Somiphos pour rejeter vos offres ?
    La direction commerciale se contentait de préciser que nous avions exporté tout notre quota. Somiphos a tout fait pour nous empêcher de travailler. Mais pas question de se retirer. Nous continuons, chaque mois, à faire des propositions d’achat. Au courant du mois de mai 2013, en pleine période de mévente, nous avons proposé 100 dollars la tonne pour la qualité 66/68/. Mais le phosphate a été cédé à 96 dollars. Pourquoi de telles pratiques ? Je n’accuse personne, mais je suis en droit de me poser des questions !
    Vous estimez qu’il y a des problèmes dans la gestion de la filière phosphate ?
    C’est l’opacité la plus totale. Il y a un comité commercial qui applique ses propres critères de vente, loin de toute transparence. Comment expliquer qu’au début de l’année 2012, ce comité nous a accordé un quota puis, dès le changement de direction, le même comité bloque nos achats. Et puis, il y a ce retour à la politique des contrats d’exclusivité signés avec un groupe restreint de traders. Mais ce n’est pas tout. Nous avons également présenté une proposition d’achat de pouzzolane extrait de la mine de Béni-Saf. Au début, Ferphos avait accepté notre offre. Des analyses ont démontré que le produit était de bonne qualité marchande. Plusieurs de nos clients avaient passé commande, mais à notre grande surprise, le groupe public a refusé de nous faire une cotation pour un navire de 20 000 tonnes et un autre de 5 000. Cette situation est inexplicable car cette mine, faute d’exploitation, risque de fermer à tout moment.
    Avez-vous saisi les autorités pour dénoncer ce que vous subissez ?
    Tout à fait. En février, nous avons adressé une correspondance au ministre de l’Energie et des Mines pour dénoncer ce que nous considérons être une discrimination. Nous n’avons pas eu de réponse officielle. Par contre, du côté de Somiphos, on nous a indiqué avec une certaine ironie que nous devions attendre une réponse du ministre puisque nous avions saisi la tutelle ! Alors, nous attendons. Mais étant une personne très patiente, je continuerai à envoyer chaque mois ma proposition d’achat en faisant en sorte d’adresser des copies au Premier ministre et au ministre de l’Energie et des Mines. Personne ne pourra dire qu’il n’était pas au courant. Ces pratiques provoquent des pertes incommensurables à l’Algérie et à Somiphos. Agrofertrans détient les preuves nécessaires pour faire face à ses contradicteurs.
    Vous comptez aller jusqu’au bout…
    Bien entendu, je me battrai jusqu’au bout. Je ne vois pas pourquoi je serai obligé d’aller jusqu’en Egypte ou au Togo pour investir dans le phosphate et les engrais ?
    T. H.

  • Le dur métier de journaliste algérien

     

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    Contrairement au journalisme, la poésie est le chant de l’absence, ne célèbre la présence que comme visage apparent de l’Absent et du Rien. En bref, Bouteflika n'est pas rentré mais Aït Ahmed, si. Les deux hommes ne se sont donc pas croisés à l'aéroport, place forte des échanges. Mais y a-t-il un rapport entre ces deux mouvements de corps ? Aucun, Aït Ahmed, leader du FFS, en bonne santé, est venu assister au congrès de son parti, pendant que Bouteflika, leader du FLN, en bonne santé aussi, est parti assister à des congrès médicaux. On peut même imaginer que le jour où Aït Ahmed repartira en Suisse, Bouteflika rentrera en Algérie, et les deux hommes ne se croiseront pas non plus à l'aéroport.

    Attention quand même ! D'après le procureur d'Alger et le ministre de la Communication, le mensonge est un délit et toute fausse information est passible de l'effrayante «atteinte à la sécurité nationale». Justement, on vient d'apprendre qu’Aït Ahmed n'assistera pas au congrès parce que, selon le FFS, il revient d'un voyage familial éprouvant au Maroc. Du coup, la confusion est totale, on pensait que c'était Bouteflika qui était malade, en soins à l'extérieur et lié au Maroc, or, c'est le contraire, c'est Aït Ahmed, très fatigué, qui n'est jamais venu en Algérie.

    Qui tue qui ? C'est le temps, assassin, complice de la déperdition, une maladie évolutive, qui aura fabriqué en Algérie de grands absents, Bouteflika et Aït Ahmed, pendant qu'il aura généré l'absence de l'Etat et celle de l'opposition, malades tous deux et dont la dialectique entre eux se résume aujourd'hui à des échanges de bulletins de santé. Pour les journalistes, c'est toute la difficulté du moment ; comment parler d'absence quand on n'est pas médecin ? Comment parler de présence quand on n'est ni au DRS ni à la DGSE ? De quoi se rendre malade, si les hôpitaux n'étaient pas en grève. Encore une absence. Présence, reviens.
     

     

    Chawki Amari
  • Exécution d’un détenu algérien en Irak

     

    Les autorités algériennes protestent officiellement 

     

    L’exécution, dimanche dernier, d’un détenu algérien en Irak a fait réagir le ministère des Affaires étrangères.

     

    Ce dernier a convoqué l’ambassadeur d’Irak en Algérie pour lui reprocher le «manque de coopération» des autorités de son pays concernant l’affaires des prisonniers algériens. «Je confirme que l’ambassadeur d’Irak à Alger a été convoqué hier (jeudi, ndlr) au ministère des Affaires étrangères et son attention a été fermement appelée sur le manque de coopération des autorités irakiennes concernées sur la question des ressortissants algériens détenus en Irak», a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, dans une déclaration faite, hier, à l’APS.

    «Il lui a été également rappelé ses précédentes rencontres avec le directeur de la protection des nationaux à l’étranger au MAE, ainsi que les différentes demandes officielles de visites consulaires à nos ressortissants détenus, introduites par la partie algérienne, conformément aux conventions internationales, qui sont restées malheureusement sans suite», indique-t-il. Et d’ajouter : «Les demandes algériennes ont été instamment réitérées à cette occasion, notamment en ce qui concerne le droit de visite consulaire et l’obtention rapide des détails du déroulement des procédures judiciaires, afin de nous assurer des normes applicables censées garantir le droit de nos ressortissants à une défense équitable.» M. Belani ne donne pas, cependant, le nombre d’Algériens emprisonnés en Irak.

    Réagissant, mardi dernier, à cette exécution, le président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l’homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, avait regretté «un jugement non équitable». «Nous regrettons cette exécution (l’exécution du détenu algérien). Le grand problème dans cette affaire, c’est que le procès n’a pas été équitable», a-t-il déclaré.
     

     

    R. P.
  • Et si le vizir s’appelait Toyo Tayama ?

    Par Maâmar Farah
    Mécontent des critiques formulées par des compétences algériennes, un ministre leur aurait opposé l’avis de «spécialistes américains et japonais». N’utilise-t-on pas souvent de tels arguments pour dénigrer nos cadres qui ont pourtant prouvé, partout dans le monde, leur haut niveau de compétence ?
    Et si beaucoup d’entre eux sont partis, n’est-ce pas ce type de mentalité qui les a en partie poussés vers la sortie ? Nos gouvernants doivent certainement savoir que nous doutons très fort de leurs compétences et, parfois même, de leur intégrité. Et pourtant, nous n’irons jamais jusqu’à demander des ministres américains ou japonais !
    maamarfarah20@yahoo.fr
    «Voir l’eau n’étanche pas la soif.»
    (Proverbe targui)

  • no moment

    DIlem du 06 Aout 2012

  • L’ordre et la monnaie

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    L’histoire est vraie et se passe sur une de ces routes sinueuses du pays, dansant à travers montagnes, platitudes et mornitudes. Se pensant comme chaque Algérien dans la solitude des déserts, un conducteur impatient grille une ligne continue pour doubler un vieux camion trop patient. C’était sans compter sur la vigilance des forces de sécurité. Un gendarme, vert comme une pomme encore dans son arbre, surgit et interpelle. Introduction, papiers et résumé de la situation plus tard, la sanction tombe. Froncement de sourcils et retrait de permis, ce qui est toujours mieux qu’une condamnation à mort.

    En bon Algérien, le conducteur essaie de négocier pendant qu’il cherche mentalement qui appeler, sa mère ou un colonel. Mais le gendarme est intraitable et lui explique que «même l’Emir Abdelkader ma ifrihalekch», ce qui se traduit par «même l’Emir Abdelkader ne pourra rien pour toi». Le conducteur, dépossédé de son histoire et de son titre de transport, comprendra plus tard l’énigme. Pourquoi invoquer l’Emir Abdelkader en ces temps aigris ? En fait, il ne s’agissait pas de l’Emir mais du billet de 1000 DA, sur lequel trône Abdelkader. Décodé, le message voulait dire ceci : 1000 DA ne te suffiront pas pour que je te pardonne. Il va falloir passer à 2000 DA, ce billet vert, aussi vert qu’un gendarme, et qui n’a toujours pas de surnom.

    Contrairement à cette route de campagne, cette histoire n’est pas isolée et confirme que l’inflation a atteint même la gendarmerie qui, sans émeute, a décidé de s’aligner sur les prix. Mais on le sait, la vie est chère et tout ce qui est hors de prix est inaccessible. L’argent adoucit les mœurs et un billet de l’Emir peut adoucir un gendarme, même anguleux. Il n’y a pas de morale à cette histoire, ou alors il faut la chercher dans la morale ambiante. On notera juste que l’Emir Abdelkader est le fondateur officiel de l’Etat algérien.

     

    Chawki Amari
  • MOUVEMENT SOCIAL ALGERIEN : HISTOIRE ET PERSPECTIVES... Sadek Hadjeres

    MOUVEMENT SOCIAL ALGERIEN : HISTOIRE ET PERSPECTIVES... Sadek Hadjeres

  • lorsque l'etat prend les algeriens pour des débiles

    Résultats de l’enquête parlementaire sur la hausse des prix du sucre et de l'huile

    Un coup de diversion du pouvoir

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    Les députés ont adopté, hier, la décision de publication du rapport de la commission d’enquête parlementaire sur la pénurie, totale ou partielle, de certains produits alimentaires de large consommation sur le marché national. La séance plénière de l’APN, consacrée à cette question, ne s’est pas déroulée sans contestation.

     

    Avant même le passage au vote, les trois élus du mouvement Ennahda avaient quitté la salle. «Nous avons demandé l’ouverture d’un débat général sur les questions d’actualité, l’installation d’une commission d’enquête, mais nous avons essuyé un niet. Cette commission n’est qu’un leurre», dénoncent-ils. Composée de 17 députés de différentes obédiences politiques, cette commission a ôté toute arrière-pensée politique aux émeutes qui ont touché, au début de l’année, plusieurs wilayas, dont la capitale. Mais Kamel Rezgui (député du FLN), président de la commission, a tenté de contre-attaquer en défendant le travail de son équipe et les conclusions de la commission. Il a précisé, lors d’un point de presse, qu’il n’était pas du ressort de la commission d’imputer la responsabilité de ce qui s’est passé à des personnes ou des institutions, mais plutôt de définir les causes et les circonstances ayant entraîné la pénurie de certains produits de première nécessité.

    «C’est la première fois qu’un travail d’une commission parlementaire aboutit à un résultat palpable. La commission a été créée pour faire un travail précis et non pour régler des comptes à des personnes ou pour en blanchir d’autres», se réjouit-il. Celui-ci observe que les visites effectuées par les membres de la commission au niveau des unités de production des produits, objet de pénurie, ont révélé que parmi les dysfonctionnements enregistrés figuraient le manque de certains produits de large consommation importés ou produits au niveau national et le déséquilibre en matière de distribution.

    Il met, également, en cause les dysfonctionnements des circuits de distribution et l’informel qui prend des proportions de plus en plus alarmantes et le «monopole» exercé par certains opérateurs sur le marché national, estimant que cette situation a engendré une «faiblesse» dans l’organisation du marché. Cette enquête conforte ainsi la thèse du pouvoir qui ne cesse d’affirmer que les émeutes de janvier dernier n’ont aucune arrière-pensée politique. Kamel Rezgui soutient le contraire.

    Selon lui, la commission n’a pas enquêté sur les émeutes, mais sur la pénurie : «C’est la raison pour laquelle nous n’avons pas jugé opportun de prendre l’avis du ministère de l’Intérieur, mais seulement celui des ministres concernés par la problématique.»
    Il estime qu’il n’a pas été tendre avec le gouvernement. «Nous avons défini la responsabilité de chaque secteur, évoqué des carences dans la législation algérienne et exigé la révision de certaines dispositions, notamment en matière de subventions», dit-il.

     

    Nabila Amir
  • " Al-Qaida au Maghreb ", ou la très étrange histoire du GSPC algérien


    par François Gèze et Salima Mellah, Algeria-Watch, 22 septembre 2007
    Texte en pdf

    Résumé

    Créé en septembre 1998, le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) a progressivement supplanté les " GIA " sur la scène du " terrorisme islamiste " en Algérie. D'abord cantonné dans une seule région du pays (la Kabylie), où il était relativement peu actif, il a acquis une notoriété internationale avec l'enlèvement d'une trentaine de touristes européens au Sahara, au premier semestre 2003. Depuis lors, il a multiplié attentats et actions armées dans le nord du pays, ciblant principalement les forces de sécurité, puis des civils et des cibles étrangères, au point d'être considéré comme une menace majeure en Europe, par ses " réseaux dormants " prêts à perpétrer des attentats meurtriers. Une menace confirmée par le ralliement du GSPC à Al-Qaida en septembre 2006 et sa transformation, en janvier 2007, en " Organisation d'Al-Qaida au Pays du Maghreb islamique " (AQMI).

    Dans cet article, nous montrons que l'exploitation rigoureuse et critique des nombreuses " sources ouvertes " disponibles sur le GSPC algérien (sites Web de l'organisation, articles de la presse algérienne et de la presse occidentale), combinée à l'analyse des singularités du régime algérien depuis 1962, ne laisse place à aucun doute : le GSPC est une création des services secrets de l'armée algérienne, le Département de renseignement et de sécurité (DRS, ex-Sécurité militaire), dont les chefs contrôlent, depuis la guerre civile des années 1992-1999, la réalité du pouvoir. Derrière la façade civile du président Abdelaziz Bouteflika, élu en 1999 et réélu en 2004, le " terrorisme résiduel " du GSPC est un de leurs instruments pour consolider leur mainmise sur les richesses du pays et pour se légitimer auprès des puissances occidentales, en particulier auprès des États-Unis grâce à l'adhésion à la " Global War on Terror " de l'administration Bush.

    Exposant la chronologie, en cinq phases successives, de l'histoire du GSPC de 1998 à 2007, nous expliquons pourquoi l'intensification de ses actions terroristes depuis 2006 s'explique par celle de la lutte des clans au sein du pouvoir pour le contrôle de la manne pétrolière (considérablement accrue par l'envolée des prix des hydrocarbures) : celui du général Mohammed " Tewfik " Médiène, chef du DRS depuis 1990, a vu sa prééminence contestée par le " clan Bouteflika ", qui conteste l'alliance privilégiée nouée avec les États-Unis pour l'exploitation des hydrocarbures par le " clan Tewfik ". D'où le choix de ce dernier, pour déstabiliser le clan adverse, de multiplier les actions terroristes du GSPC-AQMI, y compris contre des cibles étrangères. Et de préparer, après cette acmé de terreur, une éventuelle relève de ce groupe armé de plus en plus discrédité.

    Table des matières

    Une information aux sources très orientées

    Des GIA au GSPC : de la terreur généralisée à la terreur sélective

    GIA, action psychologique et massacres de masse

    1999 : " concorde civile " et renouvellement de la " façade démocratique "

    Première phase (1998-2002) : la constitution du groupe

    Le GSPC, héritier direct des GIA

    La paradoxale implantation du GSPC en Kabylie
    Le curieux parcours de Hassan Hattab

    Deuxième phase (2003) : l'affaire des otages du Sahara

    Un très étrange enlèvement

    Une opération made in DRS, pour justifier l'implantation militaire américaine au Sahel

    Troisième phase (2003-2004) : la mutation du GSPC

    Le surprenant parcours d'Abderrazak El-Para, " islamiste " made in DRS

    2004 : la fin du GSPC " première manière " et le nouvel émir national Abdelmalek Droukdel

    Quatrième phase (2004-2007) : du GSPC à " Al-Qaida au Maghreb "

    Un combat d'abord cantonné à l'Algérie

    2002-2004 : les " preuves " très fragiles de l'allégeance du GSPC à Al-Qaida

    Juin 2005 : l'attaque par le GSPC de la caserne mauritanienne de Lemgheity

    L'affiliation à Al-Qaida et la menace du GSPC contre la France

    Cinquième phase (2006-2007) : le GSPC instrument de la lutte des clans au sommet du pouvoir

    Les fissures au sommet du pouvoir et l'affaire Brown & Root-Condor

    Mars-avril 2007 : attentats terroristes et messages codés

    Vers la fin du GSPC et de la lune de miel algéro-américaine ?

    Conclusion : comment en finir avec le GSPC-AQMI-DRS ?

    Annexe : chronologie du GSPC (1998-2007)

    Texte en pdf

  • Le système algérien dans l’impasse

     
    Par |

     

    Le palais du gouvernement.

    Le système algérien est dans l’impasse comme en témoigne les déclarations officielles du Ministère de la justice le 22 septembre 2011 qui constatent l’extension du fléau de la corruption, je le cite "en 2010, les tribunaux algériens ont rendu 948 jugements sur des affaires de corruption et 1.354 personnes ont été reconnues coupable".

    Cela n’est donc pas une question de lois ou de textes, mais de pratiques du système, phénomène certes existant dans tous les pays mais, qui en Algérie n‘a jamais atteint un tel niveau depuis l’indépendance politique. Pour 2010, les organismes internationaux rétrogradent l’Algérie à 105e place, étant parmi les pays ayant un niveau très élevé de corruption au plus haut niveau de l’Etat (pots-de-vin, détournements d'argent public et abus de pouvoir). Il ne faut pas incomber la responsabilité au peuple qui souvent  ne suit que la pratique de ses dirigeants. 

    Etat des lieux en 2011, des dépenses monétaires colossales avec des impacts mitigés

    Le programme de soutien à la relance économique a été clôturé, selon les déclarations officielles reprises par l’APS, à 200 milliards de dollars dont plus de 70% allant aux infrastructures. Le programme d'investissements publics retenu pour la période allant de 2010 à 2014 implique des engagements financiers de l'ordre de 21.214 milliards de DA (ou l'équivalent de 286 milliards de dollars) dont toujours plus de 70% aux infrastructures étant la continuité du précédent et concerne deux volets - à savoir le parachèvement des grands projets déjà entamés, notamment dans les secteurs du rail, des routes et de l'eau, pour un montant de 9.700 milliards de DA (équivalent à 130 milliards de dollars). Mais là faute de transparence et donc du bilan 2004/2009 le problème posé est le suivant : ce montant représentant 45% du programme total 2010/2014 s’ajoute t-il aux 200 milliards de dollars de 2004/2009 (la totalité a t-elle été dépensée ?) ou la dépense a été moindre ? Le cadre macro-économique relativement stabilisé est éphémère sans de profondes réformes structurelles qui ont commencé timidement comme en témoigne la faiblesse des exportations hors hydrocarbures (moins de 2/3% des exportations totales), et un taux de croissance faible (moyenne de 3% entre 2007/2011) avec une prévision de 3% en 2012 par le FMI, l’Algérie dépensant deux fois plus en référence à des pays similaires pour voir deux fois moins d’impacts. Le tout tiré par la dépense publique via la rente des hydrocarbures à plus de 80%. Cela se répercute sur le taux de chômage réel que l’on voile par des emplois fictifs et le taux d’inflation réel que l’on comprime par des subventions généralisées non ciblées facteurs de gaspillage des ressources financières. Or le développement durable passe par des   réformes devant encourager l’acte d’investissement créateur de valeur ajoutée impliquant la refonte du système financier et l'administration et une nouvelle régulation sociale au profit des plus démunis. Dans ce cadre, peut-on parler de stratégique industrielle au sein d’un monde en perpétuel bouleversement ? La logique des différentes organisations, passage des sociétés nationales, puis aux  fonds de participation, puis en holdings, puis aux Sociétés des participation de l’Etat ( SGP) et enfin récemment depuis janvier 2010 à la  proposition en groupes industriels a-t-elle obéi à une logique économique ou à une logique administrative de partage de la rente ? Dans quelles filières l’Algérie a-t-elle des avantages comparatifs en dynamique et non en statique en termes de coûts/qualité ? Et tout cela renvoie à l’urgence d’un large débat national sans exclusive à la fois sur la trajectoire de développement à suivre entre 2012/2020 et sur le futur modèle de consommation énergétique du fait de l’épuisement des ressources des hydrocarbures dans environ 25 ans.

    Interminable transition 

    Or, si le  bilan de ces dernières années est mitigé malgré des dépenses monétaires colossales, une  des explications fondamentale est le  changement périodique du cadre juridique des investissements, le manque du manque de cohérence et de visibilité, du fait de la neutralisation des rapports de forces. La politique gouvernementale se trouve ballottée entre deux forces sociales antagoniques, la logique rentière épaulée par les tenants de l’import (13.000 mais en réalité seulement 100 contrôlant plus de 80% du total) et la sphère informelle malheureusement dominante contrôlant 40% de la masse monétaire en circulation,contribuant à 30% de l’emploi et du produit intérieur brut. L’Algérie est dans cette interminable transition depuis 1986, ni économie de marché, ni économie administrée, expliquant les difficultés de la régulation, l’avancée des réformes étant inversement proportionnelle au cours du pétrole et du cours du dollar. Les réformes depuis 1986 sont bloquées en cas de hausse des cours des hydrocarbures ou timidement faites en cas de baisse avec incohérence. Or, les réformes sont indispensables pour s’adapter tant à la mondialisation de l’économie qu’aux mutations internes, réformes inséparables de l’Etat de droit et de la démocratie sociale et politique tenant compte  de notre anthropologie culturelle.

    Une croissance innovante par la valorisation du savoir  

    La dure réalité, comme le montre l’actuelle crise mondiale, ne signifie pas la fin du rôle de l’Etat régulateur, car le marché a besoin d’être encadré. Aussi, la nouvelle politique socio-économique algérienne doit tenir compte de l’adaptation aux mutations mondiales irréversibles. Je pense fermement que l’Algérie ne dispose pas d’autres alternatives que l’adaptation à la mondialisation dont les espaces euro-maghrébins, arabo-africains et euro-méditerranéens constituent son espace naturel. Prétendre que la mondialisation aliène le développement du pays et les libertés, c’est ignorer une évidence : sans insertion dans l’économie mondiale, l’Algérie serait bien davantage ballottée par les vents des marchés avec le risque d’une marginalisation croissante.

    C’est que la nouvelle politique économique doit être marquée par l’adaptation à l’universalisation de l’économie de marché, le commerce international n’étant pas un jeu à sommes nulles. L’ouverture peut être douloureuse à court terme car elle impose des changements mais elle est bénéfique à moyen et long terme, les gagnants de demain n’étant pas ceux d’aujourd’hui, d’où des résistances sociales et politiques au changement. La compétition dans une économie globale fait que chacun a le monde pour marché et tous les consommateurs pour clients. La traduction d’un monde ordonné autour de la production est largement dépassée. Et l’introduction en lice de l’Inde et surtout de la Chine dans le commerce mondial représente une vraie révolution, caractéristique de l’unification des conditions de production dont la valeur ajoutée augmente mais dont les distances entre la production et la consommation diminuent avec là révolution dans le domaine du transport et des télécommunications. La libéralisation des mouvements de capitaux transgresse les frontières géographiques.

    Il y a lieu de revoir les concepts erronés de stratégie industrielle et d’imaginer une nouvelle politique de l’entreprise. Car à l’intérieur des entreprises se mettent en œuvre de nouveaux modes d’organisation éloignés du taylorisme, des grosses sociétés avec leurs lourdeurs bureaucratiques, fondés sur le raccourcissement des chaînes hiérarchiques, sur l’amélioration de la qualification, sur l’implication des personnes, sur la décentralisation interne, l’organisation en réseaux et la gestion prévisionnelle des compétences. La nouvelle politique socio- économique en Algérie devra être marquée en ce début du XXIème siècle par l’innovation et dans ce cadre il y a urgence d’un système d’éducation performant s’adaptant à la nouvelle conjoncture internationale par des réformes depuis le primaire jusqu’au supérieur en passant par la formation professionnelle. Ce qui suppose une formation permanente afin d’éviter des diplômés chômeurs avec la baisse du niveau. Pour cela, il est souhaitable une décentralisation de la gestion de l’éducation et l’émergence de grandes écoles afin de faire jouer la concurrence régionale et son adaptation aux besoins de la société, avec quatre grand pôles d’excellence et éviter ce mythe d’une université par wilaya. Mais se posera toujours la question de la qualité des enseignants. L’innovation est dépendante  d’une nouvelle politique de l’emploi et des salaires. Or,  la politique  actuelle est  de préférer la distribution de revenus (salaires versés sans contreparties productives) à l’emploi, c’est à dire contribuant implicitement à favoriser le chômage dont le calcul autant que celui du taux de croissance sont artificiels biaisés par la rente de hydrocarbures. La solution la plus sûre est de s’appuyer sur la qualification des salariés allant de pair avec la spécialisation de l’économie. L’avenir est dans les gisements importants d’emplois sur les activités de services, des emplois de proximité, ce qui impliquera le développement important dans les années à venir des services marchands rendus nécessaires par l’élévation du niveau de qualification.  La stratégie des ressources humaines, richesse bien plus importante que toutes les ressources d’hydrocarbures est d’introduire l’initiative économique de tout le monde et les capacités entrepreneuriales caractérisées par les prises de risques industriels et économiques. Or,  avec  la suspicion actuelle et les scandales financiers, les managers  prendront-ils ce risque qui est le propre à toute entreprise compétitive ?

    Abderahmane Mebtoul

    Lire la suite : http://www.freealgerie.com/debat-du-jour/134-le-systeme-algerien-dans-limpasse.html

  • L'inquietante connexion Polisario Algérien et Al Qaïda

    L’exposé d’Aymeric Chauprade a fait l’effet d’une bombe. Lors d’une conférence organisée au début du mois à l’Université de Genève sur la mutation en cours au sein du Polisario, M. Chauprade a affirmé que l’évolution de la formation séparatiste serait en train de la faire basculer vers l’islamisme radical et le terrorisme. Aymeric Chauprade est professeur de géopolitique à la Sorbonne, directeur des études à l’Ecole de Guerre de Paris, rédacteur en chef de la Revue française de géopolitique et directeur de collection aux éditions Ellipses à Paris. Son dernier ouvrage, paru en 2003, s’intitulait: Géopolitique, constantes et changements dans l’histoire.

    Le sens de l’évolution du Polisario décrit par M. Chauprade est inquiétant et préoccupant pour la sécurité du Maroc, de toute la région du grand Sahara et, au-delà, de l’Europe. Que dit M. Chauprade ? Sous l’effet conjugué d’une impuissance politique et militaire croissante et de l’arrivée dans ses rangs d’une nouvelle génération de militants imprégnés d’intégrisme, le Polisario basculerait à terme vers l’islamisme radical et le terrorisme.
    Une mutation accélérée par la transformation en cours de ce que M. Chauprade appelle «l’arc intégriste du Sahara» en base arrière du réseau Al Qaïda, dont 500 à 600 vétérans de l’Afghanistan seraient déjà installés dans ce que d’autres appellent les «zones grises du Sahara».
    Du coup, cette région de l’Afrique verrait, selon le commandement Europe (Eucom) de l’armée américaine, dont la responsabilité opérationnelle s’étend à une grande partie de l’Afrique, «une nette augmentation de son importance stratégique».
    Les autorités marocaines sont interpellées, dès à présent, pour rester très attentives à cette mutation de l’organisation séparatiste du Polisario et à se prémunir contre les risques d’une évolution dont le danger dépasse de loin, par les risques de connexions avec le terrorisme international, l’ancienne configuration idéologique et politique du Polisario.

    La Vie éco : Lors d’une récente communication à Genève, vous avez parlé d’une «mutation» en cours du Polisario. En quoi consiste-t-elle ?

    Aymeric Chauprade : Je voudrais d’abord faire une remarque d’ordre général. Depuis quelques années, on observe qu’un certain nombre de mouvements identitaires locaux (séparatistes), qui avaient, du temps de la guerre froide, adopté le marxisme-léninisme comme idéologie transnationale, changent de référentiel idéologique et optent pour l’islamisme radical.

    En d’autres termes, c’est ce dernier qui constitue, aujourd’hui, la nouvelle idéologie révolutionnaire transnationale, contestant l’ordre mondial et l’hégémonie des grandes puissances capitalistes.
    La mutation du Polisario s’inscrit dans ce cadre. En raison d’une impuissance militaire et politique croissante et, surtout, de l’arrivée dans ses rangs d’une nouvelle génération imprégnée d’islamisme lors de son passage dans les universités algériennes, ce mouvement est à la recherche d’un nouveau souffle logistique et idéologique. Cette nouvelle génération l’a trouvé dans l’islamisme radical.

    Comment êtes-vous arrivé à cette conclusion ?

    Il y a déjà un élément, fort peu relaté par les médias occidentaux, celui de l’arrestation par les services de sécurité mauritaniens, à la mi-janvier 2004, de Baba Ould Mohamed Bakhili, membre actif du Polisario. Il a été arrêté en train de voler de grandes quantités d’explosifs dans les dépôts de la Société nationale mauritanienne de l’industrie minière (153 bouteilles de produits très inflammables et 12 kilomètres de fil qu’on utilise pour les explosions télécommandées).
    Pour les experts, ce n’est pas ce genre de matériel qui est utilisé par la guérilla ou par les forces militaires classiques. Cela sert plutôt à fabriquer des bombes pour un autre usage : des attentats terroristes. La question qui se pose ici est la suivante : le Polisario avait-il l’intention de passer à l’acte ou cherchait-il à vendre ces produits volés à des groupes radicaux islamistes présents dans les régions frontalières poreuses du Grand Sahara ?

    Cela voudrait dire que le Polisario a déjà tissé des relations avec ces groupes islamistes radicaux...

    On peut même parler d’une certaine complémentarité entre des franges du Polisario (la nouvelle génération intégriste), le GSPC algérien (Groupe salafiste pour la prédication et le combat - la plus importante organisation islamiste radicale algérienne qui s’est illustrée dans des trafics d’armes et l’enlèvement de touristes européens) et des éléments islamistes radicaux, essentiellement des vétérans d’Afghanistan à la recherche de relais.
    Leur nombre atteindrait, selon les experts du renseignement, 500 à 600 vétérans qui se baladent, après la chute du régime des Talibans, dans cette vaste zone que j’appelle «l’arc intégriste du Sahara». Un arc (au sens géométrique du terme) qui s’étend du Sud du Maroc et de l’Algérie au Nord du Tchad, en passant par les confins du Mali, du Niger et de la Mauritanie.
    Certains faits attestent indirectement l’existence de telles relations. A ce titre, on peut citer l’activisme américain, qui s’est manifesté à travers la mise en œuvre de l’Initiative Plan Sahel. Son objet est de fournir l’entraînement et l’équipement, notamment en communications, à quatre pays : le Mali, la Mauritanie, le Tchad et le Niger. Un dispositif qui s’est étendu à l’Algérie, à la Tunisie et au Maroc, établissant ainsi un pont entre le sud du Sahara et le Maghreb.

    Bien évidemment, les Etats-Unis profitent de la lutte contre l’islamisme radical pour accroître leur influence dans cette région. Il y a donc le prétexte, mais la réalité est incontournable. Une réalité qui préoccupe tous les pays de la région. Tout autant que la France et les Etats-Unis.

    Vous parlez de complémentarité. De manière plus explicite...

    D’une part, la dynamique transnationale de l’islamisme radical (Al Qaïda) a besoin de relais locaux. S’appuyer sur les éléments actifs du Polisario lui serait utile, ne serait-ce que pour déstabiliser un pays modéré comme le Maroc. D’autre part, pour le Polisario, l’intérêt résiderait dans un nouveau souffle à la fois financier (revenus du trafic d’armes) et idéologique (islamisme radical en tant qu’idéologie transnationale contestataire).

    Quelle serait l’ampleur de cette mutation du Polisario ?

    Pour ne pas être trop schématique, je dirais que nous assistons à une reconversion lente et progressive d’un mouvement séparatiste partisan de l’autodétermination d’un territoire en un mouvement islamiste radical.
    Prenons un exemple de ce type de reconversion. La ville de Tidal, au nord du Mali, était le fief d’un mouvement dit de libération nationale touareg. Elle est devenue aujourd’hui une plaque tournante des trafics d’armes, de véhicules volés, de candidats à l’émigration clandestine et, en même temps, un fief du prosélytisme islamiste radical. On voit ainsi des photos de Ben Laden un peu partout dans les magasins.
    Une évolution identique est en cours au sein du Polisario. Aujourd’hui, on ne peut pas dire que tout ce mouvement est devenu une filiale d’Al Qaïda, mais on peut penser, raisonnablement, que dans les années à venir, si le problème du Sahara n’est pas réglé, ce mouvement risque de se transformer complètement en mouvement islamiste radical rattaché à Al Qaïda.

    Les éléments de cette nouvelle génération du Polisario sont-ils représentés au sein de sa direction ?

    Ce que l’on sait à coup sûr c’est que la direction historique de ce mouvement n’est plus là. Il y a donc une nouvelle situation. Mais, à mon avis, LA question qu’il faudrait se poser est celle de savoir quel sera, à l’avenir, le rôle des services algériens au sein du Polisario. On sait que, jusqu’à présent, c’étaient ces services qui contrôlaient ce mouvement et le manipulaient. Mais on ne peut exclure que le Polisario puisse s’autonomiser de l’emprise algérienne pour tomber sous celle d’un parrainage islamiste radical.

    Quels sont, à votre avis, les risques d’une telle mutation pour la sécurité des pays de la région et pour le reste du monde ?

    Vous savez, l’Afrique subsaharienne est très fragile et très pauvre. C’est un terreau d’implantation facile pour l’islamisme transnational radical. Ce serait une base arrière à partir de laquelle il rebondirait vers le Maroc, le Maghreb et, de là, vers l’Union européenne. C’est d’autant plus préoccupant que cet «arc intégriste du Sahara», dont j’ai parlé, est très difficile à contrôler, où les réseaux de trafics en tout genre font la loi. Il est donc facile pour des réseaux islamistes radicaux qui ont beaucoup d’argent d’acheter toutes les complicités dont ils ont besoin et de faire de ces zones leur base arrière.

    Le Polisario se transformant en filiale d’Al Qaïda... est-ce un risque réel ?

    Je suis convaincu que le Polisario n’a plus de base populaire. De ce fait, il peut de moins en moins se proclamer comme mouvement de libération nationale. De plus en plus, ce sera un mouvement de radicaux qui va s’inventer une cause beaucoup plus transnationale et adopter l’idéologie et les méthodes d’action de l’islamisme radical

  • Deux anciens judokas algériens tués près de Londres

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    Ils étaient en vacances en Grande-Bretagne et devaient regagner l’Algérie samedi dernier. Une enquête est ouverte sur les circonstances du drame.

    Sid-Ali Mellal et Réda Lechheb devaient retourner en Algérie samedi dernier. Vendredi, peu avant minuit, ils ont perdu la vie après avoir été percutés par une voiture de police, à Luton, dans la proche banlieue sud de Londres. Âgées respectivement de 27 et 35 ans, les deux victimes sont deux anciens judokas professionnels. Ils étaient en vacances en Grande-Bretagne où ils séjournaient chez des proches. Dans leur version des faits, les services de sécurité affirment que le véhicule de marque Vauxall-Zafira est entré en collision avec une autre voiture, avant de déraper, de monter sur le trottoir et de heurter les deux Algériens. L’accident a eu lieu dans une intersection entre Leagrave Road et Holland Road. Les victimes discutaient tranquillement avec un groupe d’amis quand la voiture de police a foncé sur eux. Selon la police locale, les agents à bord de la Vauxall-Zafira avaient répondu à un appel d’urgence et circulaient à vive allure. Ni l’un ni l’autre n’ont été blessés suite à la collision. S’empressant de les défendre, leur hiérarchie affirme qu’ils avaient actionné la sirène et allumé le gyrophare de leur véhicule. Une version que Djamel Lechheb, le cousin d’une des victimes, dément catégoriquement. Il était en leur compagnie au moment de l’accident et affirme à ce propos n’avoir entendu aucune sirène. En revanche, il se souvient d’un bang assourdissant. “Je me suis retourné et j’ai vu mon cousin et son ami dans une mare de sang”, relate-t-il. Pour contenir la controverse, les services de sécurité ont décidé d’ouvrir une enquête. Les investigations ont été confiées à une commission indépendante de la police des polices. “Nous allons conduire une enquête rigoureuse sur les circonstances de l’accident et vérifier si les policiers ont vraiment allumé le gyrophare de leur véhicule et mis en marche la sirène. Nous nous attellerons à réunir toutes les preuves en rapport avec cette affaire”, s’est engagé Deborah Glass, la vice-présidente de cet organisme. Des réactions d’indignation parmi la population de Luton ont suivi la mort des deux judokas. Ce n’est pas la première fois que la police anglaise se rend responsable de bavures de cette nature. Sid-Ali Mellal et Réda Lechheb faisaient partie de l’équipe nationale de judo. Il y a une année, un retraité anglais a trouvé la mort dans les mêmes circonstances à Waltham Forest, à Londres.