Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com |
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Retour d’Abdekka en Algérie. Un acte…
… isolé ! Le «kituki» lorsqu’il est porté par un doc, par une interview, par un portrait, par une enquête, par une caméra ou un micro cachés fait la Une de tous les médias français ou presque. J’ai ainsi en mémoire cet épisode croustillant qui a vu les grandes chaînes généralistes françaises, plus la payante cryptée reléguer une catastrophe naturelle dans le Var, une mini-tornade suivie d’averses diluviennes qui avaient fait plusieurs victimes et des milliers de sans-abri et lui préférer en première ouverture une rocambolesque histoire de moines mitraillés par des hélicoptères de l’armée algérienne. L’autre soir, alors que Séverine Labat et Malik Aït-Aoudia ont confectionné un documentaire sourcé, coupé, recoupé, vérifié au millimètre de la conscience journalistique, voilà que ce petit «bijou» d’investigation se retrouve valdingué en 3e partie de soirée sur France 3, quand vos paupières deviennent lourdes, que la chorba exige sa digestion immédiate et que Morphée vous siffle pour que vous la rejoigniez dans ses voluptueux draps en soie. Etrange tout de même cette distorsion. Un vacarme là, avec le moindre des rots d’un Tigha sur-amplifiés. Et un silence terrible ici, lorsque le GIA, à haute et intelligible voix, aux micros et aux caméras de deux journalistes, avoue avoir exécuté les moines de Médéa. La «déontologie» aurait voulu que l’on fasse vacarme pour les deux, Ya Sidi ! Et Dieu sait qu’après avoir supporté le premier vacarme, celui d’un officier félon qui se contredit 6 fois en 5 interviews, je me serais attendu logiquement à un vacarme tintamarre de la part de mes chers confrères français lorsqu’ils ont en face de leurs mirettes des chefs du GIA, de hauts responsables français, des ministres, des pontes de la chiraquie reconnaître, sans contrainte au corps, sans torture, que dans cette histoire, la France de Juppé a merdé totalement, et que Zitouni et ses hommes sont les seuls responsables du rapt et de l’assassinat de Frère Luc et de ses six compagnons. Si les règles de base du journalisme, celle notamment de «la partie et la partie adverse» avaient été respectées, le documentaire de Séverine Labat et de Malik Aït Aoudia aurait dû être programmé en prime-time. Aux mêmes places et aux mêmes décibels de vacarme que les «œuvres» d’un Jean-Baptiste Rivoire, pour ne citer que cet exemple de «probité journalistique». Vœu pieux, bien sûr ! D’où cet appel aujourd’hui. Un appel urgent à voir et à revoir, et à revoir encore le documentaire de Séverine Labat et de Malik Aït Aoudia. A le graver. A le faire circuler. A l’offrir. Et peut-être, mais là, je rêve un peu, à le faire acheter par l’ENTV pour une diffusion encore plus large. J’ai le droit de rêver, non ? J’ai bien rêvé à la fin des années 90 à une vérité enfin rétablie un jour sur les crimes du GIA, et ce rêve, Séverine et Malik l’ont réalisé. Et vachement bien réalisé ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. |
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Dis, tonton Juppé, pourquoi tu ne tousses plus ?
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Et de quoi veux-tu qu’il parle un barbu, de la fraise des bois ?
Par Hakim Laâlam
Email : laalamh@yahoo.frPrésidentielle française. A peine les bureaux de vote
ouverts ce matin, et déjà des recours auprès de la
commission ……Seddiki !
C’est peut-être pas encore du Raymond Devos, mais j’ai la très nette impression que le Seddiki y travaille sérieusement ! Le patron de la Commission nationale de surveillance des législatives a très officiellement lancé un avertissement : il demande aux partis islamiques de cesser d’avoir recours au discours religieux pendant la campagne ! Rien que ça ! Allez ! Laissez libre cours à vos zygomatiques mes frères ! Parce qu’il fallait l’oser celle-là ! Exiger de formations politiques ouvertement poilues de cacher leurs poils le temps d’une course à la députation. Et pourquoi coco tu les as autorisés à faire de la politique les frères des montagnes si c’est pour revenir ensuite dare-dare leur mettre une muselière mitée sur la gueule ? De quoi veux-tu qu’un parti islamiste te parle sinon de religion ? De la fraise des bois ? Ou peut-être souhaiterais-tu entendre Djaballah faire du Cheminade et invoquer la course aux astres et la conquête de Mars ? Yakhi t’messkhir, yakhi ! Ils distribuent des agréments à poils et à vapeur et ils voudraient ensuite que l’islamisme n’intervienne pas dans les meetings. Ne me dites tout de même pas les cocos que vous attendez d’un Soltani qu’il explique comment il compte mettre en place une industrie alternative aux énergies non-renouvelables ? C’est à peine s’il lui est possible de faire un graphe sur le flux de cabas et de containers de pétards au port d’Alger ! Les cours du b’khour, oui ! Ceux des métaux d’alliage, non ! Les prédictions dans le marc de café, oui ! Les prévisions de déficit, sûrement pas ! Tenter aujourd’hui de donner l’impression de vouloir juguler le discours religieux alors qu’on lui a tracé hier encore des autoroutes de circulation non bridée, c’est un peu, beaucoup, passionnément, à la folie nous prendre pour des chnoufs ! Des buses, la gueule ouverte en attente béate de tout gober. Plus crûment, un parti islamiste parlera d’islamisme et en fera sa matrice. Avec ou sans autorisation ! Et tous les électeurs qui voteront pour l’Alliance Verte savent qu’ils donnent leur voix à des islamistes, pas à front de démocrates laïques tenant congrès à Woodstock ! Alors, tes appels, mon coco… Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L. -
Les présidents ont-ils des amis présidents ?
Si on sait où ils vont tous à la fin de leur vie – dans le carré – on ne sait pas d’où viennent les présidents. Emanation de la société ou expression des luttes de pouvoir au sommet, c’est selon. Ce qui est sûr, c’est que les Algériens ont entre eux des relations aussi conflictuelles qu’entre leurs représentants suprêmes. Le président Bouteflika avait aidé le président Boumediène à renverser le président Ben Bella, mis au trou pendant 15 ans. Jusqu’à ce que le président Chadli lui ouvre la porte, ouvrant aussi un procès pour détournement contre le président Bouteflika.
Le président Ben Bella avait condamné à mort le président Boudiaf en 1964, bien avant que celui-ci ne soit assassiné en direct devant les futurs présidents Kafi et Zeroual. Ce dernier, d’ailleurs, n’aime pas le président Bouteflika, le second ayant sévèrement critiqué le premier, celui-ci ayant toujours refusé les invitations du second. En résumé, le président Bouteflika n’aime pas le président Zeroual ni le président Chadli qui, lui, n’aime ni le président Boumediène ni le président Bouteflika. Mais le président Bouteflika aime le président Boumediène et, bien sûr, le président Bouteflika.
Le premier de tous les présidents étant mort, tout va-t-il s’aplanir ? Pas sûr, car même dans la mort, les présidents ne sont pas égaux. Boudiaf n’avait eu droit qu’à 7 jours de deuil décrétés par Zeroual, contre 8 pour Ben Bella décrétés par Bouteflika, mais loin des 40 jours décrétés pour (et par ?) Boumediène. Combien de jours pour Bouteflika et décrétés par qui ? La question reste ouverte, tant les présidents aiment à se haïr de par cet insatiable amour du pouvoir. Mais en rendant hommage au président qu’il a contribué à renverser, l’actuel président aura aussi contribué à mettre un début de terme à la guerre entre présidents. C’est sûrement une bonne chose, car elle signera, à terme, la fin de la guerre entre les Algériens.
Chawki Amari
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Cannes : la Palme d'or aux moines de Tibehirine ?
Tous les spécialistes le disent : le film « Des hommes et des dieux » qui raconte le destin tragique des sept moines de Tibhrine, est bien parti pour remporter la Palme d'or du Festival. A la fin de la projection réservée à la presse, dans la grande salle du palais des Festivals, « Des hommes et des dieux » a été applaudi durant trois minutes hier matin par des journalistes du monde entier. Scotchés et bouleversés par ce qu’ils venaient de voir pendant deux heures. La nouvelle d’une possible Palme d’or s’est ensuite répandue toute la journée sur la Croisette, jusqu’à accompagner l’équipe du film en début de soirée lors de la montée des marches.
« Des hommes et des dieux » raconte le destin tragique de sept moines, enlevés fin mars 1996, dans leur monastère de Tibhrine, près de Medea, à 90 km au sud d’Alger. Dans cette région où les tueries étaient fréquentes à l’époque, le GIA de Djamel Zitouni avait alors revendiqué leur enlèvement et leur assassinat. Les têtes des moines avaient été retrouvées le 30 mai, au bord d’une route de montagne. Un sujet terrible, pour un film tourné au Maroc plutôt qu’en Algérie pour des raisons de sécurité, dans lequel chacun s’est jeté à corps perdu, Xavier Beauvois le premier. Avant d’entamer les prises de vues, il est allé faire une retraite monastique.
Xavier Beauvois aurait donc magnifiquement réussi son film, Des hommes et des dieux . Il n'a pas raté un sujet qui paraissait bien difficile et bien austère : les derniers mois des sept moines du monastère de Tibéhirine, avant leur enlèvement par des terroristes algériens, en 1996.
Tout y est. Le portrait sensible, touchant, fidèle, d'une communauté, de ses rituels et de ses liens avec le village arabe voisin ; les tensions qui les agitent individuellement après les premières menaces ; le cheminement de leur questionnement, que le réalisateur traduit habilement par les psaumes chantés qui jalonnent le récit ; leur refus de l'engagement (entre l'armée algérienne et les terroristes) qui vaut comme engagement suprême et mise à l'épreuve de leur foi : vont-ils flancher, s'enfuir, ne pas être à la hauteur de l'épreuve que Dieu leur envoie ?
« Cela m’a appris beaucoup de choses sur la façon dont ces hommes vivaient leur foi, dit le réalisateur. Les sept offices religieux par jour, dont le premier à 4 heures du matin. Il dure une heure et demie. Je me demande comment ces moines font pour tenir. D’autant plus qu’ils ont énormément d’activité. Je suis tombé amoureux d’eux. » Concernant ceux de Tibhrine, il dit : « Ces hommes étaient des aventuriers, des artistes de l’amour, des gens qui vont jusqu’au bout de leur pensée, avec foi. C’est très rare aujourd’hui, de faire don de soi, de s’intéresser aux autres. Si seulement 5 % des gens étaient comme eux, la société serait meilleure. »
Lambert Wilson, qui incarne l’un des frères, a été aussi très marqué par ce qu’il a vécu lors du tournage. « J’ai oublié que j’étais acteur. J’étais totalement dans le personnage. Et surtout, très proche de mes partenaires. Au point qu’on est devenus de vrais amis. Il le fallait pour les besoins de ce film. » Quant à Michael Lonsdale, dans le rôle du frère médecin, il avoue : « Cet homme avait 85 ans (NDLR : l’âge de l’acteur) et il soignait parfois jusqu’à 150 personnes par jour. Je l’admire de s’être consacré, cinquante ans de sa vie, aux autres. Ça s’appelle la charité. »
Aujourd’hui, les circonstances exactes de la terrible fin des moines de Tibhrine restent mystérieuses. L’hypothèse d’une bavure de l’armée algérienne, est évoquée dans le film lorsqu’un hélicoptère de l’armée survole longuement le monastère. « Des hommes et des dieux », film sensible à bien des égards.L.M. (Source : Le Point - Le Figaro)