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  • La crêpe aux 1000 trous

     

     

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    75 accusés, 50 parties civiles et 300 témoins dont trois ministres, c'est le casting monstre du procès en appel de l'affaire Khalifa qui s'ouvre aujourd'hui à Blida. Pour mémoire, l'affaire avait démarré en 2003, à la fin du premier mandat de Bouteflika, après que la Banque d'Algérie eût constaté un trou de 3,2 milliards de dinars dans la banque privée. Et pourtant, pour un trou estimé à plusieurs milliards de dollars et qui devrait être qualifié de gouffre, la justice algérienne ne semble pas pressée d'ouvrir un procès. C'est pour cette raison que le principal responsable du secteur, l'ex-ministre de l'Energie, n'a pas été inquiété ni même convoqué et a pu tranquillement quitter l'Algérie. Comment a-t-il pu partir ? Ce n'est pas très important, qui vit en Algérie sait combien de trous il y a, sur les routes pour y tomber ou dans les administrations pour s'y faufiler, y compris dans les palais de justice où de petits cambrioleurs peuvent entrer se servir comme dans un café.

    Comme le beghrir, la fameuse crêpe aux 1000 trous, l'Algérie a fini, en cette glorieuse fin de mandat présidentiel, par toucher le fond du trou, devenue capitale de l'incompétence et du détournement, un trou noir qui absorbe lumière, matière, temps, espace, hommes et idées neuves. Mais, qu'est-ce que le contraire du trou ? C'est une autre anomalie topologique, une bosse, un dos d'âne ou ralentisseur, surplus de matière qui pose un tout autre problème, comme celui que vient de poser Mohamed Mechati, rare survivant du groupe historique des 22, en soutenant le front du refus d'un quatrième mandat. S'étant toujours appuyé sur la famille révolutionnaire et son rôle d'historique, l'actuel Président va avoir du mal, cette fois-ci, à passer au rouleau compresseur une bosse de cette taille. Seule solution, utiliser encore une fois la justice afin de mettre la bosse Mechati au trou pour non-conformité avec la platitude.

     

    Chawki Amari
  • L'APC expliquée aux enfants

     

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    On l'a déjà dit, tant qu'un président n'est pas passé par le stade de maire, chef de daïra, wali, député ou même ministre avant d'accéder au trône suprême, il y aura toujours ce problème de hiérarchie faussée et de représentativité fabriquée. Comme l'a expliqué Newton il y a plusieurs siècles, un président tombe du haut vers le bas par gravité, mais dans le cas de l'Algérie en apesanteur contrôlée, un président toujours sur le haut, jamais en bas. A l'inverse aussi, un maire d'Algérie n'a jamais pu dépasser son stade, ascenseur politique sciemment bloqué, finissant généralement en prison ou ailleurs.

    Mais qu'est-ce qu'un maire ? C'est aussi un président, mais d'une assemblée populaire communale. Une APC, c'est quoi  ? C'est l'entité de base de l'Etat, un morceau de l'ensemble, forcément le plus petit et le plus fragile. L'article 46 du code communal l'explique d'ailleurs assez bien : le ministère de l'Intérieur peut dissoudre une APC «lorsque le maintien de l’assemblée est source de dysfonctionnements graves, dans la gestion communale ou de nature à porter atteinte aux intérêts et à la quiétude du citoyen». La définition est si vague que si cet article ne s'appliquait pas uniquement aux APC, l’on pourrait dissoudre beaucoup de choses. Un ministre – celui de la Santé, de l'Education ou du Logement – pour sa gestion et dysfonctionnements graves, l'ENTV pour atteinte à la quiétude du citoyen, ou encore le FLN pour continuer à pomper la rente au détriment de l'intérêt du même citoyen.

    On le voit bien, pour un maire élu, soumis à la tutelle de ceux qui sont nommés, il n'y a pas vraiment de marge de manœuvre. Que peut-il faire s'il est dissous ? Rien. Pas même acheter sa réhabilitation. Car c'est aussi prévu dans l'article 57 du même code : «Les délibérations des APC portant sur les budgets et les comptes ne sont exécutoires qu’après avoir été approuvées par le wali.» Trop forts.

     

    Chawki Amari