On l'a déjà dit, tant qu'un président n'est pas passé par le stade de maire, chef de daïra, wali, député ou même ministre avant d'accéder au trône suprême, il y aura toujours ce problème de hiérarchie faussée et de représentativité fabriquée. Comme l'a expliqué Newton il y a plusieurs siècles, un président tombe du haut vers le bas par gravité, mais dans le cas de l'Algérie en apesanteur contrôlée, un président toujours sur le haut, jamais en bas. A l'inverse aussi, un maire d'Algérie n'a jamais pu dépasser son stade, ascenseur politique sciemment bloqué, finissant généralement en prison ou ailleurs.
Mais qu'est-ce qu'un maire ? C'est aussi un président, mais d'une assemblée populaire communale. Une APC, c'est quoi ? C'est l'entité de base de l'Etat, un morceau de l'ensemble, forcément le plus petit et le plus fragile. L'article 46 du code communal l'explique d'ailleurs assez bien : le ministère de l'Intérieur peut dissoudre une APC «lorsque le maintien de l’assemblée est source de dysfonctionnements graves, dans la gestion communale ou de nature à porter atteinte aux intérêts et à la quiétude du citoyen». La définition est si vague que si cet article ne s'appliquait pas uniquement aux APC, l’on pourrait dissoudre beaucoup de choses. Un ministre – celui de la Santé, de l'Education ou du Logement – pour sa gestion et dysfonctionnements graves, l'ENTV pour atteinte à la quiétude du citoyen, ou encore le FLN pour continuer à pomper la rente au détriment de l'intérêt du même citoyen.
On le voit bien, pour un maire élu, soumis à la tutelle de ceux qui sont nommés, il n'y a pas vraiment de marge de manœuvre. Que peut-il faire s'il est dissous ? Rien. Pas même acheter sa réhabilitation. Car c'est aussi prévu dans l'article 57 du même code : «Les délibérations des APC portant sur les budgets et les comptes ne sont exécutoires qu’après avoir été approuvées par le wali.» Trop forts.