Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com
la France très intéressée par le savoir-faire algérien en matière de … …badigeonnage d’une ville en 48 heures chrono ! Les pierres ont volé haut lors de la récente visite du président Moncef Marzouki à Sidi-Bouzid, la ville martyre tunisienne. Les manifestants, frères et sœurs d’un marchand ambulant devenu célèbre, n’apprécient pas la tournure prise par la révolution du jasmin. Donc, les pierres ont volé haut, s’abattant sur les officiels. Les pierres ont aussi volé haut et continuent de voler haut en haute, moyenne et basse Egypte. Là-bas, les héros de Place Tahrir n’apprécient que moyennement le chemin poilu emprunté par la révolution anti-Moubarak. Alors, là-bas itou, les pierres ont volé haut. Et continuent de voler. En Algérie, l’observatoire non agréé des pierres qui volent à la figure des très hauts dirigeants du pays est formel. Certes, les pierres volaient encore chez nous haut, très haut il y a quelques années de cela. Des marques sur la carrosserie d’une Mercedes 500 de la présidence faisant foi. Mais depuis, et sans que cet observatoire n’avance d’explications, les pierres algériennes ont subitement cessé de voler sur le trajet d’un cortège de type 1. Pourquoi les pierres tunisiennes et égyptiennes volent encore le plus normalement du monde, alors que leurs homologues algériennes se sont retrouvées frappées d’immobilisme chronique ? On ne peut que spéculer autour de ce mal mystérieux qui frappe notre géologie. Des fans de Mick Jagger et de toute pierre qui roule croient dur comme fer en l’existence gardée secrète d’une brigade à la mission en théorie impossible mais en l’occurrence fort bien remplie : celle qui consiste à coller les pierres qui jonchent les trajets dits sensibles. De nuit, de préférence, les commandos-colleurs sillonnent le pays, cartes et bidons de colle forte en main et s’emploient méthodiquement à coller tout caillou au sol, le fixant aussi solidement que l’immunité de Chakib Khelil. Du coup, même en colère, les manifestants algériens se tuent la santé à essayer d’arracher en vain des cailloux forcément indécollables. Une explication qui satisfait également un autre fan-club, celui de la famille Pierrafeu. Les adorateurs de ce dessin animé culte croient eux aussi dur comme… pierre (j’avais envie déjà de la faire cette vanne, dix lignes plus haut !) que les pierres algériennes ne volent plus parce que le régime passe son temps à les coller. Mais, contrairement aux fans de Mick Jagger et des Rolling Stones, les amis des Pierrafeu sortent de cette histoire avec une morale essentielle, fondamentale qu’ils nous délivrent ainsi, d’un bloc (eh oui, celle-là aussi, celle du bloc, je n’allais tout de même pas la rater) : pour réussir dans ce pays, mieux vaut investir dans la colle. Forcément, la colle, c’est un secteur d’avenir ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.