Abderrahmane Belayat répond à Ahmed Boumehdi
«Je ne convoquerai pas une réunion du CC qui se terminera en queue de poisson»
La situation de blocage qui perdure depuis plus de six mois au sein du FLN ne fait qu’accentuer les querelles de leadership.
Deux ailes s’affrontent depuis début février dernier et aucun consensus concernant le profil du futur secrétaire général de l’ex-parti unique ne se dégage. Et dans cette ambiance de paralysie organique au FLN, les clans s’entredéchirent. En effet, la sortie médiatique d’Ahmed Boumehdi, membre de comité central (CC) du parti, n’a pas laissé coi l’actuel coordinateur, Abderrahmane Belayat, accusé «d’usurper une fonction qui n’est pas prévue dans le règlement intérieur du CC». Contacté hier, Abderrahmane Belayat retourne la même accusation à Ahmed Boumehdi qui appelle, au nom du bureau de la dernière session, du CC à convoquer une réunion extraordinaire de cette instance pour désigner le nouveau secrétaire général du FLN. «Il n’a aucune qualité pour convoquer une session extraordinaire.
Le bureau de la dernière session n’a jamais existé. Pis encore, la proposition qui a été faite par Boumehdi de confier la gestion du parti à ce bureau a été rejetée par les membres du CC», explique-t-il. Notre interlocuteur estime, dans ce sens, qu’il n’est pas responsable du renvoi sine die de la réunion tant attendue. «Personnellement, je ne peux pas assumer la responsabilité de convoquer une session du comité central qui se terminera en queue de poisson», lance-t-il. Aux membres du CC qui se disent exaspérés par cette «vacance du pouvoir» au FLN, Abderrahmane Belayat les invite à mettre un terme à leur guéguerre. «C’est une exaspération surfaite. Ils (les antagonistes du CC) n’ont qu’à s’entendre et cesser leurs divergences pour pouvoir organiser cette session», ajoute-t-il.
S’agissant de l’application de l’article 9 du règlement intérieur du CC, Abderrahmane Belayat affirme que ce sont Ahmed Boumehdi, Abdelaziz Ziari et Amar Tou qui l’ont approuvé. «Le 2 février 2013, au dernier jour de la session, ces trois membres sont venus me voir pour me demander de clôturer les travaux, alors que nous n’avions pas encore élu le nouveau secrétaire général. C’est à ce moment-là qu’il a été fait usage de l’article 9», explique-t-il.
L’influence de «la chkara»
Abdelhamid Si Affif, membre du bureau politique du parti, appuie les affirmations de Abderrahmane Belayat. «J’étais témoin. Boumehdi et Ziari ont demandé à Belayat de clôturer la session. Le bureau fantôme dont parle Boumehdi dans son communiqué n’a jamais existé», dit-il, en tenant d’analyser les objectifs de cette action.
Selon lui, ce sont «les gens de la chkara (pouvoir de l’argent)» qui veulent exercer une pression sur les membres du CC afin d’avoir la mainmise sur le FLN. «Ils veulent s’imposer en ce moment crucial de renouvellement des structures de l’APN. Ils veulent se placer. Amar Tou et Mahmoud Khodri ont même voulu manipuler les députés pour rejeter la loi sur la profession d’avocat. Mais ils ne gagneront pas. Dès la fin de l’opération de renouvellement des structures de l’APN, ils vont se taire», explique-t-il.
Pour sa part, Kassa Aïssi, également membre du bureau politique, se dit «lassé» par cette situation. Refusant de participer à cette polémique entre Belayat et Boumehdi, il précise que la priorité est la convocation de la réunion du CC. «Nous avons même dépassé le délai pour la tenue d’une réunion ordinaire du CC, initialement prévue le 30 juin. Cette attente, qui dure depuis six mois, ne fait qu’approfondir la crise. Que ceux qui sont en mesure de convoquer le CC le fassent sans attendre !», déclare-t-il.
Selon lui, la solution réside dans le respect des points fondamentaux qui sont la réunion de la majorité de membres du CC, l’organisation en deux tours d’une élection ouverte à toutes les candidatures, y compris à celle de Abdelaziz Belkhadem et l’acceptation d’un SG élu par 50% des voix +1.
Les responsables du FLN ne veulent pas lier la persistance de cette crise à la maladie du président Bouteflika et à son absence prolongée.
Mais, selon les observateurs de la scène nationale, l’état de santé du chef de l’Etat a une grande influence sur la situation au sein des deux partis au pouvoir, le FLN et le RND, qui n’arrivent pas à désigner leurs chefs respectifs.