MSP : manger avec les loups et pleurer avec le berger
Par : Mustapha Hammouche
Voici une année qui commence par une bonne nouvelle : les Frères musulmans d’Algérie se retirent du gouvernement ! Non pas que l’Alliance serait ébranlée par la défaillance du MSP : celle-ci n’a jamais existé comme telle ; le terme alliance regroupe, en effet, un trio de partis conglomérés par un rapport d’allégeance à un président omnipotent coopté par le système.
Dès que le choix de Bouteflika s’est imposé début 1999, celui-ci fut proclamé “candidat du consensus”. Si les partis “naturellement” voués à occuper les institutions, le FLN et le RND, ne poseront jamais la question de leur présence au gouvernement, le MSP a, d’entrée, marchandé son rapport clientéliste au pouvoir. C’est donc dans le même esprit opportuniste qu’il quitte aujourd’hui la soi-disant Alliance.
Fort de l’issue tunisienne, marocaine et égyptienne du Printemps arabe, il se libère pour soumissionner, en emmenant une éventuelle coalition islamiste, à la succession au régime actuel, après la “révolution” algérienne, qu’elle soit d’initiative populaire ou le résultat d’un processus de réformes engagé par le pouvoir. Le parti de Soltani a même fait de la bonne conduite des réformes son motif de divorce. “Les lois votées dans le cadre des réformes ont été vidées de leur contenu, principalement sur les libertés, la transparence et l'ouverture politique et de la presse”, a-t-il reproché à ses “alliés”.
Visiblement, le MSP mise sur une fin de règne proche. Pour que celui qui, en 2008, a soutenu le viol de la Constitution à l’effet de prolonger la présidence de Bouteflika au-delà des deux mandats légaux s’en désolidarise aujourd’hui, il fallait qu’il en vienne à la conviction d’un imminent changement. Et pas seulement du fait du mouvement révolutionnaire global qui anime notre région ; il doit flairer les relents d’une imminente opération de succession.
En même temps qu’il démissionne de “l’Alliance”, il se pose d’emblée en revendicateur de véritables réformes… démocratiques, se plaçant dans la course à la position d’alternative. Car, dans un système qui place “la paix civile” comme finalité supérieure, il peut espérer susciter la tentation tunisienne. Ce n’est évidemment pas l’espoir d’une victoire à de démocratiques législatives qui font courir le MSP : comme le laissent prévoir les “lois de réformes” qui viennent d’être votées, et comme le dénonce le MSP lui-même, c’est le système de la fraude qui décidera de la couleur de la prochaine Assemblée. Il ne peut pas parier sur des réformes qu’il ne perçoit pas comme porteuses de transparence et d’ouverture. Par cette démission, il négocie son futur quota.
Après avoir enfourché un régime que le système nous a imposé, douze ans durant, un régime sans perspective, sans projet, sans fondements doctrinaux ou idéologiques, avec l’accaparement du pouvoir et la maîtrise de la rente comme seule finalité, avec la répression et la corruption comme seuls moyens, le MSP veut quitter le navire coulant en position d’opposant ! Sans rendre compte de la corruption qui a saigné les travaux publics et la pêche, la panne qui frappe le tourisme et la gestion bazardjie du commerce !
C’est beau l’Algérie ! On vient, on abuse, on s’offre, entre autres butins, des bateaux de pêche, avec les loups, et on retourne pleurer avec le berger !
M. H.
musthammouche@yahoo.fr
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