Selon le dictionnaire, un couvert sert à manger ou à se camoufler (couvert végétal). Mais selon une partie de la presse algérienne, l'essentiel est de manger, le plat étant plus important que l'assiette parce que le fond prime sur la forme. C'est par ce genre de considération que la communication officielle a franchi un nouveau pas ; dans un quotidien proche du régime, un officiel «très influent» explique, sous le couvert de l'anonymat, que le président Bouteflika va bien et qu'il va rentrer les jours prochains. Oui, mais pourquoi cet anonymat ? La source a ses raisons, explique le journal, raisons qui ne sont données ni par le prestigieux intervenant ni par le non moins prestigieux journal et son prestigieux directeur, qui est allé prendre un thé chez la source.
Cette opération de communication (le Président va bien puisqu'on vous le dit) a-t-elle un sens ? Si c'est pour dire que le Président va bien, tous les officiels l'ont déjà dit, de Sellal à Bensalah. Si c'est pour annoncer qu'il va rentrer prochainement et qu'il faut aller à l'aéroport pour l'accueillir avec des dattes et du lait, pourquoi l'anonymat ? Il n'y a pas de réponse à cette question, tout comme au sujet de ce flou général qui entoure les centres de décision. On sait simplement, d'après la source «officielle et influente», et c'est d'ailleurs la seule information disponible actuellement, que le Président porte un pyjama et ne veut pas qu'on le voie dans cette tenue.
D'où l'absence d'images ENTV et d'où le nouveau débat qui se met en place : quel type de pyjama porte le Président. Rayé, uni, aux couleurs nationales ou à celles des Invalides ? On ne le saura probablement jamais, l'anonymat étant une règle, valable aussi pour les pyjamas et les sources officielles. Mais si depuis le documentaire sur les moines de Tibhirine, on sait qui tue qui, on ne sait toujours pas qui est qui.
Erratum : Dans le Point zéro du 27 mai, «L'inexplicable Monsieur Sellal», il a été rapporté que c'est l'ex-liquidateur de l'ENAD (détergents) qui a pris la tête de Saidal. En réalité, il a pris la tête de Biotic, filiale production de Saidal, et le PDG de Saidal est un autre liquidateur, celui de l'EMAC (ex-Sonipec), fabricant de chaussures. Des chaussures aux médicaments, c'est tout aussi inexplicable, M. Sellal.