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Le cirque présidentiel et ses pantins !
"Quand trop de sécheresse brûle les cœurs, Quand la faim tord trop d'entrailles, Quand on rentre trop de larmes, Et comme quand on ajoute bois sur bois sur le bûcher Enfin, il suffit du bout de bois d'un esclave pour faire dans le ciel de Dieu et dans les cœurs des hommes, le plus énorme incendie". Notre illustre aïeul Mouloud Feraoun.
Alors que le pays en général et ses régions profondes en particulier s’enfoncent de plus en plus dans les disparités d’ordre économique, social et culturel, l’on continue en hauts-lieux de nous rabâcher les oreilles et à mettre en exergue les réalisations grandioses enregistrées depuis l’arrivée du président actuel à la magistrature suprême du pays. De Paris à Bordj Bou Arréridj via Ain Témouchent, une campagne électorale avant l’heure et qui ne dit pas son nom, est menée tambour battant par son Premier ministre, même si au demeurant M. Sellal s’en défend mais qui n’en pense pas moins, et, tel un bateleur de foire tente vaille que vaille d’ancrer les esprits de ce qui reste comme citoyens crédules avec des slogans, des emphases et des beaux discours louant la "grandeur", le "rayonnement" et l'histoire du seul homme providentiel, désormais, invalide président que connaît notre pays : "La stabilité ! la stabilité, la paix civile recouvrée… grâce à cet Homme !!!" Soit. Démagogie quand tu nous tiens! Les citoyens ne sont plus dupes à ce point. Des martyrs du devoir et des sacrifices de nos forces de sécurité et de la population, on ne souffle mot… Glissons !
L’on se bouscule par légions au portillon des candidatures à la présidence, s’agit-il pour autant de candidats, de lièvres ou d’opportunistes politiques, venus l’espace d’un temps, amuser la galerie, se faire du fric et puis s’évanouir dans la nature. Pas moins de 85 postulants figureront au casting insolite et pitoyable de ce qu’il convient de placer à l’affiche : le cirque présidentiel du 17 avril 2014
En vérité, Saïd le petit frère Bouteflika, tantôt en Richelieu, tantôt en Raspoutine algérien, tente dans ses derniers retranchements de pérenniser l’absolutisme politique du clan de Tlemcen et de ses acolytes, et ce n’est pas sans raison de voir les Amar Saidani, Ghoul et Benyounes faire la danse du ventre, et s’égosiller à vendre du Bouteflikisme à tout va, ainsi donc l’ogre nous apprend que pas moins de 31 partis politiques soutiennent mordicus un 4e mandat qui se veut être cahin-caha pour son candidat, septuagénaire, et victime d’AVC de son état, planté là juste pour le décor et « faire-valoir », les affaires du pays seront dirigées par une main familiale, très familiale comme c’est le cas depuis quelque temps !
Etrangement, et à chaque nouvelle échéance électorale, des grèves , des violences commanditées ou spontanées ici et là font la une de l’actualité, des pénuries des matières alimentaires de première nécessité qui frisent le ridicule, sont délibérément actionnées pour conditionner encore plus le peuple, entendre lui faire peur de quoi sera fait leur futur, pour qu’il mise sur le cheval gagnant, boiteux depuis quelque temps de son retour des Invalides.
Par le passé, il est vrai, les Algériens dans leur immense majorité, lassés par plus d’une décennie de violence aveugle, ont massivement répondu à son appel de la concorde civile, dans leur immense crédulité ; ils étaient loin de se douter de quoi sera fait leurs lendemains. Et depuis , le clanisme, le népotisme, le carriérisme ministériel avec ses dégâts et ses scandales, l’opportunisme politique , la rapine, la corruption touchant , désormais des ministères de souveraineté même, se sont érigés en règles de société et n’offusquent point, et plus rien n’est comme avant : Le sénat et l’A.P.N sont remplis de bustes creux, béni-oui-oui à outrance, ne connaissant pas un traître mot du Droit, tout législateurs qu’ils sont, n’ont pas manqués de pousser l’impudence de revendiquer une hausse salariale et un passeport diplomatique. L’empirisme prend le pas sur la science, l’analphabète sur l’intellectuel, l’incompétence sur la compétence, l’école Benbouzid, s’est singularisée par les pléthores d’analphabètes bilingues, et harragas de surcroit, qu’elle a formée , ce quidam, s’est vu offert ,en guise de récompense pour services rendus à l’immolation de la jeunesse de son pays ,une place au soleil en Europe, l’énergique Chakib Khelil «le Virginien» n’est pas du reste ,assurant ses derrières et les « derrières » de ses progénitures, s’offrant une villa cossue aux States et un compte helvétique plein à craquer à Lausanne, un compte du reste suscitant un intérêt tout particulier du FBI et de la Justice Américaine et Italienne , affaire donc à suivre.
En vérité, le gouvernement de M. Sellal semble faire sienne la fable du chien de la Fontaine, qui emporté par les vagues, se vantait d’être un bon nageur, des grandioses réalisations parlons-en !
-Le scandale de l’autoroute Est-Ouest n’a pas encore livré tous ses secrets, la Sonatrach et ses intrigues, la grande mosquée d’Afrique , caprice présidentiel et politique de prestige, nos villes sont devenue des villages et nos villages des douars, la saleté est partout, l'amoncellement d'immondices la prolifération d'animaux nuisibles, les trottoirs et ruelles défoncés, la ville ou le village plongé dans les ténèbres, l'absence de notion de service public, l' indigence de nos écoles et nos hôpitaux, le système de Santé s’est déglingué depuis des lustres, cette montée des sans-logis, des sans-boulot, des sans-le-sou, Et enfin, ces malades mentaux pour la plupart, qui n'ont plus droit à rien, ni le goût ni les moyens de vivre.
Toute cette tristesse qui se lève, très tôt, à l'aube pour aller galérer et gagner sa subsistance des décharges publiques à quelques kilomètres d’El Mouradia et de vos quartiers-généraux. Le crime d'être pauvre nous diriez-vous! De quel progrès et de quelles grandes réalisations parlez-vous ?
Brahim Ferhat
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La ruée vers l’urne
Par : Mustapha Hammouche
Vingt-sept candidats à la candidature avaient retiré les formulaires de souscription de signatures individuelles.
Il y a de fortes chances que d’ici à la fin du délai de dépôt de candidature, ce nombre augmente sensiblement. Loin d’être la preuve d’un dynamisme démocratique, cette facilité à prétendre à la fonction suprême illustre le peu de crédit accordé à l’idée d’un fonctionnement démocratique de l’État.
À observer l’état de sous-développement de la classe politique, le rachitisme de ses structures organiques, la faiblesse de sa base militante, on ne devrait pas s’attendre à l’expression d’autant de prétentions à une élection présidentielle. Car les conditions d’accès à la candidature officielle sont telles qu’il faut soit disposer d’un parti qui partage déjà et, dans un certaine mesure, le pouvoir, soit être assuré d’un soutien logistique institutionnel. C’est ce pari sur l’assistance complaisante d’institutions de l’État qui, peut-être, fonde la plupart des engagements.
Et les candidats issus de la société civile, s’ils ont quelque popularité à faire valoir, sont pénalisés par le défaut de base logistique.
Au commencement, il y a eu l’effet CNT ! En janvier 1994, le HCE, version Ali Kafi, édictait une “plateforme portant consensus national sur la période transitoire” en instituant un Conseil national de transition qui allait occuper la fonction délibérative de 1994 à 1997. Le dispositif devait compenser l’absence d’Assemblée législative due à l’arrêt du processus électoral, deux ans plus tôt, et permettre à l’Exécutif de donner une caution “parlementaire”, qui plus est “consensuelle”, à ses décisions. Mais il a aussi permis de créer une petite classe de “conseillers” issus d’une myriade d’anonymes petites formations. C’est ainsi que les milieux politiciens ont découvert la possibilité d’avoir une existence politique et celle de bénéficier de ses attributs statutaires sans qu’il soit nécessaire de s’appuyer sur une base populaire.
Le pouvoir, tel qu’il est politiquement configuré, a besoin de femmes et d’hommes politiques, sous forme d’alliés ou d’opposants, mais qui ne soient pas suffisamment représentatifs pour constituer des forces politiques ; ils sont juste là pour mimer le multipartisme.
À partir de 1999, la monétarisation excessive de l’activité politique, et de celle militante ensuite, a créé une nouvelle vie publique faite de professionnels de la candidature, de la campagne électorale et même de l’activité de supervision de processus électoraux. Au titre de candidats ou de soutiens, de moins en moins d’Algériens s’engagent bénévolement. L’action politique est prioritairement évaluée en fonction de ses retombées économiques : fonds de sponsoring privés, budgets de campagne, indemnités ultérieures, etc. D’ailleurs, les fonctions électives sont régulièrement revalorisées pour que soit d’abord maintenu leur attrait financier.
C’est ainsi que même l’élection présidentielle n’a plus ce tabou qui en faisait la dernière citadelle que l’on convoite pour des considérations strictement politiques. Puisque tout est désormais histoire d’argent, pourquoi donc ne pas tenter sa chance (.) ? Si l’on n’est pas élu, l’on y gagnera toujours quelque chose. Ne serait-ce que parce que l’on aura été candidat, le temps de se voir refuser sa candidature.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr -
Bouteflika et ses 40 x 40 voleurs
Par Le Matin |La scène des Invalides est une grosse comédie, juste pour gagner quelques jours, des semaines ou des mois peut-être de vie même quand elle est indigne parce qu’arrachée avec l’argent du contribuable
Par Mohamed Abassa
J’avoue que ma tentation première fut grande et bien résolue de vouloir titrer cette chronique "Bouteflika et ses 40 voleurs". Mais je m’en suis vite rétracté en faisant un peu le tour de la question de ce petit quarteron de 40 voleurs entourant et/ou encombrant un Président finissant. Sont-ils seulement 40, ces soutiens volubiles et indécents, parfois canailles et racailles associées par le ventre, et seulement par là, souvent qui ont mis l’Algérie et ses vrais hommes à genoux ? Assurément non ; pas seulement avec une poignée de quarante aventuriers. Et puis, me commémorant et dévidant l’image humiliante et pitoyable des lambris des Invalides, en bas du portrait majestueux du Président Hollande, bien sous tous rapports, chez lui, la vue dégradante d’un vieillard grabataire dont le regard éteint implorait déjà la pitié et le pardon. Deux petites questions en guise d’hypothèses tout aussi plausibles l’une que l’autre, ponctuèrent mon étonnement de petit citoyen peiné et affligé. Atterré surtout par tant de bassesses et d’attentions forcées à l’endroit d’un haut dignitaire sous-dév et déjà envasé dans un décor faussement rococo. Une grosse comédie, juste pour gagner quelques jours, des semaines ou des mois peut-être de vie même quand elle est indigne parce qu’arrachée avec l’argent du contribuable. Un Président montré comme un singe de luxe en cage, vautré et bien portant selon la seule résolution de deux témoins officiels. Encore et toujours perçu et montré dans la posture du petit bougnoul colonisé souriant et reconnaissant, sauvé in extrémis par le génie et le savoir faire inégalé de l’ex colonisateur. Non, monsieur Bouteflika, la France des droits de l’Homme ne prolonge pas la vie, n’ajoute pas des tranches de vie à ceux qui, chez eux, par leur arrogance de piteux dictateur, écrasent et empêchent la vie des petites gens. M. Bouteflika bastonne et emprisonne les petites gens qui crient et clament leurs droits. Il jette par milliers des jeunes désespérés à la mer et à la mort. Au suicide et à l’immolation par le feu. Ce monsieur demande aujourd’hui à la France de lui prolonger la vie. N’est-ce pas de l’outrecuidance et un gros culot ? N’est-ce pas le pire des ridicules que d’exiger la survie pour soi et jeter son peuple dans les mouroirs des hôpitaux nationaux qu’il n’a pas su ou voulu entretenir ou développer quand il en avait les moyens.
Et si c’était celle là l’image vraie du chef de l’Etat algérien encore aux commandes, plié et sans rien, le regard perdu implorant des secours impossibles.
Mais où est donc passé ce fougueux Bouteflika, vociférant et criant ses ordres à grands gestes aux indigènes par lui dominés, grondant et insultant aussi ses ministres en les affublant de tous les noms d’oiseaux, traitant ses généraux de « quatre chats minables, galeux et insignifiants » et ses petits Walis de minables stagiaires ? Où est donc passé ce grand Bouteflika arrogant et dominateur, écarquillant grossièrement les yeux à un peuple présumé par lui, sot et toujours couché ; «Erfaa rassek ya Ebba !» aimait-il à s’éclater devant ses ghâchis médusés et soumis! C’est à notre tour maintenant, Sire, de vous dire : "Lève-toi, relève-toi M. le président ! Erfaa rassek ya p’tit". Toi qui as si violemment régné par la force et la ruse, observe bien que tu tombes et péris par la faiblesse et la honte que ton règne mafieux a semés. Finalement, c’est toujours le même sort que connaissent les lâches et les fourbes depuis le règne du sinistre Caligula dans ses jeux malsains et sinistres du pouvoir. Quitte à baiser et engrosser ses propres sœurs. Tout autant oublieux de ses servants à allégeances et servitudes changeantes et plutôt réversibles. C’est le propre des petites natures et, bien plus, des gagnes petit. Méditez bien cela, M. le Président, s’il devait vous rester quelques petites minutes, ou petits grammes de vie digne et propre ; territoire fermé que, ni vous ni vos obscurs soutenants en postes ne connaissent pas. Ne connaîtront jamais.
Ma deuxième interrogation a été plus terrible et plus simple. L’Etat algérien est-il si insignifiant, si nul et si pitoyable pour être dirigé d’une chambre d’hôpital entre deux séances de rééducation fonctionnelle et d’orthophonie pour réapprendre le A et le O ? Peut-on diriger tout un état, une nation et le destin de tout un peuple avec une télécommande muette ? Peut-on décider du devenir de tout un peuple avec une simple et arbitraire présomption d’aptitude autoproclamée par deux personnes costumées et dont ce n’est ni le métier ni les compétences de le faire avec autant d’aplomb et de certitudes. Une vraie et totale imposture. D’un bout de canapé, sous le regard amusé d’un Hollande ravi aux corneilles et de deux cornichons étatiques, un chef de gouvernement et un chef d’Etat Major, posés en chiens de faïence, pour faire causette avec eux-mêmes et avec un néant perdu dans un regard hagard, paniqué entre un café imaginé et un gâteau putatif, peut-on dans cette posture décider de quoi que ce fut ? Quelle menterie ridicule cette stupide gesticulation de marionnettes comme preuves suffisantes pour prouver la bonne santé du Président et de son aptitude éternelle à diriger encore et toujours cet Etat algérien, encore plus malade que lui et qu’il ne connait pas. Sauf à le fréquenter pour mieux le voler et le faire piller par les amis et protégés de toujours. Actuellement en fuite se dit-il. De la pure folie que ces deux rigolos étatiques ont bien voulu incarner. Peut-être sur ordre, en service commandé. Du mauvais travail et très mauvais cirque. Comme souvent.
Mais où sont donc passés l’orgueil et la dignité d’un homme et de ses complices quand, pour arracher quelques jours ou des siècles de survie, ils viennent s’abreuver et réapprendre les premiers gestes de la vie dans une institution créée par Louis XIV pour réparer et honorer les meilleurs soldats qui se sont sacrifiés pour la grandeur et l’honneur de la France impériale et coloniale ? M. Bouteflika est-il de ces grands méritants qui ont versé leur sang et donné de leur corps et de leurs âmes pour mériter les grandes réparations et les grands hommages de la patrie française reconnaissante ? Assurément oui puisque M. Bouteflika et les siens ont délibérément choisi de vivre un siècle de plus dans le déshonneur et l’indignité plutôt que de vivre et mourir debout et droit chez eux, un seul jour, comme ces oiseaux libres et fiers qui meurent dans la dignité, en cachette, dans leur territoire. Un seul jour dans l’honneur et dans la dignité des humbles vaut bien mieux qu’un siècle de survie dans la saleté et le déshonneur. Et c’est bien un trait de poltrons qui ne savent ni vivre ni mourir, qui font tout pour acheter un seul jour de vie en plus pour durer. Durer seulement pour durer. On s’accroche éperdument à la vie juste pour gouverner, quitte à finir en légume assisté aux invalides ou ailleurs en criant sans voix et sans gloire qu’on est toujours là, valide et toujours apte à la gouvernance éternelle.
Où est donc passé l’honneur d’un peuple quand le plus qualifié de ses représentants, pour gagner quelques jours, quelques mois de survie et de commandements virtuels, s’offre à la France en spectacle et pitreries de cirque pour nous le dire dans la plus grande et la plus ridicule des mises en scène : Regardez-moi, je suis bien là, je sais respirer, affaibli, diminué, invalide et livide, immobile et plombé dans une robe de chambre de vaudeville, hardiment capable de soulever tout seul une tasse et dévorer tout un gâteau. Preuves suggérées par l’image muette : voyez-bien, je peux gouverner encore et toujours. Preuves visuelles suffisantes aux yeux de nos témoins décideurs que si le Président peut soulever un gramme de gâteau, puis une tasse monumentale et, grand bravo, bouger délicatement une main c’est qu’il peut diriger et gouverner tout un peuple. Y-a-t-il discours politique didactique ou implicite aussi méprisant, aussi méprisable que celui tenu par nos deux illustres envoyés spéciaux missionnés par notre sinistrée République ? Voyez et jugez par qui nous sommes gouvernés. Du menu fretin ; Kach Bakhta. Le petit trou du trou comme aimait à le dire le général De Gaulle.
Les faiseurs de cette entourloupe filmée, mauvais farceurs, se commettant ainsi, nous délivrent concomitamment une piètre et débile opinion qu’ils se font de leur peuple. Prêt et prompt à croire ce genre d’âneries. En tentant cette imposture, sans le moindre remord, ils infantilisent de fait le peuple algérien en déconsidérant son intelligence, sa maturité et ses capacités à comprendre les premiers sens d’une image primaire qui renseigne très bien sur la médiocrité avérée de ses inspirateurs; ce que l’ENTV, aux ordres, a bien voulu nous en montrer. Du vrai mauvais vaudeville. algérien Agir ainsi, c'est-à-dire montrer un Président, ressemblant vaguement à un humain, qui bouge un peu, boit et touchant péniblement un gâteau en deux essais miraculeux, mais ne parle pas, lui le grand bavard, ordonnateur de tout, ne se lève pas, ne marche pas, ne rit pas, ne gronde pas, ne domine pas, pour suggérer enfin que cette demie viande par eux montrée enrobée est encore capable de discerner, de raisonner, de commander et de diriger, c’est faire preuve d’une grande et grave marque d’indigence morale, mentale, intellectuelle et, surtout, professionnelle.
Usurpation de fonction
Parce que l’autre escroquerie des visiteurs des Invalides, la plus grave d’entre toutes ces falsifications, n’est pas celle d’avoir essayé de tromper les opinions publiques mais bien celle d’avoir usurpé des fonctions qui ne sont pas les leurs. Depuis quand MM Sellal et Gaïd, sont-ils médicalement qualifiés pour juger de l’état de santé d’un homme, fut-il président ? Quelles capacités ont-ils pour juger et décider des capacités mentales et physiques d’un être humain à pouvoir continuer ou reprendre ses activités professionnelles ? On aura vite compris que, défendant la pérennité et l’inamovibilité de la fonction présidentielle, c’est en fait leurs fonctions et leurs privilèges de servants inconditionnels du régime qu’ils défendaient. Je crois que les Algériens comprendront parfaitement ces penchants des servants biologiques du régime qui les a créés et entretenus à ce jour. Et sans le soutien duquel ils ne seraient rien aujourd’hui.
Entrant dans ces marécages de la manipulation politicienne, forcément, on s’installera durablement dans le territoire de l’imposture et du mensonge organisé qu’il faudra bien payer et solder un jour. Car, comment peut-on, sans aucune qualification, décider qu’un homme, gravement malade, est valide et apte à diriger la vie de 37 millions d’Algériens quand, au même moment, ce même grand malade, est inapte et incapable de diriger 1% de sa propre personne, de sa propre vie ? Est-elle saine et normale cette attitude insensée de nos deux missionnés aux Invalides ? Tout le monde ici en rit ; pas même sous cape. L’arnaque est trop grosse pour être crédible; grossière même.
C'est pourquoi me suis-je remis à penser à ces 40 voleurs qui dirigent en fait le bateau Algérie, quels que soient les temps et le cap.
Et que vont-ils devenir ces 40 voleurs dans le Souk des empoignades (déjà commencées) et des apurassions de comptes de l’après Boutef ? La potence ? L’échafaud ? La prison ? La honte ? La fuite ? Les quolibets populaires ? Que deviendront ces pôvres petits et minables enfants terribles, chekkamines et sous-traitants de la camarilla mus et gouvernés par les seules pesanteurs du ventre ? Maintenant que leur patron nourricier se trouve sur le registre du réapprentissage fonctionnel du pipi, caca, Ba, Bi, Bo, A, I, O… Faut pas voler, vociférer et vouloir humilier tout un peuple quand une justice mystérieuse et immanente vous rappelle à l’ordre pour vous intimer l’injonction de réapprendre à faire pipi et caca à réapprendre les premières sonorités de la vie, à savoir domestiquer les premiers mouvements des lèvres, redécouvrir l’usage des muscles labial et zygomatiques pour apprendre enfin le seul mot que vous n’avez jamais prononcé de toute votre vie d’indu occupant du pouvoir et de détourneur des richesses algériennes: PARDON ! Il ne le dira jamais lui qui a fait tant de mal à ce pays et à son peuple. Un hold-up qui se chiffre en millions et milliards de dollars. Votre tout dernier a consisté pour l’essentiel à pomper et sucer l’Algérie ; jusqu’à l’os. Même pour mourir, vous sucez et pillez l’Algérie. Mais quand donc allez-vous apprendre à vivre ou mourir avec vos seuls moyens d’homme libre et digne. Vous ne le pouviez. Parce que vous ne l’avez jamais été ; ni libre, ni digne. Surtout quand on a toujours été servant, servi et servile, toujours dominé et guidé par le couple diabolique ventre/libido. Même et surtout quand on est l’invité de marque aux Invalides de Louis XIV et de Hollande. Il faudra bien un jour ou l’autre passer à la caisse et rendre la politesse à nos bienfaiteurs Français. En leur renvoyant l’ascenseur en Rafales, centrales nucléaires, céréales, médicaments et tutti quanti.
Police parallèle et barbouze de Saïd
Je reviens encore à nos 40 voleurs tenant l’Algérien en otage selon ma première intuition. Trop restrictif comme titre, m’en suis-je vite persuadé en limitant le règne bruyant et sale de Bouteflika à une petite poignée de 40 voleurs pressés et insatiables.
Que vont-ils devenir ces porteurs délégués et anonymes de pouvoir et de richesses détournées ? De simples et stupides voleurs primitifs et pressés incrustés partout dans les entrailles de l’Etat. Partout incrustés pensais-je quand ils ne sont que 40 ? Que vont-ils devenir après le pronunciamiento peu constitutionnel annoncé imminent mais vite démenti par qui nous savons ? Parce que les placards débordants de la République dont on ne peut pas dire qu’ils sentent la rose semblent à tous égards très fragiles et, aussi, bien plus pleins et plus putréfiés que les écuries d’Augias. Parce que les couches sales depuis l’assassinat d’Abane s’amoncellent par vagues successives. Boutef par ses magouilles et polices parallèles y détient une belle part de ces saletés diverses. Ses chiens témoigneront demain contre une gamelle mieux remplie.
Ma religion était presque faite quand je réduisais derechef ma vision de l’univers faisandé de Bouteflika à une quarantaine de malfrats opérants à ciel ouvert.
Quarante voleurs ! Est-ce sérieux de ma part de réduire l’univers pollué de Boutefliça à 40 hyènes puantes et vénéneuses? Je me résolvais à croire que l’Algérie compte au moins plus de 40 Walis, des centaines de chefs de Daïra, des milliers d’élus locaux et nationaux, des dizaines et centaines de ministres, des milliers de DG et PDG d’entreprises publiques et privées, des centaines de généraux, des gros chefs de partis fabriqués, des banquiers, des ambassadeurs trabendistes, des magistrats, conseillers occultes de la camarilla, prostituées mondaines recyclées politiques, des journalistes affamés achetés en gros, des associations bidon et comités de soutien, divers chekkamines et chekkamates, voilà les vastes niches qui tiennent et occupent le système Bouteflika.
C’est pourquoi il fonctionne et tient la route même couché ou mourant. Pour autant, peut-on affirmer ici que tous ces affidés, souteneurs payés de Boutefliça, sont tous corrompus jusqu’à l’os ? Non, assurément non. J’ai même rencontré, parmi ces profils cités, d’honorables souteneurs qui avouent humblement et courageusement leur grande faiblesse du ventre et la lâcheté de leur soutien. Comme cette brave et jolie pute qui m’avoua son grand bonheur de posséder un superbe appartement à Paris grâce à la générosité présidentielle. Ou cette femme, grande opposante, devenue ministre grâce aux générosités de ses restes de fesses et à l’indulgence de son mari. Ce sont aussi les dures réalités de mon pays. Il n’existe pas de peuple 100% pur beurre. Il faut toujours une dose de traîtrise et de coups bas. Mais tout de même, pas à l’échelle bouteflikienne.
Mais qu’est-ce que je me trompais ! Qu’est-ce que je réduisais mon champ de vision à seulement quarante piteux et calamiteux voleurs à la Chakib, le Texan. Dans ma petite définition du premier cercle mafieux du Président où je croyais loger et concentrer les quarante chats galeux du premier carré du clan présidentiel, je découvrais mes autocensures dormantes et mes méconnaissances des nombreux autres voleurs qui tiennent et entretiennent le système Bouteflika; même quand il est out, absent, dormant ou mourant. En limitant ainsi le règne malsain de Bouteflika à 40 voleurs, à ces petites salissures présidentielles, j’allais occulter, bien malgré moi, l’empire tentaculaire du mal qui enserre tout le pays. J’allais occulter aussi cette police privée et parallèle dirigée par Saïd, l’insignifiant freluquet qui dirige tout, pour harceler et terroriser les patriotes Algériens , propres et intègres, qui ont osé dire non à la dictature et aux pillages du frère et de la bande régnante. C’est pourquoi, bien des Algériens ont été pourchassés et exilés à l’étranger. Les barbouzes et les milices privées de Saïd et de Nounou la pharmacie ont harcelé et terrorisé de jour comme de nuit des Algériens et leurs familles qui osé dire et écrire non aux extravagances du président coopérant jouant au nabab..
A cette flicaille honteuse et clandestine de Saïd qui a terrorisé, humilié et harcelé mes enfants à Dély-Ibrahim pour le seul tort que leur père a écrit Poutakhine pour défendre l’honneur de l’Algérie, je leur jure, sur mon honneur de Moudjahed sans fiche communale, qu’ils finiront tous comme les tortionnaires et tueurs argentins ; la geôle et la potence. Au passage, je ne sais s’il faut remercier M. Sellal ou son chef employeur, l’incontournable Si Tewfik d’avoir eu l’intelligence et le courage de supprimer et dissoudre cette police parallèle faites de barbouzes et de truands. Quand jugera-t-on leurs actes de banditisme d’Etat ? Quand jugera-t-on leurs activités illégales et extra judiciaires ? Quand jugera-t-on leurs atteintes et leurs violations répétées des droits humains des Algériens ? Quand jugera-t-on les employeurs de ces voyous anonymes: Yazid, DOK, Saïd, Chakib, Hamid, Abdelaziz et tous les autres cerbères gardiens du temple
J’ose croire qu’ils paieront un jour leurs lâchetés et leurs crimes commis dans la clandestinité et au nom de l’Etat algérien. Mais, comme toujours, quand la justice arrivera, ils seront bien loin, mangeant leurs montagnes d’argent volé. Aux dernières nouvelles, à l’instar des rats de navires, les plus gros corrompus ont déjà commencé à quitter le bateau Algérie qui prend eau de toutes parts, pris dans la grande houle des hautes corruptions.
Je réalisai avec la prétention avouée de vous prendre à témoins qu’autour du Président, malade ou en bonne santé, ne gravitait pas seulement ses 40 voleurs, mais bien plus et plus grave encore. Même si la formule usitée plaît hardiment à l’oreille. Il me fallait donc renoncer vite et corriger cette titraille restrictive et incomplète. Il fallait bien se résoudre à affirmer que le système politique algérien dans ses fondements essentiels comme dans ses personnels régnants est corrompus dans son âme comme dans ses méthodes. A preuve ? Il tente de nous faire passer un légume éteint, un grand malade, épuisé et grabataire à l’excès pour un vigoureux président, en possession de toute sa puissance physique et mentale. Avec de vraies images qui attestent seulement d’un grossier et vilain mensonge. Comme toujours, les dictateurs et, in fine, leurs apprentis, ont toujours eu une piètre mémoire ; ils ne retiennent jamais leurs leçons. C’est pourquoi se dit-il, les mauvais élèves, en piteux dictateurs, n’ont jamais fait de bons dirigeants. Bouteflika et son clan, même dans leur déchéance honteuse, en sont la preuve. Ils ne savent ni vivre ni mourir dans la dignité. Ce serait trop leur demander.
Avis aux 40 prochains voleurs. L’Algérie propre ne se taira pas. Jamais !
M. A.
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no moment
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Algerie:Le pyjama du Président
Selon le dictionnaire, un couvert sert à manger ou à se camoufler (couvert végétal). Mais selon une partie de la presse algérienne, l'essentiel est de manger, le plat étant plus important que l'assiette parce que le fond prime sur la forme. C'est par ce genre de considération que la communication officielle a franchi un nouveau pas ; dans un quotidien proche du régime, un officiel «très influent» explique, sous le couvert de l'anonymat, que le président Bouteflika va bien et qu'il va rentrer les jours prochains. Oui, mais pourquoi cet anonymat ? La source a ses raisons, explique le journal, raisons qui ne sont données ni par le prestigieux intervenant ni par le non moins prestigieux journal et son prestigieux directeur, qui est allé prendre un thé chez la source.
Cette opération de communication (le Président va bien puisqu'on vous le dit) a-t-elle un sens ? Si c'est pour dire que le Président va bien, tous les officiels l'ont déjà dit, de Sellal à Bensalah. Si c'est pour annoncer qu'il va rentrer prochainement et qu'il faut aller à l'aéroport pour l'accueillir avec des dattes et du lait, pourquoi l'anonymat ? Il n'y a pas de réponse à cette question, tout comme au sujet de ce flou général qui entoure les centres de décision. On sait simplement, d'après la source «officielle et influente», et c'est d'ailleurs la seule information disponible actuellement, que le Président porte un pyjama et ne veut pas qu'on le voie dans cette tenue.
D'où l'absence d'images ENTV et d'où le nouveau débat qui se met en place : quel type de pyjama porte le Président. Rayé, uni, aux couleurs nationales ou à celles des Invalides ? On ne le saura probablement jamais, l'anonymat étant une règle, valable aussi pour les pyjamas et les sources officielles. Mais si depuis le documentaire sur les moines de Tibhirine, on sait qui tue qui, on ne sait toujours pas qui est qui.
Erratum : Dans le Point zéro du 27 mai, «L'inexplicable Monsieur Sellal», il a été rapporté que c'est l'ex-liquidateur de l'ENAD (détergents) qui a pris la tête de Saidal. En réalité, il a pris la tête de Biotic, filiale production de Saidal, et le PDG de Saidal est un autre liquidateur, celui de l'EMAC (ex-Sonipec), fabricant de chaussures. Des chaussures aux médicaments, c'est tout aussi inexplicable, M. Sellal.Chawki Amari
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Bouteflika, Ouyahia, Belkhadem… ou les guignols parrainés
Par Le MatinJ’envie cette primaire organisée par le Parti socialiste français pour choisir son candidat pour la présidentielle de l’année précédente, 2012. Car, dans mon pays, rien de cela ne s’annonce à l’horizon. C’est toujours par truchement que les parrains parachutent le guignol candidat qui est déjà président marionnette avant même que le scrutin risible ne se tienne.
Le bal est ouvert et la messe des basses manœuvres est bel et bien lancée juste à l’entame de la nouvelle année. L’an 2013 n’augure aucune évolution vers un choix souverain des candidats présidentiables. L’on manigance déjà pour nous vendre le candidat guignol du consensus ou le postulant marionnette irremplaçable. Le statu-quo est maintenu et le spectacle présidentiel de l’année prochaine est annoncé ridicule, lassant et dégoutant. C’est toujours le sérail qui choisit et le pantin vainqueur et les poupées pseudo-concurrentes.
Il est dit çà et là que des discussions seraient entamées au sein de l’armée et de la présidence dont l’objet serait le choix du successeur et aussi les orientations stratégiques de l’Algérie. Il est dit aussi que la chasse aux indésirables, pourtant fideles serviteurs du système mais trop prétentieux, serait ouverte. Il est encore avancé que les Américains et les Français auraient leur mot à dire sur le choix qui sied le mieux à la préservation des intérêts de leurs pays respectifs. Il est également observé qu’une certaine presse alimentaient des rumeurs et diffusaient des canulars pour duper et doper l’opinion.
Le procédé demeure inchangé et les tireurs de ficelles continueraient à projeter au devant de la scène leurs polichinelles de candidats dans un spectacle présidentiel ennuyeux, monotone et totalement écœurant. La monotonie présidentielle me serait alors imposée, moi l’Algérien usé à cause de la multitude des scènes mensongères et caricaturales, montées de toutes pièces par des luttes claniques qui s’intensifient. Quoique directement concerné, ils m’évincent, écrasent mon opinion et me confinent dans le rôle du comparse de l’ombre. Bien que je sois doté d’une intelligence mature, ils m’humilient avec le tutorat spectaculaire qu’ils m’imposent. Mais humain que je suis, j’envie mes semblables. Alors un peu spectacle démocratique dont je serai acteur vedette, me réconfortera !
Mais hélas! Au pays de l’imposture, du mensonge, de la manigance, de la contrevérité, des combines et des coups bas, rien à espérer. Niet. Quand on annonce l’acte de la démission d’Ahmed Ouyahia, guignol bon élève puis mauvais enfant, du poste comique de secrétaire général du RND, la diversion est flagrante. Quand on focalise l’attention sur les scènes cocasses du départ ou non de Belkhadem, pantin iranien et poupée soudanaise, du poste de secrétaire figurant du FLN, la duperie de l’opinion par un faux spectacle est effective. Les mises en scène vont bon train. Mais, ces deux guignols ce sont les mêmes, qu’on prend à chaque fois et avec lesquels on recommence le même cinéma. Ils sont enfants d’un cirque systématiquement autocratique et hermétique. Comme ils peuvent être aisément sacrifiés, mis fin à leurs missions, dénigrés, acerbement critiqués par les leurs et accusés d’autoritarisme, ils peuvent être rapidement remis au devant la scène, loués pour services rendus, récompensés et occupants les rôles clés de l’Etat. Ouyahia n’a-t-il pas été ministre pendant quinze ans ? Belkhadem n’a-t-il pas été président de l’APN, puis après un exil doré, Premier ministre et secrétaire général de l’appareil du régime ?
L’on annonce aussi le quatrième mandat pour le guignol principal, toutefois tributaire de son état de santé. Omettant qu’un vieux de 76 ans est vulnérable et peut être ravi à la vie à tout moment. Mais les parrains en voudraient toujours de lui parce que l’actuel locataire du palais théâtral a su préserver les intérêts de toutes les parties. Mais cette option se clarifiera après la tragicomédie de la révision constitutionnelle prévue au cours de cette année, surtout si le poste de vice-président est créé.
Les parrains tableraient aussi sur deux autres pantins prétendants, qui n’ont jamais quitté d’une manière franche les coulisses du système. Mouloud Hamrouche, 70 ans, figurant parmi les six comparses qui s’étaient retirés en 1999 de la présidentielle, était acteur en chef du protocole sous Boumediene et Chadli, puis jouait le rôle de premier ministre à la fin des années 1980. Ali Benflis, 69 ans, acteur laminé par les siens en 2004, était dans le personnage de ministre, puis dirigea la comédie électorale de Bouteflika en 1999 et enfin devint tragédien en chef du gouvernement. Les garants du statu-quo, meubleraient davantage le spectacle présidentiel, par la rentrée en scène des faux opposants. Il s’agirait notamment des nouveaux arrivés à la périphérie de l’enceinte du système, Amar Ghoul, la poupée pseudo-islamiste et Amara Benyounès, la marionnette pseudo-démocrate. Les deux incarnent la docile et la servile clientèle du régime pour laquelle il n’y a que l’argent qui compte.
Le décor d’une inutile élection serait ainsi planté. Le système autocratique qui ne conçoit l’alternance au pouvoir que suivant la logique de placer ses pantins honnis et impopulaires, diffère tout espoir de changement effectif qui pourrait réhabiliter le spectacle souverain et populaire, à une date ultérieurement lointaine. Car, Bouteflika, Ouyahia, Belkhadem, Hamrouche, Benflis, Ghoul, Benyounés, et bien d’autres, représentent la même face d’une seule médaille, celle de la docilité et de la servilité. Ils sont des guignols qui ne valent absolument rien devant leurs parrains, les hommes forts du régime, qui eux, en véritables présidents tirent les ficelles.
Zoubir Zerarga
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Abdelaziz Boutef:
super-président ou simple paravent ?
Par Le Matin |Quant notre Toufik-Aladin national l’a sorti de sa lampe magique pour l’imposer à la tête de l’Etat en 1999, les observateurs de la vie politique algérienne étaient partagés.
Les uns (Opinion d’une majorité travaillée par une propagande inédite jusqu’ici) le présentaient comme un chef d’Etat doté de tous les pouvoirs, un grand président, lettré, beau gosse, tribun et les autres, rares, quelques analystes isolés qui ne reconnaissaient en lui qu’une énième marionnette avec une présentation et une préparation meilleures, améliorées. Lui comme un fou, comme aucune marionnette avant lui ne l’a jamais fait (Kafi et Zeroual se contentaient de bien boire, de bien manger, de bien … et d’assurer le service minimum) galopait partout, sillonnait les 48 wilayas, multipliait les discours, les voyages à l’étranger, les déclarations, distribuait la rente, hurlait, braillait, menaçait. Je conseille au lecteur de superviser sur Internet quelques reportages sur ses discours et déplacements juste après son apparition, c’est extraordinaire !
Petit à petit, année après année, le subterfuge est apparu et le roi s’est dénudé, rien n’avait changé, le pays restait le même, pire, tous ses maux se sont aggravés. Les vrais décideurs étaient toujours là tapis dans l’ombre et le bonhomme se révèle un comédien et un charlatan. Alors la majorité des opinions a commencé doucement à changer.
Ceux qui voyaient en lui un grand président ont commencé à douter et les autres à être plus nombreux. Aujourd’hui, beaucoup (De moins en moins nombreux) continuent à dire de lui qu’il est un super président, qu’il détient tous les pouvoirs entre ses mains mais comment les croire ? Il suffit de le regarder à la télévision aujourd’hui, usé par l’âge et sans doute la maladie, il se déplace, parle, lit, difficilement. Et je vous prie de le croire qu’avant de le filmer, on a choisi le jour où il est dans la meilleure de ses formes et des armées de médecins, de maquilleurs se sont démenés pendant des heures pour le préparer. Ses quelques amis, Khellil, Abdelhamid Temmar, Yazid Zerhouni ont disparu après avoir fait le plein.
Son entourage actuel était là avant lui et tout le monde connaît ses connexions avec le pouvoir de l’ombre. Le changement est de façade donc. Comment peut-on cacher le soleil avec un tamis, sans tamis ! Comment ce bonhomme d’un autre temps peut-il encore gouverner un pays comme l’Algérie ?
Lakhdar Boukarma
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Quel rôle pour Chadli dans la faillite de l’État algérien ?
Par Le Matin DZ |C’est, par la phrase ambivalente, chargée de pessimisme, qui suit, que Mohamed Benchicou conclut son entretien avec l’ancien président défunt Chadli Bendjedid.
J’ai gardé de Chadli l’image de l’homme déchiré. Il personnifiait un trouble singulier : comment se prévaloir d’un régime qui a pris le pouvoir par la force et s’étonner qu’il fût aussi hégémonique, autoritaire et impitoyable ? J’avais l’impression d’avoir devant moi une illusion aux cheveux blancs. Chadli incarnait notre impuissance : ce pouvoir ne changera pas avec de bons sentiments. J’ai emporté de Chadli avec un malaise qui ne m’a plus jamais quitté.
Le pessimisme et le malaise qu’évoque Mohamed Benchicou dans cette phrase, qui résume à elle seule tous nos malheurs et toutes les causes de la faillite de notre glorieuse révolution, représentent tout le poids de l’inconscient transporté dans nos bagages anthropologiques, notre imaginaire collectif et nos structures mentales. Faisant de nous des schizophrènes, en permanence en lutte avec une chimérique identité arabo musulmane, en permanence heurtée et mise à mal par notre fond amazigh et une modernité envahissante avec toute son évidente persuasion. Profondément aliénée dans les structures sociales patriarcales et l’imaginaire mythologique religieux, toute notre volonté, aussi bien intentionnée soit-elle, est réduite à une illusion aux cheveux blancs, un résidu culturel fantasmé, relevant d’un passé révolu et ne pouvant s’articuler avec cohérence dans la contemporanéité du monde. L’action de Chadli, aussi critique soit-elle et réduite au prisme de cette ambivalence, ne pouvait transcender les limites de cette contradiction. Elle incarne effectivement notre impuissance à changer ce pouvoir avec de bons sentiments.
Aucun autre argument sérieux ne peut mieux justifier la justesse et la sincérité de l’image de l’homme déchiré, qui personnifiait ce trouble singulier : comment se prévaloir d’un régime qui a pris le pouvoir par la force et s’étonner qu’il fût aussi hégémonique, autoritaire et impitoyable ? Or, cette image était-elle celle que Chadli voulait donner de lui-même maladroitement en tant que stratégie de sortie, après coup, après son échec politique et la responsabilité qui lui incombe, ou est-ce l’image que Mohamed s’efforce de projeter en lui par un sentiment de compassion ? Le regard lucide de Mohamed ne pouvait l’empêcher de s’acquitter de la formulation de cette contradiction par le recours à l’ambivalence.
Mais le jugement que l’on doit porter devant l’histoire sur les hommes qui ont fabriqué le système de pouvoir algérien, ayant pris en otage l’État après l’avoir façonné unilatéralement pour l’instrumentaliser à leurs seuls profits, ne peut s’accommoder d’affectes irrationnels, désertant les impératifs de la science historique et les postulats servant de base a ses méthodes de raisonnement. L’histoire ne peut s’échafauder sur des approximations circonstantielles. Son objet ne peut se dissocier de la problématisation de la vérité. Aussi pragmatique que l’on puisse être, cette critique doit être à l’identique du jugement que l’on doit appliquer à la religion dans sa responsabilité devant les conséquences qui affectent la conscience politique de la grande masse du peuple. Si la religion a des vertus humanistes et spirituelles, elle ne doit pas faire oublier sa responsabilité sur la désaffection de la masse populaire par la liberté de conscience, seule condition à sa désaliénation politique et à sa libération du consensus aveugle pouvant lui assurer la transition vers la citoyenneté.
Quand Mohamed Benchicou attribut à Chadli le privilège d’incarner notre impuissance : ce pouvoir ne changera pas avec de bons sentiments, Chadli n’aurait-il pas eu réellement une vision contemporaine du monde, avec tout ce que cela implique comme conséquences sur la nécessité d’œuvrer pour un état de droit et qu’il a préféré le refouler, justement pour pouvoir jouir égoïstement du pouvoir ? Par cet adage populaire, l’homme en état d’ivresse finit toujours par retrouver le chemin qui mène à sa demeure, le refoulement de cette volonté politique n’est-il pas l’expression de l’excès sur le recours au bon sentiment, traduit par l’action et le discours démagogique et populiste, pour le maintien volontaire et conscient du statu quo. Ne serait-il pas par compassion ou par tout un autre mobile inavoué que Mohamed charge Chadli d’aliénation dans le bon sentiment, à être impuissant d’avoir la clairvoyance suffisante pour accomplir son intuition politique à changer le pouvoir. Entendre par changer le pouvoir, l’instauration de la démocratie, dans ce qu’elle a d’essentiel : la séparation des instances, celles du religieux et du politique, l’indépendance de la justice, les droits de l’homme et la liberté de conscience. Comment expliquer la promotion des activités des associations religieuses depuis son accession au pouvoir qui ont abouti à la reconnaissance du FIS.
C’est bien lui, consciemment qui a favorisé l’émergence et la montée de l’islam politique, après lui avoir facilité l’occupation de tous les espaces publics de la rue, à la mosquée, à l’école et à l’université. C’est bien lui qui a volontairement approuvé le code de la famille, outil de régression et d’aliénation de la femme, pour amoindrir la résistance à la dictature qu’il incarnait et qu’il défendait méthodiquement. Notamment par la promulgation de l’article 120, conçut pour neutraliser tout espace d’expression politique et toute velléité d’opposition, en embrigadant à l’intérieur du FLN toute activité syndicale ou associative. Après avoir réalisé la destruction de l’ambitieux édifice économique et industriel dans sa forme capitaliste d’État mis en place par son prédécesseur, en segmentant économiquement les grandes entreprises en petites unités faciles à privatiser, au profit du sérail, et affaiblir politiquement la résistance des travailleurs en faisant éclater les concentrations ouvrières et les structures syndicales. Est-ce du bon sentiment que de recourir systématiquement à la répression, par l’arrestation et l’emprisonnement des militants des droits de l’homme, et le cautionnement de l’assassinat d'Ali Mecili à Paris et l’assassinat de centaines de jeunes en octobre 1988, suivie par la torture exercée massivement sur de longs mois par son entourage.
Avoir de bons sentiments à changer le pouvoir pour le ramener à son état initial est une stratégie pour dupes. L’intention de nuire au peuple algérien est figurée sans ambiguïté dans la cruauté de la répression de tout ce qui menaçait les privilèges du sérail, qui s’est octroyé le droit, volontairement, de confisquer l’État pour ses intérêts exclusifs. Chadli Bendjedid comme tout autre gardien du système, aliéné ou non dans des valeurs archaïques, ne peut transgresser le code d’honneur, comme il l’a affirmé lors de cet entretien, qui est propre aux organisations mafieuses, et dévier de l’intérêt collectif du sérail. Ceci explique la grâce accordée à Bouteflika en tant que membre principal du premier cercle, depuis sa fondation à Oujda sous l’autorité d’Abdelhafid Boussouf.
Doit-on prendre ses paroles comme argent comptant ou mesurer ses actions politiques, qui plaident toutes pour la confirmation de l’instrumentalisation consciente du bon sentiment, propre à toute légitimation de l’autorité patriarcale, qui s’appuie sur la prédisposition des structures sociales pour s’accomplir ? N’a-t-il pas seulement favorisé son égoïsme et celui du système au-delà de l’intérêt national, pour être repoussé à la sortie par la loi du rapport de force intrinsèque au système lui-même, qui lui garantit sa pérennité, par son renouvellement permanent.
De la colonisation civilisatrice française à la dictature positive selon Chadli Bendjedid et le système politique qu’il a contribué à promouvoir, le peuple algérien doit subir en tant que peuple soumis, une réalité qui lui ait imposé par la loi de la force, car non civilisé pour l’un et inapte à se gouverner par lui-même pour l’autre. À moins d’affronter son destin en se jetant encore une fois les mains nues dans l’horreur du combat inégal contre un ennemi coriace par sa lâcheté, pour la conquête de sa dignité et de sa liberté.
Youcef Benzatat
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1. "Ah, il parle, il parle, maintenant, Nezzar…"
Par Le Matin DZEXCLUSIVITE LEMATINDZ Entre l'automne 2000 et le printemps 2001, j'ai rencontré l’ancien président Chadli Bendjedid, un dizaine de fois, dans sa demeure algéroise du quartier Poirson où il vivait retiré avec ses proches. Celui qui fut un très controversé chef d'État voulait me confier la rédaction de ses mémoires auxquelles il pensait déjà, neuf ans après avoir quitté le pouvoir. «J'ai besoin d'un nègre, je l'avoue, et on t'a recommandé particulièrement», avait-il murmuré, à notre première rencontre, avec ce sourire à la fois espiègle et confus qui caractérise nos provinciaux. J'avais réservé ma réponse. Ce qui m’importait en premier était d'arracher, pour le compte de mon journal Le Matin, la première interview de cet ancien chef d'État qui s'était muré dans le silence depuis son départ du palais d'El-Mouradia. Je caressais, en outre, le projet d’en obtenir des informations de première main pour le livre "Bouteflika une imposture algérienne" dont j'avais commencé la rédaction.
Il m'accueillait en famille. C'était toujours en compagnie de son épouse Halima, de ses fils ou, parfois, d'Abdelhamid Mehri, parent par alliance, que débutaient nos rencontres avant que, très délicatement, il les transforme en de longs tête-à-tête qui duraient, parfois, jusqu'à une demi-journée.
Le plus souvent amer et dépité par tout ce qui se racontait sur lui, Chadli Bendjedid s'abandonnait volontiers à des confidences sur les arcanes de la politique algérienne dont il fut un acteur et un témoin privilégié, n'hésitant pas, sans en avoir l’air, à lever un timide voile sur le personnel politique algérien. Je découvrais alors un homme à l'opposé du portrait que dressaient de lui ses adversaires. Le Chadli que j'ai eu à rencontrer n'avait rien du roi fainéant ni du sot monarque qu'on aimait à dépeindre pour la grande joie de l'homme de la rue. Il était plutôt à l'aise avec les choses de la politique, insistant sur le rôle de l'État en démocratie, n'hésitant pas à faire le lien avec l'histoire et avec le mouvement national, affichant de cette perspicacité rentrée que portent en eux les Algériens du pays profond, c'est-à-dire une discrète clairvoyance qu'on répugne généralement à étaler. Il semblait avoir pleine conscience de la démarche stratégique à imprimer à l’avenir du pays.
L'homme était intarissable, s'exprimant avec une insoupçonnable franchise, mélangeant l'amertume à l’ironie et au mépris, s'exprimant parfois avec colère mais jamais avec haine. Il gardait toutefois la lucidité propre aux hommes politiques et conditionnait la poursuite de ces entretiens très spéciaux à la promesse de ne pas les publier sans son consentement. "N’écris rien sans mon feu vert !" Chadli tenait à ne pas rompre le silence qu’il s’imposait depuis neuf ans.
Je dois dire qu'il me fut bien difficile de respecter un l’engagement de ne rien écrire sans sa permission. Les révélations que me faisait l'ancien président constituaient, pour le journaliste que je suis, une de ces aubaines dont on dit qu'elles ne se produisent jamais deux fois au cours d'une carrière. J’ai dû déployer des trésors de diplomatie pour lui extorquer la permission de publier un premier condensé de ses déclarations dans Le Matin du 13 janvier 2001. Ce fut alors la première sortie médiatique du président Chadli Bendjedid depuis son retrait de la vie politique. J'ai utilisé un autre partie de ces confidences dans le livre Bouteflika une imposture algérienne. Le plus gros des divulgations que Chadli m’a faites et qu’il disait réserver pour ses mémoires n'ont, cependant, jamais été portées à la connaissance du public. À ce que j'en ai appris, les dites mémoires qui devraient bientôt paraître sur le marché, ne devraient pas contenir de révélations notables. Ayant choisi, in fine, de ne fâcher personne, l’ancien président les auraient expurgées des confidences les plus fracassantes.
Ce sont donc des confessions inédites sur une époque marquante de mutation politique de l’Algérie, que je me propose de rapporter ici, par devoir envers le public mais aussi par souci de vérité envers un homme si souvent brocardé sans être vraiment connu.
"Personne n'a obligé Chadli Bendjedid au silence"
J’avais en face de moi un homme qui semblait avoir domestiqué le temps. Après près de dix ans d’ermitage, l'ancien président n’avait pas changé. Toujours cette corpulence de sportif endurci, la même chevelure cendrée qui ne concède aucune parcelle à la calvitie et toujours cet accent sans emphase qui lui a valu bien des sarcasmes. Celui qui a présidé durant treize longues années aux destinées de l'Algérie et qui fut au centre de plusieurs controverses, tenait à ne rien laisser paraître de ses amertumes, s’efforçant d’afficher la singulière sérénité d'un homme "à la conscience tranquille et qui ne regrette rien". Tout juste, par instants, se laissait-il trahir par une lueur désabusée qui assombrissait un peu plus un regard blasé par "tant d'ingratitude", l’ingratitude de presque tous, de ceux-là à qui il a rendu la liberté ou d'autres à qui il avait fait confiance. Mais n'est-ce pas cela, tout cela et rien que cela, le système à qui il avait lui-même si longtemps appartenu ? A l'écouter, la politique serait une affaire de morale et on se surprend à découvrir un homme presque ingénu à la place de celui qu'on croyait rompu aux impitoyables manoeuvres du sérail. Chadli, président outragé, homme blessé, justifie son long silence par "un choix personnel, sans aucune contrainte de qui que ce soit." Il dit avoir résisté aux démons de la polémique, par amour de la patrie : "Répondre à qui ? Et pourquoi ? Pour ajouter de l'huile sur le feu qui n'en manque pas ? Pour créer d'autres motifs de discorde à une situation déjà sérieusement compliquée ? Non je préfère ne rien dire pour l’instant, je laisse à plus tard…" L'immense égard qu'il déclare garder pour la fonction qui fut la sienne, le sens de l'Etat et des responsabilités qu'il a eu à assumer ainsi que l'éthique politique qu'il disait chérir au-dessus de tout, l'ont conduit donc à ce remarquable "silence responsable" qui, pense-t-il très fort, a épargné l'Algérie des déchirures supplémentaires. "Non, personne d’autre que Chadli Bendjedid n'a obligé Chadli Bendjedid au silence. Le pays a davantage besoin de protection et de responsabilités que d'échange de quolibets."
La retraite forcée lui permet de lire et de s'adonner aux joies de la famille. L'ancien Président, qui vivait alors à Oran, non pas dans une résidence d'Etat comme on s'était plu à le raconter mais dans "la modeste habitation de sa belle-famille", se disait libre de tous ses mouvements, libre de se déplacer à l'intérieur et à l'étranger. "Mais quand on ne fait pas partie des gens qui aiment voyager ou qui adorent faire le tour des chefs d'Etat, les déplacements à l'étranger ne sont pas une obsession."
A quel prix, cependant, se plie-t-on au silence responsable ? Chadli était exaspéré par tous ceux-là qui, exploitant son mutisme, faisaient des gorges chaudes à son propos. Ce matin-là, je l’avais trouvé plus dépité que de coutume. Devant lui, la presse du jour qui rapportait les propos dédaigneux et quasi insultants du général Khaled Nezzar se gaussant de l’inculture de l'ancien président. "Avec Chadli, c'était très simple : quand il disait quelque chose d'intelligent, on devinait qu'il venait de recevoir Mouloud Hamrouche !", avait déclaré l'ancien chef d'État-major de l’armée algérienne. Chadli hochait la tête avec tristesse et gravité. "Ah, il parle, il parle, maintenant Nezzar…" Après un long moment de silence, il murmura, le regard fixé sur le pin qui s'élevait vers les cieux : "Le problème, vois-tu, c'est la morale. Moi j'ai toujours agi en fidèle aux hommes que j’ai côtoyés. A Boumediene, à Bouglez… J’ai toujours agi en fonction d'un code d'honneur. C'est primordial, l'honneur, le respect, la discrétion, la réserve… Nezzar n’en a pas. C'est une petite créature. Un personnage de circonstances. Il rasait les murs quand j’étais président. Il sollicitait des entrevues que j'accordais rarement. Tu peux le vérifier auprès de ceux qui collaboraient avec moi à l’époque : personne ne s'autorisait à élever la voix parmi ceux qui aujourd'hui se pavanent devant la presse et se répandent en médisances. J’avais un énorme pouvoir et je le mettais au service des transformations sociales et politiques de l'Algérie, au service de son honneur. Aujourd'hui, devant le silence des anciens, c'est la foire des parvenus. Écoutez Khaled Nezzar, ou Anissa Boumediene, ou Bouteflika... Qu’adviendrait-il si je me mettais à leur répondre ? Je sais tout sur eux. Tout : comment ils ont été promus, comment ils sont devenus ce qu’ils sont. Ils ne savent rien sur moi. Veut-on vraiment qu’on dise tout sur Nezzar ? Ce serait catastrophique pour lui. Je le dirai peut-être dans mes mémoires. Mais nous devons à ce peuple d’être dignes en politique."
A ma connaissance, le président Chadli n’a rien révélé de fracassant, dans ses mémoires, à propos du général Nezzar. Mais il n’en pense pas moins. En 2009, à Tarf, lors d’une rencontre sur Amara Bouglez, fondateur de la base de l’Est, il l’accusa rien moins que d’avoir été "un espion" pour le compte de l’armée française. Ce qui est, avouons-le, assez édifiant !
Mohamed Benchicou
LEMATINDZ
La suite: 2. "Quelles réformes de Hamrouche ? Les réformes, c’est moi !"
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Un président ça sait, ou ça se tait
Par Le Matin DZLa dernière crasse d’un homme sans envergure. C’est la qualification qui sied le mieux aux propos de Bendjedid qui font les choux gras de la presse depuis hier. Cette "révélation", à elle seule renseigne sur l’idée que l’homme se faisait des mémoires qu’il consignait.
Larbi Belkheïr, son imminence grise depuis qu’il était à la tête de la II région militaire, lui aurait fait deux partis dans le dos ?!! Le FIS et le RCD. Cette affirmation qui a longtemps animé les discussions de cafés, normal elle est de ce niveau-là, va assurer la vente de mémoires posthumes qui, je peux l’affirmer sans risque de me tromper, ne révèleront rien des secrets du système, et ne contribueront en rien à en expliquer les mécanismes occultes qui commandent à son fonctionnement. Même un pied dans la tombe, l’omerta est de mise. Ces hommes taisent les secrets de leur système.
Ces mémoires nous permettront-ils de savoir qui de Belkheir ou de Chadli a fait l’autre ? Autant espérer qu’ils nous disent qui de l’œuf ou de la poule est venu le premier. Mais pour qui veux avoir quelques renseignements, le témoignage de Hocine Malti, dans l’histoire secrète du pétrole, est un bon aperçu de la communauté de destin de ces deux hommes.
Lardi Belkheir aurait créé le FIS et le RCD ? Sur le double plan historique et politique l’affirmation est absolument fausse. Si elle a pour sens de suggère une préfabrication de ces deux forces. Il faut revenir à la genèse de ces deux partis.
Le FIS conglomérat de noyaux islamistes préexistants aux évènements d’octobre. A sa constitution il a aggloméré, sans distinction, les groupuscules djihadistes – que Chadli avait gracié auparavant-, les Afghans de retour en Algérie, et les différentes phalanges prosélytes dites de la da’wa. Pour ce qui concerne le RCD, c’est bien avant Octobre 1988 qu’il s’était cristallisé au sein du Mouvement culturel berbère (MCB). Sa création, a été amorcée probablement à partir de 1985, avec la très forte dissidence au sein du FFS provoqué par l’"entente" de Londres. Elle s’accélère à partir de fin 1986, avec la constitution d’une coalition entre l’aile libérale du MCB – autour de Saïd Sadi - et une partie de la gauche du mouvement issue de l’ORT, menée par Bacha Mustapha. L’apparition publique de cette coalition sous le sigle RCD pouvait surprendre et paraître comme une improvisation, mais elle était loin de l’être.
Par contre, si la signification de la révélation de Chadli est d’accréditer de sa part un certain attachement à une application stricte de l’article 40 de la Constitution de 1989, force est de s’en référer aux délibérations publiques du tribunal militaire de Blida, lors du procès du FIS, pour relever la grande entente qui régnait entre Chadli Bendjedid et les chefs du Front islamiste du salut. Il est aussi difficile de ne pas convoquer içi, les coups de pousse que Chadli a apportés, avec constance, aux islamistes. C’est sous son règne que l’Egyptien El Ghazali avait fait un fort mauvais sort à l'islamologue Mohammed Arkoune. C’est lui qui, devant la montée du Mouvement culturel – résurgence du mouvement national, à l’image de la crise algérianiste de 1949 – avait aménagé de grands espaces aux islamistes : Forum de Tlemcen, université islamique (iste) de Constantine, Imama cathodique d’El Ghazali. Et, pour finir, c’est lui qui assurera la promotion des intégristes en [indus] représentants des évènements fomentés d’Octobre 1988. Alors d’où pourrait sortir cette "l’opposition" de Chadli à la création du FIS ?
Pour ce qui est de l’autonomie politique des deux mouvements, il faut juste en revenir à leurs programmes politiques, et à leurs mots d’ordre. L’attaque est insidieuse, et elle semble viser exclusivement le RCD. A l’évidence, un président qui insinue, c'est un président qui ne sait pas grand-chose, ou à défaut un président qui pour assouvir une vengeance sème le doute et la rumeur. Et probablement que le ralliement du RCD, quelques jours après le 26 décembre 1991, à l’exigence de l’arrêt du processus électoral aura coûté chère à Chadli Bendjedid.
Pour paraphraser un ministre français disons qu'un président ça sait, ou ça se tait ! Mais au-delà, il faut souligner qu’il est temps pour l’opposition démocratique d’écrire l’histoire de ses luttes et de ses combats. Il lui faut s’extraire de la gangue du pseudo-multipartisme actuel, pour jeter les bases et les fondements de la véritable démocratisation du pays.
Mohand Bakir
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Un président en Algérie, pourquoi faire ?
Par Le Matin DZ"Ne demandez pas ce que l’Etat peut faire pour vous. Demandez ce que les hommes de l’État sont en train de vous faire." David Friedman
Qui sera le futur président en Algérie dans moins de deux années ? Telle est la question qui se pose depuis que Abdelaziz Bouteflika ait reconnu explicitement le 8 mai dernier qu’il ne convoite pas un quatrième mandat. Tous les citoyens et les citoyennes s’interrogent-ils donc sur ce point crucial pour l’intérêt national. Mais est-ce, ici, la vraie question ?
La légende du chef glorieux
Est-ce d’avoir Obama, Noda, Merkel, Cameron, Hollande, Jintao, Poutine, respectivement à la tête des Etats-Unis, du Japon, de l’Allemagne, du Royaume-Uni, de la France, de la Chine ou de la Russie, est significatif de plus ou moins de progrès dans ces pays dont le destin dépend fondamentalement des seules élites scientifiques et culturelles qui les composent et les identifient comme les puissances les plus inébranlables de la planète ? Qui ne se rappelle-t-il pas la candidature de Coluche, dans les années quatre-vingt, aux présidentielles françaises aux côtés de François Mitterrand, Jacques Chirac et tant d’autres grands chevronnés de la politique sur la scène médiatique parisienne dont les observateurs les plus perspicaces ont alors saisi la parodie qui expliquerait la facticité du mythe « présidentiel. »Dans cette période le président yankee qui faisait trembler le Kremlin était auparavant, tout juste visible dans la scène cinématographique à Hollywood.
La littérature de la fiction, de la légende, mais souvent de l’Histoire – depuis la nuit des temps ça n’a jamais été la plèbe qui écrit les aventures des groupes dominants et leurs chefs, les castes dans les commandes communautaires, mais les notables, Thucydide ou Hérodote ne marchaient pas pieds nus et ne quémandaient leur pitance, Ibn Khaldoun avait des carnets d’adresses parmi les plus prestigieux du quatorzième siècle – a sacrément ancré dans les consciences humaines des héroïsmes de mythe et de légende faisant transparaître les chefs comme quasiment des dieux sortant du lot commun des mortels. Des êtres qui claquent des doigts pour transformer les groupes qu’ils régentent, les emmener vers les grandes victoires et les grandioses conquêtes. Darius, Alexandre de Macédoine, Jules César, Gensis Khan, puis Louis XIV- le roi Soleil- Napoléon Bonaparte, ensuite la modernité avec Clemenceau que lui succède le général de Gaulle, en France, Victoria rattrapée par Churchill au Royaume-Uni, ont été, proportionnellement les uns par rapport aux autres, des figures de puissance mythique n’ayant d’égal que le résultat sur le terrain du formidable essor du savoir et de la technologie fabriqués par des générations de savants et de praticiens des sciences et de techniques agissant à l’ombre des bruits de bottes et des discours politiques.
Pour quel entendement un président ?
Depuis que la science politique est gravement enseignée à l’Université et son prestige social concurrence celui des disciplines mathématiques et physiques, les partis politiques déclassent les académies. Dès lors le militant dans une puissante formation politique qui a les médias à son service donne des ordres au créateur de savoir et de connaissances, le rémunère avec l’argent du contribuable – si c’est l’entreprise privée qui le paye, la valeur de cette entreprise est garantie par le crédit d’un parti, ou d’un groupes de parti, la protégeant. Le politique n’a pas besoin de sciences créatrices d’idées et de biens mais de savoir spécifique qui peut rallier les hommes et les mobiliser, qui à mentir ou usurper, pourvu de convaincre afin d’accéder au pouvoir qui consiste à commander toute la communauté, les élites comprises. Mais on en est vraiment très loin de tout cela dans un pays qui vomit ses universités par la simple preuve par neuf de l’innommable tradition partisane qui veut s’installer, l’"Université d’été", ya elkhwa, pour démontrer que les politiciens algériens sont les cancres les plus tordus de la planète.
Donc chercher un président en Algérie. Si ça se trouve pour foutre quoi, si tout le monde sait que ce n’est d’aucun parti existant jusqu’au dernier né avant le début de la ridicule campagne pour l’incongrue dernière consultation ? Lorsqu’un pays dispose de capitaines d’entreprise qui achètent le grain de polyéthylène pour fabriquer du plastique et d’autres de l’huile et du sucre pour faire de l’huile et du sucre, tous les cafés maures sont en mesure du jour au lendemain de fournir des présidents à tire larigot. Quand depuis cinquante ans un Etat est incapable de garantir le lait propre tous les matins à ses enfants qui ne mangent pas la viande, les fruits et le fromage, n’importe quel dégoûté du parking sauvage dans la cité est capable de gérer un ministère du Commerce. Et ainsi de suite.
Nadir Bacha
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Le régime de Bouteflika devient-il fou ?
Par Free Algérie |
Bouteflika
Le pouvoir de Bouteflika, on le savait irrationnel, inconséquent, rusé et, en définitive, suicidaire. La suite.
Examinons rapidement ces lois que propose le pouvoir sénile et moribond de M. Bouteflika.
Loi sur l’information
Cette loi, rétrograde l’Algérie au siècle du cens et de l’imprimatur, véritable "imprimi potest" quand il s’agira d’écrire sur "les valeurs nationales, la diplomatie, l’économie nationale, la révolution et l’Histoire officielle des tutti quanti des propriétaires sans titres de l’Algérie des généraux". Ainsi, si un journaliste algérien écrit dans un journal algérien, que Abane Ramdane a été assassiné par des tueurs du FLN de Boussouf, si un journaliste algérien écrit dans un journal algérien que les colonels Amirouche, Haouès et Lotfi ont été trahis et donnés par les leurs, Boukharouba en tête, ces journalistes là, en application de la nouvelle loi, seront passibles de poursuites judiciaires. Il y a pire : si un journaliste algérien écrit que M. Medelci, ministre algérien des AE de la RADP a commis un grave impair, peut-être une forfaiture, en informant en exclusivité le parlement français avant le parlement algérien sur le programme politique algérien, ce journaliste là sera puni par la loi de M. Mehal. Il y a encore pire que le pire. L’ancienne loi, dite la loi Hamrouche de 1991, prévoyait le simple régime déclaratif de véracité pour créer un organe de presse. C’est ainsi que sont nés plus de cent titres de presse privés dont quelques titres de la presse indépendante.
L’Etat voyou: lire la suite-http://www.freealgerie.com/forum-libre/225-le-regime-de-bouteflika-devient-il-fou.html
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Le 16 janvier 1992, Boudiaf revenait en Algérie...
Par|"Je déteste les victimes quand elles respectent les bourreaux". Jean-Paul Sartre
Il y a vingt ans, le 16 janvier 1992, la jeunesse algérienne découvrait Mohamed Boudiaf. Elle venait de le découvrir parce que l’adjudant et le colonel qui ont successivement présidé aux destinées de l’Algérie, dès l’indépendance confisquée en 1962, ont tout fait pour que le nom de Boudiaf ne soit jamais connu, ni à l’école sinistrée, ni à l’unique télévision du système, ni dans la presse, limitée alors à deux titres.
Ainsi, dès 1962, le système qui avait pris la précaution d’assassiner d’abord Abane Ramdane en 1957, a déployé alors son jeu dans l’objectif de faire de l’Algérien un borné, un barbare et un fanatique:
1/ Borné, en lui inculquant le "principe" que sa culture est seulement arabo-musulmane. L’Algérien est ainsi amputé de sa dimension culturelle berbère naturelle. Mais Mohamed Boudiaf, dès son retour, est alors le premier chef d’Etat algérien, à rappeler officiellement que la personnalité de l’Algérien tient de l’amazighité, l’islamité et l’arabité.
2/ Barbare. Dans la société la plus barbare, il arrive qu’on abatte un arbre pour cueillir ses fruits. Mais, dans l’Algérie indépendante, c’est Boudiaf qui a été abattu parce qu’il a refusé qu’on abatte l’arbre Algérie pour cueillir ses fruits. Il le paye de sa vie parce qu’il a martelé la mafia politico-financière par son slogan, «l’Algérie avant tout».
3/ Fanatique. Voltaire a parfaitement raison de dire que "celui qui soutient sa folie par le meurtre est fanatique". Est-ce la folie qui s’est emparée alors du système pour lâchement assassiner Boudiaf, maquiller son assassinat en "acte isolé" et soutenir sa folie par le meurtre. Le système devient alors le pire des fanatiques.
Devant cette ambiance de trahison généralisée par le silence, cette pensée de J.P. Sartre : "Je déteste les victimes quand elles respectent les bourreaux", me conforte dans mon combat d’interpeller toutes les consciences et particulièrement Messieurs Ali Haroun, Ahmed Djebar et Khaled Nezzar. Ces trois personnalités ont été très proches de Boudiaf pendant sa mission à la tête de l’Etat. Ils ont joué un rôle fondamental dans son retour en Algérie. De par la position qu’occupait chacun de ces Messieurs, au moment de "l’acte isolé", soit ils étaient en position de connaître ses bourreaux, soit en position de ne pas les connaître. S’ils ne les connaissent pas, de qui ont-ils peur de demander la réouverture du dossier et de l’enquête. S’ils se taisent et donc connaissent les bourreaux, alors ils deviennent eux-mêmes bourreaux, et donc pas respectables.
Messieurs Haroun, Djebar et Nezzar, il y a un adage qui veut tout simplement dire que devant une situation complexe, "on est partie du problème, ou partie de la solution". L’assassinat de Boudiaf est un sérieux problème. Boudiaf était-il aussi fort physiquement pour nécessiter toute une rafale alors qu’eu égard à son âge et sa santé précaire, une seule balle lui aurait suffi. C’est là où se situe le problème, votre problème. Car en fait, une seule balle était destinée au Président du Haut Comité d’Etat qui commençait à déranger le système. Alors tout le reste des balles du chargeur, voire des chargeurs, n’était pas destiné à la victime de «l’acte isolé» mais à toute personne qui s’imaginait facile de toucher là où Boudiaf a mis le doigt et a commencé à faire mal au système. J’aurais voulu que le ministre de l’Intérieur de l’époque, feu Larbi Belkheir et d’autres responsables de la Sécurité de l’Etat, qui ne sont plus de ce monde, soient aujourd’hui à vos côtés pour répondre à cet adage. Mais ils sont là où aucune pétition ne peut les sauver, ni les soustraire à la justice divine. Avec la justice divine, il n’y a ni faux procès ni "acte isolé".
Je vous laisse, cependant, toute la latitude de répondre publiquement à cet adage, à cette manière de présenter le mal qui ne cesse de me torturer depuis que j’ai compté le nombre de balle dans le crâne, le dos et même le thorax de mon père.
Soit ! Boudiaf est mort. L’arbre de novembre a été abattu en juin, mois de sa naissance. Le peuple algérien a été empêché de goûter aux fruits que Boudiaf lui préparait depuis 1947. Mais en mai prochain, en plein printemps, l’Algérien est appelé à choisir de nouveaux représentants à l’Assemblée nationale. Le système est perplexe et sclérosé. Soit il laisse les choses se passer normalement et alors là le printemps va bourgeonner de fruits qui ne seront pas du goût du système, quel que soit le goût de ces fruits. Soit, il arrêtera une nouvelle fois le cycle de bourgeonnement et là, l’Algérie manquera pour la énième fois son rendez-vous avec le printemps. Le printemps berbère a été cruellement étouffé dans le sang, comme l’a été Boudiaf. Qu’en sera-t-il du printemps algérien ? Qu’en sera-t-il du système qui n’a plus de Boudiaf à aller tirer de son exil ?
La vérité sur "l’acte isolé" ne me rendra pas mon père, ne rendra pas le Président du Haut Comité d’Etat à l’Etat. Mais incontestablement, la vérité rendra un peu d’espoir ; espoir au futur chef de l’Etat de ne pas finir comme a fini l’homme de Novembre ; espoir aux jeunes soldats de ne pas avoir, dans l’avenir, à recevoir des ordres d’exécuter un homme honnête comme Boudiaf alors que les criminels courent les rues ; espoir enfin à tout le peuple que l’impunité a une fin, comme toute chose dans la vie.
Par ailleurs, on a été informé, il y a quelques jours de la nomination de M. Abdelmalek Sayah, à la tête de l’Office de la lutte contre la corruption. L’intéressé n’est autre que le procureur général du procès qui pense avoir sauvé le système en qualifiant l’assassinat de Boudiaf d’"acte isolé". Le peuple est alors édifié. Toutes les affaires de corruption dont il a entendu parler seront qualifiées "d’actes isolés". C’est dire que le printemps de la lutte contre la corruption n’a pas encore entamé la saison de commencer à bourgeonner.
En ce qui me concerne, le dernier mot prononcé par mon père a été "l’Islam". Pour les croyants, les vrais, c’est là un signe de bon augure annonçant que Boudiaf est parmi les chouhadas au Paradis. Quel sera le dernier mot prononcé par les hommes du système ? A eux de le dire au peuple. Pour moi : c’est le mot : vérité.
Nacer Boudiaf
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Les comptes de l’Etat toujours dans le flou
zoom | © Salim. M.Cour des comptes.La commission des finances de l’APN a rejoint le constat de la Cour des comptes qui a déjà mis en cause la transparence budgétaire concernant de nombreux points. L’efficience de l’administration fiscale a notamment été montrée du doigt quant à son volet relatif au suivi et au recouvrement de la fiscalité pétrolière.
Le nombre effarant des comptes spéciaux du Trésor pose toute la difficulté du contrôle et de l’audit du système budgétaire.
Les réactions du ministre des Finances concernant les observations de la Cour des comptes sur l’exécution du budget reflètent une gêne profonde. Hier, Karim Djoudi a saisi l’occasion des questions de la presse en marge de l’examen et du vote de la loi de règlement budgétaire 2009, pour réitérer que les comptes de l’Etat sont soumis à certaines règles. Il s’est défendu quant à l’opacité de la gestion des comptes spéciaux du Trésor, répétant pour la deuxième fois consécutive que celle-ci obéit aux mêmes impératifs de gestion que le budget général de l’Etat.Estimant que la Cour des comptes a le pouvoir de vérification et de sanctions, il a écarté de facto que celle-ci ait des observations sur les données comptables contenues dans le projet de LRB 2009. Réduisant par la même occasion l’intervention de l’instance de contrôle a posteriori à quelques remarques sur «des insuffisances qu’il faudra prendre en compte». Toutefois, les arguments du ministre ont du mal à convaincre. D’ailleurs, la gêne de K. Djoudi est justifiée aussi par le nombre d’observations émises hier au sein de l’hémicycle et qui mettent en doute la transparence de la pratique budgétaire. Plusieurs éléments sont en cause. Le première observation consignée dans le rapport de la commission des finances et du budget de l’APN concerne l’exécution des recettes du budget de l’Etat, particulièrement les recettes fiscales.
La commission rejoint en ce sens la Cour des comptes qui a déjà mis en cause l’efficience de l’administration fiscale, notamment pour ce qui est du volet relatif au suivi et recouvrement de la fiscalité pétrolière. Au-delà de la nécessité de présenter le détail des recouvrements et de l’affectation du produit de la fiscalité pétrolière, les parlementaires insistent sur l’importance de la coordination entre Alnaft, les Douanes et l’administration fiscale afin de faciliter l’analyse et le suivi des recouvrement fiscaux ainsi que de l’activité exploration et exploitation. L’autre reproche asséné par la commission concerne l’état des recouvrements fiscaux ordinaires, notamment des restes à recouvrer représentant les créances du Trésor auprès des contribuables. Le rapport de la commission se penche aussi et longuement sur les dépenses. Le fait est le rapprochement entre les ressources allouées et l’absence des résultats obtenus.
Les observations à ce sujet sont édifiantes, d’autant plus qu’elles mettent en cause la rationalité et le réalisme du gouvernement à l’engagement d’une dépense. Les parlementaires exhortent, à ce propos, les ordonnateurs publics (administrations ou entreprises) à prendre en compte les recommandations de la Cour des comptes. De même que les observations émises par celle-ci devront à l’avenir faire l’objet de réponses de la part des départements ministériels concernés. Ils devront aussi expliquer les raisons du dépassement des crédits votés.
Aussi, et avant d’engager toute nouvelle dépense, les ordonnateurs publics devront motiver celle-ci par la satisfaction d’un besoin réel. De même qu’avant de prétendre à de nouveaux crédits, ils devront consommer les allocations votées. En ce sens, le rapport est explicite considérant qu’«il convient d’améliorer l’efficience des processus d’exécution du budget de telle sorte à garantir la transparence de la dépense publique».
Changer de philosophie
L’autre sujet de discorde demeure encore et toujours le nombre effarant des comptes spéciaux du Trésor. Si la Cour des comptes y a fait allusion dans son rapport d’évaluation, les parlementaires sont revenus à la charge afin de dénoncer les difficultés de contrôle que pose le recours systématique à ce genre de comptes. Le rapport de la commission de l’APN précise que «la multiplication des comptes d’affectation spéciale est devenue la caractéristique principale de la pratique budgétaire, ce qui est contraire au caractère exceptionnel de ces comptes». Et d’ajouter que «le recours excessif aux comptes spéciaux en tant que mécanismes budgétaires indépendants au budget général de l’Etat a induit des difficultés pour le contrôle et la transparence de l’exécution des dépenses publiques», sans oublier le fait que ces comptes «sont en contradiction avec le concept d’autorisation budgétaire soumis aux dispositions de la loi 84-17 relative aux lois de finances et aux règles de la comptabilité publique».
Pour M’hamed Hamidouche, économiste auprès de la Banque mondiale, le recours à ces comptes est souvent justifié par les procédures allégées d’engagement de la dépense, permettant ainsi d’échapper à certaines contraintes réglementaires. Cependant, la gestion de ces nombreux fonds induit tellement de détails et la publication de tant de décrets, qu’il devient pratiquement impossible de les auditer et de garantir la transparence de leur gestion.
Il a également estimé que la LRB telle que présentée pose un réel problème de transparence du fait qu’il faut disposer de hautes qualifications techniques pour la déchiffrer. Il estime qu’il faut changer de philosophie pour passer d’une logique de plus-value ayant présidé à la rédaction de la loi 84-17 des lois de finances sous le système socialiste à une logique plus actuelle basée sur les excédents d’exploitation.
Melissa Roumadi