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corruption : discours et réalité

  • Démocratie, corruption : discours et réalité

     

    Par : Mustapha Hammouche



    Un an après la création de l’Office central de la répression de la corruption, le président de la République a signé, jeudi dernier, le décret portant composition, organisation et modalités de fonctionnement de cette instance. L’Algérie n’ayant jamais manqué d’instruments institutionnels de répression de la corruption, l’OCRC pourrait n’être qu’une structure de plus qui clôt, provisoirement, la longue succession d’instances dédiées, sans succès, à la moralisation de la vie économique et de la gestion budgétaire.
    La coïncidence du décret avec l’effet médiatique du classement Amnesty et la journée internationale contre la corruption renforce, au contraire, l’idée que ce genre de résolutions n’a pas plus d’ambition que leur effet d’annonce. D’ailleurs, le lendemain, vendredi, le ministre de la Justice intervient dans une conférence opportunément organisée à l’occasion de la journée internationale pour la lutte contre la corruption, pour assurer le monde qu’il existe, en Algérie “une volonté politique et une détermination de l’État pour lutter contre la corruption et assurer la stabilité et la sécurité du pays”.
    Entre-temps, l’Algérie caracole à la 112e place du classement de 183 pays par ordre de degré de banalisation des pratiques de malversation. Le pouvoir conteste ce classement, mais presque pour la forme, tant la chronique des “affaires” est significative de l’ampleur et de la durabilité du phénomène. La gestion de ces scandales semble conduite de sorte à limiter leur impact politique, la règle étant que l’instruction de ces affaires n’atteigne jamais le niveau politique de responsabilité. C’est contre cette limite politique à la lutte contre la corruption que le ministre de la Justice a choisi de se défendre en défiant “quiconque d’apporter des preuves tangibles qu’il y a un pouvoir ou des personnes qui interviendraient auprès d’un juge quelconque dans une affaire quelconque.”
    Mais c’est Belaïz lui-même qui porte la réplique à son défi en proclamant que “la condition primaire de la lutte contre la corruption est que la justice soit indépendante, intègre et dotée d’un haut niveau de compétence et de professionnalisme”.
    Il suffit de poursuivre le syllogisme : pourquoi y a-t-il tout de même corruption alors que la condition “primaire” de transparence est établie ?
    Le choix est entre un système qui fonde sa stabilité sur le clientélisme, et donc sur le mode de redistribution de la rente, forcément opaque, et un système basé sur la compétition entre les rentabilités et les compétences, sur le marché, la transparence. C’est le premier modèle qui, pour l’heure, s’impose à nous. Jusqu’à faire de la corruption un système de relation sociale.
    Mais, ce n’est pas aux Algériens que le pouvoir destine son actuelle entreprise qui consiste à démentir les faits par les discours. Belaïz s’adresse à une conférence… internationale pour démentir le fondement politique de l’endémie corruptrice, Youcef Yousfi s’efforce d’annoncer la fin de la gestion opaque des ressources d’hydrocarbures à Doha et Medelci tente de convaincre à Paris de la volonté démocratique du régime.
    Il n’y a donc pas lieu de répondre au défi qui, loin de s’adresser à nous, nous utilise comme point de ricochet à l’intention de l’étranger.
    M. H.
    musthammouche@yahoo.fr