Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP ) a fait état d’un manque flagrant de médicaments essentiels dans les structures de santé publique. Son président, Lyes Merabet, accuse le ministre de la Santé d’être à l’origine de cette situation. Dans cet entretien, il revient sur la pénurie de médicaments et affirme que les patients sont parfois obligés d’acheter à l’extérieur des produits pour se faire opérer à l’hôpital…
Le DG de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) affirme qu’il n’y a pas de pénurie de médicaments, contrairement aux conclusions de l’enquête réalisée par le SNPSP. Quelle est votre réponse ?
Je rappelle que l’enquête du Syndicat national des praticiens de la santé publique a été effectuée au sein des établissements de santé publique et non au sein des entrepôts de la PCH pour constater s’il y a rupture ou pas de médicaments. Nous avons fait un travail d’investigation appuyé sur des bons de commande envoyés à la PCH et dont nous détenons des copies. Des bons qui n’ont pas été honorés. Concernant les conclusions de cette enquête, je voudrais aussi signaler que nous nous sommes focalisés sur l’essentiel. Nous n’avons cité que les produits qui revenaient de manière récurrente dans les rapports transférés par les bureaux de wilaya du SNPSP.
On s’est abstenu d’évoquer, dans le rapport final, d’autres médicaments qui connaissent aussi une crise. Des produits prescrits aux patients ou aux parents de patients pour qu’ils puissent les acheter dehors ou à l’étranger afin de pouvoir se faire opérer, par exemple, dans les établissements publics de santé. Je pense que M. le DG de la PCH, avec tout le respect qu’on lui doit, n’a pas à parler des structures de la santé parce qu’il ne les gère pas directement. Avec cette enquête, nous avons voulu contribuer à apporter un éclairage et pour que les choses se fassent de manière plus logique, plus efficiente et plus correcte.
Notre objectif est d’interpeller les plus hautes autorités du pays, dont le président de la République sur les problèmes du secteur de la santé. Nous avons été contraints de faire ce travail. Je rappelle que tous ces problèmes ont été posés au ministre de la Santé par le SNPSP. Il y a des PV. Rien n’a été fait. La situation ne s’est pas améliorée. Bien au contraire.
Le DG de la PCH dit justement que la mission de son organisme s’arrête à la livraison du produit tout en faisant remarquer que les hôpitaux et les pharmacies doivent veiller à la traçabilité des produits…
Je pense qu’il est nécessaire de souligner qu’en matière de responsabilité, on est toujours sous la tutelle du ministère de la Santé avec ses directions centrales, ses sous‑directions et ses directions de wilaya. Les praticiens et les professionnels de la santé n’ont pas à assumer cette responsabilité. Ils n’ont pas à l’endosser à la place des autres responsables. Ce ne sont pas eux qui emportent le médicament. Ils ne sont pas dans la gestion des entrepôts, des stocks des médicaments ou dans la distribution. Les praticiens sont au bout de la chaîne. Ils sont au niveau de la prescription. Et en tant que prescripteurs, ils constatent que beaucoup de produits essentiels font défaut au niveau des structures, notamment aux urgences et dans des services hospitaliers.
Maintenant, le citoyen algérien, lorsqu’il se présente pour une consultation, pose la question suivante : « est‑ce que vous les faites ? Sinon orientez‑moi vers un laboratoire que vous connaissez ». Il s’adresse au privé. Nous sommes, de par ces pénuries et ces carences confrontés à une situation due à la mauvaise gestion.
Le SNPSP représente plus de dix mille praticiens à l’échelle nationale répartis sur trente‑deux wilayas. Nous avons en principe, une appréciation objective. Le DG de la PCH, qui parle au nom du ministre de la Santé, dit clairement qu’il n’y a pas de problème et que tous ces produits sont disponibles. Nous lui répondons que la responsabilité se situe toujours au niveau de l’autorité et donc du ministère de la Santé, avec tous ces démembrements.
On laisse entendre qu’il y a des médicaments qui sortent des hôpitaux et sont vendus au noir à l’extérieur. Qu’en pensez‑vous ?
Les praticiens de la santé publique sont des fonctionnaires. Nous avons un statut, un salaire et nous sommes soumis à une réglementation qui comprend un volet disciplinaire. Quand il y a des manquements, des dépassements ou des abus, parce qu’il s’agit d’accusations graves, il faut appliquer le règlement et surtout apporter des preuves. Et puis, le contrôle est de la responsabilité de l’employeur et non de l’employé. Nous interpellons d’ailleurs les pouvoirs publics pour que les mécanismes de contrôle qui existent soient activés afin que les choses fonctionnent correctement.
source:http://www.vitaminedz.com/les-fausses-declarations-d-ould-abbas/Articles_18300_462354_0_1.html