IL SE REDÉPLOIE À L’ÉTRANGER
La nouvelle vie de Chakib Khelil
Alors qu’on le croyait à la retraite, l’ancien ministre de l’Energie, Chakib Khelil, a surpris tout le monde en participant au cours de cette semaine à la conférence et exposition sur les secteurs minier et pétrolier en Mauritanie, en qualité de directeur non exécutif d’une société de droit britannique, Ame Trade. Cette société est le principal organisateur d’événements dans le secteur de l’énergie sur tout le continent africain.
Lors de la cérémonie d’ouverture de l’événement, Chakib Khelil est intervenu devant une assistance composée de représentants de grandes sociétés spécialisées dans les hydrocarbures et les mines. Il a indiqué dans son allocution que la Mauritanie constitue l'un des pôles pétroliers et gaziers du monde, «ce qui suppose un intérêt accru pour elle et une éclosion de nouvelles idées visant à consolider l'investissement dans les domaines des mines et des gisements», a-t-il ajouté. Autrement dit, Chakib Khelil a expressément manifesté son intérêt pour accompagner l’investissement mauritanien en matière d’énergie.
Il travaille pour ses anciens clients
Ame Trade ltd est inscrite depuis le 12 janvier 2006, au registre de commerce sous le numéro 05672786. Son siège social est domicilié à United House 39-41, North Road à Londres. Son fondateur, Dan Coberman, est un ancien responsable au niveau d’ITE, une autre société britannique, spécialisée dans l’organisation des événements dans le secteur de l’énergie. ITE a longtemps travaillé en Algérie, avant le départ de Chakib Khelil. Le dernier événement en date est la participation à l’organisation du GNL16, organisé en 2010 à Oran. A travers Ame Trade, Chakib Khelil a reproduit le modèle utilisé auparavant par la société anglaise CWC, qui a dépouillé Sonatrach lors de l’organisation, en 2008, de la 4e semaine de l’énergie. CWC avait alors créé une jointventure algérienne (CAC) en association avec une société de communication qui était au bord de la faillite. L’accord conclu alors avec Sonatrach consistait à organiser l’événement et partager les revenus : 40% pour CAC-CWC et 60% des bénéfices devaient revenir à Sonatrach. Mais en réalité, CWC a encaissé sur ses comptes londoniens l’ensemble des participations des sponsors (des millions de dollars) et les frais de participation des sociétés étrangères et nul n’est en mesure d’évaluer les revenus de cette société. Par conséquent, Sonatrach ne pouvait réclamer plus que ce que lui offrait CWC. Ce modèle est actuellement reproduit par la société que dirige Chakib Khelil. Ame Trade ltd est l’organisateur de plusieurs événements en Afrique, en collaboration avec des sociétés locales, manquant d’expérience dans cette activité et de réseaux internationaux pour inciter les grands exposants à prendre part aux événements organisés. Du coup, il s’avère que Chakib Khelil a bien reproduit les arnaques dont était victime Sonatrach et le secteur de l’énergie. Aujourd’hui, plusieurs pays africains confient l’organisation de leurs événements énergétiques à Ame Trade qui a réussi à écarter ses autres concurrents sur le continent.
Sonatrach paye encore pour Chakib
Le plus impressionnant dans les activités de Chakib Khelil est sans doute l’événement qui sera organisé la semaine prochaine à tripoli en Libye. L’exposition est co-organisée par Ame Trade et une société locale, Waha expo, et on doit s’attendre à une participation limitée des entreprises étrangères, en raison de la situation sécuritaire qui prévaut dans ce pays, notamment depuis l’assassinat de l’ambassadeur américain. En dépit du fait que cet événement n’a aucun impact sur la vie énergétique dans la région du Maghreb, Sonatrach s’est impliquée en qualité de sponsor dans l’événement. Par conséquent, le chèque que devra remettre Sonatrach atterrira directement dans le compte d’Ame Trade, que dirige Chakib Khelil.
Mokhtar Benzaki