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divisé

  • Un système dans tous ses états

     

    Par : Mustapha Hammouche

    En théorie, l’Algérie est en phase préélectorale. La date de l’élection présidentielle étant connue, les prétendants devraient être en plein préparatifs pour remplir les conditions légales de leur candidature, finaliser le contenu de leur programme et organiser leur prochaine campagne.
    Non, au lieu de cela, et après avoir passé plusieurs semaines à scruter les déclarations des représentants du pouvoir pour y déceler des signes sur les intentions du Président sortant, on nous invite à suivre les péripéties d’une explication entre les deux centres de pouvoir.
    Tantôt présenté comme le résultat de leur connivence, tantôt comme celui de leur rapport de force, le pouvoir de demain dépendra donc de la manière dont l’antagonisme de ses acteurs, qui se manifeste aujourd’hui de diverses manières, se résoudra.
    Pendant que les sphères de pouvoir sont occupées à dépasser la contradiction à laquelle le régime est parvenu du fait même de sa nature clanique, quelque quatre-vingts postulants ont retiré les formulaires de souscription dans le but de s’engager dans la compétition pour la présidence de la République.
    La plupart de ces “candidats” ne se sont même pas fait connaître publiquement. Parce qu’ils n’y croient pas vraiment, ou parce qu’ils n’ont pas trouvé le moyen de se révéler au potentiel électorat. À moins qu’ils attendent, eux aussi, que se résolve la querelle en haut lieu en cours et que cessent les controverses révélatrices de la crise de régime. Le contraste entre l’affluence devant le guichet d’inscription des candidatures à l’élection présidentielle et la timidité des aspirants candidats est saisissant. Et beaucoup “bénéficient” de l’anonymat qui leur permet d’avancer à reculons. Comme s’ils craignaient de déranger un jeu auquel ils voudraient s’intégrer par effraction. Hormis quelques anecdotiques interventions dont l’on ne retient que les fantaisistes promesses, très peu de débuts de programmes ont été versés au débat public, ou ce qui en tient lieu, par les candidats à la candidature. Et même les bribes de messages émis sont couvertes par les éclats de voix des disputes au sommet.
    Finalement, il n’y a que ceux qui poussent à un quatrième mandat ou s’y opposent qui se permettent une certaine clarté de position.
    Et même là, des nuances apparaissent depuis que le sujet s’avère conflictuel au sein même des composantes du régime. Moins d’un mois avant la finalisation de la liste des candidats à la magistrature suprême, l’engagement des forces politiques et de leurs personnalités est suspendu à l’issue de cette question.
    Cet état de fait nous entraîne loin de la norme électorale. Les institutions ne sont là que pour tenter de décerner un caractère républicain à un mode de production du pouvoir fondé sur un système de compétition et d’alliances entre coteries. Jusqu’ici, les protagonistes ont su confiner leurs joutes dans des périmètres protégés. Mais, cette fois-ci, les affrontements semblent être trop violents et les enjeux trop grands pour qu’ils observent la sainte règle de la discrétion des affrontements de palais.
    La réalité d’un système qui manipule les attributs de la démocratie plutôt qu’il ne les cultive a éclaté au grand jour. Et nous en sommes les témoins accidentels, après en avoir été longtemps les victimes.

    M. H.