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  • Un système dans tous ses états

     

    Par : Mustapha Hammouche

    En théorie, l’Algérie est en phase préélectorale. La date de l’élection présidentielle étant connue, les prétendants devraient être en plein préparatifs pour remplir les conditions légales de leur candidature, finaliser le contenu de leur programme et organiser leur prochaine campagne.
    Non, au lieu de cela, et après avoir passé plusieurs semaines à scruter les déclarations des représentants du pouvoir pour y déceler des signes sur les intentions du Président sortant, on nous invite à suivre les péripéties d’une explication entre les deux centres de pouvoir.
    Tantôt présenté comme le résultat de leur connivence, tantôt comme celui de leur rapport de force, le pouvoir de demain dépendra donc de la manière dont l’antagonisme de ses acteurs, qui se manifeste aujourd’hui de diverses manières, se résoudra.
    Pendant que les sphères de pouvoir sont occupées à dépasser la contradiction à laquelle le régime est parvenu du fait même de sa nature clanique, quelque quatre-vingts postulants ont retiré les formulaires de souscription dans le but de s’engager dans la compétition pour la présidence de la République.
    La plupart de ces “candidats” ne se sont même pas fait connaître publiquement. Parce qu’ils n’y croient pas vraiment, ou parce qu’ils n’ont pas trouvé le moyen de se révéler au potentiel électorat. À moins qu’ils attendent, eux aussi, que se résolve la querelle en haut lieu en cours et que cessent les controverses révélatrices de la crise de régime. Le contraste entre l’affluence devant le guichet d’inscription des candidatures à l’élection présidentielle et la timidité des aspirants candidats est saisissant. Et beaucoup “bénéficient” de l’anonymat qui leur permet d’avancer à reculons. Comme s’ils craignaient de déranger un jeu auquel ils voudraient s’intégrer par effraction. Hormis quelques anecdotiques interventions dont l’on ne retient que les fantaisistes promesses, très peu de débuts de programmes ont été versés au débat public, ou ce qui en tient lieu, par les candidats à la candidature. Et même les bribes de messages émis sont couvertes par les éclats de voix des disputes au sommet.
    Finalement, il n’y a que ceux qui poussent à un quatrième mandat ou s’y opposent qui se permettent une certaine clarté de position.
    Et même là, des nuances apparaissent depuis que le sujet s’avère conflictuel au sein même des composantes du régime. Moins d’un mois avant la finalisation de la liste des candidats à la magistrature suprême, l’engagement des forces politiques et de leurs personnalités est suspendu à l’issue de cette question.
    Cet état de fait nous entraîne loin de la norme électorale. Les institutions ne sont là que pour tenter de décerner un caractère républicain à un mode de production du pouvoir fondé sur un système de compétition et d’alliances entre coteries. Jusqu’ici, les protagonistes ont su confiner leurs joutes dans des périmètres protégés. Mais, cette fois-ci, les affrontements semblent être trop violents et les enjeux trop grands pour qu’ils observent la sainte règle de la discrétion des affrontements de palais.
    La réalité d’un système qui manipule les attributs de la démocratie plutôt qu’il ne les cultive a éclaté au grand jour. Et nous en sommes les témoins accidentels, après en avoir été longtemps les victimes.

    M. H.

  • Le bois, une matière noble ?

     

    Par Maâmar Farah
    Si Tab Djenanou veut revenir dans son jardin, le prochain vote sera une simple formalité : le terrain est balisé et les millions de voix sont prêtes à s'engouffrer dans les urnes. Les lièvres connaissent parfaitement bien la gueule de bois des lendemains de scrutin. Ils ne seront pas dépaysés ! Mais alors, juste une question : pourquoi Saâdani attaque-t-il aussi violemment le patron des Services ? Eh oui, la caboche, ça sert à quelque chose et il faut faire fonctionner ses neurones des fois qu'ils se mettent à fléchir ! Seule la candidature de Bouteflika aurait uni les différentes composantes du pouvoir et si la guéguerre commence deux mois et des poussières avant le scrutin, cela veut dire que la perspective du 4e mandat s'éloigne de plus en plus. Logiquement, les lièvres peuvent se permettre d'espérer à nouveau, mais comme le Système aura finalement son candidat, la gueule de bois reste la seule garantie du 18 avril.
    Conclusion hâtive de votre serviteur : il y a probablement désaccord autour du nom du successeur, et là, mes frères qui n'êtes ni à Marseille, ni à Montréal, mais bien ici, à Draâ-El-Mizan, El Kala, Sebdou et El Attaf, priez, priez pour que la suite des événements se déroule dans le vide sidéral du Tanezrouft, là où la France coloniale a fait exploser sa bombe atomique ! Car leur explosif nucléaire à eux, et rien qu'à voir la gueule du drabki, risque de faire beaucoup plus de dégâts ! Tout ça pour un fauteuil en... bois !
    maamarfarah@yahoo.fr

  • Faut-il parler du train qui arrive à l'heure ?


    Par Maâmar Farah
    Des lecteurs m'en veulent de ne pas avoir commenté le jeûne collectif qui a regroupé, à Tizi-Ouzou, 3 000 personnes ; alors que 300 seulement ont assisté à la manifestation pour «la liberté de conscience» que j'ai évoquée dans un récent article. Pourtant, l'objet de mon écrit n'était pas de porter un jugement de valeur sur ce rassemblement, mais essentiellement de noter un changement dans l'attitude des autorités civiles et sécuritaires qui n'ont pas réprimé cette action. Cela méritait amplement d'être relevé d'autant plus que c'est la première fois depuis l'indépendance du pays que cela arrive.
    Quant à la contre-manifestation, c'est un peu l'histoire du train qui arrive à l'heure : faut-il en parler ? On reproche souvent à la presse de n'évoquer que les choses qui ne tournent pas rond ou qui surprennent. Je crois que c'est son rôle. Pourquoi évoquer une rupture de jeûne qui concerne aussi des millions d'Algériens, tous attachés à leur religion ?
    Il faut aussi savoir que si la première manifestation était dénuée d'arrière-pensées politiques, car animée par des défenseurs des libertés individuelles se réclamant de plusieurs chapelles, la seconde avait une couleur bien affichée : celle de l'intégrisme qui ne tolère aucun espace de liberté et qui a voulu, tout de suite, marquer son territoire, comme pour signifier aux citoyens athées, chrétiens ou autres, — une toute petite minorité pourtant —, qu'ils n'ont pas leur place en Algérie !
    maamarfarah20@yahoo.fr

    «Maintenant qu'il est recherché partout dans le monde, Farid Bédjaoui va se décider, enfin, à revenir au pays ! L'Algérie est le seul pays où il pourra se cacher... et jouir tranquillement de sa fortune... Saluons ce patriote qui va rapatrier des capitaux !»
    (Tata Aldjia)

  • La poudrière syrienne et le carnaval occidental

     

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    Kamal Guerroua, universitaire

    « La démocratie est le nom que nous donnons au peuple chaque fois qu’on a besoin de lui»

    Robert de Flers (1872-1927), dramaturge

     

      Pauvre Syrie ! Durant les 16 mois d’une révolte pacifique qui s’est transformé en conflit armé, le pays est presque en déliquescence. Les chiffres en sont là, éloquents, tristes et très pitoyables. Plus de 19 mille  morts et pas moins de 120 mille réfugiés selon les dernières estimations du H.C.R (le haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés), les pays limitrophes à savoir la Jordanie, l’Irak, la Turquie, et le Liban sont les choix de prédilection de ces naufragés d’une guerre civile sans merci. Ce qui est certain est que l’hémorragie interne de la Syrie a donné le là à un sauve-qui-peut général qui n’a guère trouvé d’accalmie depuis. Mais est-ce pour autant la fin de l’espoir pour un si beau pays ?

       En vérité, jusque-là, le conflit syrien reste un cas rarissime dans les annales de ce printemps arabe. Un véritable engrenage de violence qui est allé vite tourner au cercle vicieux. L’ivresse du pouvoir du clan d’Al-Assad et les petites contingences hexagonales qui annoncent l’imminence de la catastrophe ne sont pas près de leur épilogue. On est bien loin, semble-t-il, d’un scénario à la yéménite ou à la libyenne ou bien encore à l’égyptienne. Le soutien de la grande muette à la nomenclature damasquine est à bien des points indéfectible. La dissidence de l’A.S.L (armée syrienne libre), bien qu’efficace sur le terrain, reste pendue aux basques du soutien occidental, lequel tarde vraiment à venir ou ne viendrait pas du tout peut-être. Il est vrai que le positionnement stratégique de la Syrie en plein cœur du Moyen-Orient lui confère le statut peu enviable de «proie convoitée» aussi bien de l’orient que de l’occident. La première puissance à être attirée par ce manège hégémonique est inéluctablement la Russie, laquelle s’accroche à garder coûte que coûte main basse sur le port de Tartous, l’unique base militaire dont elle dispose comme relique de la guerre froide (1945-1990), après avoir perdu, bien sûr, celle de Lourde à Cuba en 2001, celle du Cam Ranh au Vietnam et plus particulièrement au lendemain de la chute de son premier allié stratégique dans la région en mars 2003, en l’occurrence le dictateur Saddam Hussein. Aussi serait-il judicieux de signaler au passage que les bouleversantes péripéties de la crise de Géorgie en 2008 ont remis au goût du jour le bras de fer entre les occidentaux et la Russie. Pour rappel, Poutine, à l’époque président, a mal digéré la décision du président géorgien de rejoindre l’O.T.A.N. En représailles, ce dernier s’est vu infléchir les foudres du Kremlin dès lors qu’il aurait entrepris d’occuper la région sécessionniste d’Ossétie du sud. C’est dire combien les russes ne seront jamais prêts à lâcher prise sur les enjeux géostratégiques en particulier celui de la Syrie, localisé au Moyen Orient de surcroît. Tout au plus, ce printemps arabe s’est incontestablement révélé un hiver pour eux vu que tous leurs clients sont déchus, malmenés ou carrément menacés par ce souffle de révolte sans précédent. Saddam était déjà pendu en pleine fête religieuse de l’Aïd en 2006, El-Gueddafi, lynché en public et à l’initiative des occidentaux par des foules ahuries et sans scrupules, Abdallah Salah ayant pris une honteuse retraite après une fronde sociale et politique des plus violentes que son pays ait connues jusqu’alors, l’Iran toujours sous les feux de la rampe médiatique et pire dans le collimateur des occidentaux pour sa présumée possession d’armes nucléaires et son enrichissement de l’uranium pour des fins militaires (un danger certain pour l’entité sioniste). Ce qui, convenons-en bien, ne fera plus l’affaire de la Russie, laquelle, rappelons-le bien, aurait signé un gigantesque contrat d’armement avec la Syrie en 2008 et la fâcheuse perspective de perdre son marché la rend plus que jamais attachée avec son allié traditionnel la Chine au droit de veto qui décidera du destin des syriens. Sous cette grille de lecture, la Syrie apparaît comme sa fille gâtée dans la mesure où la fin du régime sanguinaire d’Al-Assad signe sans doute l’arrêt de mort de son leadership au niveau international. La deuxième puissance en rapport étroit avec ce qui se passe actuellement en Syrie, c’est l’Oncle Sam. Barack Obama, en misant à fond sur la campagne électorale pour sa réélection  au  mois de novembre prochain, prend à revers les feux de détresse qui clignotent du côté de Drâa, Homs et Alep, Hillary Clinton quant à elle, n’aurait envisagé une intervention militaire en Syrie que sur la base d’une résolution onusienne alors que l’on sait d’expérience que les américains dérogent bien souvent à cette règle lorsqu’il s’agit d’un intérêt vital. C’est pourquoi, la récente découverte des charniers collectifs par les rebelles syriens n’a pas trouvé le langage de fermeté adéquat dans les couloirs de la maison blanche.

        Il semble bien que la petite Syrie est le moindre des soucis du récipiendaire du prix Nobel de la paix pour deux principales raisons, d’une part, il veut épargner la colère de ses compatriotes qui, très las des désastres afghan et irakien, voient mal la réédition d’une «farce interventionniste» à l’irakienne. D’autre part, ce syndrome de «diplomatie de connivence» dont a si bien parlé Bertrand Badie implique une certaine dose de complicité et du mutisme entre les grandes puissances sur des détails qui peuvent, le cas échéant, fâcher. Dommage! Ces grands discours que l’on prononce tout volontiers en Occident sur les droits de la personne humaine  ne sont au final que des salades et des entourloupettes impérialistes que les peuples du Tiers Monde ont avalés des décennies durant sans broncher. La troisième puissance intéressée au conflit syrien est Israël. Le plateau du Golan colonisé en octobre 1967 et les visées de sa rétrocession par la dynastie des Al-Assad seraient en cas de chute de celui-ci enterrés sous la sépulture de l’utopie démocratique du grand printemps arabe à moins que les données actuelles prennent un autre tournant décisif, c’est-à-dire, que les frères musulmans ou les salafistes arrivent à s’approprier les rênes du pouvoir sous l’ère post-Assad. La quatrième puissance qui est de loin concernée par le conflit syrien est bel et bien la France, laquelle aurait nettement changé de discours politique après l’accession de François Hollande à la présidence de la république. Celui-ci, contrairement à son prédécesseur qui aurait accueilli en juillet 2008 Bachar Al-Assad comme invité de marque aux Champs Élysées, comme il l’aurait fait d’ailleurs pour El-Gueddafi, entend implicitement pousser à ses derniers retranchements le clan d’Al-Assad. Comme geste symbolique mais non des moindres, il aurait dépêché en Syrie des équipes de secours et des aides humanitaires d’urgence. Mais le président Hollande marcherait-il sur les traces de cette fameuse «politique arabe de la France», initiée auparavant par le général de Gaulle (1890-1970) ou seulement rebondirait-il là où Sarkozy a failli perdre les pédales, c’est-à-dire, opérer de simples retouches tactiques? Force est de constater que la récente création de «la conférence des amis de la Syrie» sur le modèle de celle qui avait applaudi par ovations incessantes à la guerre menée par l’O.T.A.N contre la Libye nous laisse face à une politique française aux contours encore mal-définis.

       A dire vrai, toutes les gesticulations occidentales en cours s’accordent bien avec l’échiquier géostratégique du Moyen Orient car de l’autre côté du tableau l’on trouve que le quartet (Turquie, Qatar, Irak et Koweït) avec en plus le Liban agissent presque en coulisses pour une soi-disant «transition démocratique douce» en Syrie mais malheureusement sous les auspices des américains. L’alliance historique avec l’Oncle Sam pour la Turquie et la volonté de cette dernière de donner son coup d’éclat spécifique «laïcisant» au printemps arabe, l’odeur des pétrodollars et le désir ardent d’enduire la révolte démocratique des masses d’une couche d’islamisme politique pour le Koweït et plus particulièrement pour l’Arabie Saoudite et le Qatar dont le Roi Hamad bin Khalifa Al-Thani, devenu, l’espace d’un printemps, le bailleur de fonds par excellence des interventions militaires sur le sol arabo-musulman et la coqueluche des chancelleries occidentales, sont bien des motifs d’inquiétude régionaux. Les autorités saoudiennes, adeptes d’un «Islam rigoriste», tiré des enseignements du wahabisme, veulent contrecarrer le Hezbollah, de tendance chiite, confessionnellement et militairement proche allié du clan alaouite d’Al-Assad. De son côté, Hassan Nasrallah, sa tête pensante, se met sur la défensive en accusant implicitement l’Occident de vouloir installer au Liban-Nord, une base contrôlée par les salafistes syriens, soutenus par les saoudiens et des étrangers. Ce qui ouvre la voie, à ses yeux, à l’intrusion du réseau terroriste d’Al-Qaïda dans le jeu politique syrien. Mais ce qui est plus inquiétant par-dessus le marché est le fait qu’un scénario de partition de la Syrie est plus que plausible à l’heure actuelle, le nord avec Al-Assad, Hezbollah ainsi que l’Iran et le reste du pays sous la coupe des rebelles, des islamistes et des éléments d’Al-Qaïda. Certes avec la défection du premier ministre Riad Hijab qui s’est rendu en Jordanie et les 31 généraux déserteurs qui ont élu domicile en Turquie, le régime syrien «cette dictature à la tête de bœuf» comme dirait l’éditorialiste du Jeune Afrique Béchir Ben Yahmed en a pris un sacré coup, mais il n’en reste pas moins que la loyauté des alaouites et des autres minorités chrétiennes, druzes et kurdes lui servirait à la longue d’armure même si dernièrement on pressent le rejaillissement de ce lointain «rêve d’autonomie», longtemps étouffé chez les kurdes, cette minorité sunnite, victime des grands marchandages historico-politiques entre l’orient et occident au XIX et XX siècle. En dernière analyse,  on ne saurait qu’affirmer que la question qui taraude encore les esprits est si vraiment la grimpette vertigineuse de la fièvre révolutionnaire pourrait accélérer le dernier quart d’heure d’agonie du clan d’Al-Assad ou à tout le moins durcir le ton de la communauté internationale envers lui? Rien ne semble acquis pour le moment car la vulgate arabo-bâasiste conjuguée à «la paranoïa totalitaire» ainsi qu’au risque de faire usage des armes chimiques par les  sbires d’Al-Assad et enfin à l’hypocrisie occidentale, aurait déjà crée l’impasse dans le processus des pourparlers engagé par l’émissaire onusien Kofi Annan qui n’a trouvé autre meilleure solution que de jeter l’éponge en signe de lassitude face aux blocages répétitifs (intérêts très divergents entre les protagonistes et inertie onusienne). Chose qu’il n’avait, ironie du sort, pas faite lorsqu’il fut lui-même secrétaire général de l’O.N.U et au moment même où l’Irak de Saddam Hussein fut intensivement bombardée par l’Oncle Sam et la Perfide Albion avec les désastreuses conséquences que l’on connait sous prétexte de possession d’armes destruction massive, jamais retrouvées, et ce en totale violation de la légalité internationale! Pourquoi cette volte-face donc? Serait-il  un aveu d’impuissance, un désir de repentance ou Annan agit-il seulement sur ordre et injonctions de l’Occident? Et puis Lakhdar Brahimi, cet invétéré diplomate au parcours brillant rééditerait-il l’exploit des accords d’Al-Taef du 1989 ou se contenterait-il tout bonnement de gérer le statu-quo à sa guise? En attendant, la bataille d’Alep, ville considérée au demeurant comme le cœur économique de la Syrie, fait rage et l’horizon syrien reste  toujours brouillé de nuages et de grisaille.

       Kamal Guerroua, universitaire

  • ALGERIE:Europe complice du regime de banane qui nous gouvernent

    Elections législatives du 10 mai : ce que dit le rapport des observateurs européens



    EXCLUSIF – Les élections législatives du 10 mai se sont globalement déroulées dans de bonnes conditions, mais plusieurs éléments ont affaibli la transparence du scrutin : telles sont les principales conclusions du rapport de la mission d’observation de l’Union européenne dont TSA s’est procuré une copie en exclusivité. Parmi ces éléments, le rapport cite la multiplication des candidatures, la gestion du fichier électoral, une transparence insuffisante dans les phases de compilation des résultats, l’absence de publication des résultats détaillés, les performances « médiocres » des représentants des candidats, etc.

     

     

    Extraits des conclusions du rapport :

     

    1. La participation à cette élection de 44 partis politiques (dont 21 récemment accrédités) et de 18 listes indépendantes a permis d’élargir l’offre politique. Toutefois, cette multiplication des candidatures a conduit à un émiettement des voix, lequel, combiné à l’élimination des listes n’ayant pas obtenu cinq pour cent des suffrages au niveau de chaque wilaya, a favorisé les partis prédominants, notamment le Front de Libération Nationale (FLN) (…).

     

    2. Préalablement à cette élection, une révision du fichier électoral a été réalisée. Si les mécanismes de révision dudit fichier sont clairement établis par les textes officiels, le système d’enregistrement des électeurs présente certaines faiblesses structurelles, notamment en raison de l’absence de consolidation nationale du fichier électoral prévue par la loi. Dans ces conditions, la Mission constate que le fichier électoral ne peut pas faire l’objet d’un contrôle avéré de la part des partis politiques et candidats indépendants (…).

     

     

    3. L’organisation d’élections relève, en Algérie, de la compétence de l’administration d’État, principalement du Ministère de l’Intérieur et des Collectivités Locales (MICL). Celle des élections législatives a été généralement efficace grâce à une bonne préparation technique et logistique.

     

     

    4. La campagne électorale s’est généralement déroulée dans le calme malgré quelques incidents. Elle n’a cependant pas suscité d’enthousiasme. La Mission relève que les partis de l’Alliance présidentielle ont été les plus actifs, disposant notamment de moyens plus conséquents. La loi ne prévoit pas de financement préalable mais un remboursement partiel pour les listes ayant recueilli au moins 20 pour cent des suffrages. Ce seuil trop élevé favorise les partis les mieux implantés et disposant au préalable de moyens financiers conséquents.

     

    5. Le jour du scrutin, la Mission a constaté une atmosphère généralement calme et ordonnée durant les opérations de vote, depuis l’ouverture jusqu’au dépouillement (…)
    6. Les phases de compilation des résultats, au niveau des commissions électorales communales, puis de consolidation, au niveau des commissions électorales de wilayas, se sont généralement déroulées dans le calme. Toutefois, la transparence des opérations, au sein des deux niveaux de commissions électorales, a été jugé insuffisante, notamment en raison d’une présence limitée des représentants des partis politiques/candidats, de l’absence dans un cas sur quatre du président de la Commission locale de surveillance des élections, de l’absence d’une remise systématique d’une copie certifiée des résultats aux représentants des partis politiques/candidats pourtant présents (17 pour cent des cas observés) et de l’absence d’affichage public des résultats au niveau communal dans 36 pour cent des commissions observées.
    7. Garde-fou essentiel pour assurer la transparence des scrutins, et donc l’acceptation des résultats, les performances des représentants des candidats ont souvent été jugées comme médiocres par les observateurs. Ils sont généralement restés passifs, même face aux failles observées ponctuellement pour préserver l’intégrité des scrutins ou bien le secret du vote.
    8. L’avancement de la présentation des résultats provisoires le 11 mai au soir par le MICL, uniquement par siège et par genre au niveau national sur la base des Procès-verbaux des 1 541 communes du pays et les 117 commissions électorales des circonscriptions diplomatiques ou consulaires, s’est produit au même moment où se poursuivait le travail de consolidation au sein des différentes commissions.
    9. L’absence de publication des résultats détaillés a affaibli la transparence de ce processus électoral, compliquant la lisibilité des sièges attribués qui ont alors fait l’objet de contestation par certains partis politiques et les représentants de la société civile (…)
    10. Le résultat obtenu par le FLN fait de ce parti le grand vainqueur des élections. Le taux de participation (43,14 pour cent) est en augmentation par rapport à 2007 (35,65 pour cent). Il convient cependant de souligner le nombre élevé de bulletins blancs/nuls, près de 1,7 million (soit 18 pour cent des suffrages) et qui traduit en partie un rejet de l’offre politique par les citoyens.
    11. La composition de l’APN demeure, dans ses grandes lignes, la même que celle élue en 2007. Les six principaux partis politiques ainsi que les indépendants y détiennent près de 90  pour cent  des  sièges (…)
    12. Le cadre juridique national des élections a été récemment modifié avec l’adoption de plusieurs textes, dont une nouvelle loi électorale en janvier 2012. Toutefois, certains vides juridiques persistent et un manque de précision et des faiblesses structurelles caractérisent certaines dispositions.
    13. L’adoption d’un nouveau cadre électoral, si proche de la date du scrutin, a imposé plusieurs difficultés organisationnelles à la CNISEL. Ces difficultés ont fait de la Commission nationale de supervision des élections (CNSEL) le principal garant du contrôle de la transparence et de la conformité du processus par rapport aux normes du droit interne et international. Cette dernière n’a pourtant pas supervisé les travaux des commissions électorales.

     

     

    14. La Commission nationale de supervision des élections a été relativement bien acceptée par les acteurs de ce processus électoral. Elle a agi de manière efficace et transparente. Toutefois, très peu de détails sur les recours judiciaires devant les tribunaux ont été, par la suite, rendu publics par le Ministère de la Justice. La MOE UE tient à souligner l’excellente collaboration avec la CNSEL.

     

    15. Trop peu d’éléments concernant les recours devant le Conseil constitutionnel et ses décisions ont été fournis ou publiés. Or la période de recours s’est achevée avant même que les résultats, susceptibles d’être contestés, aient été publiés en détails, affectant alors la transparence du processus
    16. Durant les opérations de vote, un manque évident d’information a pénalisé les différents acteurs concernant le lieu pour introduire d’éventuels recours ou observations, créant ainsi une certaine confusion (…)
    17. Le cadre juridique offre certaines garanties pour la protection des droits humains. Elles ne sont pas toujours respectées dans la pratique. Alors que les partis politiques ont été encouragés à intensifier leurs campagnes à travers le pays, le droit de manifestation a été limité particulièrement à Alger. Les arrestations des militants syndicaux et des jeunes partisans du boycott des élections ainsi que la condamnation récente d’un défenseur des droits humains exercent un rôle dissuasif sur la mobilisation de la société civile. 
  • no moment

    Dilem du 09 Avril  2012

  • foutez -nous la paix excellence ambassadeur

     

    L'ambassadeur des États-Unis à Alger, Henry S. Ensher

    Dès après la visite de la secrétaire d'Etat américaine, l’ambassade US à Alger a organisé des rencontres avec des acteurs de la société civile. Une semaine auparavant, alors que l'ambassadeur américain à Alger s'impliquait dans le scrutin, une université US avait organisé un débat sur "l'exception de l'Algérie au printemps arabe".

    Slon le quotidien El Khabar, dans son édition d’aujourd’hui, l’université américaine Johns-Hopkins a organisé jeudi dernier, en association avec le centre des relations transatlantique, un débat sur "l’exception de l’Algérie au printemps arabe". Étaient invités au débat, Eric Goldstein, de l’organisation Human Rights, Daniel Seroper et Daniele Moro du centre des relations transcontinentales ainsi que M. Alex Areav du centre de recherche dans les affaires du Congres, et John Antill de l’université de Fordham. Les experts américains ont déterminé les raisons principales pour lesquelles l’Algérie a fait exception à la règle et n’a pas suivi la vague de révoltes du printemps arabe, par le fait que les revendications soulevées dans les manifestations en Algérie ne sont pas sorties de leur caractère social ou économique.

    En évoquant l’exception de l’Algérie qui n’a pas subi l’onde de choc des Révolutions arabes, M. Eric Goldson de l’organisation Human Rights, évoque l’embellie financière dont bénéficie l’Algérie et qui, selon son analyse, garantit la pérennité du régime algérien, faisant allusion aux augmentations de salaires décrétées par le gouvernement algérien pour différentes franges de la société.

     

    Lors de sa visite éclair à Alger, la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, dans le contexte des réformes de Bouteflika et du scrutin législatif du 10 mai prochain, a rencontré des jeunes Algériens diplômés représentatifs, à ses yeux, d’une société civile en peline mutation et avec lesquels elle s’est entretenu sur les perspectives socioécomiques de l’Algérie dans le cadre d’une démocratie moderne et responsable, hors des contingences politiques.

    Faut-il établir un lien entre les observations retenues lors de ce débat par les experts et la récente visite de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton à Alger?

    Constatons que, dès après cette visite aussi courte que significative quant à l’attente de la Maison Blanche des politiques maghrébines en matière d’ouverture démocratique et des marchés de l’emploi, l'ambassade des États-Unis à Alger a initié d’autres rencontres avec d’autres représentants de la société civile algérienne sans informer les autorités algérienne sur cette initiative. Daho Ould Kablia, ministre de l’Intérieur, a estimé, lundi dernier, que ces rencontres pouvaient être considérées comme une forme d’ingérence dans les affaires de l’Algérie. Mais le ministre s’est gardé de condamner fermement l’attitude des Américains. Il a fait remarquer qu'"il n'existe pas de loi sanctionnant" un contact avec la société civile ou les partis politiques au niveau des ambassades. En fait, ce n’est pas la première fois que l’ambassade américaine à Alger est soupçonnée d’ingérence suite à des contacts avec des acteurs de la société civile. On se souvient qu’en 2008 déjà, en plein débat sur la révision de la Constitution et la réélection de Bouteflika à un troisième mandat, l’ancien ambassadeur Robert S. Ford a été accusé d’ingérence dans les affaires internes du pays.

     

    Abdelaziz Belkhadem, chef du gouvernement à l’époque, avait publiquement reproché à l’ambassadeur américain d’avoir reçu des associations et des partis politiques pour les échéances électorales en Algérie. Une initiative considérée par Belkhadem comme une transgression des règles et des usages diplomatiques. L’ambassadeur américain avait répliqué en publiant une mise au point. Les choses se sont calmées. Comme l’ont montré les câbles WikiLeaks publiés l’année dernière, le représentant américain avait continué à recevoir des personnalités politiques et des représentants de la société civile.

     

    Récemment, l'ambassadeur des États-Unis à Alger, Henry S. Ensher, s'est impliqué dans la campagne électorale, invitant d'une manière franche les Algériens à se rendre aux urnes le 10 mai prochain. "Si les gens ne participent pas aux prochaines législatives, ils n'auront aucune possibilité d'influencer les décisions qui seront de toute façon prises et qui auront un impact direct sur eux", a déclaré Henry S. Ensher, dans un entretien accordé au journal électronique TSA. 

     

    A quelques semaines des législatives, l'initiative de l'ambassade US à Alger n'est pas innocente quant au but recherché auprès des acteurs de la société civile algérienne dont les appels au boycott des législatives du 10 mai se multiplient et se renforcent à mesure que se rapproche l'échéance.

     

    R.N.

  • L’ambassadeur des Etats-Unis à Alger nous conseille d’aller voter massivement le 10 mai prochain

    La Famille !
       
    Par Hakim Laâlam 
    Email : laalamh@yahoo.fr
    .
    Il peut pas envoyer un SMS,
    comme tout le monde ?

    La Famille ! Il faut prononcer ce mot avec un léger accent italien. Et pas de n’importe quel coin de l’Italie. Non ! Prenez plutôt un accent typique de la Sicile, voire même de la Calabre. La Famiglia ! Voilà ! C’est ça ! On croirait presque entendre Al Pacino demander à son père Marlon Brando-Don Vito Corleon «Padre ! Dois-je passer un accord malgré tous ces meurtres ?» Et le chef du clan de répondre : «Oui mon fils ! Passe cet accord, il est nécessaire pour le clan. Il est vital pour la Famille.» Oh ! Et puis à la limite, laissez tomber l’accent italien. Un accent algérien, bien de chez nous, fera tout aussi bien l’affaire ! Pourquoi aller chercher ailleurs ce qui se fait «excellemment» chez nous, hein ? Le chef du clan siffle les dirigeants des différentes familles qui le composent et leur demande de se réunir autour de la table, dans la salle feutrée des conciliabules. Il leur ordonne avec sa voix caverneuse de se rabibocher, de rengainer les guns et de s’embrasser, sur la bouche, s’il le faut, en y mettant la langue, si besoin ! Ah ! Oui ! J’avais oublié ! Vous avez pensé à mettre la musique qui va avec, j’espère ? Très important, la zizique ! Des cordes, beaucoup de cordes. Des tambours, quelques tambours. Des cymbales, une pincée de cymbales comme pour marquer de leur tintement la fin du bal des cocus. La Famille peut se détester. La Famille peut se haïr. La Famille peut s’écharper. La Famille peut s’étriper. La Famille peut se dézinguer à tout va. Mais, à la fin, la Famille se reforme, monstruosité visqueuse en appétence permanente. Car la Famille sait ce qui peut la détruire irrémédiablement. Les vents nouveaux en premier. Les saisons ensuite, surtout le printemps. Alors, la Famille resserre ses rangs ensanglantés. La Famille serre les dents quitte à s’en péter les molaires. La Famille rabaisse le chien du flingue et range les dagues. Car le Parrain l’a décrété. Lui, le gardien des valeurs de la Famille. Et quelles valeurs ! PERENNITE ! Le Parrain sait qu’il doit faire taire les guerres pour garder la Famille au sommet, les rênes du commandement en mains. Alors, tous les membres sont sommés de se donner l’accolade. Bessif ! Bouss Khôk ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
    H. L.