Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

drones

  • Des drones pour piloter les ministres

     

    Taille du texte normaleAgrandir la taille du texte 

    Non, ce n’est pas rentable.» Telle est la réponse économique d’un inamovible ministre, transporté de ministère en ministère pour finalement atterrir aux transports. A la question de la création d’une compagnie aérienne low cost pour compenser les tarifs exorbitants des billets d’avion sur l’intérieur et l’extérieur, M. Tou a tout dit. L’Etat ne laissera pas de compagnies privées activer et n’en créera pas elle-même. La question était évidemment mal posée puisque le secteur du transport aérien est toujours géré comme l’électricité, le nucléaire et tout autre domaine de souveraineté nationale.

    De l’open sky, repoussé perpétuellement par l’Algérie, au blocage des compagnies privées algériennes depuis l’épisode très aérien de Khalifa, le ciel national est l’un des rares au monde à être aussi fermé. C’est l’équation du tout- Etat qui fait tout ou veut tout faire, avec ou sans Tou, et ne laisse le privé activer que sur des fourgons pour résorber le flux de voyageurs qu’il ne peut gérer. La question n’est donc pas économique, elle est politique. La Turquie, le Maroc et bien d’autres pays similaires ont des compagnies privées qui maillent leurs régions, tout en autorisant d’autres compagnies étrangères à desservir leur pays aux tarifs qu’ils décident eux-mêmes, au plus grand bénéfice des voyageurs. Et justement, c’est très rentable économiquement, en taxes et frais d’aéroport, en investissements, carburant, maintenance et emplois créés.

    Seul contre-argument, les défenseurs du monopole disent que sur Air Algérie, on vous sert à manger. Une réponse rejoignant le syndrome du tube digestif qui soutient entre autres que l’Algérien est prêt à payer un billet d’avion 4 fois son prix pour un bout de poulet froid à bord. L’Algérie, plus grand pays d’Afrique, aurait tout à gagner à ouvrir son ciel. Dernière question, économique : depuis le temps qu’il est ministre, M. Tou est-il rentable ?

     

    Chawki Amari
  • La guerre en lybie avec drones aura bien lieu .Enfin,Pourquoi les avoir caché? laisser la population mourir!!!!

     

    Le drone avait surgi [...]. Une libellule géante de carbone et de réfractaire noir longue de trois mètres, dotée de deux ailes ultracourtes, d’une dérive et de deux microrotors. D’une batterie de senseurs thermiques. D’un canon rotatif de 14,5 mm [...]. Et du sang-froid des machines. Les senseurs étaient en action, les lumières rouges caractéristiques clignotaient sous sa tête bombée d’hydrocéphale tueur [...]. II y eut simplement un éclair blanc [...]. Et le bruit terrifiant du canon vrilla l’atmosphère » : dans son roman Babylon Babies (Gallimard, La Noire, 1999), l’écrivain « cyberpunk » Maurice G. Dantec décrivait de manière saisissante l’entrée en action d’un drone de combat dans un futur proche (2013), ravagé par une guerre sans fin.

    Expérimentés pour la première fois par les Américains au Vietnam, puis par les Israéliens au Liban, ces avions « non habités » - que l’on appelle aussi « UAV » (unmanned aerial vehicles) ou « UCAV » (unmanned combat aerial vehicles) - sont longtemps restés des armes secrètes. Mais depuis le 11 septembre et la guerre en Irak, les drones passent au journal de 20 heures et leur technologie a fait des pas de géant. Téléguidés depuis le sol par un opérateur maniant un « joystick », ils sont désormais capables de décoller et d’atterrir automatiquement et communiquent aussi bien avec les satellites qu’avec les fantassins dans le cadre de la « bulle opérationnelle aéroterrestre » chère aux stratèges de la guerre en réseau. Et demain, ils agiront peut-être de manière autonome comme des robots...

    « Search and destroy »

    La réalité a largement rattrapé la science-fiction : en Irak, en Afghanistan et ailleurs, l’armée américaine emploie aujourd’hui en permanence 700 drones, dont les fameux Predator et Global Hawk, pour tenter de désbusquer un ennemi insaisissable. Conçus pour l’observation et le renseignement, ces inquiétantes machines volantes servent aussi désormais à des missions de type « search and destroy » : la CIA et le Shin Beth israélien ont déjà utilisé des « drones tueurs » pour éliminer d’un tir de missile des « terroristes » en vadrouille... « Le Predator a effectué 70 % de ses heures de vol en opérations », précise le colonel John Porter, un ancien pilote de la Navy recruté par General Atomics. Bref, la guerre des drones a bel et bien commencé(...).

    Du microdrone Nanoflyer (il ne pèse que 2,7 grammes et tient dans la main), au drone géant Global Hawk (dont l’envergure de 34 mètres est celle d’un Airbus A320), en passant par le petit drone-hélico Scorpio de Survey Copter... il y en a pour tous les goûts(...).

    Le marché des drones militaires est encore naissant, mais il devrait représenter de 4 à 5 milliards de dollars d’ici à 2010, dont un tiers en dehors des Etats-Unis, estiment les spécialistes. La Délégation générale pour l’armement (DGA) a ainsi recensé 300 programmes d’UAV et UCAV à travers le monde. Et à terme les armées européennes auront besoin d’au moins « 400 drones tactiques, 120 drones de longue endurance et une centaine de drones de combat »...

    Missions de combat

    Les drones, qui peuvent ressembler à des maquettes d’aéromodélisme pour l’oeil non averti, ne manquent pas d’arguments pour séduire les militaires. Bourrés d’électronique, dotés des systèmes optroniques les plus perçants (radars, caméras infrarouges et thermiques...), parfois armés jusqu’aux dents, ils peuvent remplir toutes sortes de missions jusque-là réservées aux avions habités : « Faire du renseignement aérien, tester les défenses adverses, servir à l’acquisition de cibles, mais aussi surveiller les frontières et les zones sensibles. Le tout à moindre coût et sans mettre en danger la vie d’un pilote », détaille en expert l’ingénieur général de l’armement Etienne Leray, chef du département drones à la DGA. « On peut envoyer des drones dans une »dirty zone” pour repérer ou détruire les défenses antiaériennes adverses et sécuriser l’espace aérien avant l’intervention d’avions de combat", précise Yves Robins de Dassault Aviation.

    Pour les militaires, l’aspect financier compte tout autant que l’aspect humain. Le système de drone d’observation SIDM qui vient d’être livré par EADS à l’armée de l’air française a coûté 41 millions d’euros pour trois avions sans pilotes « Eagle 1 », avec leurs équipements d’observation et la station de pilotage au sol. Et l’armée de terre a déboursé 90 millions d’euros pour 18 drones tactiques « Sperwer » achetés à Sagem (groupe Safran). A titre indicatif, un avion de combat de nouvelle génération peut coûter jusqu’à 80 millions d’euros pièce... sans la formation du pilote. Autre avantage des UAV sur les avions pilotés : leur endurance de machine. « Les drones peuvent rester en vol plus de 24 heures, alors que les pilotes les plus entrainés effectuent rarement des missions supérieures à 4 heures », explique Dominique Isambert, en charge des ventes du système Eagle chez EADS. L’intérêt est évident pour les militaires : disposer en permanence d’images en temps réel au-dessus d’un objectif, sans risquer de perdre un pilote. Les drones américains ont ainsi cherché pendant des mois, sans succès, les fameuses « armes de destruction massive » de Saddam. Et certains se sont fait « shooter » par la DCA irakienne...


    Un marché potentiel énorme

    La plupart des armées modernes ont donc commencé à s’équiper en UAV. Mais cette nouvelle arme n’est pas réservée aux grandes puissances : le hezbollah libanais a récemment fait voler un drone au-dessus d’une position israélienne. Le marché potentiel est énorme : à eux seuls, les Etats-Unis vont dépenser 15 milliards de dollars pour équiper leurs forces armées en drones. Et la très secrète Defense Advanced Research Projects Agency (Darpa) prépare « l’avion de combat robot du futur » avec les programmes X-45 (Boeing) et X-47 (Northrop).

    Evidemment, l’Europe de la défense peine à suivre le mouvement. Mais dans cette nouvelle course à l’armement, les Français ne sont pas forcément en retard : Thales a décroché le contrat de drone d’observation Watchkeeper (900 millions d’euros) auprès de l’armée britannique grace à un joint-venture avec l’israélien Elbit. Et Sagem (groupe Safran) a déjà vendu une centaine d’exemplaires du Sperwer à l’armée française et à l’export (Pays-Bas, Danemark, Canada, Grèce, Suède). Résultat : un chiffre d’affaires drones de 75 millions d’euros l’an dernier. « Cela fait trente ans que la France travaille sur les drones, rappelle Richard Priou, spécialiste du secteur à la DGA. Dans les années 80, nous avons acheté des engins canadiens et israéliens. Puis les premiers drones tactiques français Crécerelle et Sperwer sont arrivés. Aujourd’hui, nous mettons le turbo avec le programme de drone d’observation Euromale confié à EADS et le démonstrateur de drone de combat Neuron piloté par Dassault », explique-t-il.

    Lancé en 2004, le programme Euromale (pour moyenne altitude longue endurance) - un drone qui sera capable d’effectuer des missions de 24 heures à 15.000 mètres - est une initiative française à dimension européenne : la France financera plus de la moitié des 300 millions d’euros nécessaires au programme (75 millions sur le budget de la Défense et 100 millions pour EADS). Reste à convaincre les autres partenaires potentiels (Espagne, Italie, Grèce, Finlance...) de mettre la main au porte-monnaie. Le maître d’œuvre EADS et ses sous-traitants (Dassault, Thales et Safran) prévoient un premier vol dès 2008 pour une entrée en service à l’horizon 2010-2012.

    Un démonstrateur de drones

    La philosophie du projet Neuron, initié au Bourget 2003, est très différente : il s’agira d’un démonstrateur de drones de combat qui volera un jour (2010 ?), mais n’a pas vocation à équiper les forces armées. « Il s’agit de préfigurer l’avion de combat du futur, sans que l’on sache encore s’il sera piloté ou non. Le grand intérêt du programme sera de faire avancer la recherche sur la furtivité, l’armement et l’insertion de ces engins dans la guerre en réseau », explique Yves Robins, de Dassault. Le projet Neuron associera Thales. Mais il permettra surtout de faire travailler les bureaux d’études de l’avionneur, menacés de chômage technique après le Rafale. Là encore, le programme sera doté de 400 millions d’euros, dont la moitié supportée par la France : le reste du financement sera apporté par la Suède (Saab), la Grèce (HAI), la Suisse (Ruag), l’Espagne (EADS Casa) et l’Italie (Alenia). Pour Etienne Leray de la DGA, Euromale et Neuron « vont permettre à la France de se doter d’une véritable industrie des drones tout en contribuant à l’Europe de la défense ».

    Mais certains industriels français sont moins optimistes : « Si l’Europe n’injecte pas beaucoup d’argent et vite dans les drones, nous allons prendre beaucoup de retard sur les yankees », dit l’un d’entre eux. Directeur délégué défense du groupe Safran, Gérard Lepeuple nuance : « Sur le plan technologique, nous n’avons rien à envier aux Américains. Maintenant, il faut que s’exprime une vraie demande de la part des forces armées européennes. » Mais les industriels européens devront sans doute miser aussi sur le marché naissant des drones civils.

    Un siècle après le vol inaugural des frères Wright, le monde de l’aéronautique se prépare donc à une nouvelle révolution. Pour l’heure, la machine n’a pas encore pris les commandes. Mais les experts se demandent si demain il y aura encore « un pilote dans l’avion ». « On aura toujours besoin de pilotes qu’ils soient au sol ou à Mach 2 », estime Yves Robins, de Dassault. Pour lui, « les avions multirôles comme le Rafale effectueront des missions de concert avec les engins sans pilote »(...).

    - La Tribune