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Algérie : Le régime algérien craint que l’armée bascule du côté du peuple
Djameleddine Benchenouf
9 septembre 2011
Par Djamaledine Benchenouf
L’évidence est aveuglante, en effet. Ce régime est en fin de ressources, et il le sait lui-même. Mais lui est aveuglé par les propres tares, la voracité, et la mégalomanie de ses barons. Aujourd’hui, épouvanté par les révolutions populaires qui ont fait vaciller, puis s’effondrer les régimes despotiques voisins, ce régime, plutôt que de prévenir une révolution violente, et de se résigner à rendre les clés de la maison, à son véritable propriétaire, le peuple algérien, il n’est préoccupé que d’une seule et unique inconnue: chercher à savoir, coûte que coûte, ce que sera la réaction de l’armée en cas de soulèvement populaire, et se la concilier, par tous les moyens.
C’est pour cela qu’il a très mal perçu la réaction des armées tunisienne et égyptienne. Il aurait voulu que celles-ci tirent sur les manifestants, qu’elles les empêchent de chasser les despotes qui les broyaient.Aujourd’hui, il n’est obnubilé que par cette question. Rien ne le préoccupe davantage. Parce que hormis cette inconnue, il croit avoir pris toutes les précautions utiles. Les effectifs sécuritaires, entre policiers, gendarmes et miliciens, qu’il a alignés pour une répression programmée dans ses moindres détails, les augmentations de salaires exorbitantes, avec effet rétroactif sur trois années, qu’il a consenti à tous les policiers, gendarmes et militaires, les armements et une batterie ahurissantes de moyens qu’il a mis en place, pour réprimer toute velléité populaire de soulèvement, ne souffrent que d’un seul impondérable: La réaction de l’armée.Et les rumeurs qui circulent depuis plus de deux mois, dans des milieux d’officiers algériens ne sont pas pour le rassurer. Des milliers d’officiers font savoir, en effet, à leur manière, et au sein de leur propre institution, que le régime ne devra pas les solliciter pour faire tirer sur la population, et que bien au contraire, s’ils estiment que le peuple est l’objet d’exactions qui passent la limite de la légalité, leur camp naturel serait du côté de leur peuple. Comme en Tunisie, et comme en Egypte. Et c’est là le principal problème de l’heure pour le régime, le seul et le plus important en l’occurrence, qui est totalement tabou, et qu’aucun média n’a seulement évoqué, serait-ce par allusion.C’est cela en effet le problème qui empêche les barons du régime de dormir, et qui les pousse à des attitudes qui frisent la panique, comme de déplacer leurs capitaux des banques américaines et européennes pour les placer dans les pays du Golfe, au Venezuela et autres pays receleurs.En ce moment même, il règne au sein de l’armée algérienne un climat de chasse aux sorcières, où le DRS joue le même rôle que dans les années 90 où il lançait des traques qui finissaient souvent en assassinats, contre tous les officiers suspectés seulement d’avoir des sympathies islamistes. Aujourd’hui il n’a plus les moyens de ses turpitudes, et il ne peut plus faire assassiner une majorité de jeunes officiers. Trop nombreux, en une période qui n’est plus aussi permissive que pendant la décennie rouge. Mais il tente de leur faire peur, en même temps qu’il tend la carotte aux plus charismatiques d’entre-eux.Mais tant va la cruche à l’eau. Lorsqu’un régime s’est imposé par la peur et le carnage, et qu’il ne peut plus se livrer à de telles extrémités, ceux qui se taisaient, ou qui se terraient, parce qu’ils craignaient pour leur vie, s’enhardissent et se manifestent de plus en plus ouvertement. Et ceci entraînant cela, le nombre des officiers qui affichent leur ralliement à leur seul peuple, comme on brandit un étendard, devient de plus en plus massif.Le régime est effrayéC’est cela qui a jeté l’effroi dans le cœur des barons du régime. Car l’armée était leur principale garantie de survie. Aujourd’hui, ils ne craignent pas seulement que l’armée ne se range pas de leur côté, contre le peuple, mais ils savent, sans l’ombre d’un doute, que si le soulèvement est massif, l’armée algérienne serait à l’avant garde de la révolution. C’est cela le nombre d’or de la formule, si je puis dire. Et c’est pour cela qu’il nous faut multiplier les appels à nos frères officiers, sous-officiers et hommes de troupe.De leur engagement à nos côtés dépend la suite des évènements. Il suffirait qu’ils fassent connaître massivement leur intention de rallier la cause du peuple pour que ce régime abdique. Car les exemples des despotes qui ont été balayés sont là pour lui rappeler qu’il est de son intérêt, celui des barons qui le composent, de leurs clientèles et de leurs parentèles, qu’ils remettent les clés de la maison à son véritable propriétaire. De façon franche et irrévocable. Sans chercher à tergiverser, ni à ruser. Le temps n’est plus au replâtrage, mais à la démolition de tout l’édifice mafieux, et à l’avènement d’un Etat de Droit.Ces barons du régime peuvent épargner au pays, et surtout à eux-mêmes, de lourdes conséquences. Les situations comme celles que vit notre pays, lorsqu’elles dégénèrent, peuvent devenir incontrôlables. Elles peuvent déboucher sur des tragédies immenses. C’est à eux qu’il appartient aujourd’hui de rendre ce pays à son peuple. Il leur sera tenu compte de cette sage résolution, si elle se produit. Et ils pourront peut-être jouir du fruit de leurs rapines, si le peuple le leur permettra, pour avoir su éviter de faire couler son sang. Sinon, le peuple algérien et son armée sauront qui aura été le principal responsable de toute tragédie qui viendrait endeuiller, encore une fois, les Algériens. Et ils sauraient que toutes les souffrances inutiles qui auront été infligées au peuple n’auront été dictées que par le désir de s’accrocher au pouvoir, juste pour pouvoir continuer à piller le pays, au prix d’un fleuve de sang. A Dieu ne plaise !D.B