Il a affirmé que Jérusalem est la capitale d’Israël
Obama cède sous la pression du lobby pro-israélien
Par : Djamel Bouatta
Après la convention des républicains en Floride, celle des démocrates en Caroline du Nord a offert à son tour la saisissante illustration de l'emprise du lobby pro-israélien sur la politique arabe des États unis.
Le parti d'Obama a réintroduit en dernières minutes une référence à Jérusalem comme capitale de l'État juif. Cerise sur le gâteau dans la campagne électorale du premier président noir des Amériques pour un second mandat. En surenchère avec son rival Mitt Romney, le milliardaire le plus à droite des républicains, Obama a particularisé son discours d’investiture par plus de référence à Dieu et surtout, plus de référence à Jérusalem. “Jérusalem est et restera la capitale d'Israël”, a-t-il martelé dans l’immense salle chauffée auparavant par sa compagne Michelle et l’ex-président Clinton. En enfonçant le clou, Obama espère, dit-on dans son entourage, se réserver le vote juif, traditionnellement plutôt démocrate, lors de la présidentielle du 6 novembre. Le scrutin s'annonce serré et les rajouts d’Obama sur le statut de Jérusalem et “la foi et la croyance en Dieu, centrale dans notre pays” (États-Unis, ndlr), n’ont pas fait l’unanimité dans la convention démocrate. Pour arracher les deux tiers des voix nécessaires à leur adoption, le maire de Los Angeles, l’hispanique Antonio Villaraigosa, président de la séance, a dû s'y reprendre à trois fois, les “oui” et les “non” s'équilibrant dans une salle houleuse ; lorsqu’il a annoncé leur adoption, des sifflets ont fusé. Beaucoup de démocrates ont souhaité voir mentionner également Jérusalem-Est comme capitale de l’État de la Palestine… Mitt Romney, qui a constamment affirmé qu'il considérait Jérusalem comme la capitale d'Israël, avait lui fait plus grand en se rendant à Jérusalem pour faire allégeance aux sirènes israéliennes. La presse devait, à cette occasion, révéler les dessous de son aveugle alignement sur Netanyahu et autres faucons anti-palestiniens : sa campagne est financée par un juif américain dont la fortune provient de casinos en Asie et qui est menacé par les services des impôts de Washington pour fraude fiscale. Mitt Romney est lui aussi loin d’être ce capitaliste “nationaliste” que son parti tente de vendre aux Américains dépouillés par la crise. Le cri d’Obama n’a pas échappé au puissant relais d’Israël aux États-Unis, l'American-Israël Public Affairs Committee (Aipac), ce groupe de pression qui se targue de faire adopter chaque année 500 pièces de législation favorables à Israël. Par ailleurs, pour couper l’herbe sous le pied de Romney, Obama avait réactualisé le traité militaire américano-israélien lorsque son rival foulait le tarmac de Tel-Aviv. Malgré cela, en Israël, c’est le doute. Reuven Rivlin, le président du Parlement israélien, membre du Likoud, le parti de Netanyahu, a qualifié la modification du programme démocrate par Obama de pure propagande électoraliste. “On nage en pleine hypocrisie puisque, pas plus que George Bush, Barack Obama n'a osé transférer de Tel-Aviv à Jérusalem l'ambassade des États-Unis en Israël”, a-t-il rappelé. Cela dit, les Palestiniens savent à quoi s’attendre d’Obama II s’il venait à garder les clefs de la Maison-Blanche