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exploitation

  • Youcef Yousfi prône l'exploitation du gaz de schiste

    Par Le Matin

    Le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures permettrait de couvrir les besoins énergétiques de l’Algérie à long terme à travers l’intensification des activités d’exploration et de forage des hydrocarbures conventionnels et non conventionnels, estime le ministre de l’Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi.

     

    Youcef Yousfi entend exploiter le gaz de schiste. Youcef Yousfi entend exploiter le gaz de schiste.

     

    L’exploitation de gaz de schiste en Algérie est "une option pour le très long terme" qui peut aller à l’horizon 2040, avait affirmé fin novembre dernier le Premier ministre Abdelmalek Sellal, lors de la réunion avec les représentants du patronat et de la centrale syndicale UGTA. Qu'est-ce qui a changé depuis pour que le ministre de l'Energie fasse la promotion de ce gaz non conventionnel et l'inclue dans l'avant projet de loi sur les hydrocarbures ? En effet, M. Yousfi a indiqué en réponse aux questions des députés sur le projet de loi présenté mardi à l’Assemblée populaire nationale (APN) que la couverture des besoins du pays en énergie "est une priorité" pour les autorités algériennes, ajoutant que "la réflexion sur l’avenir des générations futures et la mise en place des moyens nécessaires pour garantir le bien-être et la prospérité de ces générations relèvent désormais de la responsabilité de tous".

     

    Dans une belle leçon de démocratie dont le gouvernement a le secret, le ministre refuse de tenir compte des avis contraires au sien concernant l'exploitation du gaz de schiste. Mieux, il a appelé les députés à "ignorer les voix émanant d’outre mer appelant à s’abstenir d’exploiter les hydrocarbures non conventionnels sous prétexte de leurs conséquences néfastes sur l’environnement et sur les réserves du pays en eau". Puis a réaffirmé la mobilisation à moyen et à long termes de toutes les ressources énergétiques conventionnelles et non conventionnelles, renouvelables et alternatives. Pour faire passer la pilule de l'exploitation du gaz de schiste, Yousfi avoue que "les réserves actuelles en hydrocarbures conventionnels ne sont pas énormes à long terme". 

     

    Dans son argumentaire, le ministre a reconnu que les besoins du pays en hydrocarbures conventionnels ne suffisaient pas à satisfaire les besoins des générations futures, M. Yousfi a indiqué que "nous devons ignorer les propos de ceux qui polluent le monde et nous demandent ensuite de préserver l’environnement". Le ministre se défausse et ajoute : "l’Algérie n’est pas responsable de la pollution qui touche le monde".

     

    L'arme de la peur

     

    "A l’horizon 2030, notre consommation en produits énergétiques se chiffrera entre 80 et 85 milliards de dollars par an. Si nos ressources conventionnelles venez à tarir et si nous décidons de ne pas exploiter les hydrocarbures conventionnels, comment pourrions nous régler cette facture sans un niveau acceptable d’exportations d’hydrocarbures", a averti le ministre. Le gouvernement entend utiliser l'arme de la peur pour faire passer le texte qui au demeurant, eu égard à la composition de l'APN, sera sans doute avalisé par les députés. Il a souligné que "les difficultés que connaissaient l’Algérie au milieu des années 90 pour assurer ses besoins en raison de la baisse des cours du pétrole mais également en raison du manque de moyens de production d’hydrocarbures durant cette période". A défaut de diversifier l'économie, le gouvernement persiste dans sa politique du tout-pétrole. 

     

    Le ministre a relevé dans ce cadre que les importations de l’Algérie au cours de l’année précédente sont estimés à prés de 60 milliards de dollars s’interrogeant sur "la valeur de nos importations à l’avenir avec la croissance démographique".

     

    M. Yousfi a affirmé en outre que l’exploitation d’un seul puit pour l’extraction du gaz de schiste nécessitait l’utilisation de 10 à 15.000 m3 d’eau pour appliquer la technique de l’hydrofracturation alors que le volume global des besoins de l’Algérie en cette source énergétique est estimé à environ 600 millions m3 sur les 40 prochaines années, sachant qu’il est possible d’extraire entre 80 et 85% de ces eaux utilisées en les réutilisant de nouveau. L’Algérie exploite annuellement 70 millions m3 dans l’extraction du pétrole, a-t-il précisé.

     

    Contre tous les avis de spécialistes de l'environnement, le ministre a souligné dans le même contexte que les produits utilisés avec l’eau dans la technique d’hydrofracturation "n’ont pas d’effets néfastes sur l’environnement", comme certains le pensent, affirmant que l’exploitation du gaz de schiste n’était pas un "cadeau empoisonné". La France, qui sera sans doute l'un des premiers clients de l'Algérie en matière de gaz non conventionnel a refusé d'exploiter ses énormes réserves de gaz de schiste pour les risques environnementaux que provoque la méthode d'exploitation de ce gaz. Manifestement ce qui est vrai en Europe ne l'est pas forcément en Algérie.

     

    Il a souligné enfin que le gaz de schiste était "en vérité une source énergétique conventionnelle mais les techniques de son extraction sont non conventionnelles, et par conséquent, il s’agit, lorsqu’on parle de conventionnel et de non conventionnel, non pas des hydrocarbures mais de technique d’extraction".

     

    Concernant l’utilisation de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques, le ministre a estimé que cela ne pourra se faire qu’à long terme car la réalisation d’une centrale nucléaire se fait en 15 à 17 ans ajoutant que l’Algérie ne pourra pas réaliser plus de deux stations dont le fonctionnement nécessite de grandes quantités d’eau. La France utilise annuellement quelque 40 milliards de m3 d’eau pour fournir son parc de stations nucléaires, a-t-il rappelé.

     

    M. Yousfi a cependant rappelé que plusieurs pays européens affichent des craintes quant à l’utilisation des énergies non conventionnelles aux plans régional et international pour son impact sur l’environnement et l’émergence de nouvelles sources alternatives.

     

    "Je ne dis pas que nous allons renoncer aux énergies renouvelables ou nucléaires, mais celles-ci ne couvriront pas les besoins énérgétique de l’Algérie", a indiqué le ministre soulignant toutefois que le développement des hydrocarbures non conventionnels était un choix incontournable pour répondre aux besoins en matière d’énergie et au financement des projets d’investissement. "Les hydrocarbures représentent jusqu’à 90% de nos besoins et nous n’avons pas d’alternative jusqu’à 2030", a-t-il encore indiqué.

     

    Concernant le rendement ces hydrocarbures, M. Yousfi a rassuré que les réserves de l’Algérie en gaz de schiste sont inépuisables et s’étalent "de Timimoune (Adrar) à In Salah (Sud-est) outre des poches à Tindouf et à Illizi avec une rentabilité d’environ 1,5 milliards de m3 de gaz par kilomètre, "c’est un taux important", a-t-il estimé.

     

    Pour ce qui est de l’emploi, le ministre prévoit que l’exploitation du gaz de schiste avec les activités énergétiques et industrielles y afférentes devront créer quelques 100.000 nouveaux emplois auxquels s’ajoutent les employés actuels dans le secteur des hydrocarbures estimé à près de 100.000 travailleurs. Abordant les activités d’exploration dans le cadre du renforcement des réserves du pays en matière des hydrocarbures, M. Yousfi a indiqué que l’année 2013 "verra le parachèvement des études sismologiques off-shore en prélude à l’exploration" ajoutant que les travaux d’exploration "seront entamés avec des partenaires brésiliens et que l’adoption par le parlement de la nouvelle loi sur les hydrocarbures constituera le cadre juridique de ces activités".

     

    Hamid A./APS

  • Algerie:Exploitation des gaz de schiste La société civile exige de la transparence

     

    Le gaz est extrait par fracturation hydraulique des roches (Photo DR)

    Le gaz est extrait par fracturation hydraulique des roches (Photo DR)

    Mehdi Bsikri
    El Watan 04/11/2012

    Exploitation des gaz de schiste, enjeux et perspectives, tel est le thème d’une conférence-débat organisée, hier à Alger, par le Collectif national pour les libertés citoyennes (CNLC). Les volets relatifs à ce dossier politique, économique et écologique ont été soulevés et traités par les participants.

    Invité à intervenir à la conférence-débat, Kacem Moussa, docteur en géologie, maître de conférences à l’université d’Oran et également détenteur d’une expertise en environnement, a d’emblée affirmé que «l’exploitation des gaz de schiste est dangereuse». L’hôte du CNLC contredit les déclarations des officiels, dont le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui avait affirmé que «l’Algérie maîtrise la technologie de l’exploitation des gaz de schiste». «Faux», estime le conférencier. Pour lui, «seule une poignée de multinationales maîtrisent cette technologie de pointe, la plupart sont américaines». Selon Kacem Moussa, «les responsables disent pouvoir traiter les eaux usées qui seront éjectées».

    Là aussi, il répond par la négative en indiquant que «la technique de fracturation hydraulique nécessite d’énormes quantités d’eau mélangée à une dizaine de produits chimiques et qu’il est difficile de recycler». Il explique que «cette technique est très risquée pour les nappes phréatiques». «L’Algérie possède une nappe albienne qui s’étend d’est en ouest et ces énormes quantités d’eau douce peuvent être contaminées à cause de fissurations des forages, l’un vertical et l’autre horizontal», prévient-il. Et de poursuivre : «L’Algérie ne contrôle ni les procédés de traitement des eaux usées ni les procédés des techniques de dépollution, une fois la nappe phréatique polluée.»

    Kacem Moussa dit que «des alternatives existent pour satisfaire l’argumentaire économique». «Au lieu de laisser les entreprises étrangères investir dans l’exploitation des gaz de schiste, il est préférable d’utiliser les quantités d’eau (un seul puits pour la fracturation nécessite 20 000 m3) pour la production agricole. Le pays pourrait faire travailler des milliers de jeunes et diminuer sa dépendance vis-à-vis des pays d’où elle importe les denrées alimentaires, entre autres le blé.» En outre, il rappelle que le tiers du domaine minier algérien n’a pas été prospecté, zone dans laquelle les gaz peuvent être extraits de manière conventionnelle.

    Sur le plan politique, Kacem Moussa souligne que «cette histoire de gaz de schiste dépasse le cadre national et révèle des enjeux géostratégiques disputés entre les Etats-Unis et la Chine dans la région nord-africaine». «D’après mes contacts, la dernière visite d’Hillary Clinton à Alger avait pour but de demander l’exclusivité de l’exploitation des gaz de schiste au profit des entreprises américaines», confie Kacem Moussa. Il ajoute qu’«outre l’extraction de cette énergie, l’Administration américaine s’intéresse particulièrement aux terres rares, comme le candium, le lanthane, le cérium, le praséodyme, le néodyme, le prométhium ou le samarium, enfouies en grandes quantités du Sud algérien jusqu’au Nord-Mali».

    De son côté, Farès Kader Affar, porte-parole du CNLC, pense que «l’exploitation des gaz de schiste est une décision prise dans l’opacité. Ceci démontre encore une fois les pratiques antidémocratiques du régime algérien depuis 1962». «Pourquoi le gouvernement ne soumet pas ce sujet à l’opinion publique et ne présente-t-il pas des explications ?», s’interroge-t-il. Et d’ajouter : «Lorsque le Premier ministre indique que ‘les gaz de schiste seront exploités, il n’y a pas d’issue’, à quoi sert donc l’APN si elle n’est pas consultée ?»

    Yacine Teguia, chargé des dossiers politiques au MDS, a pour sa part estimé qu’«hormis le manque de transparence dans la gestion des affaires de l’Etat, des questions de fond demeurent à poser». «Les tractations entre le gouvernement algérien et les pays occidentaux ne doivent en aucun cas compromettre l’avenir de toute une nation», pense-t-il.

    Mehdi Bsikri