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  • Laurent Fabius attendu demain à Alger Comment éviter les sujets qui fâchent ?

     

     

    Par : Azzeddine Bensouiah

    Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, est attendu demain à Alger pour une visite de deux jours où les questions économiques et sécuritaires seront au menu.

    À la tête d’une importante délégation d’hommes d’affaires, le ministre français devrait tenter, avec ses homologues algériens, de débloquer certains dossiers qui traînent depuis des années, ou qui risquent carrément d’être annulés, à l’image du projet de l’usine de vapocraquage d’éthane d’Arzew, où Total était impliquée, et dont le montant avoisinerait les 5 milliards de dollars.
    Mais même si Total perd ce gros contrat, elle pourrait bien en décrocher d’autres, notamment dans l’exploration puis l’exploitation du gaz de schiste. Or, ce sujet, précisément, fait couler beaucoup d’encre et de salive, et en Algérie,  les opposants à cette nouvelle source d’énergie sont de plus en plus nombreux à monter au front pour mettre en garde. L’opinion publique algérienne ne comprend pas pourquoi le gouvernement s’empresse d’octroyer des contrats d’exploration à des entreprises françaises, d’autant plus qu’en France, non seulement l’opinion publique, mais aussi le gouvernement sont farouchement opposés au gaz de schiste, même à titre exploratoire.
    Prendre l’Algérie pour un terrain d’essais, voilà ce que les entreprises françaises voudraient visiblement faire. Si le cynisme des entreprises françaises se comprend, l’attitude du gouvernement algérien est, pour le moins, incompréhensible. Car, quand bien même on voudrait explorer cette énergie nouvelle, l’endroit le mieux indiqué pour le faire serait les États-Unis d’Amérique, qui ont une grande expérience en la matière et qui ont exploité cette énergie depuis des années. D’ailleurs, la récente visite du secrétaire américain à l’Énergie, Ernest Moniz, n’est pas étrangère à cette étrange décision algérienne. Ce dernier, qui avait été reçu par le président Bouteflika, avait clairement indiqué que les compagnies américaines sont très intéressées par l’exploitation du gaz de schiste en Algérie. “Nos compagnies sont intéressées par le marché algérien parce qu’elles ont une grande expérience en matière d’exploitation de gaz et de pétrole de schiste qui nous a permis d’assurer un boom économique et une indépendance énergétique. J’espère que l’expertise acquise durant ces dernières années sera également utilisée en Algérie.” Une mise au point américaine qui intervient quelques jours seulement après l’annonce, par Alger, de sa volonté d’explorer ses importants gisements en gaz de schiste.
    Cette mise au point, ajoutée au tollé provoqué au sein de l’opinion publique, a poussé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à temporiser les ardeurs des uns et des autres. Devant les députés, il a affirmé qu’aucun contrat n’avait été signé pour le moment et que le pays était encore au stade de l’exploration, lui qui avait prédit, la semaine dernière, la fin des exportations algériennes en hydrocarbures traditionnels d’ici à 2030 et qui avait insisté sur la nécessité de se tourner vers les énergies non conventionnelles.
    Cela dit, et en dehors des nombreux dossiers économiques et de coopération bilatérale qui seront débattus lors de la visite de M. Fabius, le sujet principal qui accaparera les discussions sera, sans aucun doute, la lutte antiterroriste et la situation explosive aux frontières de l’Algérie.
    Outre le dossier encore compliqué du nord du Mali, en particulier, et du Sahel, en général, où les deux pays coopèrent, non sans diverger sur la méthode, il y a lieu de relever que les deux pays sont impliqués, chacun à sa façon, dans le conflit libyen, qui s’enlise davantage vers le chaos, mais aussi la situation en Tunisie où la menace terroriste est à prendre au sérieux.
    Autre sujet qui fâche les deux pays, celui de la coopération judiciaire. Le récent report de la visite du juge Trévidic, qui enquête sur la mort des moines de Tibhirine, puis le refus d’Alger d’extrader Abdelmoumène Khelifa vers la France où son procès se tient en ce moment  constituent autant de sujets que les deux chefs de la diplomatie tenteront d’aplanir.