Les militants français contre les hydrocarbures dits « non conventionnels » se sont organisés dès les premières heures, lorsque leur gouvernement, dans la plus grande opacité, voulait s’engager dans cette voie. Des permis d’exploitation ont été délivrés, par l’Etat français, dans diverses régions. Dans le département Rhône Alpes, des groupes de militants se sont constitués. Leur référent, Pilli Robert, nous parle de l’expérience de son groupe et des contacts entrepris avec la multitude de collectifs créés à travers la France. Leur objectif fût de synchroniser leur lutte et de se solidariser à l’échelle nationale.
De notre envoyé spécial à Lyon
Rencontré à Lyon, dans le quartier de Perrache, Pilli Robert est un assidu. Il est un des nombreux piliers du militantisme. Informaticien de formation, il a travaillé dans plusieurs pays, notamment en Afrique noire francophone et au Maghreb. Se définissant humaniste d’esprit, M. Pilli argumente dans des conférences régionales pour démonter l’aberration de l’exploitation de gaz de schiste, que ce soit en France ou dans d’autres pays. La devise des son collectifs est audible dans toute les contrées française.
« No gazaran, ni ici, ni ailleurs, ni aujourd’hui’hui, ni demain ! »
Pour les collectifs Rhône Alpes, l’exploitation de gaz de schiste est nocive pour la santé. « Lorsque des permis d’exploration minière ont été accordés en 1989/1990 dans notre région, il s’avère que des nappes d’eau ont été contaminées et une source perdue. Le malheur, des produits chimiques se sont dispersés. L’eau est devenue inconsommable. Aujourd’hui, avec cette volonté de plusieurs groupes pétroliers d’exploiter le gaz de schiste, la fracturation hydro-chimique polluera toutes les eaux souterraines et de surface en France. C’est un projet destructeur », déplore le militant. L’organisation de la société civile a été bien planifiée. « Nous organisons des conférences, et nous sommes à la pointe de l’information. Cette veille média internationale permet à tous les collectifs, quel que soit leur région d’origine, d’être informé des dernières actualités concernant la thématique de l’exploitation du gaz de schiste. Bien informer les gens permet de mieux mobiliser. Les citoyens ne peuvent être conscients du danger du gaz de schiste que si l’information est vulgarisée pour une meilleur compréhension, vu que c’est un sujet très technique, nous l'agrémentons d'images et de vidéos ». La solidarité entre collectifs ne s’arrête pas à l’information. Dès qu’un groupe a besoin d’un autre, explique Robert Pilli, tout le réseau est activé. Par exemple, lorsqu’en Ardèche, au sud de la France, des pétroliers allaient commencer à exploiter le gaz de schiste, le gouvernement s’est retrouvé face à une forte mobilisation. Il y avait plus de 20 000 citoyens qui scandaient leur refus. Le gouvernement ne pouvait faire autrement. Il a dû faire machine arrière. Nous avons même obligé le Parlement à voter une loi pour interdire la fracturation hydro-chimique, ce qui dans les faits interdirait l’exploitation de gaz de schiste. Le conseil constitutionnel a validé récemment ce texte, lorsqu’une compagnie a introduit une plainte en justice. On peut dire que nous gagnons des batailles, mais nous devons rester vigilant, car nous remarquons ces derniers temps qu’il y a un forcing de la part des lobbies et le traité Trans-atlantique ( TAFTA) est une nouvelle action de force des multinationales pour supprimer toutes contraintes à leurs objectifs. Un nouveau combat commence ! »
La vérité est révolutionnaire
S’agissant du caractère économique de l’exploitation, Robert Pilli indique que « non seulement les agricultures et la santé publique seront laminés par la pollution des nappes phréatiques, mais les milliards qui seront dépensés ne serviront qu’à asservir l’économie et l’affaiblir davantage ». Selon notre interlocuteur, « l’exploitation de gaz de schiste ne garantit aucune rentabilité économique, (le prix du million de Btu soit 27 m3 est en dessous de 3$ donc très largement en dessous du seul prix de l'investissement nécessaire à ces forages estimé entre 7 et 8$!?). Cette bulle spéculative ne permet donc pas de résultats financiers satisfaisants. Ce sont les lobbies détenteurs de la technologie qui veulent coûte que coûte vendre leur matériel. Il faut savoir que tous les brevets d’exploitation sont détenus par une seule société, à savoir l’américaine Halliburton.( Familles Bush et Cheney!) Celle-ci vend des licences d’exploitation à d’autres compagnies. Il n’y a d’intérêt que pour l’argent. Tout ce est qui relatif au bien être humain, à la santé publique, à une meilleure agriculture saine et propre, tous ces paramètres ne sont pas pris en considération, pire, ils s'en déchargent totalement ( voir l’abolition des normes américaines sur l'air, l'eau ...) ».
Seule la solidarité entre les collectifs internationaux permettra de stopper l’exploitation du gaz de schiste, un projet qui ne rapporte rien de positif à tous les échelons. « Tout le monde doit unir ses forces. Car dans n’importe quel pays, ceux qui appellent cette exploitation de leurs vœux, ne le font qu’au profit des multinationales. Ces dernières n’ont jamais travaillés pour le bien des peuples. Bien au contraire, seul les profits immédiats sont leur seul objectif. Le notre est de répondre à leurs mensonges et propagandes, car seule la vérité est révolutionnaire». Robert Pili conclut : « On est en train de fédérer au niveau de l’Europe, de l’Amérique, de l’Australie et en Afrique. C'est à cette seule condition que nous gagnerons ».
Notons qu’une rencontre est prévue à Sait-Christol les Alès, dans le département du Gard (sud de la France) pour la création d’un réseau euro-méditerranéen des collectifs citoyens et associations contre les hydrocarbures extrêmes et l’extractivisme. Elle aura lieu du 7 au 9 mars 2014.