Par : Mustapha Hammouche
C’est un pouvoir aux aguets ! Sérieuse tentative de mobilisation ou canular, un message gambadant sur les réseaux sociaux et par la rumeur pour appeler à un mouvement pour le 17 septembre a mis nos autorités en alerte.
Les rumeurs de consignation des troupes n’étaient donc peut-être pas infondées. Le branle-bas était, en effet, manifeste samedi matin avec l’hélicoptère qui virevoltait au-dessus de la capitale et les barrages filtrants renforcés sur tous les accès de la ville.
Déjà, dans les derniers jours qui précèdent ce 17 que le pouvoir pensait être celui de tous les dangers, une offensive de contre-information battait son plein. Le concepteur de la contre-campagne n’a pas été cherché plus loin que la sempiternelle “main de l’étranger” pour éclairer la crédulité populaire qui risquait, une nouvelle fois, d’être exploitée par des “parties étrangères”.
Heureusement, nous avons eu droit à un sms de mise en garde généreusement dispatché par un opérateur téléphonique “qui nous veut du bien”. Il ne rate d’ailleurs aucune occasion — sport, Ramadhan, élections… — de nous exprimer sa philanthropique ardeur. Même si ce message est supposé être d’origine inconnue et n’avoir aucune filiation officielle, la coïncidence de ses arguments avec ceux de la déclaration du ministre de l’Intérieur nous renvoyant à des “parties étrangères” ne laisse douter du fait que, dans ce cas, le téléphoniste ait spontanément volé au secours de la paix civile nationale.
Il fallait les chercher ces rapports entre le choix du 17 septembre et l’anniversaire de la tragédie de Sabra et Chatila, d’une part, et entre cette même date et le début du séjour algérien de Napoléon III en 1860.
Pour ce qui est d’Israël, il n’est pas certain qu’il en redemande, des “révolutions” de type “Printemps arabe”. Celle qui a provoqué le processus de changement en égypte vient de lui démontrer qu’il a moins à craindre des calculs des régimes autoritaires que de la colère des peuples libres.
Quant à la France, et si l’on en croit les indiscrétions rapportées par les observateurs de l’activité diplomatique de l’Élysée, Sarkozy ne s’en cache même plus, de cette disponibilité qu’on lui prête à encourager la révolte dans les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Il a hardiment été jusqu’à nous prévoir un “printemps” dans une année. C’est donc à un chef d’état partenaire qu’il faille adresser sa réaction et non à des citoyens qu’on continue à infantiliser et qu’on rend susceptibles d’être embarqués dans une révolte par des “parties étrangères”.
Au demeurant, les régimes autoritaires ne conçoivent jamais leur rejet par leur peuple. Ce ne peut être que l’effet d’un complot ourdi par l’ennemi extérieur. L’état de dictature est justement l’expression d’un refus de maturité du peuple. La question de l’ouverture de la Télévision en Algérie illustre la conviction du pouvoir quant à une nécessaire mise sous tutelle politique : on veut bien ouvrir la télé à l’initiative privée, mais il faut prendre le temps de concevoir la meilleure manière d’encadrer cette ouverture pour éviter les effets de nos inévitables irresponsabilités.
Il ne faut pas que nous nous fassions confiance. La preuve : nous allions marcher pour le compte d’Israël et de la France s’il n’y avait pas la vigilance du pouvoir et la disponibilité des opérateurs de téléphonie.
M. H.
musthammouche@yahoo.fr