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  • Même enveloppé dans de la soie, un affront reste un affront !

    Par Hakim Laâlam Email : hlaalam@gmail.com 

    C’est tout de même fou, ça ! Un bled qui arrive à dégommer d’un coup Ouyahia et Belkhadem et qui peine à éjecter un Président… … de club de foot ! Rendons grâce à Abdekka ! Oui, rendons-lui grâce de son génie. Même malade, même livré aux affres de la médecine française et européenne, secteur gravement en crise, comme chacun sait, en piteux état comparativement au nôtre de secteur, Boutef’ a réussi ! Il a déniché ce qui en temps normal est impossible à dénicher. Diminué physiquement, sûrement épuisé par son très mini-AVC, par les multiples examens subis dans l’annexe du CNMS, j’ai nommé la polyclinique-dispensaire de Val-de-Grâce, le châtelain a, cependant, surmonté tout ça pour nous sortir de derrière ses gros fagots la date. THE DATE ! Le 22 octobre sera désormais consacré journée nationale de la presse en Algérie. Mon Dieu ! Jamais jour d’octobre, mis à part le 5, n’aurait espéré autant d’égards présidentiels et se voir ainsi sorti de l’anonymat du calendrier. Boutef’ vient de donner un lustre inattendu à cette journée du 22. Par décret signé. Je ne sais pas si le raïs était sous sédatif lors de l’acte de signature, mais le fait est là : si c’est cette journée du 22 qui a été retenue, c’est parce que le 22 octobre 1955 paraissait le premier numéro d’un journal intitulé El Mouqawama El-Djazaïra. L’ancêtre d’ El Moudjahid, bonté divine ! Ne me demandez pas, Allah yarham babakoum, comment, pour rendre hommage à la presse algérienne en 2013, à l’heure du tout-numérique et de la HD embarquée dans de minuscules caméras, Boutef’ est remonté au 22 octobre 1955 et un titre jusque-là inconnu, même des archivistes les plus tordus. Je ne sais pas Je table prudemment sur les effets secondaires de quelque médicament en charge de pourchasser férocement l’ischémie transitoire. Mais je ne suis pas médecin, et donc je ne garantie pas l’exactitude de cette thèse. Reste le génie. De toutes les dates qui ont marqué cette profession, entre autres, mais ce n’est pas la seule, l’assassinat du premier journaliste algérien, Saïd Mekbel, le 3 décembre 1994, rien, nada, walou ! Abdekka a retenu, décidé et signé tout seul, dans la solitude de sa convalescence européenne pour le 22 octobre. El Mouqawama El-Djazaïra. Wa zidni Rabbi iîlmen ! Dire que je ne connaissais pas ce journal ! Vous comprenez mieux maintenant pourquoi je rends ainsi grâce au châtelain d’avoir eu le génie machiavélique d’avoir, en hyper anthropologue de la presse, en archéologue survolté des médias, en chef des fouilles dans les vestiges d’un Atlantide des canards, trouvé ce 22 octobre. Non, je ne terminerais pas sur cette note qui fleure bon Tintin en train de jouer un tour pendable aux Haddock que nous sommes. Je pourrais, mais non ! J’ai un souhait que je formule ici, humblement : ayant déjà fort mal vécu le fait que les hommages à la presse algérienne aient été hébergés un jour sur une place pissotière, je souhaiterais au cas où Abdekka ne se représente pas à un quatrième, voire cinquième mandat, que son successeur, femme ou homme, abroge ce décret du 22 octobre. Je trouve que mon métier a déjà été suffisamment insulté et assassiné comme ça, ces trente dernières années. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue. H. L.

  • Le choc des civilisations… décadentes

    Par : Mustapha Hammouche

    La longue bande-annonce de ce navet provocateur traîne sur la Toile depuis deux mois sans retenir l’attention, même sous-titrée en arabe. Ce film d’horreur vient de se traduire dans la réalité par des manifestations de violence qui ont occasionné l’assassinat, qu’il ne peut justifier, d’un ambassadeur et de fonctionnaires américains en Libye.
    Le pasteur incendiaire de Grenville, qui s’est déjà illustré en organisant un autodafé du Coran, en est le principal promoteur. Il ne s’agit point de simple opinion sur les effets culturels de l’islam ou sur la personnalité de son Prophète : l’intention du “réalisateur”, de ses sponsors et promoteurs de provoquer et d’insulter les musulmans ne fait aucun doute. L’agent immobilier qui s’est improvisé réalisateur “pour la cause” ne s’en cache pas, lui qui traite l’islam de “cancer” en revendiquant son statut de “juif israélien”.
    Pendant tout ce temps, des puissances, dont les États-Unis, qui ont la capacité et le souci de surveiller les flux Internet à travers la planète, n’ont rien fait pour désamorcer une telle bombe.
    La secrétaire d’État américaine, par courage ou par calcul politique, a dénoncé l’atteinte à une religion en même temps que l’assassinat de l’ambassadeur des États-Unis en Libye et de ses collaborateurs. Mais l’Amérique, qu’Israël soumet à ses desiderata, par son influence électorale décisive, a-t-elle latitude de concevoir sa politique autonome envers l’islam et le monde musulman ? Rien n’est moins sûr. Paradoxalement, la superpuissance qui tient en dépendance plus ou moins entière la majorité des États des pays dits arabes ou musulmans, subit, à travers sa sociologie électorale, la pression permanente d’Israël. Pendant que le “juif israélien” de Californie diffuse des images et des dialogues qui défient les musulmans dans leur foi, Netanyahou enchaîne Obama au téléphone une heure durant pour lui arracher une clarification sur les conditions d’intervention militaire américaine contre l’Iran.
    L’Islam, comme institution, ne dispose pas d’autorité pour le défendre contre les affronts qu’il viendrait à subir ; la guerre des doctrines déchire les populations dans sa sphère de dominance. Et les États des pays musulmans sont affaiblis structurellement par les déchirements internes et politiquement par l’obsolescence de leurs régimes despotiques et stériles et par l’influence grandissante de l’islamisme belliqueux. Celui-ci constitue la seule manifestation politique perceptible du monde musulman par un monde libéral asservi à un Israël tout aussi hégémonique et belliqueux.
    En renonçant à ses responsabilités devant la tragédie des Palestiniens, par parti pris et par calcul électoraliste, la démocratie occidentale, où la moindre récession économique se transforme en crise nationalo-identitaire, nourrit la régression politique dans le monde musulman. La guerre arrangeant plus que la paix les affaires d’Israël, ses apôtres ne cessent de souffler la haine qui, là-bas, porte au pouvoir les extrêmes droites racistes, les gauches pro-sionistes, les “T-party” xénophobes, et les islamophobes effarouchés.
    La première victime de cette impasse violente, on la voit, encore une fois, dans les pays du Printemps arabe, c’est la perspective démocratique dans le monde musulman. Le “choc des civilisations” sera peut-être déclenché par leurs formes les plus dégradées.