Les exportateurs de moins en moins nombreux
Exportations hors hydrocarbures : les raisons de l’échec
Amine Benattar
Avec une part n’ayant pas dépassé les 2,8 % des exportations globales de l’Algérie en 2010, les exportations hors hydrocarbures demeurent toujours marginales, au moment où le nombre des exportateurs diminue constamment du fait d’un dispositif d’appui jugé peu efficace, doublé d’une conjoncture mondiale difficile. Depuis 2008, où elles avaient frôlé les 2 milliards de dollars (1,89 md dollars), les exportations non pétrolières du pays ont reculé à 1,05 milliard en 2009 avant de remonter légèrement à 1,6 milliard de dollars l’année dernière.
« Les entreprises algériennes, notamment les PME, ont du potentiel pour acquérir des parts de marchés à l’international. Mais il y a un manque de l’appui de l’État sur le plan de l’accompagnement et particulièrement pour les primo exportateurs », résume Kamel Kheffache, expert consultant en commerce international. Néanmoins, note‑t‑il, les exportateurs algériens hors hydrocarbures « doivent améliorer la compétitivité de leurs produits et services, surtout en termes de la qualité et des délais de livraison vers leurs partenaires ».
Il faut dire que les exportations non pétrolières de l’Algérie sont composées de près de 80 % de produits bruts et les demi‑produits, notamment le phosphate et les produits dérivés du pétrole, alors que les produits agricoles et agroalimentaires ont une part minime. Bien qu’ils soient exonérés du paiement de tout impôt, notamment la TVA, sur le chiffre d’affaires réalisé à l’exportation, dans le cadre du dispositif d’appui aux exportateurs hors hydrocarbures, les exportateurs sont de moins en moins nombreux. Leur nombre ne dépassait pas les 350 opérateurs l’année dernière contre 450 exportateurs en 2008, selon des données de l’Agence de promotion du commerce extérieur (Algex).
Tripartite : une réponse partielle aux attentes des exportateurs
Lors de la Tripartite, le gouvernement a annoncé plusieurs mesures destinées à encourager les exportations hors hydrocarbures : prolongement des délais de rapatriement des revenus des exportations de 180 jours, au lieu des 120 jours fixés auparavant, et le relèvement de 10 % à 20 % du taux de rétrocession des devises dans le compte libre utilisation. Mais ces décisions ne répondent que partiellement aux attentes des exportateurs. Ces derniers se plaignent surtout des retards dans le remboursement des frais couverts par le Fonds spécial de promotion des exportations (FSPE). « Parfois, les exportateurs doivent attendre deux ans après avoir exporté leurs produits pour pouvoir rembourser les frais de leurs exportations auprès du FSPE qui est géré jusqu'ici par le ministère du Commerce », relève Ali Bey Nasri Consultant en commerce international.
Les exportateurs se plaignent aussi de la rigidité de la Banque d’Algérie et de l’absence d’accompagnement à l’étranger. Aujourd’hui, la loi bancaire algérienne interdit tout investissement à l’étranger, y compris l’ouverture d’un bureau de représentation. Les frais de mission sont limités et l’achat d’espaces publicitaires dans les médias étrangers pour faire connaître les produits nationaux n’est pas autorisé. Autre problème régulièrement soulevé : aucune ambassade algérienne à l’étranger ne dispose d’une mission économique.
Le ministère du Commerce mise sur la formation des experts et consultants dans le commerce international dans le cadre de programmes mixtes pour tenter de relancer les exportations hors hydrocarbures et remédier à leur faiblesse chronique. « Le métier de consultant en exportation n’existe pas en Algérie. Son rôle est d’accompagner les entreprises exportatrices. Pour cela, nous avons formé un premier groupe de 23 consultants, parmi eux il y a une douzaine de formateurs qui vont généraliser cette expérience dans les différentes régions du pays », a déclaré le ministre du Commerce Mustapha Benbada lors d’une cérémonie de remise de diplômes à ces experts formés dans le cadre d’un programme international.
« L’Algérie a des potentialités non‑exploitées dans ce domaine. J’espère qu’on va obtenir des exportations non pétrolières en hausse cette année à 2 milliards de dollars, surtout que durant les neuf premiers mois, le montant s’est élevé à près de 1,5 milliard de dollars », a‑t‑il ajouté, relevant que l’économie du pays reste « gravement » dépendante des recettes pétrolières, en dépit du potentiel que recèle l’Algérie dans les domaines de l’agriculture, la pêche, mais aussi dans l’industrie manufacturière et agroalimentaire.