Par : Saïd Chekri
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Ces conflits sont appelés à se renouveler, secteur après secteur, profession par profession, tant que ne sera pas mise en place une politique nationale des salaires qui prenne en charge l’indispensable sauvetage d’une classe moyenne en déperdition, en voie de disparition, un processus accéléré par la fuite des cerveaux, elle-même dans une courbe toujours ascendante.
L’engagement public du ministère de la Santé, via un communiqué transmis à la presse, à exécuter les propositions faites aux médecins résidents n’aura pas permis de dénouer le conflit. Hier encore, les grévistes, qui bouclent ainsi sept semaines de débrayage jalonnées de sit-in et autres actions de protestation, se sont encore rassemblés à l’hôpital Mustapha-Pacha et ont renouvelé leurs revendications, signe que les promesses du département d’Ould-Abbès, même formulées par écrit, n’ont rien réglé. Les appréhensions des grévistes ne tenaient donc pas seulement à leur méfiance quant aux intentions réelles des responsables du secteur. Il semble, par conséquent, que c’est le contenu des réponses apportées aux demandes des grévistes qui n’a pas convaincu le Comité autonome des médecins résidents algériens. Il y a d’abord la question du service civil dont nos futurs spécialistes ne veulent plus entendre parler, mais que le ministère de la Santé n’est pas habilité à supprimer. La question requiert donc l’intervention du pouvoir politique car un tel point d’achoppement, à lui seul, pourrait conduire à l’enlisement du conflit, avec les perturbations qui ne manqueront pas d’affecter le fonctionnement déjà approximatif des structures publiques de santé. Il y a ensuite l’inévitable problématique des salaires : celle-ci ne concerne pas seulement les médecins, mais l’ensemble des universitaires et des cadres, tous secteurs confondus. Elle appelle, de ce fait, une solution globale et de fond. Cette problématique restera entière, quoi que concèdent les différentes tutelles ministérielles aux universitaires et quoi qu’arrachent ces derniers au prix de grèves ou de sit-in. Ces conflits sont appelés à se renouveler, secteur après secteur, profession par profession, tant que ne sera pas mise en place une politique nationale des salaires qui prenne en charge l’indispensable sauvetage d’une classe moyenne en déperdition, en voie de disparition, un processus accéléré par la fuite des cerveaux, elle-même dans une courbe toujours ascendante. L’Algérie n’a pas besoin d’atteindre un niveau de développement équivalent à ceux des pays de l’Union européenne pour ce faire. Il y a déjà des années que des pays d’Afrique, à commencer par nos voisins de l’Est et de l’Ouest, ont résolu cette question, sans avoir forcément des potentialités supérieures aux nôtres.