Au moins, c’est clair. La commission de finances de l’Assemblée a refusé un impôt sur la fortune, estimant que les riches payent déjà assez. Pourtant, avec 11 000 milliardaires recensés en Algérie, cet impôt aurait pu soulager des catégories comme les classes moyennes pressurisées par une lourde fiscalité, ou les petites entreprises asphyxiées par les taxes, impôts et charges. A raison d’un million de dinars par milliardaire, l’Etat aurait de fait pu générer 11 milliards de dinars de recettes fiscales. Mais c’est ainsi, on libère les riches et on enferme les classes moyennes et les moyennes entreprises dans l’impossibilité financière.
Car il faut bien noter que dans le même temps, cette commission des finances a jugé inutile de supprimer la taxe sur les véhicules, l’impopulaire vignette automobile. Avec un argument qui semble solide : cet impôt fait gagner 7 milliards de dinars au Trésor public. Avec ces petits comptes d’épicier, on aurait pu imposer les fortunes et soulager d’autres contribuables moins nantis, avec en prime un bénéfice de 4 milliards de dinars que l’on pourrait offrir en méchouis aux membres de la commission de finances et leurs familles. Mais trop tard, la loi de finances pour 2013 est passée telle qu’elle a été écrite par l’Exécutif, tous les amendements ayant été rejetés grâce au soutien massif des députés FLN et RND.
On l’aura bien compris, les représentants du peuple ne sont pas réellement élus par la population, mais placés par les puissances de l’argent et de la rente. C’est donc à elles qu’ils rendent des comptes et non pas à la population. Finalement, par dérapages successifs, le régime, pressant la population comme des citrons d’importation, n’aura fait de concessions qu’à ceux qui ont pris les armes et à ceux qui ont volé de l’argent. Techniquement, cela s’appelle une mafia. Une féodalité. Ou une colonisation. C’est peut-être un habile mélange des trois.