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  • Comment tomber deux fois sur la même route

     

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    Quelques jours après l'acquittement des bourreaux du correspondant d'El Watan à Tébessa, une sourde indignation est montée des profondeurs du pays. Messages de soutien, réactions de révolte et appels à des manifestations, rassemblements et hommages. Bien qu'unanime, le constat d'une justice soumise aux maffieux, aux puissances de l'argent et aux politiques n'est pas une révélation. Ce qui a frappé, c'est de réaliser avec tristesse et crainte comment l'on peut tomber deux fois : d'abord aux mains de féodaux intouchables, puis aux mains d'une justice improbable qui avalise l'attitude des premiers.

    Le cas Beliardouh n'est pas une affaire de corporation, mais un drame qui touche tout le monde parce qu'il peut arriver à chacun. Si un homme, déjà violenté, est poussé au suicide, c'est qu'il a eu raison puisque la justice n'a pas réussi à réparer l'injustice a posteriori. Et plus largement, si les correspondants sont ainsi les victimes des barons et des justices locaux, qui pourra alors transmettre ce qu'il se passe dans les régions ? Les termes de cette équation mise en place par les fossoyeurs du pays, autant constitutionnels qu'institutionnels, auront réussi à verrouiller toute solution, puisque même les autres correspondants locaux, témoins à charge des accusés, auront reculé avec cet argument recevable : qui va nous protéger ?

    Quand la violence s'imbrique dans l'impunité pour faire corps avec l'injustice, que reste-t-il comme recours ? A part se faire vengeance en s'achetant une arme au grand marché noir de la désillusion ou en montant au maquis par la voie nord de la colère, il n'y a pas grand-chose à faire. D'Alger, du haut d'un immeuble fraîchement repeint pour la visite de Hollande, l’on peut admirer à quel point tout est si loin et si fragile. Et contempler ces usines fumantes de désespoir qui, contrairement aux autres fabriques nationales, fonctionnent si bien et à plein régime.

     

    Chawki Amari
  • Comment éliminer la classe moyenne

     

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    Au moins, c’est clair. La commission de finances de l’Assemblée a refusé un impôt sur la fortune, estimant que les riches payent déjà assez. Pourtant, avec 11 000 milliardaires recensés en Algérie, cet impôt aurait pu soulager des catégories comme les classes moyennes pressurisées par une lourde fiscalité, ou les petites entreprises asphyxiées par les taxes, impôts et charges. A raison d’un million de dinars par milliardaire, l’Etat aurait de fait pu générer 11 milliards de dinars de recettes fiscales. Mais c’est ainsi, on libère les riches et on enferme les classes moyennes et les moyennes entreprises dans l’impossibilité financière.

    Car il faut bien noter que dans le même temps, cette commission des finances a jugé inutile de supprimer la taxe sur les véhicules, l’impopulaire vignette automobile. Avec un argument qui semble solide : cet impôt fait gagner 7 milliards de dinars au Trésor public. Avec ces petits comptes d’épicier, on aurait pu imposer les fortunes et soulager d’autres contribuables moins nantis, avec en prime un bénéfice de 4 milliards de dinars que l’on pourrait offrir en méchouis aux membres de la commission de finances et leurs familles. Mais trop tard, la loi de finances pour 2013 est passée telle qu’elle a été écrite par l’Exécutif, tous les amendements ayant été rejetés grâce au soutien massif des députés FLN et RND.

    On l’aura bien compris, les représentants du peuple ne sont pas réellement élus par la population, mais placés par les puissances de l’argent et de la rente. C’est donc à elles qu’ils rendent des comptes et non pas à la population. Finalement, par dérapages successifs, le régime, pressant la population comme des citrons d’importation, n’aura fait de concessions qu’à ceux qui ont pris les armes et à ceux qui ont volé de l’argent. Techniquement, cela s’appelle une mafia. Une féodalité. Ou une colonisation. C’est peut-être un habile mélange des trois.

     

    Chawki Amari
  • Comment en finir avec Ouyahia

     

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    Quand le dîner est desservi, il faut savoir quitter la table, dit le proverbe. Mais on peut aussi rester sous cette même table en attendant le prochain repas, précise un autre adage. Justement, que deviennent les chefs de gouvernement quand ils ne sont plus chef de gouvernement ? En général, ils se recyclent dans les affaires, restent à la périphérie du système en attendant de reprendre du service ou s’exilent. Que deviennent Smaïl Hamdani, Ali Benflis, Ahmed Benbitour ou Ahmed Ouyahia ? On ne le sait pas, sauf pour ce dernier qui, après avoir été 10 ans au pouvoir, en est sans honte au lendemain de son éviction à décrire les problèmes du pays.

    Engagé dans les élections, il a fustigé le régime d’import-import et demandé à réformer l’administration sans que quelqu’un ne lui demande pourquoi les taxes à l’exportation sont-elles aussi élevées que celles à l’importation, et pourquoi faut-il des mois pour ouvrir une entreprise là où quelques heures suffisent dans les pays qui ont compris l’importance de la moyenne entreprise ? Même principe pour les sociétés étrangères sollicitées pour construire des logements, ce que M. Ouyahia condamne tout comme la déstructuration du tissu productif, alors qu’il n’a pas fait grand-chose en 10 ans pour imposer les entreprises locales en restructurant le marché interne.

    Enfin, même discours sur le FMI et le fait de lui avoir prêté de l’argent, qui serait un signe indéniable de prospérité, alors que c’est le même Ouyahia qui, sous les ordres du même FMI, avait laminé le tissu productif et licencié 200 000 travailleurs. L’échec n’étant pas disqualifiant, c’est pour cette raison que M. Ouyahia est encore dans le circuit. N’ayant jamais été élu, il faudrait peut-être penser à voter pour lui. Car c’est connu, en Algérie, les hommes politiques n’ont plus aucun pouvoir une fois élus. C’est la seule manière de se débarrasser définitivement de lui.

     

    Chawki Amari
  • Comment le constructeur français Renault veut flouer l’Algérie. Un projet d’usine «Taiwan»

     

     

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           Le Jeune Indépendant
    20 Septembre 2012,

    Au départ, nous partons de l’idée que le temps très long accordé aux négociations doit profiter au pays. Que nos experts ont décrypté les offres piégées du constructeur automobile français qui ne veut manifestement pas implanter une usine «normale» en Algérie. Malheureusement, très vite nos investigations et quelques langues qui se délient nous conduisent à découvrir le pot aux roses : «Ce projet ne rapportera rien à l’Algérie ni aux millions d’Algériens, mais arrangera surtout les intérêts de la France en nourrissant par la même occasion des intérêts occultes.»

    La sentence est sévère, péremptoire. Elle émane d’un cercle d’initiés très proches du dossier et qui ont décidé de faire ces révélations à la veille d’un coup de faiblesse des autorités algériennes, d’une OPA permise par la précipitation que pourraient exiger les politiques lassés d’attendre l’épilogue de négociations qui ont duré des mois et des mois. Renault aurait menti. Point d’intégration, ni à 60 % ni à 20 %.

    Deux négociateurs algériens félons Des responsables du ministère de l’Industrie accusent deux des intervenants algériens d’une bévue suspecte, véritable porte ouverte à l’arnaque : «Des cadres de la SGP mécanique chargés des négociations ont induit en erreur l’ex-ministre sur certaines données négociées, à l’exemple des capacités de la sous-traitance locale.»

    En clair, cela signifie qu’ils auraient dit explicitement aux experts de Renault qu’»il n’y a pas de sous-traitants algériens ni de spécialistes capables de s’occuper de la mise à niveau des entreprises algériennes dans ce domaine».

    D’emblée, nos pseudo défenseurs auraient cédé, sans coup férir, sur l’une des questions majeures et stratégiques du dossier. Il n’en fallait pas plus pour que les filous du groupe français s’engouffrent dans la brèche, exercés qu’ils sont à mener ce genre d’offensive économique en terre étrangère depuis que les délocalisations ont voulu sauver la production industrielle française.

    Or, d’autres experts algériens qui n’ont pas eu cet honneur de traiter directement l’épineux partenariat relèvent que le déni de compétences est de mauvaise foi de la part de ces négociateurs algériens. Parce qu’il aurait été possible de lancer et d’encadrer un tissu de sous-traitance sur la base de notre expérience dans le génie mécanique héritée de l’épopée contrariée de la SNVI.

    «En faisant appel aux nombreux ingénieurs ayant bénéficié d’une très haute qualification dans les pays les plus performants du monde en ce qui concerne le domaine de l’automobile», argumente notre source.

    «Taiwaniser» l’usine algérienne C’est donc sur ces prémisses fausses, livrées sur un plateau par une équipe de négociateurs algériens «chaleureusement» reçus lors du round de négociations qui s’est déroulé en France, que s’est greffée la stratégie machiavélique d’un projet d’usine de montage de véhicules en Algérie de marque Renault mais de qualité si inférieure qu’elle interdira toute exportation vers un pays tiers.

    Des véhicules ne répondant pas aux normes internationales de conformité. seraient construits dans cette usine. «Les alliages de la matière première utilisés dans la fabrication de pièces détachées ne pourront jamais être contrôlés par notre pays, alors que ces pièces peuvent être réalisées à base d’une matière qui s’use plus vite que la normale.»

    Dixit un ex-responsable de la SNVI imprégné du dossier Renault, qui ajoute que «le taux d’utilisation de la matière de second et de dernier choix pour une voiture sortie de cette usine Renault Algérie pourrait, dépasser les 85%, soit une voiture totalement dépréciée et destinée au marché local. Un mauvais produit dont le prix de vente variera entre 800 000 et 1 000 000 de dinars pour les petites cylindrées avec un coup de fabrication d’environ 400 000 dinars».

    Selon notre interlocuteur, «l’objectif principal est d’écouler les millions de pièces de rechange non conformes». Ce qui explique la thèse des observateurs avertis qui affirment que ce n’est pas la vente elle-même du véhicule fabriqué en Algérie qui intéresse Renault, puisque les ventes à partir de l’importation de tous types de véhicules Renault avoisine déjà le million de véhicules annuellement…

    Il y a, en effet, en plus d’un lot de pièces de rechange non conformes, des kits complets d’éléments «taiwan» divers, mécaniques ou autres, entrant dans la composante des véhicules.

    Des produits de fabrication marocaine et israélienne que Renault ambitionne d’utiliser dans ses chaînes de montage algériennes. Avec, à la clef des dividendes géostratégiques bien loin des affaires de moteurs ou de jantes ! Nous y reviendrons lors de la deuxième partie de notre enquête dans l’édition de lundi. ..

    A. Timizar