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  • Entretien avec Nacer Boudiaf

     

     
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    Rachid Guedjal (RG)

    R.G : Bonjour Nacer, c’est un grand  plaisir et honneur pour Algérienetwork de pouvoir nous entretenir avec toi aujourd’hui. J’ai eu le plaisir de suivre ton activité via facebook, ta récente initiative que nous allons pouvoir développer plus loin. Tu as un nom de famille que nul algérien n’ignore, mais en tant que personne, peu de nos lecteurs ont entendu parler de toi. Que dirais tu de te présenter à eux?

    N.B : Je m’appelle Nacer Boudiaf, je suis marié, père de trois enfants qui n’ont jamais eu le bonheur de connaître leur grand-père, Mohamed Boudiaf. Quant à vos lecteurs, les moins jeunes m’ont découvert, le 1er juillet 1992, le jour de l’enterrement de mon père ; le même jour je suis passé à la télévision et j’avais dit : « ceux qui l’ont ramené, l’ont assassiné ». Pour les plus jeunes, ils ont appris à me connaître à travers les nombreuses contributions que j’ai publiées dans divers quotidiens algériens pour revendiquer la vérité. Pour vous situer un peu auprès de vos lecteurs, j’ai donné récemment une conférence à l’Université à Béjaia, il y avait un millier d’étudiants.

     

    R.G : Tu as écrit un livre (disponible içi :  http://bibliotheque-numerique-algerie.blogspot.com/2011/12/ou-va-lalgerie-mohamed-boudiaf.html ) dans lequel tu fais passer un message clair à propos de l’avenir de l’Algérie. L’avenir de l’Algérie est pour le moins inquiétant en effet tant au niveau intérieur qu’extérieur(nous y reviendrons). Tu cherches toujours des réponses à propos des commanditaires de l’assassinat de ton père(Allah Yarhmou). Ta pétition(voir :  http://www.petitionduweb.com/Petition__verite_-10886.html) est un élément qui va justement en ce sens. En mettant la lumière sur cette affaire, ce n’est pas seulement la question de l’assassinat de ton père que tu vas résoudre, mais les gens sauront également qui ont réellement dirigé l’Algérie durant ces années sombres. C’est un grand coup de pied dans la fourmilière que tu vas donner. Que peux-tu nous dire de plus? Vers qui se portent actuellement tes soupçons?
    N.B : Le titre exact de mon livre publié en juin 2011, est « Mohamed Boudiaf, l’Algérie avant tout ». C’est un livre qui retrace le laps de temps que Mohamed Boudiaf a passé à la tête du Haut Comité d’Etat. Bien entendu, il reprend les circonstances de son lâche assassinat, maquillé en  «acte isolé ». Il s’agit de savoir une chose : si c’est un acte isolé, il a été facilité par l’incompétence des services chargés de la sécurité du Président. Personne n’a payé pour cette incompétence. Aucun haut responsable n’a présenté sa démission pour incompétence ayant entrainé mort d’homme et quel homme. Si ce n’est pas de l’incompétence, c’est alors un complot. C’est aux premiers responsables des services de sécurité de répondre à cette question.

    R.G : Dans ton livre, tu décris la confiscation du pouvoir par Ben Bella, ses promesses creuses, mais pire encore, ce qu’il a fait subir par l’intermédiaire de ses sbires les kidnappings dont ont été victimes ton père, ainsi que d’autres véritables moudjahid. Ben Bella n’est pas le seul responsable dans cette histoire même s’il est un emblème de ceux qui se sont emparés du pouvoir par des manœuvres dont la moralité laisse à désirer. Le livre de Lounis Aggoun affirme que Ben Bella était un des agents des français infiltrés parmi les cadres algériens dans le but de contrôler ce qui était amené à devenir le futur état algérien. Qu’en penses tu?
    N.B : Apparemment il y a une confusion entre le livre de mon père :  « Où va l’Algérie ? », écrit en 1963, où il décrit le régime de Ben Bella et mon livre dont je viens de parler. C’est l’histoire réelle de l’Algérie qui va un jour remettre les pendules à l’heure pour établir la vérité sur le rôle du colonialisme dans l’émergence de Ben Bella et le fauteuil de la présidence qu’on lui a préparé pour écarter les Ferhat Abbes et Boudiaf et mettre à leur place un adjudant de l’armée française.

    R.G : As-tu subi des pressions ou des menaces depuis que tu as entrepris tes initiatives?
    N.B : Sur la toile des réseaux sociaux, les complices des assassins de mon père ont essayé de m’accuser d’avoir pris une villa, une briqueterie ; ils ont essayé de m’intimider. Mais quand j’ai invité les journalistes à aller enquêter sur ces questions, ces mêmes complices des assassins de mon père ont observé un silence total. Cependant, la pétition « Vérité », que j’ai lancée sur le net, a été sérieusement gênée en Algérie, mais elle a dépassé les mille signatures en quelques jours.

    R.G : Ton père était l’un des pères du patriotisme algérien, le président algérien qui fut le plus aimé de son peuple. Quelle était sa conception du patriotisme? Comment le définissait il? Quelle est ton opinion sur ces questions?
    N.B :Pour mon père, les choses étaient vues simplement : le colonialisme est entré en Algérie par la force ; il ne ressortira que par la force. Les milliers de victimes du 8 mai 1945 à Sétif et sa région, ont été une réponse claire du colonialisme qui n’était pas prêt à quitter notre pays. Alors Boudiaf a observé toutes les tergiversations avant de se décider à aller former, en 1954, avec Ben Boulaid, Ben M’Hidi, Didouche, Bitat et Krim, le noyau dur qui sonnera le glas de plus d’un siècle de présence du colonialisme sur la terre musulmane de l’Algérie .

    R.G : On a beaucoup entendu parler de rupture avec les mauvaises habitudes, corruption, chantages, etc… Mais quelles sont les propositions concrètes pour éradiquer ce fléau en Algérie. Ton père n’a pas réussi malgré son statut, comment y arriver selon toi?
    N.B :Mon père n’a pas eu le temps, en moins de six mois, dans une Algérie à feu et à sang. On l’a assassiné pour justement mettre fin à son projet d’éclaircir les choses et définir les responsabilités ; quant à la rupture, je crois que sa nécessité est évidente pour mettre un terme à l’impunité, source de tous les maux dont souffre le peuple algérien. Quant à ma conception de lutte contre la corruption, je la dévoilerai en son temps .

    R.G : Quel est ton avis sur le gouvernement actuel algérien? Ses réalisations sur le plan intérieur, ses choix à l’extérieur?
    N.B :Franchement, ce qui me préoccupe actuellement, c’est la vérité sur l’assassinat de mon père. Mais vous m’offrez là une opportunité de vous demander d’aller savoir ce que pense le gouvernement de mes démarches visant à rechercher la vérité.

    R.G : Quels sont les dangers que l’Algérie a à affronter sur le plan extérieur? Quel est ton avis sur la crise économique mondiale?
    N.B : Les dangers qui pèsent sur l’Algérie sont ceux qui pèsent sur un pays riche en pétrole mais qui n’a pas appris à son peuple la valeur travail. Mettons-nous à travailler sérieusement et nous serons mieux prémunis contre les dangers auxquels vous faites allusion.
    Quant à la crise mondiale, elle trouve ses origines dans les manipulations de très puissants groupes internationaux qui détiennent les finances et les médias dans le monde.
    A suivre
    Rachid Guedjal (RG) Algerie Network

  • Lettre ouverte à Messieurs Ali Haroun et Ahmed Djebbar

     

     

    Par |
     

     

      images.jpegboudiaf.jpegMohamed Boudiaf

    Je vous interpelle aujourd’hui parce que vos noms ont figuré sur l’auguste liste des signataires d’une pétition contre "l’ingérence", à la suite de la présentation du général Khaled Nezzar devant la justice suisse.

    Votre attitude est louable mais tout le peuple algérien s’oppose à l’ingérence dans ses affaires intérieures. Cependant, cette pétition a été concoctée non pas tant pour protéger le pays de l’ingérence mais pour soulager celui qu’elle est supposée soutenir ; et cela dénote très bien le malaise dans lequel vit, ces jours-ci, la personne intéressée.

    En ce qui me concerne, je vous interpelle parce que vous avez été très proches de Mohamed Boudiaf ; M. Haroun pour avoir été le chercher de son paisible exil, et M. Djebbar, pour avoir été membre de son Cabinet quand il était Président du Haut Comité d’Etat, puis "récupéré" comme ministre pour cautionner la mascarade de "l’acte isolé".

    Messieurs Haroun et Djebbar, combien de fois vous ai-je appelés, interpelés, et même cités dans mon récent livre : Boudiaf, l’Algérie avant tout pour vous sensibiliser à entreprendre une démarche, quelle qu’elle soit, pour revendiquer la vérité sur le lâche assassinat de celui qui a été, pour un laps de temps, le chef de l’Etat algérien et qui a marqué, par son honnêteté, plusieurs générations.

    Votre participation à la pétition ne me laisse pas de choix. Soit, je me tais pour tromper ma conscience, je me renie pour survivre, je privilégie l’illusion à la vérité, comme vous le faites actuellement, soit je continue mon combat, celui de défendre l’âme de mon père.

    Si vous avez inscrit votre démarche dans le noble objectif de prémunir le pays contre "l’ingérence", continuez dans votre logique pour revendiquer la vérité sur l’assassinat du chef de l’Etat, notamment parce que la personne que vous soutenez dans votre pétition était ministre de la Défense et membre du Haut Comité d’Etat, au moment où "l’acte isolé" a été perpétré contre la dignité de tout le peuple algérien. Organisez une pétition demandant la vérité et vous verrez l’engouement que vous initierez auprès de milliers d’Algériens avides de vérité.

    Je persiste à vous sensibiliser sur une réalité simple : la vérité, soit vous contribuez à la faire émerger, soit "l’ingérence" vous l’imposera. A vous de choisir. L’O.N.U. s’est bien dessaisie de l’assassinat d’un chef de gouvernement. Pourquoi, ce "deux poids-deux mesures" de l’O.N.U. en ce qui concerne l’assassinat en direct à la télévision du chef de l’Etat algérien ?

    Le sang de Boudiaf est trop cher pour être vite oublié. Les idées pour lesquelles on meurt, ne meurent pas. Son vœu de réconcilier le peuple algérien avec sa véritable histoire a été empêché d’être réalisé et la vérité sur son assassinat sera une partie fondamentale de l’Algérie qui se prépare.

    M. Haroun, vous qui avez été ministre des Droits de l’Homme, n’êtes-vous pas encore convaincu que la Vérité est un Droit fondamental des Droits de l’homme. M. Djebbar, vous qui êtes professeur "émérite", n’êtes-vous pas encore convaincu que les civilisations ne peuvent jamais être bâties contre la vérité ? A vos consciences d’apprécier.  

    Je vous rappelle à toutes fins utiles un passage de la lettre que j'ai adressée le 23 août 2001, au haut responsable  que vous tentez de défendre par votre pétition :

    "….Ce silence ne fait que me conforter dans ma résolution d'aller auprès d'une juridiction internationale… Devant cette juridiction, il faudra répondre à une question simple. Est-ce un acte isolé ou un complot ? L'acte isolé voudrait qu'en plus de l'assassin présumé, des sanctions administratives et politiques touchent la plus haute hiérarchie des services de sécurité qui, en cette grave situation, avaient fait preuve d'une incompétence jamais égalée sauf peut-être par l'impunité. Quant à la thèse du complot, je vous laisse le soin de songer ses à conséquences."

    Cette lettre a été reprise comme annexe dans mon livre cité supra. Monsieur Nezzar n'a jamais daigné me répondre.

    La vérité éclatera avec vous, sans vous et même avec les "singes de la Chiffa" comme le disait Mohamed Boudiaf.nacer boudiaf,haroun,nezzar,larbibelkheir,tous assassins

    Nacer Boudiaf